Publié le 15 Février 2024

Né le 10 septembre 1875 à Méharicourt (Somme), Odon DUMONT est mort de la dysenterie le 19 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Marié le 20 avril 1898, il était représentant en chaussures, puis négociant, il fut l’un des plus actifs militants socialistes de la Somme dans les années 30. Secrétaire du groupe socialiste de Villers-Bretonneux, conseiller municipal de Méharicourt, il devint secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme en 1938, après le départ d’Alexis MAILLY. Il appartenait également à la Franc-Maçonnerie et à la Ligue des droits de l’Homme.

Il quitta la Somme à la fin de l’année 1939 et s’installa à Nantes (Loire-Inférieure) où il continua à militer. Résistant actif, il fut arrêté par la Gestapo et mourut en déportation en Allemagne à Buchenwald.

Extrait du site « le Maitron
Monsieur Franck IRJUD adhérent

 

 

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Pierre MAST est décédé le 4 mai 2020 dans sa 98ème année. A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale se font de plus en plus rares, revenons sur le parcours de cet homme de la Résistance au riche parcours politique.

Jeunesse et Jeunesses Communistes
Pierre MAST voit le jour le 7 octobre 1922 à Amiens. Né d’un père garagiste engagé dans la Première Guerre mondiale et d’une mère pacifiste, sa jeunesse fut bercée par les récits héroïques de sa famille sur le conflit. Plus loin dans le passé, sa grand-mère a même été témoin de l’occupation allemande d’Amiens en hébergeant contre son gré un soldat prussien chez elle.
Étudiant à Amiens, du primaire au lycée des métiers, il y suit une formation d’ajusteur et suit en curieux les manifestations des années 1930 sur la guerre d’Espagne, le Front Populaire, et les réformes sociales. En janvier 1939, il adhère au mouvement de la Jeunesse Communiste et, dès 1940, après son retour à Amiens en août 1940, noue des liens avec d’autres camarades du mouvement. Il intègre la Résistance.
Agissant toujours par trois, il mène des actions contre l’occupant : distribution de tracts, recrutement de nouveaux membres, propagande anti-allemande… Fin 1941, il jette un pavé dans la vitrine de la librairie allemande, rue de Noyon. En janvier 1942, il participe à l’attentat contre le siège de la LVF, rue des Jacobins. Les Allemands, faisant tout pour retrouver les coupables, arrêtent au hasard…

Deux arrestations
Loin de réfréner le zèle des résistants amiénois, Pierre MAST et les siens sont chargés d’adresser aux forces de police et de la gendarmerie une lettre d’avertissement et de menaces en ce début d’année 1942. Ciblant les milieux communistes pour trouver les coupables, Pierre MAST est arrêté sur son lieu de travail une première fois en mars 1942. Possédant sur lui une liste de syndiqués et de membres du parti, il se retrouve devant la justice qui, devant le manque de preuves, le relâche. Il fait l’objet d’une nouvelle arrestation en janvier 1943, suite à l’attentat du soldatenheim, (au restaurant « le Royal ») perpétré le jour du réveillon de Noël 1942. Incarcéré quelques jours à l’hôtel de ville d’Amiens, il intègre ensuite le Centre d’Internement Administratif de Doullens en février, basé dans la vieille forteresse commandée par François 1er au XVIème siècle pour protéger la frontière nord du royaume.

De Doullens vers l’Allemagne
Dans ce camp, Pierre Mast y effectue un cours séjour, jusqu’à sa fermeture et l’évacuation des internés, le 1er avril 1943. Il y côtoie d’autres communistes, syndicalistes Saint-Frères, ouvriers des usines des métaux d’Albert et des acteurs des grèves des mineurs du Nord-Pas-de-Calais du printemps 1941. A la fermeture du camp, donc, il est envoyé avec les autres membres de son bloc vers le camp d’internement de Pithiviers. Les conclusions de l’enquête devaient lui permettre d’être libéré mais, entre-temps, il est envoyé en Allemagne pour travailler dans une ferme. Il bénéficie cependant d’une permission, obtenue grâce au Front National qui à l’époque fédérait tous les mouvements de la France résistante. Revenu à Amiens pour s’y marier le 23 novembre 1943, il se montre plus discret jusqu’à la fin de la guerre.

Elu communiste
Après la guerre, Pierre Mast devient ajusteur à la SNCF et ne renie pas ses convictions politiques. Il profite de la liberté retrouvé pour mener des actions syndicales comme le pilotage du mouvement de grève du dépôt de la SNCF d’Amiens. En mai 1948, il devient membre du comité fédéral puis membre du bureau en 1964. En 1967, il remplace même Maxime Gremetz au poste de premier secrétaire fédéral. Ayant profité de sa popularité acquise par ses actions syndicales, il intègre le corps des élus municipaux de Longueau en qualité de conseiller municipal en 1953 et d’adjoint au maire en 1964. En 1983, il occupe ses dernières fonctions auprès de la cellule Kerviel de Saint Acheul, avant de partir vivre à Saintes avec sa seconde épouse. Continuant de nourrir son esprit de lectures philosophiques et des humanités, il fonde, avec des amis, l’Association saintaise des amis de l’Humanité et profite d’une retraite paisible, avant de s’éteindre à Poitiers, le 4 mai 2020.

Conscient de l’importance des faits et de son rôle dans la résistance amiénoise durant la guerre, il n’hésite pas à faire partager avec modestie son histoire auprès des historiens. En 2008, il revient même à Doullens pour témoigner lors d’une visite de la citadelle. Le flambeau de son récit appartient dorénavant à l’histoire, entre les mains des historiens. Ainsi, concluons en laissant la parole à Pierre MAST. « Celles et ceux qui en 1940 avaient votre âge, dont les frères et sœurs étaient prisonniers de guerre, se sont retrouvés dans les villes et villages anéantis, se demandant « quoi faire ? » face à l’occupant tout puissant… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient simplement, de diverses manières. Certains l’ont payé cher. De leur vie quelquefois. C’est maintenant de l’histoire. Que leur mémoire soit honorée par les jeunes générations. »

Guillaume Roussel

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

recherchant les traces de mon père, j’ai croisé celles de ses frères qui jouèrent tous un rôle, à des degrés divers, dans la victoire de notre pays. Ces hommes, modestes comme maints résistants de la Somme, ne se vantèrent jamais de leurs exploits, qui me furent décrits par bribes, au cours de rares rencontres familiales. Mes grands-parents avaient eu cinq fils et trois filles.

Voici l’histoire de René LAOUT, le fils aîné, qui fut un extraordinaire résistant et voulut toujours minimiser le rôle qu’il avait joué.
L’oncle René, était gendarme. Sergent-major, il commandait la brigade de Saint-Sauflieu, au sud d’Amiens. Lui et tante Yvonne, ont eu cinq enfants.
Sa première fille, Sylviane, s’est mariée en novembre 1944 et je me souviens qu’il est venu nous accueillir pour le mariage à la gare d’Amiens. J’avais 8 ans. Avec son air bourru, sa grosse moustache et son uniforme, il m’inspirait la crainte mais cachait en fait un cœur très généreux.
La gare était en triste état à cause des bombardements, il fallait marcher sur des planches pour retrouver la voiture qui nous emmena à Saint-Sauflieu. Strasbourg ne fut libérée que le 23 novembre. Les stalags perduraient. Toute la famille attendait le retour de Gabriel mon père et de son beau-frère Robert. Malgré les restrictions, ce fut un long repas de mariage au cours duquel chacun était invité à chanter. Et ma mère chanta « Je pense à toi, mon prisonnier… » Sur l’air de « J’irai revoir ma Normandie… » Réalise-t-on aujourd’hui l’émotion de tels moments qui m’ont marqué pour la vie ?

Durant la guerre, René eut une conduite héroïque. En enquêtant d’abord au sein de la famille, je découvris l’ampleur de ses actes courageux dont il ne fit jamais état. Janine, ma marraine, m’a rappelé dernièrement, que durant la guerre, elle passa quelques jours dans la famille de René. Un soir elle dit à son oncle qu’elle repartait le lendemain, mais il lui interdit: « Non, non pas question, pars quand tu voudras mais pas demain ! ». Elle apprit par la suite qu’un train de munitions avait sauté. Grâce à ses fils, mes cousins et mes recherches personnelles, je perçois aujourd’hui l’importance du rôle joué par René LAOUT. Après la guerre ses camarades voulurent demander pour lui la légion d’honneur. Il refusa, prétextant que ce qu’il avait fait tout le monde l’aurait fait.
« Ce gradé de haute valeur morale et militaire, s’est dépensé sans compter pour la cause de la Libération » disent ses supérieurs en le citant à l’Ordre du régiment, en lui attribuant également la Croix de guerre. « Il a réussi dès le début de l’occupation à constituer un dépôt d’armes. A recueilli, hébergé, puis fait rapatrier 24 aviateurs alliés tombés sur notre sol. Ayant constitué un groupe de 50 combattants, a pris une part très active aux opérations de Libération, en capturant 123 prisonniers dont 2 officiers ».

Gérard, l’aîné de ses fils m’a raconté comment il avait fait entrer à la gendarmerie, trois Américains poursuivis par la police de Vichy. A la hâte, il les planqua dans la pièce contigüe et referma la porte. Il courut s’asseoir en mettant ses deux jambes sur le bureau en une pause qu’il voulait décontractée et allumait sa bouffarde quand brusquement les vichystes firent irruption : « Où sont-ils ? – qui ? – Les Américains ! – Pas ici, je n’ai pas bougé ! ». S’ils avaient ouvert la porte, René aurait été passé par les armes. Les Résistants de Saint-Sauflieu échappèrent de peu à une catastrophe. Ils découvrirent à temps un traître qui s’apprêtait à les dénoncer.
Sauver un aviateur américain durant la guerre est en soi un acte héroïque mais puni de mort.
En sauver 24 comme l’a fait René LAOUT à la tête de ses hommes, fait de la gendarmerie de Saint-Sauflieu un haut lieu de résistance à l’envahisseur, endroit que tous ces combattants tombés du ciel tentaient de rejoindre quand ils étaient avertis. Les Américains l’ont compris.
René LAOUT reçut un hommage du Président des Etats-Unis au nom du peuple américain signé de la main du Général en chef Dwight D.EISENHOWER.


Parmi tous ces aviateurs américains l’un d’entre eux resta particulièrement attaché à la famille de René LAOUT, le sous-lieutenant Georges M. MICKELS, abattu près de Caen, dans son B17 et fait prisonnier ensuite.
René LAOUT et Georges MICKELS correspondirent durant de longues années. Georges MICKELS rêvait de revenir en France et de retrouver cette famille qui l’avait sauvé en août 44, en le faisant passer pour un cousin qui n’avait pas toute sa tête.... Il ne parlait pas français.
Malheureusement les deux hommes moururent avant les retrouvailles et ce sont les enfants qui se rencontrèrent le 25 avril 1999. Connie MICKELS, la fille du Lieutenant a fait le voyage.
Bernard, le benjamin des fils de René LAOUT, me narra l’histoire du Lieutenant MICKELS que son père lui avait racontée. Il m’apprit également que Connie MICKELS avait écrit un petit livre retraçant l’épopée de son père en France mais que ce livre était désormais introuvable. Ma passion prit le dessus comme d’habitude et je finis par le récupérer après plusieurs mois d’attente. On l’avait trouvé au Royaume Uni. Un véritable trésor. Les lignes de Connie sont traduites par l’une de ses connaissances et je dois faire de gros efforts parfois pour comprendre en reprenant l’anglais…Mais là n’est pas l’essentiel.


Connie a cherché les traces de son père…J’ai cherché les traces de mon père …Et voici qu’un jour un auditeur venu assister à deux de mes réunions vint se présenter. Cet Amiénois était le fils d’un soldat allemand et d’une Française…Lui aussi avait cherché son père reparti vers l’Allemagne après la guerre. Cet homme avait fini par se trouver une famille allemande mais son père était mort depuis deux ans. Il fut accueilli à bras ouverts. L’idée ne m’était jamais venue que des fils de soldats allemands puissent aussi chercher leur père… Lors de la libération, j’ai assisté à des exactions que j’ai racontées dans mes mémoires…, Comme toujours ce sont les femmes qui ont trinqué.

Le sous-lieutenant MICKELS échappa plusieurs fois à la mort. Quand le B17 est tombé, cinq aviateurs ont péri. Deux survécurent. MICKELS, après avoir été fait prisonnier, fut ensuite repris par des SS quelque peu éméchés, avec plusieurs aviateurs alliés. Craignant des suites fâcheuses après la capture, il décida de s’enfuir. Les autres furent assassinés. Les SS le cherchèrent en vain et abandonnèrent la poursuite. Dans la commune des Hogues où sont enterrés les soldats, on a perpétué le souvenir…
Après avoir marché avec un autre groupe de prisonniers, Georges M. MICKELS finit par trouver la résistance de Saint-Sauflieu. La suite nous la connaissons et Connie ne tarit pas d’éloges sur l’accueil que lui ont réservé les membres de la famille LAOUT, des mots que son héros de père venu dans un avion pour délivrer la France du nazisme lui a probablement enseignés au long de sa vie.
Elle leur a dédié son livre.
Je ne connais pas Connie mais je me sens très proche de cette Américaine. Mes recherches rejoignent celles qu’elle a accomplies. Je tente comme elle de m’élever contre l’oubli de ces hommes qui, durant la guerre, n’ont jamais mesuré les risques qu’ils prenaient quotidiennement. Leurs combats, leurs souffrances, leurs sacrifices ont permis à la France de retrouver sa liberté.

En créant un stock d’armes dès la capitulation, René LAOUT a toujours cru que tout n’était pas perdu. Ils étaient peu nombreux à garder espoir quand la France s’écroulait.
Arthur LAOUT, son père, mort quelques années auparavant, qui présidait déjà une association de parents d’élèves en 1927 (!!), aurait été fier de voir ses enfants manifester un tel esprit républicain...

Jean-Marie LAOUT

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Marius Sire est né le 20 décembre 1912 à Ville le Marclet.
Sire est un ouvrier ébéniste de Flixecourt. Ancien responsable de la jeunesse communiste et de la cellule locale du parti, activement recherché, il a dû quitter la Somme pour la Normandie le 10 septembre 1941.
Assez mince, le cheveu très noir, fine moustache, Sire serait plutôt « joli garçon » s’il ne lui manquait que quelques incisives nuisant quelque peu à son sourire. Fantasque, un peu hâbleur, il aime la poésie, la musique … et le vélo. Ancien coureur cycliste il lui arrive, de faire de rapides aller et retour de Caen à Amiens, pour voir sa femme, au grand dam de ses camarades de combat, irrités par ses imprudences.


EXTRAITS DE LETTRES DE MARIUS SIRE A SA MERE
13 juillet 1943 … « Je suis condamné à la peine capitale. La confirmation du jugement aura lieu incessamment, j’ai demandé le recours en grâce. Je ne suis pas un criminel. Ma conscience est nette de toute souillure et mes mains ne sont pas tachées de sang.
Le pire pour moi, c’est que je ne pourrais plus travailler pour élever nos enfants comme je l’ai toujours fait dans l’honneur et la dignité. ».

8 août 1943 … « Ils savent que je suis le chef, car certains ont parlé… Moi je suis fier de n’avoir rien dit. J’en ai vu de cruelles. J’ai été sourd pendant 15 jours et pendant 8 jours j’ai uriné du sang. Mon coeur battait à 30 coups minute. J’ai été bien bas mais ma volonté toujours aussi forte… Si je tombe soyez fier de moi. Je vous aime et je pense à vous. »

Il a été exécuté le 14 août 1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques.

Texte de Gérald Maisse

Marius Sire est né le 2012/1912 à Ville le Marclet (80), Fils de feu Gédéon Georges et de Marie Berthe Adélaïde TAVERNIER. Marié à SARA Rose Louisa. Menuisier Ébéniste Sculpteur sur bois, domicilié rue Victor HUGO à Flixecourt (80)

Recrutement Amiens - Classe 1932 Incorporé le 18/04/1934, 510ème R. Chars de Combats - Chasseur de 2ème Classe. Renvoyé dans ses foyers le 6/07/1935 510ème R. Chars de Combats - Chasseur 1ère Classe le 7/07/1935. Affecté pour la mobilisation au centre mobilisateur de Chars n°503. Mobilisation Générale - Rappelé à l’activité le 26/08/1939, Dépôt de Chars n°503 - 31ème Cie- Chasseur 1ère Classe le 11/09/1939.
Démobilisé le 19/07/1940 par le Centre démobilisateur de Castelnau – Magnac Réfugié à Montalzat (82) jusqu’au 14/10/1940

Menuisier chez Mr MELUN (80) du 15/10/40 au 10/09/41 date à laquelle il prend le maquis Militant communiste et syndicaliste. Secrétaire de la cellule communiste du canton de Picquigny (80)
Prend une part active aux luttes du Front populaire
Entre en résistance en mai 1941, distribue des tracts et effectue une propagande active dans les milieux ouvriers de la Vallée de la Nièvre

--- Le 10/09/1941 la Gestapo arrête 11 communistes dans la commune de Flixecourt dont son beau-frère René SARA. A la suite de ces arrestations, Marius quitte son domicile le 10/09/1941 à 13 heures disparait, rentre en clandestinité et rejoint la résistance dans le Calvados. Dès le 15/09/1941 un mandat d’arrêt est lancé contre lui. SIRE est nommé courant 1942 à Paris par Jean PETIT, Chef de Secteur de ‘’2 départements’’ au grade de Commandant.

Faits d’Armes dans le Calvados : commandant des secteurs du Calvados et de la Manche. Devient membre du triangle de la direction du Parti communiste clandestin avec Joseph Étienne et Émile Julien. Participe à toutes les opérations de 1942 à son arrestation à Caen, en mai 1942 tue lors d’une opération deux policiers.
Participe aux opérations de déraillements : dans la nuit du 16/04/1942 et dans la nuit du 1er Mai, d’un train transportant les permissionnaires de la Wehrmacht, les trains déraillent à Airan entre Mézidon et Caen. Bilan des deux déraillements : 40 soldats allemands morts et de nombreux soldats blessés ; participe sur la place de la foire exposition de Caen à la destruction de stocks allemands, à un attentat à la bombe contre le bureau de placement ; suite à une 3ème tentative de déraillement à Mesnil Mauger, plusieurs membres du groupe sont arrêtés par la police mobile de Rouen, à Caen, Lisieux, Falaise.

En rentrant à Caen, arrêté place du 36ème R.I à un barrage de Gendarmerie, sans se départir de son calme, Marius exhibe de faux papiers et passe. Un de ses compagnons qui le suit de peu, fait preuve de moins de sang-froid et est capturé ; ce qui entraîne une série d'arrestations. Marius change d’aspect, cheveux teints en brun, et prend le pseudo de Roland. La police française est sur ses traces, la traque est sans pitié.
Marius SIRE leur échappe plusieurs fois. Arrêté par la brigade régionale judiciaire de Rouen le 15/05/1943 dans sa planque 14 rue du Gaillon à Caen. Interné à la prison de Caen du 15/04 au 14/05/1943. Transféré à la prison de Fresnes (94) du 15/05 au 14/08/1943. Marius passe devant le tribunal de Guerre allemand, siégeant 11bis, rue Boissy d’Anglas, et est condamné à mort pour sabotage contre les occupants, destruction et sabotage de voies ou moyens de communication à Lisieux, Cherbourg et Rennes.

Témoignage : Michel de BOUARD.

Fusillé le 14/08/1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques

- Mention Mort pour la France. Inhumé à Ivry S/Seine (94) registre 2.818 - Corps restitué le 10/10/1944

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Document trouvé en cherchant les traces de Gabriel LAOUT. Les Archives Départementales, que j’ai consultées n’ont pas déniché l’original de cette copie. Comme j’ai pu le constater en d’autres occasions, trop souvent hélas les écrivains ou la famille n’ont rien transmis.
Le premier nom figurant sur cette liste est celui de Maurice LERICHE, responsable, instituteur à Rouy le Grand, qui fut l’ami de mon grand-père avant sa disparition.
En face de la maison des LAOUT se trouvait celle des LECOT, grands résistants également, particulièrement Jean LECOT qui s’afficha avec son brassard F.F.I. lors de l’arrivée des Américains. J’ai rencontré aussi Maurice LEROUGE de Béthencourt.

Tous ces gens ne se sont jamais épanchés sur leurs actions pendant et après la guerre, les faits sont restés cachés et hélas ignorés par la suite. Durant l’Occupation, ce n’est pas à un enfant de 8 ans qu’on allait confier des secrets que l’on taisait à de nombreux membres de la famille. Après la Libération, le 4 septembre 1944, toute la famille attendait le retour de Gabriel LAOUT, mon père, toujours en stalag.
Certains noms illisibles de cette liste ont été clarifiés ensuite (André fils de Juste et Robert son dernier frère qui se sont engagés dans les F.F.I. après la Libération) avec une explication sur les actions accomplies par le groupe.

Les résistants ont « participé à des actions de sabotage sur les péniches transportant des matériaux de construction pour le mur de l’Atlantique. Ainsi qu’à faire traverser le canal à des fugitifs juifs, équipages d’avions abattus, et soldats en fuite ».
Le canal de la Somme servait de frontière entre la zone occupée où se trouvait Fontaine et la zone interdite dans laquelle était situé le village de Villecourt. Il étalait sa joliesse bordée par les roseaux sur toute la longueur, côté marais (la digue verte) et par endroits, côté du lé.

La carte reproduit au plus près la position des lieux intéressants :

Traversée du canal : de la roselière jusqu’à la hutte de Louis MOROY (1ère barque)
Traversée du marais et de la Somme : de la hutte jusqu’au bois de Villecourt (2ème barque)
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Louis MOROY, grand huttier de Fontaine                     Ausweis de Renée LAOUT pour
                                                                                      traverser le pont de Béthencourt

À l’extrémité nord de Fontaine les Pargny figurent les maisons des LAOUT et des LECOT.
La barque de Juste était cachée dans une roselière, légèrement plus importante, derrière la ferme du huttier. Louis MOROY possédait une hutte dans les marais. Elle était située un peu plus bas et possédait tout le confort nécessaire pour la chasse au gibier d’eau de nuit comme de jour : Poêle, table et lit. Au travers des judas pour le tir du chasseur, on apercevait l’étang et on devinait la barque plate cachée qui permettait d’aller chercher les volatiles atteints. C’est cette barque qui permit aux résistants de conduire les fugitifs, au travers des rus, de franchir la Somme et de rejoindre le chemin de l’église de Villecourt en traversant le Bois du Grand Jardinet. Janine, mon témoin direct, me raconta dernièrement l’histoire d’une Villecourtoise sans ausweis qui vint chez Juste pour lui demander de la faire regagner son village.

L’action de Juste LAOUT était donc connue par certains habitants, même si on ne l’ébruitait jamais. La traversée du marais se faisait souvent dans l’autre sens pour les fugitifs. Je revois encore ce merveilleux oncle, le soir, lorsque la lumière était éteinte, le visage à peine éclairé par le reflet du cadran, l’oreille penchée sur le haut-parleur, essayer d’entendre les nouvelles de Londres au travers des brouillages occasionnés par les Allemands.
Après la Libération, je suis allé avec Louis MOROY à la hutte et nous avons contrôlé une ligne à brochet qu’il laissait en permanence dans l’eau du fleuve. Avec Juste, nous avons vérifié les nasses dans un ru. L’eau était si claire que l’on voyait les bancs de poissons fuir devant l’avancée de la barque. Ce lieu était vraiment un paradis qui m’emplissait d’une joie infinie. Et pourtant il fut le témoin de l’histoire tragique des hommes et des femmes durant l’Occupation. Je n’oublierai jamais les crépitements d’une mitrailleuse à bord de l’avion allemand qui abattait l’avion anglais traînant sa longue fumée noire au-dessus du marais de Fontaine les Pargny…
En 1965, le canal de la Somme fut agrandi, et le béton remplaça les roselières.
Ainsi le « modernisme » effaçait les traces de l’Histoire des hommes.
Je vécus cela comme un drame.

Jean Marie LAOUT

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Qui ne se souvient de Raphaël. On l'appelait toujours par son prénom. Sa haute silhouette, sa stature imposante, le distinguaient de l'ensemble de ses camarades. On aimait l'entendre parler, de sa voix sonore et rocailleuse, aux durs accents flamands. On écoutait ses conseils pleins de sagesse.

Raphaël était né le 17 février 1902 à Zwynaarde (Belgique) époux de Marguerite Vandepitte, tous deux domiciliés à Dompierre Becquincourt (80980). Né en Belgique, Raphaël est venu s'installer en France après la Première Guerre mondiale. Avec l'aide des siens, il a rendu prospère une exploitation agricole.

La journée du 16 juillet 1944 lui fut fatale. André GHESQUIERE, un clandestin belge qu'il hébergeait avec des prisonniers russes évadés, était abattu chez lui. Raphaël fut arrêté par la Gestapo avec ses camarades de Dompierre et des environs. Enchaînés avec Marcel GOGIBUS par la même paire de menottes, commença la première étape d'un long calvaire qui les mena à la Citadelle d'Amiens, puis à Compiègne d'où ils partirent le 17 août 1944 par le dernier train pour l'Allemagne vers Buchenwald et, delà, vers la mine de sel de Neu-Stassfurt.
Il est devenu Raphaël, matricule 78.770, mais il est devenu aussi une grande figure de Stassfurt.

On admirait sa force de travail, qu'il avait peine à maitriser, même au service des Allemands tant sa nature le poussait à se dépenser. Sa connaissance de la langue néerlandaise (flamand) l'avait fait désigner par les S.S. comme interprète d'un groupe de travail. Raphaël se servit de ses fonctions pour soulager, à sa mesure, les souffrances de ses camarades. Il leur a rendu de grands services en apaisant la fureur des S.S. et en aidant les plus faibles dans leur travail.

Ensuite ce fut la "Marche de la Mort", une longue marche où plus de 300 de ses camarades trouvèrent la mort, abattus sauvagement le long des routes. Le grand Raphaël comme il était surnommé par ses camarades subit une terrible défaillance physique. Dix mois de régime concentrationnaire étaient venus à bout du solide paysan qu'il était. L'avance des troupes soviétiques le sauva d'une situation précaire. Il fut hospitalisé dans un hôpital allemand.

Raphaël a été libéré à Annaberg le 8 mai 1945 ; il est de retour à Dompierre le 12 juin 1945.
Quand il est rentré, il a fallu réadapter son estomac à la nourriture pendant un certain temps, il était obligé de manger toutes les 3 heures.
Il mourut le 4 décembre 1971, emportant avec lui le souvenir des atrocités nazies.

Texte provenant des archives d’André Vandenbossche, son fils.

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

.

Photo courrier Picard

Né le 07/07/1947 à Albert, il a fait ses études à l’École Normale d’Instituteurs d’Amiens et après une Licence en Histoire, il a passé le CAPES pour être professeur d’histoire-géographie dans le second degré (collèges et lycées). Il a exercé notamment aux collèges d'Ailly sur Somme, Sagebien d'Amiens et au lycée Louis Thuillier à Amiens.
Très apprécié de ses élèves, il était un collègue aimable et rassembleur ayant un mot agréable pour chacun. Il a accompagné tous les combats du métier, et Dieu sait qu’il y en a, par ses protestations, ses luttes et ses propositions, avant une retraite bien méritée à 60 ans en 2007 et n’a pas cessé de prôner le respect du point de vue de l’autre.

Soucieux du bien-être des gens, de tous les gens, il a milité très tôt au parti communiste et a exercé, dès l’âge de 36 ans, des responsabilités politiques :
Adjoint au maire d’Amiens René Lamps de 1983 à 1989
Conseiller général du canton d’Amiens Nord-Ouest de 1985 à 2015
Conseiller régional de Picardie de 1992 à 1994
Et s’il fallait un seul mot pour le qualifier pendant tous ces combats, c’est la MODESTIE.

Il se passionnait pour la guerre de 1870-1871 surtout pour la Commune de Paris.
Il est allé jusqu’à Saint Louis du Sénégal sur les traces de Faidherbe.
A Dieppe où la famille avait un appartement, il a rejoint l'Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 dans laquelle il a été vite chargé de responsabilités, prenant l'initiative de l'édition d'une brochure « Les Dieppois au temps de la Commune de Paris ».
Il est également l'auteur de trois ouvrages d'histoire locale : L'Aube Nouvelle- Histoire des premiers communistes de la Somme 1920-1922, Le Front Populaire et les communistes de la Somme et Occupation et Résistance dans la Somme 1940-1944.

Gérald aimait les voyages, les arts, la photo, les baignades dans la Baltique, c’était un grand sportif qui sillonnait à vélo les routes de France et d’ailleurs, avant de devoir y renoncer pour raisons de santé.
Gérald aimait les causes justes et avait rejoint notre association peu de temps après sa création. Petit-fils du patriote-résistant Marius REIMANN mort en déportation à Dora, il savait combien il était important de rendre hommage aux Résistants et aux Déportés martyrs de la haine.

Nous ne l’oublierons jamais et les mots de sa veuve vibreront toujours dans nos coeurs :  « Il est parti, accompagné en musique par les poètes qu’il aimait, les canuts, les communards et autres damnés de la terre ».

Anatolie Mukamusoni avec l’accord de Madame G. Maisse

Voir les commentaires

Publié dans #In memoriam

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Nisso (Nissym) PELOSSOF nait le 25 décembre 1921 dans une famille modeste à Rhodes. Son père est artisan ébéniste et sa mère, femme au foyer.C'est le deuxième enfant d'une fratrie de quatre. À l'âge de 12 ans, Nisso est initié par son père au travail de la menuiserie, mais aussi il s'intéresse à la plomberie, à la ferronnerie d'art et au vitrail. Attiré par les langues vivantes, il maîtrise, outre l'italien la langue officielle, le français, l'espagnol, le grec et le turc.  Musicien, comme son père, il joue de la guitare, du violoncelle et de la batterie. Il est également, à ses heures perdues, guide pour les touristes étrangers qui visitaient Rhodes.

La rencontre fortuite avec un photographe en train de pratiquer son art dans un jardin public, décide de sa vocation. Il entre aussitôt en apprentissage chez un photographe de la ville. Après son apprentissage, il ouvre un studio de photographie sur la place du vieux quartier de Rhodes. Il rencontre un franc succès auprès des touristes en proposant d'effectuer le tirage de photo en une heure - ce qui est, à l'époque, peu courant - sa position sociale se trouve assurée alors qu'il avait tout juste vingt ans.

À partir de 1936, la présence fasciste sur l'île se fait plus oppressante mais jusque 1943, la vie continua sans trop de dommages. À partir de 1943, commencent les bombardements britanniques mais aucune mesure antisémite n'est encore imposée. Tout change, le 18 juillet 1944, les Allemands, qui occupent l'île, regroupent tous les Juifs de Rhodes dans une caserne.

La déportation des Juifs de Rhodes se déroule le 23 juillet 1944. C'est ainsi que Nisso Pelossof et sa famille quittèrent leur île pour ne plus y revenir. Après plusieurs jours de voyage en train dans des conditions effroyables, ils arrivent enfin à Auschwitz-Birkenau, le 16 août 1944. Après la sélection, Nisso est  affecté à la mine de charbon de Charlotte Grube, puis au Scheizekommando (commando de la merde) du camp des femmes. Transféré au camp de Mauthausen en janvier 1945, il est libéré en mai 1945 par les Soviétiques. Nisso, en tentant de rejoindre Budapest, rencontre des soldats américains puis des prisonniers de guerre français qui venaient eux aussi d'être libérés. Atteint du typhus, il est soigné dans le camp français et  évacué par avion vers la France.

En 1951, il s'installe avec sa femme Janine à Amiens et ouvre un studio de photographie. Il va, par son action, participer à la sauvegarde du site des hortillonnages, menacé par un projet de pénétrante. Il  crée, en 1975,  l'APSSEH  (Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l'environnement des hortillonnages) qu'il préside jusqu'en 2007.

En 2009, alors âgé de 88 ans, il revient pour la première fois à Auschwitz, accompagnant les élèves des collèges Arthur Rimbaud à Amiens et Edmée Jarlaud d'Acheux en Amiénois.

Il décède  le 7 mai 2011 et est enterré au cimetière Saint-Pierre d'Amiens

Pour prolonger : le portrait de Nisso Pelossof sur le site de l'APSSEH

Voir les commentaires

Publié dans #In memoriam

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Le 22 juin 1944, Abbeville fut le théâtre d’un important fait d’armes de la Résistance, fait qui reste cependant méconnu. Pourtant réalisé en plein jour, il témoigne de l’indicible courage des Francs-Tireurs et Partisans du Vimeu. Ce matin-là un commando composé de 11 hommes n’hésita pas à attaquer la prison d’Abbeville où se trouvaient 171 détenus dont 70 Résistants. Trahis par un traitre autrichien – qui s’était prétendu déserteur et avait rejoint leurs rangs – certains de ces Résistants avaient été arrêtés chez eux le 16 juin 1944, puis incarcérés à la prison de la capitale du Ponthieu, rue Dumont. Au moins 4 des Résistants devaient être transférés à Amiens pour y être fusillés : Maurice FUZELLIER, André GAILLARD, Aimé SAVARY et Pierre DELBE.

Devant l’urgence, le frère de Maurice FUZELLIER, Julien dit Gros-Jean, de Prouzel ancien cheminot, instigateur du commando, demande une entrevue à l’État-Major, qui lui permet d’organiser le coup mais qualifie celui-ci de suicidaire. Il part de chez lui à bicyclette pour prendre le maquis dans la forêt d’Eu. Très rapidement, il devint le commandant de la 3ème Cie de F.T.P. du Vimeu.
Le 20 juin, lors d’une réunion chez le chef de gare de Maisnières, l’attaque est décidée. Tous sont volontaires, mais ne seront désignés que les officiers et les sous-officiers à cause de l’aspect très dangereux de la mission. Au cours de la nuit du 21 ou 22 juin, les hommes quittent le Vimeu pour Abbeville ; Ils sont équipés d’un armement lourd : une mitraillette et 5 chargeurs, un révolver P 38 et 4 grenades.

Julien FUZELLIER dit GROSJEAN

À 5h du matin commence une longue attente dans une maison en ruines de la rue Dumont. 3 groupes ont été constitués ; à 7h45, lorsque le gardien qui assure la relève arrive, le groupe constitué par Gros-Jean, Robert Richard, Charles Sellier et Serge Lecul, le neutralisent. Après avoir arraché le téléphone et enfermé le soldat allemand et les deux gardiens, ils parviennent à ouvrir les cellules du quartier des hommes, puis celles du quartier des femmes. Mais il faut aller très vite. Richard fait sortir les prisonniers par petits groupes, même les droits communs afin de créer une diversion. L’alerte ne sera donnée que vers 9h.
L’opération a été menée en un temps record, sans un coup de feu.

Extraits d’un article du Courrier Picard de Philippe Lacoche du 24 juin 1994

(d’après un article de Robert J. Glaudel du 24 et 25 juin 1969).

Voir les commentaires

Repost0

Publié le 15 Février 2024

Photographie Courrier Picard

Madame Arlette Massoule est la seule résistante encore en vie aujourd’hui à Rosières.
En 1943, à 19 ans, toute jeune mariée, elle participe avec ses parents et son mari à la « résistance » contre l’occupation nazie. Distribution de tracts, vente de billets de solidarité dont l’argent servait aux réseaux de Résistants. Son action dans l’armée de l’ombre lui coûtera cher. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo avec toute sa famille. Cette nuit du 18 au 19 avril 1944, 27 Rosiérois ont été arrêtés.

Transférée à la Citadelle d’Amiens, internée avec sa mère, alors que son père, son frère et son mari, Pierre Massoule partiront le 2 juillet 1944 à Dachau, dans un des sinistres « train de la mort », avec le célèbre accordéoniste André Verchueren qui, lui, reviendra de cet effroyable voyage en enfer. La prison d’Amiens étant en partie détruite suite aux bombardements de l’opération « Jéricho », elle sera enfermée plus de 5 mois à la Citadelle.

D'après les articles  du Courrier Picard.

Jackie Fusillier

Voir les commentaires

Repost0