Publié le 15 Février 2024

Document trouvé en cherchant les traces de Gabriel LAOUT. Les Archives Départementales, que j’ai consultées n’ont pas déniché l’original de cette copie. Comme j’ai pu le constater en d’autres occasions, trop souvent hélas les écrivains ou la famille n’ont rien transmis.
Le premier nom figurant sur cette liste est celui de Maurice LERICHE, responsable, instituteur à Rouy le Grand, qui fut l’ami de mon grand-père avant sa disparition.
En face de la maison des LAOUT se trouvait celle des LECOT, grands résistants également, particulièrement Jean LECOT qui s’afficha avec son brassard F.F.I. lors de l’arrivée des Américains. J’ai rencontré aussi Maurice LEROUGE de Béthencourt.

Tous ces gens ne se sont jamais épanchés sur leurs actions pendant et après la guerre, les faits sont restés cachés et hélas ignorés par la suite. Durant l’Occupation, ce n’est pas à un enfant de 8 ans qu’on allait confier des secrets que l’on taisait à de nombreux membres de la famille. Après la Libération, le 4 septembre 1944, toute la famille attendait le retour de Gabriel LAOUT, mon père, toujours en stalag.
Certains noms illisibles de cette liste ont été clarifiés ensuite (André fils de Juste et Robert son dernier frère qui se sont engagés dans les F.F.I. après la Libération) avec une explication sur les actions accomplies par le groupe.

Les résistants ont « participé à des actions de sabotage sur les péniches transportant des matériaux de construction pour le mur de l’Atlantique. Ainsi qu’à faire traverser le canal à des fugitifs juifs, équipages d’avions abattus, et soldats en fuite ».
Le canal de la Somme servait de frontière entre la zone occupée où se trouvait Fontaine et la zone interdite dans laquelle était situé le village de Villecourt. Il étalait sa joliesse bordée par les roseaux sur toute la longueur, côté marais (la digue verte) et par endroits, côté du lé.

La carte reproduit au plus près la position des lieux intéressants :

Traversée du canal : de la roselière jusqu’à la hutte de Louis MOROY (1ère barque)
Traversée du marais et de la Somme : de la hutte jusqu’au bois de Villecourt (2ème barque)
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Louis MOROY, grand huttier de Fontaine                     Ausweis de Renée LAOUT pour
                                                                                      traverser le pont de Béthencourt

À l’extrémité nord de Fontaine les Pargny figurent les maisons des LAOUT et des LECOT.
La barque de Juste était cachée dans une roselière, légèrement plus importante, derrière la ferme du huttier. Louis MOROY possédait une hutte dans les marais. Elle était située un peu plus bas et possédait tout le confort nécessaire pour la chasse au gibier d’eau de nuit comme de jour : Poêle, table et lit. Au travers des judas pour le tir du chasseur, on apercevait l’étang et on devinait la barque plate cachée qui permettait d’aller chercher les volatiles atteints. C’est cette barque qui permit aux résistants de conduire les fugitifs, au travers des rus, de franchir la Somme et de rejoindre le chemin de l’église de Villecourt en traversant le Bois du Grand Jardinet. Janine, mon témoin direct, me raconta dernièrement l’histoire d’une Villecourtoise sans ausweis qui vint chez Juste pour lui demander de la faire regagner son village.

L’action de Juste LAOUT était donc connue par certains habitants, même si on ne l’ébruitait jamais. La traversée du marais se faisait souvent dans l’autre sens pour les fugitifs. Je revois encore ce merveilleux oncle, le soir, lorsque la lumière était éteinte, le visage à peine éclairé par le reflet du cadran, l’oreille penchée sur le haut-parleur, essayer d’entendre les nouvelles de Londres au travers des brouillages occasionnés par les Allemands.
Après la Libération, je suis allé avec Louis MOROY à la hutte et nous avons contrôlé une ligne à brochet qu’il laissait en permanence dans l’eau du fleuve. Avec Juste, nous avons vérifié les nasses dans un ru. L’eau était si claire que l’on voyait les bancs de poissons fuir devant l’avancée de la barque. Ce lieu était vraiment un paradis qui m’emplissait d’une joie infinie. Et pourtant il fut le témoin de l’histoire tragique des hommes et des femmes durant l’Occupation. Je n’oublierai jamais les crépitements d’une mitrailleuse à bord de l’avion allemand qui abattait l’avion anglais traînant sa longue fumée noire au-dessus du marais de Fontaine les Pargny…
En 1965, le canal de la Somme fut agrandi, et le béton remplaça les roselières.
Ainsi le « modernisme » effaçait les traces de l’Histoire des hommes.
Je vécus cela comme un drame.

Jean Marie LAOUT

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Publié le 15 Février 2024

Qui ne se souvient de Raphaël. On l'appelait toujours par son prénom. Sa haute silhouette, sa stature imposante, le distinguaient de l'ensemble de ses camarades. On aimait l'entendre parler, de sa voix sonore et rocailleuse, aux durs accents flamands. On écoutait ses conseils pleins de sagesse.

Raphaël était né le 17 février 1902 à Zwynaarde (Belgique) époux de Marguerite Vandepitte, tous deux domiciliés à Dompierre Becquincourt (80980). Né en Belgique, Raphaël est venu s'installer en France après la Première Guerre mondiale. Avec l'aide des siens, il a rendu prospère une exploitation agricole.

La journée du 16 juillet 1944 lui fut fatale. André GHESQUIERE, un clandestin belge qu'il hébergeait avec des prisonniers russes évadés, était abattu chez lui. Raphaël fut arrêté par la Gestapo avec ses camarades de Dompierre et des environs. Enchaînés avec Marcel GOGIBUS par la même paire de menottes, commença la première étape d'un long calvaire qui les mena à la Citadelle d'Amiens, puis à Compiègne d'où ils partirent le 17 août 1944 par le dernier train pour l'Allemagne vers Buchenwald et, delà, vers la mine de sel de Neu-Stassfurt.
Il est devenu Raphaël, matricule 78.770, mais il est devenu aussi une grande figure de Stassfurt.

On admirait sa force de travail, qu'il avait peine à maitriser, même au service des Allemands tant sa nature le poussait à se dépenser. Sa connaissance de la langue néerlandaise (flamand) l'avait fait désigner par les S.S. comme interprète d'un groupe de travail. Raphaël se servit de ses fonctions pour soulager, à sa mesure, les souffrances de ses camarades. Il leur a rendu de grands services en apaisant la fureur des S.S. et en aidant les plus faibles dans leur travail.

Ensuite ce fut la "Marche de la Mort", une longue marche où plus de 300 de ses camarades trouvèrent la mort, abattus sauvagement le long des routes. Le grand Raphaël comme il était surnommé par ses camarades subit une terrible défaillance physique. Dix mois de régime concentrationnaire étaient venus à bout du solide paysan qu'il était. L'avance des troupes soviétiques le sauva d'une situation précaire. Il fut hospitalisé dans un hôpital allemand.

Raphaël a été libéré à Annaberg le 8 mai 1945 ; il est de retour à Dompierre le 12 juin 1945.
Quand il est rentré, il a fallu réadapter son estomac à la nourriture pendant un certain temps, il était obligé de manger toutes les 3 heures.
Il mourut le 4 décembre 1971, emportant avec lui le souvenir des atrocités nazies.

Texte provenant des archives d’André Vandenbossche, son fils.

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Publié le 15 Février 2024

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Photo courrier Picard

Né le 07/07/1947 à Albert, il a fait ses études à l’École Normale d’Instituteurs d’Amiens et après une Licence en Histoire, il a passé le CAPES pour être professeur d’histoire-géographie dans le second degré (collèges et lycées). Il a exercé notamment aux collèges d'Ailly sur Somme, Sagebien d'Amiens et au lycée Louis Thuillier à Amiens.
Très apprécié de ses élèves, il était un collègue aimable et rassembleur ayant un mot agréable pour chacun. Il a accompagné tous les combats du métier, et Dieu sait qu’il y en a, par ses protestations, ses luttes et ses propositions, avant une retraite bien méritée à 60 ans en 2007 et n’a pas cessé de prôner le respect du point de vue de l’autre.

Soucieux du bien-être des gens, de tous les gens, il a milité très tôt au parti communiste et a exercé, dès l’âge de 36 ans, des responsabilités politiques :
Adjoint au maire d’Amiens René Lamps de 1983 à 1989
Conseiller général du canton d’Amiens Nord-Ouest de 1985 à 2015
Conseiller régional de Picardie de 1992 à 1994
Et s’il fallait un seul mot pour le qualifier pendant tous ces combats, c’est la MODESTIE.

Il se passionnait pour la guerre de 1870-1871 surtout pour la Commune de Paris.
Il est allé jusqu’à Saint Louis du Sénégal sur les traces de Faidherbe.
A Dieppe où la famille avait un appartement, il a rejoint l'Association des Amies et Amis de la Commune de Paris 1871 dans laquelle il a été vite chargé de responsabilités, prenant l'initiative de l'édition d'une brochure « Les Dieppois au temps de la Commune de Paris ».
Il est également l'auteur de trois ouvrages d'histoire locale : L'Aube Nouvelle- Histoire des premiers communistes de la Somme 1920-1922, Le Front Populaire et les communistes de la Somme et Occupation et Résistance dans la Somme 1940-1944.

Gérald aimait les voyages, les arts, la photo, les baignades dans la Baltique, c’était un grand sportif qui sillonnait à vélo les routes de France et d’ailleurs, avant de devoir y renoncer pour raisons de santé.
Gérald aimait les causes justes et avait rejoint notre association peu de temps après sa création. Petit-fils du patriote-résistant Marius REIMANN mort en déportation à Dora, il savait combien il était important de rendre hommage aux Résistants et aux Déportés martyrs de la haine.

Nous ne l’oublierons jamais et les mots de sa veuve vibreront toujours dans nos coeurs :  « Il est parti, accompagné en musique par les poètes qu’il aimait, les canuts, les communards et autres damnés de la terre ».

Anatolie Mukamusoni avec l’accord de Madame G. Maisse

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Publié le 15 Février 2024

Nisso (Nissym) PELOSSOF nait le 25 décembre 1921 dans une famille modeste à Rhodes. Son père est artisan ébéniste et sa mère, femme au foyer.C'est le deuxième enfant d'une fratrie de quatre. À l'âge de 12 ans, Nisso est initié par son père au travail de la menuiserie, mais aussi il s'intéresse à la plomberie, à la ferronnerie d'art et au vitrail. Attiré par les langues vivantes, il maîtrise, outre l'italien la langue officielle, le français, l'espagnol, le grec et le turc.  Musicien, comme son père, il joue de la guitare, du violoncelle et de la batterie. Il est également, à ses heures perdues, guide pour les touristes étrangers qui visitaient Rhodes.

La rencontre fortuite avec un photographe en train de pratiquer son art dans un jardin public, décide de sa vocation. Il entre aussitôt en apprentissage chez un photographe de la ville. Après son apprentissage, il ouvre un studio de photographie sur la place du vieux quartier de Rhodes. Il rencontre un franc succès auprès des touristes en proposant d'effectuer le tirage de photo en une heure - ce qui est, à l'époque, peu courant - sa position sociale se trouve assurée alors qu'il avait tout juste vingt ans.

À partir de 1936, la présence fasciste sur l'île se fait plus oppressante mais jusque 1943, la vie continua sans trop de dommages. À partir de 1943, commencent les bombardements britanniques mais aucune mesure antisémite n'est encore imposée. Tout change, le 18 juillet 1944, les Allemands, qui occupent l'île, regroupent tous les Juifs de Rhodes dans une caserne.

La déportation des Juifs de Rhodes se déroule le 23 juillet 1944. C'est ainsi que Nisso Pelossof et sa famille quittèrent leur île pour ne plus y revenir. Après plusieurs jours de voyage en train dans des conditions effroyables, ils arrivent enfin à Auschwitz-Birkenau, le 16 août 1944. Après la sélection, Nisso est  affecté à la mine de charbon de Charlotte Grube, puis au Scheizekommando (commando de la merde) du camp des femmes. Transféré au camp de Mauthausen en janvier 1945, il est libéré en mai 1945 par les Soviétiques. Nisso, en tentant de rejoindre Budapest, rencontre des soldats américains puis des prisonniers de guerre français qui venaient eux aussi d'être libérés. Atteint du typhus, il est soigné dans le camp français et  évacué par avion vers la France.

En 1951, il s'installe avec sa femme Janine à Amiens et ouvre un studio de photographie. Il va, par son action, participer à la sauvegarde du site des hortillonnages, menacé par un projet de pénétrante. Il  crée, en 1975,  l'APSSEH  (Association pour la protection et la sauvegarde du site et de l'environnement des hortillonnages) qu'il préside jusqu'en 2007.

En 2009, alors âgé de 88 ans, il revient pour la première fois à Auschwitz, accompagnant les élèves des collèges Arthur Rimbaud à Amiens et Edmée Jarlaud d'Acheux en Amiénois.

Il décède  le 7 mai 2011 et est enterré au cimetière Saint-Pierre d'Amiens

Pour prolonger : le portrait de Nisso Pelossof sur le site de l'APSSEH

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Publié le 15 Février 2024

Le 22 juin 1944, Abbeville fut le théâtre d’un important fait d’armes de la Résistance, fait qui reste cependant méconnu. Pourtant réalisé en plein jour, il témoigne de l’indicible courage des Francs-Tireurs et Partisans du Vimeu. Ce matin-là un commando composé de 11 hommes n’hésita pas à attaquer la prison d’Abbeville où se trouvaient 171 détenus dont 70 Résistants. Trahis par un traitre autrichien – qui s’était prétendu déserteur et avait rejoint leurs rangs – certains de ces Résistants avaient été arrêtés chez eux le 16 juin 1944, puis incarcérés à la prison de la capitale du Ponthieu, rue Dumont. Au moins 4 des Résistants devaient être transférés à Amiens pour y être fusillés : Maurice FUZELLIER, André GAILLARD, Aimé SAVARY et Pierre DELBE.

Devant l’urgence, le frère de Maurice FUZELLIER, Julien dit Gros-Jean, de Prouzel ancien cheminot, instigateur du commando, demande une entrevue à l’État-Major, qui lui permet d’organiser le coup mais qualifie celui-ci de suicidaire. Il part de chez lui à bicyclette pour prendre le maquis dans la forêt d’Eu. Très rapidement, il devint le commandant de la 3ème Cie de F.T.P. du Vimeu.
Le 20 juin, lors d’une réunion chez le chef de gare de Maisnières, l’attaque est décidée. Tous sont volontaires, mais ne seront désignés que les officiers et les sous-officiers à cause de l’aspect très dangereux de la mission. Au cours de la nuit du 21 ou 22 juin, les hommes quittent le Vimeu pour Abbeville ; Ils sont équipés d’un armement lourd : une mitraillette et 5 chargeurs, un révolver P 38 et 4 grenades.

Julien FUZELLIER dit GROSJEAN

À 5h du matin commence une longue attente dans une maison en ruines de la rue Dumont. 3 groupes ont été constitués ; à 7h45, lorsque le gardien qui assure la relève arrive, le groupe constitué par Gros-Jean, Robert Richard, Charles Sellier et Serge Lecul, le neutralisent. Après avoir arraché le téléphone et enfermé le soldat allemand et les deux gardiens, ils parviennent à ouvrir les cellules du quartier des hommes, puis celles du quartier des femmes. Mais il faut aller très vite. Richard fait sortir les prisonniers par petits groupes, même les droits communs afin de créer une diversion. L’alerte ne sera donnée que vers 9h.
L’opération a été menée en un temps record, sans un coup de feu.

Extraits d’un article du Courrier Picard de Philippe Lacoche du 24 juin 1994

(d’après un article de Robert J. Glaudel du 24 et 25 juin 1969).

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Publié le 15 Février 2024

Photographie Courrier Picard

Madame Arlette Massoule est la seule résistante encore en vie aujourd’hui à Rosières.
En 1943, à 19 ans, toute jeune mariée, elle participe avec ses parents et son mari à la « résistance » contre l’occupation nazie. Distribution de tracts, vente de billets de solidarité dont l’argent servait aux réseaux de Résistants. Son action dans l’armée de l’ombre lui coûtera cher. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo avec toute sa famille. Cette nuit du 18 au 19 avril 1944, 27 Rosiérois ont été arrêtés.

Transférée à la Citadelle d’Amiens, internée avec sa mère, alors que son père, son frère et son mari, Pierre Massoule partiront le 2 juillet 1944 à Dachau, dans un des sinistres « train de la mort », avec le célèbre accordéoniste André Verchueren qui, lui, reviendra de cet effroyable voyage en enfer. La prison d’Amiens étant en partie détruite suite aux bombardements de l’opération « Jéricho », elle sera enfermée plus de 5 mois à la Citadelle.

D'après les articles  du Courrier Picard.

Jackie Fusillier

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Publié le 14 Février 2024

Photo Gaël Rivallain

Le collège Edouard LUCAS d'Amiens a fait du jeudi 9 décembre 2021, une journée inoubliable pour les élèves de 3ème de l’établissement et pour notre association qui était partenaire de l’événement. C’était la journée de la laïcité dans les collèges de France.
Différents professeurs et la documentaliste du collège ont fait travailler leurs élèves sur le devoir de mémoire pour préparer l’intervention de Ginette KOLINKA, cette ancienne déportée de 96 ans pleine de vie mais aussi de douloureux souvenirs gravés dans sa mémoire et sa chair !

Arrivée de Paris par le train, elle a animé une conférence, place Dewailly dans la salle CAVAILLES dès 9 heures. C’est dire si elle est matinale !
Devant elle des classes de 3ème du collège Edouard LUCAS, des adultes de l’établissement, des personnes extérieures intéressées par cette sombre période de l’histoire attendent en silence son témoignage.
Nous avons écouté son intervention les larmes aux yeux. Il faut dire qu’elle sait tenir son auditoire en haleine puisqu’elle n’hésite pas à faire participer les jeunes : « Toi, en pull jaune qu’aurais-tu fait à ma place ? ». « Toi, avec un blouson noir . . . ».
Et pendant plus d’une heure, nous l’avons suivi depuis son arrestation le 13 mars 1944 avec son père, son frère et son neveu jusqu’au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau où, croyant soulager son père et son petit frère de la fatigue du voyage, elle les envoie dans le camion qui charge ceux qui sont gazés à l’arrivée. Elle s’en veut toujours mais comment aurait-elle pu le savoir !!!
Nous la suivons dans son calvaire qui a duré plus d’un an dans la misère, la faim, le froid, les coups, le travail qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente . . . il fallait travailler le ventre vide sans se plaindre sinon les coups pleuvaient. Aucune hygiène, aucune intimité, aucun échange avec les autres encore moins avec l’extérieur . . .
L’arrivée des troupes soviétiques sonne le glas des nazis et la fin du martyr des déportés.
Ginette ira de Bergen-Belsen à Theresienstadt puis à Lyon d’où elle est envoyée à Paris à l’hôtel Lutetia et enfin elle retrouve les siens.
Elle avait 20 ans et pesait 26 kilos !

Dans son récent livre « RETOUR A BIRKENAU », elle dit : « Lorsque je suis rentrée à la maison, ça défilait : tout le monde voulait me voir mais personne ne me demandait comment j’allais, ce que j’avais traversé, ils venaient voir la déportée. »
C’est parmi les raisons pour lesquelles elle n’a « jamais rien dit même à [mon] mari » jusqu’au début des années 2000 où elle est retournée à Birkenau.
Depuis, elle sillonne la France pour témoigner.
« Si aujourd’hui, à 94 ans, je suis comme je suis, je le dois à ces voyages, aux sentiments et aux élèves qui vont nous remplacer quand nous ne serons plus là.
Merci pour eux. »
MERCI GINETTE !
Un échange a suivi avec des questions très pertinentes des élèves.


La journée s’est poursuivie au collège.
Après un repas bien copieux offert par l’établissement, l’après-midi a été consacré aux travaux des élèves :
- Présentation des panneaux réalisés pour la journée de la laïcité
- Poèmes inventés pour Ginette KOLINKA
- Questions sur Simone VEIL, sa camarade de corvée à Birkenau, par un groupe travaillant sur les personnalités qui ont fait la France.
- Questions du club « médias » dont la première a été : « comment circulaient les informations à cette époque ? » Dans les toilettes !

Ginette KOLINKA a dédicacé son livre aux nombreuses personnes qui se l’étaient procuré avant son arrivée à Amiens.
Les élèves ont pu également découvrir les objets de la Seconde Guerre mondiale prêtés par notre association.

Anatolie Mukamusoni.

Pour lire la page wikipedia consacrée à Ginette Kolinka.

Pour entendre son témoignage.

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Publié dans #Projets scolaires

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Publié le 14 Février 2024

La belle église romane d’Eppeville détruite par les Allemands en mai 1940, au cours des bombardements sur l’agglomération hamoise, c'est une grande bâtisse de la rue du Maréchal Leclerc destinée à stocker les sacs de sucre dans la cour des Entrepôts  qui servit de chapelle à tous les paroissiens eppevillois de 1940 à 1945.
A l’intérieur, un autel était dirigé vers l’assistance alignée sur trois grandes rangées de bancs. Une sacristie se cachait derrière un paravent. Un harmonium et des sièges pour les choristes se tenaient près des officiants tandis que face à la porte d’entrée le confessionnal attendait les pénitents.

En 1943, j’avais sept ans, c’était « l’âge de raison » pour l’Eglise.
Ma mère qui était une très grande pratiquante, décida qu’il était temps que je fasse ma communion privée à l’occasion de Noël.
Pour me préparer à la cérémonie, une vieille demoiselle bien brave, mademoiselle BOURDON, fut chargée de mon éducation religieuse. Elle était infirmière, faisait le catéchisme et vivait avec une collègue au dispensaire de l’usine.
Je m’y rendis donc un soir et nous nous installâmes dans la cuisine. Une bouilloire sifflait sur le fourneau. L’autre infirmière qui devint plus tard la femme du directeur de l’usine s’affairait.
Elle ouvrit un livre sur la table et nous nous assîmes côte à côte. Rien de tel qu’une belle image pour faire comprendre à l’enfant que j’étais, le sens de la cérémonie qui approchait. Bien sûr je devais la commenter.

Cette image, je la revois encore, était composée de trois parties : A gauche des anges autour d’un nuage, c’était le ciel. A droite des diables noirs avec des tridents autour d’une flamme rouge, c’était l’enfer. Au milieu, un garçonnet qui devait choisir, était accompagné de son ange gardien. Si l’enfant était désobéissant bien sûr, c’est du côté des diables qu’il se rendait.
Voilà comment en 1943, poussée par les adultes d’alors, une vieille demoiselle faisait mon éducation religieuse. Sans s’en rendre compte, elle ajoutait à ma terreur des boches, la peur de l’enfer et de l’au-delà. Ainsi était enseignée la religion.
Quand je repense aujourd’hui à cet épisode de ma vie, j’en frémis.

Pour préparer la crèche, ma mère eut une idée saugrenue que certainement une bonne âme lui avait soufflée. Elle fabriqua deux sachets (un pour moi et un pour mon frère) en guise de matelas pour coucher le petit Jésus. Dans le sachet, chaque fois qu’on était sage, elle y glissait une plume et en cas de bêtise elle y mettait un clou. Pour Noël on mit solennellement le petit Jésus sur les deux sacs pleins.
Ce Noël 43 reste gravé dans ma mémoire. Je me souviens de la messe dans cette grande bâtisse des Entrepôts.

A cette occasion, Janine ma marraine, alors âgée de 15 ans et demi était venue dormir chez nous. Le matin nous avons regardé ensemble ce que le « petit Jésus », alias « père Noël », m’avait apporté en descendant dans la cheminée.
Dans mes souliers, se trouvait le meccano que je désirais. C’était un meccano n°1 aux poulies à gorge sans pneus… Je ne pouvais alors comprendre en plus que les boches avaient volé sur le trajet tout le caoutchouc français !
J’ai toujours rêvé d’un train électrique que je n’ai jamais eu avant d’acheter celui de mes propres enfants. Aussi ai-je passé des heures dans les années 40 avant de m’endormir à essayer de trouver comment on pouvait réaliser un aiguillage en meccano sur lequel le train avancerait avec des roues à gorge. Je cherche toujours…

Cette année-là, nous avons eu un modeste arbre de Noël dans une salle à Eppeville.
La jolie madame BONARD, svelte et brune, dont le mari était prisonnier, chanta « la lettre au prisonnier » sur l’air de « J’irai revoir ma Normandie ». Je l’entends encore :
Je pense à toi mon prisonnier,
Je pense à toi, la nuit le jour,
Quand tu reviendras au foyer,
Grand et fort t’attendra notre amour.

C’est pour toi qu’aujourd’hui je chante
Bien que mon cœur soit un peu lourd,
Mais je sens qu’en restant vaillante,
Je t’aide à mieux l’être à ton tour.

Ta photo nous est arrivée,
Quelle émotion et quelle joie,
Elle est dessus la cheminée
Avec des fleurs cueillies pour toi.

Nos chers petits deviennent sages,
Pour faire plaisir à leur Papa,
Jeannie, déjà, m’aide au ménage,
Hier Pierrot avait la croix.

Je suis à toi dans l’espérance,
Que nos souffrances serviront,
À refaire le monde et la France,
Pour un avenir juste et bon.

Cette chanson reflète bien l’atmosphère catho et pétainiste des temps de guerre. Elle nous ressemblait tellement que ma mère demanda et en obtint le texte.
Le prisonnier n’est pas là mais il n’est pas si mal là où il est car il a envoyé sa photo souriante qui est sur la cheminée avec des fleurs. Les enfants sont sages, la fille fait le ménage et le garçon a eu « la croix » en récompense. Le monde est donc parfait.
Les souffrances de la séparation sont utiles car elles servent à la rédemption du monde et de la France. (C’est ce qu’on m’a toujours dit).
Vive l’espérance (vertu catholique) et la mère éduquant bien ses enfants au foyer en l’absence du père.

(Gabriel est au 2ème rang, 2ème en partant de la gauche)


La résignation dépeinte est tellement éloignée de l’idée même d’une Résistance après 4 ans de guerre ! Regardez donc comment mon père vivait dans la baraque du stalag le 21 mars 1943, près des flaques d’eau !
A cet arbre de Noël, nous reçûmes tous un cadeau symbolique, je revins à la maison avec un jeu de cartes des sept familles.

Depuis 2010, je sais aussi que c’est cette année-là que Gabriel, mon père, contracta la tuberculose qui devait l’emporter en 1945, peu de temps avant la délivrance du stalag.


Jean-Marie LAOUT
(Extrait de mon livre :  Tu m’as tellement manqué )

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Publié le 14 Février 2024

Dans le cadre de la préparation du débarquement en France,en mars 1943,  l’Etat Major du Général Eisenhower imagine un plan baptisé « Sussex », visant à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire qui seraient zone de combats, des équipes de deux agents en civil (un observateur et un radio). Leur mission : s’infiltrer et renseigner 24 h sur 24 l’état-major allié sur l’ordre de bataille allemand.

A Amiens, avec le groupe Charles de Gaulle, M. DEBEAUVAIS met, de juin à août 1944, son garage à disposition de la mission « Drouot » composée du capitaine Marcel BROCHART alias Charot (observateur de l'équipe et chef de mission) et du lieutenant Jean Elisée LART alias Tral (opérateur radio). Ils seront rejoints par la suite par André Guillebaud.
Ce garage était situé au 376 rue de Cagny. Ce lieu, appelé maintenant le Prince noir, a été un coiffeur et maintenant un établissement de l’UNICEF.

Jean Elisée Lart (devant) et André Guillebaud (au fond)  dans le garage de la rue de Cagny à Amiens.

Don de Mme Guillebaud au Musée Sussex

Les renseignements fournis ont été utilisés pour favoriser la libération d’Amiens le 31 août 1944, les Britanniques ayant été informés de la faiblesse des défenses allemandes.

Avant de rejoindre la mission "Drouot", André GUILLEBAUD a également participé à la mission « Vitrail » : dans la nuit du 10 au 11 avril 1944, Jacques VOYER (observateur) et André GUILLEBAUD (radio) sont largués dans la région de Chartres. Lors d’une observation de mouvements de troupe, André GUILLEBAUD remarque des « totems » ou insignes d’unités inconnues peints sur des véhicules. Il en fait des croquis rapides et les donne à Jacques Voyer dans l’espoir que ce dernier puisse les identifier. Le 10 juin, alors que VOYER s’approche du convoi pour en savoir plus, il est interpelé par 2 feldgendarm. Les croquis, tombent entre les mains des Allemands ; VOYER tente de s’échapper mais touché de 2 balles tirés par les policiers, il est arrêté et torturé. Il est fusillé le 27 juin 1944 à Lèves (28).

Pour prolonger, voir le forum Picardie 1939-1945 et  l'ouvrage de Dominique Soulier, 1943-1944, Plan Sussex, Plan Proust, MMPark éditions.

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Publié le 14 Février 2024

Notre association a proposé aux professeurs d’histoire-géographie du collège ROSA PARKS d'Amiens de créer avec leurs élèves un parcours urbain de mémoire sur la Seconde Guerre mondiale. Nous avons suivi l’élaboration du travail pendant plusieurs mois.


Le 10 mai 2022 nous avons rejoint deux classes de 3ème devant le lycée Madeleine MICHELIS,1ère étape d'un circuit à travers le centre- ville. Ce parcours pédestre nous emmena vers la gare puis aux monuments aux Picards martyrs de la Résistance et du Général LECLERC, la rue des Jacobins (étude de Me BLANCHARD), la rue des 3 Cailloux (attentat au Royal), la rue Metz-l'Evêque (attaque du tri postal), la place Saint-Michel (sauvetage de la statue de Pierre L'Ermite), la place Léon DEBOUVERIE, la place Léon GONTIER, la rue Jean CATELAS, la rue du Commandant DEFPNTAINE, la rue Henriette DUMUIN.


A chacune de ces étapes, les élèves se sont relayés pour lire les textes préparés en classe.
Après un pique-nique au square de la Rafle du 4 janvier 1944, le parcours se termina par la visite du Poteau des Fusillés.

C'est une belle expérience à renouveler et à étendre à d’autres établissements.
Martine Dizy

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Publié dans #Projets scolaires

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