Publié le 9 Juillet 2024

France 3 Picardie a consacré une série intitulée  "Mémoires de 39-45" composée  de quatre reportages.

Ils sont disponibles sur la chaine Youtube de France 3 Hauts-de-France

Le quatrième est consacré au "poteau des fusillés" et à l'action de notre association.

 

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Publié le 2 Juillet 2024

Tout part de l’ouvrage de Gilles Prilaux et Pauline Secchioni  La citadelle de Doullens et les ombres de Buchenwald  publié en 2022. Il montre comment 2 500 déportés ne parlant pas le français, en majorité polonais, tchèques mais aussi russes, ont été transférés du camp de concentration de Buchenwald à la SS-Baubrigade V dans la citadelle de Doullens pour travailler, de mars à août 1944, à la construction de rampes de lancement de V1 ou au déblaiement des destructions des bombardements.

Avec le soutien de Gilles Prilaux, Rachel Mille et Laurent Lombard, professeurs du lycée de l’Authie à Doullens, proposent aux 26 élèves de terminale inscrits en spécialité Histoire-Géographie, géopolitique et sciences politiques de travailler sur cette histoire durant l’année scolaire 2023-2024. Pour ces deux enseignants, c’est une façon d’illustrer l’une des thématiques au programme : « Histoire et mémoires » et la notion de citoyenneté européenne en s’engageant dans une démarche pédagogique fondée sur le passé et l’avenir en commun.

L’objectif étant de se rendre au mémorial du camp de Buchenwald, les élèves préparent leur voyage durant l’année scolaire. En parallèle des cours d’histoire, la première visite se déroule à la citadelle de Doullens, pour découvrir avec Gilles Prilaux les lieux où étaient détenus les déportés et où fut installé en 1943 un centre de commandement et d’analyse de tirs pour les V1.

Les élèves se déplacent ensuite à la coupole d'Helfaut-Wizernes. Cette base souterraine allemande de lancement de fusées V2 est devenue un centre d’histoire qui présente les V1 et les V2 réalisés au camp de Dora, un temps une annexe de Buchenwald ainsi que les rampes de lancement que les prisonniers doullennais devaient construire.

Enfin des recherches aux Archives départementales de la Somme permettent de retrouver la trace de résistants français déportés au camp de Buchenwald.

Serge BARBIER, ouvrier à l’usine Saint-Frères. Il a 18 ans lorsqu’il est arrêté le 7 août 1944 à Berteaucourt-les-Dames pour sabotage. Il est alors interné à Amiens et Royallieu avant d’arriver à Buchenwald puis Dachau. Il est libéré le 29 avril 1945.

Roland BOSSI est un ouvrier arrêté à Beauval, le 5 février 1944 car il détenait des armes. Il est accusé d’appartenir au mouvement de résistance Libération-Nord. ll arrive dans le camp de Buchenwald le 14 mai 1944 et y décède 15 jours plus tard, à l’âge de 18 ans.

Alfred Jean-Baptiste BRAILLY, cultivateur à Flesselles est arrêté le 28 juillet 1944 pour détention d’un fusil de chasse et parce qu’il abrite des réfractaires du STO – Service du travail obligatoire. Le 16 août, il est placé dans un convoi à Compiègne, direction Buchenwald. Il y décède le 31 août 1944 à l’âge de 68 ans.

Paul COURTOIS, originaire de Beauquesne, est un résistant arrêté, le 29 juin 1944, à l’âge de 59 ans à Bourges. Il est déporté au camp de Buchenwald, le 18 août 1944. Il y décède le 29 mars 1945.

Fernand DEGARDIN, membre du réseau de résistance Francs-Tireurs Partisans Français (FTPF). Il est arrêté dans son village natal, à Saint-Léger-les-Domart, le 7 août 1944. Il distribuait notamment des tracts. Il est déporté à Buchenwald avant de rejoindre Dachau. ll est libéré le 8 mai 1945. Il avait 22 ans.

Sylvain DEVAUCHELLE, né à Beauquesne est un ouvrier agricole arrêté le 28 juillet 1944 à Flesselles car il distribuait des journaux clandestins. Il est interné à Amiens, Compiègne avant de rejoindre Buchenwald. Il décède lors de l’évacuation du camp, le 21 avril 1945. Il avait 55 ans.

Guy HERBET, originaire de Rubempré, appartenait aux FFI - Forces Françaises de l’Intérieur - et plus précisément au mouvement des Francs-Tireurs Partisans Français (FTPF). Il est arrêté le 31 juillet 1944 et déporté vers le camp de Buchenwald, le 17 août 1944. Il y décède le 1er avril 1945 à l’âge de 20 ans.

Henri RINUY, médecin arrêté le 23 juin 1944 à Flesselles, à l’âge de 71 ans. Il a induit en erreur la police sur l’état de santé d’un prisonnier qui a alors pu s’évader. Il est alors accusé de complicité dans l’évasion d’un résistant. Henri RINUY arrive dans le camp de Buchenwald le 17 août 1944 et y décède le 13 mars 1945

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Forts de tous ces éléments les élèves partent en Allemagne du 15 au 20 avril 2024 logés chez l’habitant.

La visite du mémorial de l'ancien camp de concentration de Buchenwald créé en 1937 est chargée d’émotion.

C’est d’abord une marche le long de la Blutstrasse, la « route du sang », cette voie ferrée reliant Weimar à Buchenwald qui fut construite en mars 1943 par les déportés. Les pierres de mémoire déposées le long du sentier rappellent que des enfants ont été aussi internés. A la libération en avril 1945, on en comptait plus de 900 dont le plus jeune avait 4 ans.

Une fois la porte principale franchie où il est inscrit Jedem das seine (À chacun son dû), les élèves s’immergent dans l’histoire de Buchenwald, même si du camp en lui-même il ne reste plus grand-chose. Ils découvrent le système concentrationnaire et la hiérarchie établie entre détenus, visitant avec silence et gravité le four crématoire qui était utilisé pour brûler les cadavres des prisonniers morts d’épuisement et de mauvais traitements. Sur les 280 000 détenus, 56 000 ne sont jamais revenus dont 11 000 juifs.

La participation aux ateliers pédagogiques organisés par des guides du mémorial est une manière de mettre des mots sur l’émotion provoquée par la visite du camp et d’évaluer les connaissances de chacun, les élèves pouvant choisir de présenter en fin d’année le camp de Buchenwald lors du grand oral.

L’un des temps forts est l’hommage rendu à la fois aux déportés du camp affectés à la SS-Baubrigade V dans la citadelle de Doullens et aux résistants doullennais déportés à Buchenwald .

Lors du bilan au mois de mai, les élèves sont unanimes : « mettre des images sur ce qui s’est passé et voir en vrai ce qu’on a appris en cours » pour Samuel, « acquérir des connaissances ; en particulier sur l’Allemagne, sa culture et sur Buchenwald bien sûr ; autrement qu’assise sur une chaise avec une feuille et un stylo. » pour Georgia.

Une équipe de tournage de France 3 Picardie a accompagné et filmé les lycéens doullennais et leurs accompagnateurs dans leur visite du camp de Buchenwald. Ils en ont tiré 4 épisodes visibles sur la chaîne Youtube de France 3 Picardie.

Épisode 1/4 : la marche le long de la Blutstrasse

- Épisode 2/4 : l'histoire du camp de concentration

- Épisode 3/4 : la pédagogie de la visite d'un camp

- Épisode 4/4 : Baubrigade V et déportation


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Avec au moins 88 camps satellites, Buchenwald est l'un des plus grands camps de concentration établis en Allemagne. Les premiers détenus en 1937 sont des opposants politiques allemand. Les femmes ne sont pas internées à Buchenwald avant 1944. Puis à la suite de la Nuit de cristal qui vit le saccage des synagogues juives du 9 au 10 novembre 1938, les SS et la police allemande envoyèrent près de 10 000 hommes juifs à Buchenwald.

Les SS y internèrent également des Témoins de Jéhovah, des Roms et des Sinti (Tsiganes) ainsi que des déserteurs allemands. Buchenwald fut l'un des seuls camps de concentration qui enferme des "fainéants", des personnes que le régime considérait comme "asociaux" parce qu'ils ne pouvaient pas ou ne voulaient pas trouver d'emplois rémunérateurs.

Les choses changent au fur et à mesure des conquêtes de la Wehrmacht et de la répression dans l’Europe occupée, les SS incarcèrent également des prisonniers de guerre de différents pays (y compris les États-Unis), des résistants, d'anciens responsables de gouvernement de pays occupés par l'Allemagne et des travailleurs forcés étrangers. Les derniers mois de la guerre voient en plus refluer des déportés des camps de l’Europe de l’Est.

Des enfants et des adolescents y sont également internés. Les premiers arrivent fin 1938 après des actions contre les Tziganes ou les Juifs. Puis ils viennent d’Europe de l’Est et de Russie au gré des déportations. Ils sont soumis comme les adultes aux travaux forcés. Même si les déportés adultes tentent de les protéger, les enfants de Buchenwald sont soumis aux travaux forcés et servent de main-d'œuvre déployée principalement dans des usines d'armement, dans des carrières de pierre et sur des chantiers de construction.

Les SS triaient régulièrement les prisonniers des camps de Buchenwald, envoyant les plus faibles vers les centres de mise à mort de Bernburg ou de Sonnenstein, où ils étaient gazés. D'autres prisonniers incapables de travailler furent aussi tués par injection de phénol.

A partir de 1942, les politiques réussissent à occuper les postes principaux de l’administration interne du camp après en avoir écarté les prisonniers de droit commun, auxquels les nazis avaient coutume de déléguer ces fonctions. Un comité international est même créé à l’été 1943, dominé par les militants communistes. Malgré les terribles conditions de vie et les risques de répression, des actions de résistance émergent.

Au début du mois d'avril 1945, à l’approche de l'armée américaine, les SS évacuent environ 28 000 prisonniers du camp principal et 10 000 prisonniers des camps satellites de Buchenwald. Environ un tiers de ces prisonniers meurt d'épuisement en route ou fut abattu par les SS.

Le 11 avril 1945, au matin les déportés prennent le contrôle du camp, capturant des SS. A l’arrivée de l'armée américaine, il reste plus de 21 000 personnes dont près d’un millier d’enfants.

Pour en savoir plus  : le site de  l'Association française Buchenwald, Dora et Kommandos.

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