Publié le 14 Juin 2024

La session 2024-2025 du Concours national de la Résistance et de la Déportation a pour thème : Libérer et refonder la France (1943-1945).

Ce thème est une invitation à travailler dans une double direction :

-sur les combats de la Résistance dans la libération de la France, face au péril sans cesse accru du nazisme, de l’Axe et de la Collaboration, sans méconnaître ce que la Libération doit aux nations alliées ;

- sur la refondation de la France dans la victoire, par la démocratisation de la République et par un supplément d’âme en faveur des valeurs de liberté politique, d’égalité sociale et de dépassement moral.

Vous trouverez  ci-dessous :

- la lettre de cadrage rédigée par Vincent Duclert, historien, inspecteur général, président du collège national des correcteurs du Concours national de la Résistance et de la Déportation.

- l'ensemble de contributions réunies par Vincent Duclert et diffusées par l'Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie.

  • De la démocratie comme ouvrage (Claire Andrieu)
  • Un éclairage du thème à l’aune du genre (Catherine Lacour-Astol)
  • Une nécessaire refondation économique et sociale (Alain Chatriot)
  • Penser et préparer l’avenir au cœur de la lutte (Laurent Douzou)
  • Initier les élèves à l’histoire de la Libération de la France et de sa refondation. Un regard sur les ressources (Christine Guimonnet)
  • Libérer et refonder la France (1943-1945). Le cas de la Dordogne (Bernard Lachaise)
  • Le général de Gaulle, la libération et la refondation de la France (Chantal Morelle)
  • Pourquoi n’y a-t-il pas eu de guerre civile en France à la Libération ? (Philip Nord)
  • Sortir de la guerre (Guillaume Piketty)
  • Résistance et Libération (Guillaume Pollak)
  • Le musée de l’Ordre de la Libération, lieu de ressources (Vladimir Trouplin)
  • Libérer et refonder la France (1943-1945). L’action et la pensée (Cécile Vast)
  • Une approche historiographique du thème (Olivier Wieviorka)
  • Le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin : l’histoire par l’objet (Sylvie Zaidman)

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Publié dans #Projets scolaires

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Publié le 3 Juin 2024

Octobre 1942, Madeleine MICHELIS, jeune professeure de lettres classiques,  rejoint le lycée d’État de jeunes filles de la ville d’Amiens, un bâtiment en grande partie occupé par les troupes allemandes. Après son passage à l’Ecole normale supérieure, il s’agit de son quatrième poste après le Havre, son annexe à Etretat et Paris. Âgée de 29 ans, elle est très vite appréciée de ses élèves, animant avec passion un atelier théâtre aux côtés de Georges-Louis COLLET, futur rédacteur en chef du Courrier Picard en 1944.

Madeleine MICHELIS trouve difficilement à se loger dans Amiens dévastée, elle occupe différentes chambres d’hôtels avant de s’installer 6 rue Marguerite Hémart-Ferrandier (quartier Henriville), soit la même adresse que celle de Jeanne Fourmentraux arrêtée le 26 août 1942.

Fonds Marie-Claude Durand

Derrière la professeure se cache une femme déterminée dont l’engagement remonte avant-guerre.

Membre de la Jeunesse étudiante chrétienne (J.E.C.) elle a apporté sa contribution pour aider les réfugiés espagnols et n’a jamais caché son hostilité envers le régime nazi. En mai 1940 elle refuse la défaite et rejette le régime de Vichy ."Je n'ai absolument pas peur... Je crois invinciblement à l'avenir de la France... Soyons courageux et pleins d'espoir."

A Paris, elle rejoint au printemps 1941 le mouvement Libération-Nord et sert d’agent de liaison à Pierre BROSSOLETTE. Durant l'hiver 1941 Madeleine MICHELIS prend sous son aile une jeune juive, Claude BLOCH dont le père, raflé en décembre 1941, a été enfermé à Royallieu-Compiègne (1).  Au cours de l’été 1942, elle fera passer la jeune fille en zone libre puis par la suite  l'enverra dans le Gers chez une amie.

A Amiens Madeleine MICHELIS devient agent du réseau Shelburn,  branche du Special operations executive (SOE) britannique qui a pour mission de récupérer et de rapatrier en Angleterre les aviateurs alliés dont les appareils ont été abattus dans le ciel français et sont disséminés dans la campagne picarde.

Madeleine MICHELIS est arrêtée à son domicile le 12 ou le 13 février 1944. Les Allemands la croyant à tort chef d’un secteur de renseignements la transfère à Paris, au lycée Montaigne où elle raconte, de retour dans sa cellule, avoir subi le supplice de la baignoire d'eau glacée. Elle meurt par strangulation le 15 ou 16 février, sans que l’on sache si elle a été assassinée ou si elle s'est suicidée pour éviter de parler à ses bourreaux…

Madeleine MICHELIS est nommée par le Général DE GAULLE à titre posthume "Chevalier de la Légion d'honneur", avec la citation  suivante :

Jeune Française admirable, qui s'est entièrement dévouée à la cause de la Résistance, professeur agrégée au lycée d'Amiens, a tout sacrifié au service de la Libération. S'est particulièrement occupée du passage des prisonniers évadés et d'aide aux parachutistes et aviateurs alliés. Arrêtée le 12 février 1944, transférée à Paris, a refusé de parler malgré les pires traitements. A été étranglée le 15 février 1944, trouvant une mort glorieuse au milieu des tortures supportées avec un courage magnifique et sans trahir son secret. Modèle d'abnégation, de foi patriotique.

Après la libération, en 1945 le conseil municipal d'Amiens et le conseil d'administration du lycée d’État de jeunes filles décident conjointement d'apposer une plaque dans l'entrée de l'établissement, rendant hommage à Madeleine MICHELIS. Et depuis 1975 le lycée d’Amiens porte son nom ainsi qu'un groupe scolaire et une rue de Neuilly-sur-Seine, sa ville de naissance.

Madeleine MICHELIS est chevalier de la Légion d’Honneur (1947), récipiendaire de la médaille de la Résistance française, de la Croix de Guerre 1939 - 1945 et de la Médaille de la Liberté attribuée à titre exceptionnel par le président des États-Unis.

En 1997, Madeleine MICHELIS est élevée au rang des Justes parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem (Jérusalem).

(1) Il s'agit de la rafle dite des notables

*

Pour aller plus loin, le site consacré à Madeleine MICHELIS par sa nièce Marie-Claude Durand

Julien Cahon, Madeleine Michelis (1913-1944), une Amiénoise dans la Résistance, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Amiens, A.P.H.G.-Picardie et O.N.A.C. Somme, 11 octobre 2013

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Publié le 3 Juin 2024

Ayant connu l’occupation allemande de 1914 à 1918 à Lille et voulant répondre à l’appel des Français Libres, j’avais décidé de faire immédiatement tout ce qui était possible de faire contre l’ennemi. (Témoignage de Jeanne FOURMENTRAUX - 1946)

Professeur adjoint au lycée d’État de jeunes filles d’Amiens (l’actuel lycée Madeleine Michelis) depuis 1939, Jeanne FOURMENTRAUX  mobilise des élèves pour, officiellement, aménager les tombes des soldats français morts en 1940 dans la région d’Amiens. Mais dans le même temps, le petit groupe ramasse et cache  les armes abandonnées. Dès la fin de l'année 1940 Jeanne FOURMENTRAUX élargit le groupe à d'autres membres de l'Education nationale et d'autres administrations comme les PTT et la SNCF.

Ce premier réseau amiénois diversifie ses activités : il  aide les soldats anglais encore cachés et les prisonniers français évadés, il  fournit des renseignements à Londres, sur le déplacement des troupes d'occupation et l'emplacement des aérodromes ou des défenses allemandes. Le réseau est, en partie,  financé par M. BONNEVILLE, gendre de M. CARMICHAEL, industriel d’Ailly-sur-Somme. Tous deux étaient des proches de Jean MOULIN. Le groupe est rattaché en mars 1941,  aux  "Bataillons de la Mort", créé sur Paris par Albert DUBOIS.

Une trahison entraîne l’arrestation de la majorité des résistants amiénois le 26 août 1942. Jeanne FOURMENTRAUX est transférée à Paris  et emprisonnée d'abord au fort de Romainville, puis à La Santé et ensuite transférée à Fresnes, Jeanne FOURMENTRAUX est  déportée le 28 avril 1943 depuis Compiègne en direction de Ravenbruck où elle arrive le 1er mai.

En janvier 1945, elle fait partie de la marche de la mort qui l’emmène au camp de Bergen-Belsen qui est libéré par les unités de l’Artillerie Royale de Londres, le 27 avril 1945. Jeanne FOURMENTRAUX  est rapatriée le 1er juin 1945, après avoir été soignée contre le typhus.

Diminuée physiquement, elle revient au lycée de jeunes filles d' Amiens comme surveillante générale. Elle y reste jusqu'à son départ en retraite en 1962. En parallèle, elle prend des responsabilités au sein de différentes associations de déportés, militant activement pour le devoir de mémoire.

Jeanne FOURMENTRAUX est officier de la Légion d’Honneur,  elle est également titulaire de la médaille de la Résistance Française, de la carte de combattant volontaire de la Résistance  et de la croix du mérite franco-britannique.

Une plaque est apposée à l'intérieur du lycée rendant hommage à son action.

 Jeanne FOURMENTRAUX est décédée le 20 mars 1982 à l'âge de 84 ans.

 

 

 

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