hommes et femmes dans la resistance

Publié le 3 Juin 2024

Octobre 1942, Madeleine MICHELIS, jeune professeure de lettres classiques,  rejoint le lycée d’État de jeunes filles de la ville d’Amiens, un bâtiment en grande partie occupé par les troupes allemandes. Après son passage à l’Ecole normale supérieure, il s’agit de son quatrième poste après le Havre, son annexe à Etretat et Paris. Âgée de 29 ans, elle est très vite appréciée de ses élèves, animant avec passion un atelier théâtre aux côtés de Georges-Louis COLLET, futur rédacteur en chef du Courrier Picard en 1944.

Madeleine MICHELIS trouve difficilement à se loger dans Amiens dévastée, elle occupe différentes chambres d’hôtels avant de s’installer 6 rue Marguerite Hémart-Ferrandier (quartier Henriville), soit la même adresse que celle de Jeanne Fourmentraux arrêtée le 26 août 1942.

Fonds Marie-Claude Durand

Derrière la professeure se cache une femme déterminée dont l’engagement remonte avant-guerre.

Membre de la Jeunesse étudiante chrétienne (J.E.C.) elle a apporté sa contribution pour aider les réfugiés espagnols et n’a jamais caché son hostilité envers le régime nazi. En mai 1940 elle refuse la défaite et rejette le régime de Vichy ."Je n'ai absolument pas peur... Je crois invinciblement à l'avenir de la France... Soyons courageux et pleins d'espoir."

A Paris, elle rejoint au printemps 1941 le mouvement Libération-Nord et sert d’agent de liaison à Pierre BROSSOLETTE. Durant l'hiver 1941 Madeleine MICHELIS prend sous son aile une jeune juive, Claude BLOCH dont le père, raflé en décembre 1941, a été enfermé à Royallieu-Compiègne (1).  Au cours de l’été 1942, elle fera passer la jeune fille en zone libre puis par la suite  l'enverra dans le Gers chez une amie.

A Amiens Madeleine MICHELIS devient agent du réseau Shelburn,  branche du Special operations executive (SOE) britannique qui a pour mission de récupérer et de rapatrier en Angleterre les aviateurs alliés dont les appareils ont été abattus dans le ciel français et sont disséminés dans la campagne picarde.

Madeleine MICHELIS est arrêtée à son domicile le 12 ou le 13 février 1944. Les Allemands la croyant à tort chef d’un secteur de renseignements la transfère à Paris, au lycée Montaigne où elle raconte, de retour dans sa cellule, avoir subi le supplice de la baignoire d'eau glacée. Elle meurt par strangulation le 15 ou 16 février, sans que l’on sache si elle a été assassinée ou si elle s'est suicidée pour éviter de parler à ses bourreaux…

Madeleine MICHELIS est nommée par le Général DE GAULLE à titre posthume "Chevalier de la Légion d'honneur", avec la citation  suivante :

Jeune Française admirable, qui s'est entièrement dévouée à la cause de la Résistance, professeur agrégée au lycée d'Amiens, a tout sacrifié au service de la Libération. S'est particulièrement occupée du passage des prisonniers évadés et d'aide aux parachutistes et aviateurs alliés. Arrêtée le 12 février 1944, transférée à Paris, a refusé de parler malgré les pires traitements. A été étranglée le 15 février 1944, trouvant une mort glorieuse au milieu des tortures supportées avec un courage magnifique et sans trahir son secret. Modèle d'abnégation, de foi patriotique.

Après la libération, en 1945 le conseil municipal d'Amiens et le conseil d'administration du lycée d’État de jeunes filles décident conjointement d'apposer une plaque dans l'entrée de l'établissement, rendant hommage à Madeleine MICHELIS. Et depuis 1975 le lycée d’Amiens porte son nom ainsi qu'un groupe scolaire et une rue de Neuilly-sur-Seine, sa ville de naissance.

Madeleine MICHELIS est chevalier de la Légion d’Honneur (1947), récipiendaire de la médaille de la Résistance française, de la Croix de Guerre 1939 - 1945 et de la Médaille de la Liberté attribuée à titre exceptionnel par le président des États-Unis.

En 1997, Madeleine MICHELIS est élevée au rang des Justes parmi les nations par le Mémorial de Yad Vashem (Jérusalem).

(1) Il s'agit de la rafle dite des notables

*

Pour aller plus loin, le site consacré à Madeleine MICHELIS par sa nièce Marie-Claude Durand

Julien Cahon, Madeleine Michelis (1913-1944), une Amiénoise dans la Résistance, préface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Amiens, A.P.H.G.-Picardie et O.N.A.C. Somme, 11 octobre 2013

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Publié le 3 Juin 2024

Ayant connu l’occupation allemande de 1914 à 1918 à Lille et voulant répondre à l’appel des Français Libres, j’avais décidé de faire immédiatement tout ce qui était possible de faire contre l’ennemi. (Témoignage de Jeanne FOURMENTRAUX - 1946)

Professeur adjoint au lycée d’État de jeunes filles d’Amiens (l’actuel lycée Madeleine Michelis) depuis 1939, Jeanne FOURMENTRAUX  mobilise des élèves pour, officiellement, aménager les tombes des soldats français morts en 1940 dans la région d’Amiens. Mais dans le même temps, le petit groupe ramasse et cache  les armes abandonnées. Dès la fin de l'année 1940 Jeanne FOURMENTRAUX élargit le groupe à d'autres membres de l'Education nationale et d'autres administrations comme les PTT et la SNCF.

Ce premier réseau amiénois diversifie ses activités : il  aide les soldats anglais encore cachés et les prisonniers français évadés, il  fournit des renseignements à Londres, sur le déplacement des troupes d'occupation et l'emplacement des aérodromes ou des défenses allemandes. Le réseau est, en partie,  financé par M. BONNEVILLE, gendre de M. CARMICHAEL, industriel d’Ailly-sur-Somme. Tous deux étaient des proches de Jean MOULIN. Le groupe est rattaché en mars 1941,  aux  "Bataillons de la Mort", créé sur Paris par Albert DUBOIS.

Une trahison entraîne l’arrestation de la majorité des résistants amiénois le 26 août 1942. Jeanne FOURMENTRAUX est transférée à Paris  et emprisonnée d'abord au fort de Romainville, puis à La Santé et ensuite transférée à Fresnes, Jeanne FOURMENTRAUX est  déportée le 28 avril 1943 depuis Compiègne en direction de Ravenbruck où elle arrive le 1er mai.

En janvier 1945, elle fait partie de la marche de la mort qui l’emmène au camp de Bergen-Belsen qui est libéré par les unités de l’Artillerie Royale de Londres, le 27 avril 1945. Jeanne FOURMENTRAUX  est rapatriée le 1er juin 1945, après avoir été soignée contre le typhus.

Diminuée physiquement, elle revient au lycée de jeunes filles d' Amiens comme surveillante générale. Elle y reste jusqu'à son départ en retraite en 1962. En parallèle, elle prend des responsabilités au sein de différentes associations de déportés, militant activement pour le devoir de mémoire.

Jeanne FOURMENTRAUX est officier de la Légion d’Honneur,  elle est également titulaire de la médaille de la Résistance Française, de la carte de combattant volontaire de la Résistance  et de la croix du mérite franco-britannique.

Une plaque est apposée à l'intérieur du lycée rendant hommage à son action.

 Jeanne FOURMENTRAUX est décédée le 20 mars 1982 à l'âge de 84 ans.

 

 

 

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Publié le 19 Février 2024

Jean- Marc LAURENT naquit à Amiens le 21 Mars 1926, rue de la 3e DI. Quand la guerre éclata, il était apprenti radio-électricien aux établissements Léraillé. Le contexte familial étant patriotique, il ne put admettre l’échec de la France en 1940 et passa rapidement à l’action.
Son travail à la SNCF et ses promenades dans les Auberges de jeunesses étaient l’occasion d’observer les mouvements militaires allemands : dès 16 ans, il proposa ses services comme Agent de Renseignement puis entra dans la Résistance fin 1943.
Comme FTP, ses actions se déroulèrent dans le réseau Centurie dirigé par le Colonel Yves, c’est-à-dire Jean LAGARRIGUE.

Le 2 avril 1944, en face du Pavillon Bleu, à la Hotoie, Jean-Marc fut arrêté avec d’autres responsables.
Ils furent enfermés à la Citadelle où ils connurent de terribles interrogatoires à la matraque. Sans jugement, ils furent condamnés à la déportation.
Le 2 juillet, 2521 patriotes montèrent dans le « Train de la Mort » jusqu’à Dachau. Jean-Marc LAURENT fut dirigé vers Allach puis Hersbruck et enfin à Flossenburg où il dépérit rapidement. Il fut transporté à l’hôpital puis au four crématoire le 5 Novembre 1944. Il avait 18 ans.

Au frère Leclerc qui assistait à ses derniers instants, Jean-Marc Laurent dit :
« JE SUIS FOUTU, MAIS PAS POUR RIEN ».

Maryse Confrère

*

Jean-Marc Laurent reçut à titre posthume la médaille de la résistance, la croix de guerre et la croix de la Légion d’honneur. Un collège d'Amiens ainsi qu'une rue portent son nom.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

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Publié le 18 Février 2024

Les  quatre membres de la famille Lemaire, le père et ses trois fils, militants communistes ont été très actifs au sein des Francs Tireurs et Partisans (F.T.P.) et sont morts pour leurs convictions.

Maurice, Joseph LEMAIRE

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Né à Sant-Valéry-sur-Somme le 26 mars 1897, Maurice Lemaire habita  Ailly-sur-Somme puis  Amiens. Vétéran de la Première Guerre mondiale, il était traminot à Amiens. En tant que militant communiste militant, il est interné en avril 1940 dans les camps de Plainval (Oise), puis du Sablou (Dordogne) et de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne). Il rejoint son fils ainé, Maurice Arthur, au sein des Francs-tireurs et Partisans (FTP). ll devient rapidement responsable régional militaire des FTP de la Somme mais, traqué par la police, il doit quitter le département avec son fils en février 1942. Devenu commandant FTP et responsable interrégional, Maurice Lemaire, dit « Adrien », continua le combat en Normandie.  Arrêté avec son fils Maurice Arthur à Quettreville-sur-Sienne dans la Manche, il est fusillé à Saint-Lô le 1er octobre 1942

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

 Maurice, Arthur LEMAIRE

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Né le 9 Septembre 1919 à Amiens, de profession ajusteur,  il s'engage très tôt dans la Résistance et doit quitter avec son père le département de la Somme  pour échapper à la police. Devenu  responsable régional dans la Manche, il est arrêté avec son père. Condamné à  mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Lô, il est fusillé le 24 novembre 1942.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Charles Arthur Lemaire

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Né le 15 Février 1926 à Ailly-sur-Somme, il est étudiant à la société industrielle d’Amiens. Il est monteur de cycle. Comme son père et son frère, il est communiste, et intègre les FTP sous le pseudonyme 'Jean'.  Il participe à de nombreux sabotages de voies ferrées ainsi qu'à l'attentat du "Royal", le soir de Noël 1942, cette brasserie d’Amiens  réquisitionnée comme foyer des soldats allemands. Arrêté le 23  avril 1943. condamné à mort, il est le dernier fusillé du "groupe Michel", à la citadelle d’Amiens le 2 août 1943 avec dix de ses compagnons. Il avait 17 ans Son corps est  enterré dans ce qu’on appellera "le charnier de la Citadelle"». Après la Libération, son corps exhumé et identifié est rendu à sa mère.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Maurice père et fils, et Charles obtiendront la médaille de la Résistance française à titre posthume.


Arthur Lemaire

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Né le 12 mai 1929 à Ailly-sur-Somme, il rejoint les  F.T.P. en  novembre 1943. Attaquant un convoi militaire allemand le 28 août 1944 sur la route de Conty, il est  porté disparu, Capturé il a été sans doute fusillé. La médaille de la Résistance lui sera décerné avec le titre de caporal Chef. Il avait 15 ans.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Tous les quatre reposent dans le Carré de corps restitués du cimetière Saint-Acheul dit "ancien l", allée des Benoites à Amiens.

Une plaque commémorative a été placée sur l'ancienne demeure familiale et la rue a été rebaptisée « Rue des Quatre Lemaire » (10 rue des Quatre Lemaire) ; leurs noms figurent également sur la plaque commémorative des « Résistants du Quartier », 131 Boulevard de Châteaudun).

Une stèle en l’honneur des quatre Lemaire  a été inaugurée le 5 septembre 2015 dans le square d'Amiens qui porte leur nom.

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Publié le 18 Février 2024

Pierre DEROBERTMAZURE était né en 1895 et demeurait au n° 126  avenue Louis Blanc à Amiens. Membre de la S.F.I.O. (Socialiste) et de la ligue des Droits de l'Homme, il faisait fonction, sous l'Occupation, de rédacteur à la Préfecture de la Somme au service de la Main d'œuvre et du Travail (dit bureau de placement en 1936). Ce service devint par la suite l'Inspection du Travail, situé 45 rue des Otages à Amiens ainsi que dans les baraquements de la place du cirque.  

C'est par ces bureaux que transitaient, issus de la  "Kommandantur", les dossiers des travailleurs à destination de l'Allemagne, "les S.T.O."  (le Service du Travail Obligatoire). Ces dossiers subirent par "certains employés" dont Pierre, des "modifications" : fausses cartes de travail, faux dossiers de santé, certificats de complaisance. 1016 travailleurs requis échapperont ainsi au S.T.O. 

Pierre appartenait à "Libé-nord" ainsi qu'à un groupe de résistants  locaux. Il partait souvent à  l'extérieur afin de diffuser des tracts, des bulletins de liaison. Ce petit bonhomme, discret, bossu, passait à travers les mailles du filet allemand, dans les bus et dans les trains. 

Victimes d'une dénonciation, plusieurs patriotes comme lui, Paulette VERDY, M. BONPAS, furent arrêtés et internés à la prison d'Amiens le 6 décembre 1943 par la Gestapo. II trouva la mort lors des bombardements de la prison le 18 février 1944. Il avait 49 ans.  

 Au faubourg de Hem, une plaque est apposée sur le mur de son ancien domicile et une rue porte son nom.  

 En juin 1946, une cérémonie eut lieu à Gentelles en sa mémoire. Au cimetière, ses amis lui  élevèrent un monument, rappelant qu'il est mort pour la liberté. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Gentelles. A ce jour, il n'y a plus aucune trace de sa tombe en ce lieu.

Extrait d'un témoignage de Jean Michel TOPART, un ami de Pierre.

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Publié le 17 Février 2024

Raoul DEFRUIT, né le 10 septembre 1900 à Bayonvillers, était employé aux Assurances Sociales d'Amiens jusqu'en décembre 1943. Il entre au Front National de la Résistance en juin 1942. Il abandonne son emploi à Amiens pour prendre un poste de garde-voies à Guillaucourt, tout proche de son domicile d'Harbonnières.

 Dans la Résistance, il repère les convois allemands. Le 12 mai 1944, la Gestapo guidée par un "collaborateur", l'arrête à son domicile. Emmené à la Citadelle d'Amiens, torturé, il refuse de parler.  Expédié à Royallieu, il est ensuite déporté le 4 juin 1944 vers les camps de Neuengamme, Sachsenhausen, Mauthausen en Autriche, puis dirigé à Ebensee, l'un des Kommandos du camp central de Mauthausen.  Raoul DUFRUIT décède le 8 avril 1945.

Ebensee, édifié à l'automne 1943, au bord du lac Traunsee, un des réseaux de camps annexes où les déportés devaient creuser dans la montagne des usines souterraines. Chaque galerie mesurait 428 mètres. 

A Paris, au cimetière du Père Lachaise, un monument rappelle les 8.203 français morts à  Mauthausen. Parmi eux, des victimes originaires de la Somme. Harbonnières aura sa part de victimes à déplorer comme : Jacques DEFLANDRE, décédé en déportation, Robert MAINGNEUX, Robert  DEGROOTE …

Des noms enfouis dans un profond passé qu'il faut parfois ressortir pour un travail de mémoire.                                                                          

Jacques Lejosne 

*

Pour prolonger  : la page dédiée à Ebensee sur le site de l'amicale de Mauthausen

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Publié le 15 Février 2024

Jules Léon Henri GUEANT était né le 1er novembre 1907 à Mailly-Maillet. il était cultivateur, père de 8 enfants.
Il a été arrêté dans la nuit du 10 au 11 juillet 1944 pour faits de Résistance. Le 5 juin 1944 avec un autre résistant ils font sauter le poste d’observation des Allemands situé entre Mailly Maillet et Hébuterne. Internés à la prison d’Amiens, transférés à Compiègne Royallieu, déportés à Buchenwald puis à Neu-Stassfurt dans le dernier train 265 le 17 août 1944 ; ils étaient 1.250 détenus.

Témoignage de Marcel COGIBUS, détenu au camp de Neu-Stassfurt :

j’ai été témoin des tortures subies par Jules Guéant. Il avait été matraqué le jour du vol des pommes de terre aux cuisines, il avait un bras totalement inutilisable, atteint par la gangrène. Il gelait très fort à cette période et les canalisations d’eau étaient gelées. Tous les jours, un groupe de détenus, avec des seaux, allaient chercher de l’eau au puits V ; du fait de ses blessures, Jules ne pouvait porter qu’un seau, alors tous les jours, il avait droit à 10 coups de schlague sur ses fesses. Ça se passait dans les lavabos du camp SS.
Il arrivait, baissait son pantalon, se courbait sur une chaise préparée à cet effet, et le SS lui administrait les 10 coups de schlague, tout cela sans un cri, sans une plainte. Le 20 mars 1945, il mourait.

Il a été reconnu "Mort en déportation" par l'Arrêté du 31 mars 1994.

Un grand moment d’émotion !

Sur la  première photo, le ceinturon de Jules Guéant tel qu’il le portait lors de son arrestation (au 1er trou).

Sur la seconde photo,  le même ceinturon lorsqu’il l’a confié en mars 1945 à LAVACQUERIE. Ce dernier l’a rapporté à sa famille. Le tour de taille correspond à celui d’un enfant de 4 ans.

D'après le témoignage des enfants, René et Claude, de Jules GUEANT

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Publié le 15 Février 2024

Le 8 novembre 1943, mourut à Rouen Monsieur Maurice COMPAGNON, il était né à Nesle le 16 janvier 1924. Pour se soustraite aux obligations du service du travail en Allemagne (STO), il passe dans les rangs de la Résistance active.
Il rejoint le maquis de Barneville – sur –Seine, où, les armes à la main, il harcèle les troupes de l’Occupant. Les déraillements, sabotages et coups de main qu'il organise, préludent déjà aux opérations qui nous mènent à la Libération.
Son groupe assiégé par des forces de répression, dans les grottes de Courmont, il livre combat. Le 24 août 1943, il doit se rendre et est fait prisonnier et interné à la prison de Rouen pour y être jugé et condamné à mort. Il a été fusillé le 8 novembre 1943.

Citation :
Maquisard de Barneville- sur- Seine, fait prisonnier au cours de l’attaque des grottes de Courmont, le 24 avril 1943, condamné à mort et fusillé au Madrillet Grand-Quevilly (Rouen) le 8 novembre 1943. (Croix de guerre).

Avant de mourir, Maurice COMPAGNON eut le droit et le temps d’adresser une ultime lettre à sa famille :
« Parents, frères et soeurs chéris,
Ça va être une grande douleur, pour vous, de recevoir cette lettre qui sera ma dernière, avant de vous quitter pour toujours, car ayant participé à un déraillement, j’ai été condamné à mort, et je dois être fusillé ce matin lundi à7h ½. Je vous demande surtout, cher papa et chère maman de supporter cette peine avec courage et résignation, et de reporter toute votre affection sur mes frères et soeurs, et à vous, chers frères et soeurs, d’aider papa et maman à supporter leurs chagrins.
Je vous demande aussi de faire dire une messe pour moi dans votre église de Nesle, que je ne verrai plus du tout, et où j’aurais voulu qu’eut lieu mon enterrement. Pour ce qui est de ma tombe, j’espère qu’on vous l’indiquera à la Kommandantur de Roye, où nous avons été jugés.
Dites adieu pour moi à tous les camarades et dites-leur que j’ai pensé à eux, pendant les deux mois et demi de prison que j’ai fait ici. Chers parents, si vous voulez, je vous demanderais de faire agrandir la petite photo d’identité qui est dans la salle à manger, et de l’y suspendre pour que mon souvenir reste toujours vivant en vous.
Je fais une dernière prière pour que vous soyez toujours en bonne santé et que vous veniez me rejoindre le plus tard possible. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir connaître mon petit neveu ou petite nièce, mais je compte que vous lui parlerez de son grand brigand d’oncle. Je termine ici, car on m’attend à la porte de la cellule et je veux essayer d’aller aussi calmement que possible jusqu’au bout et aussi pieusement que possible pour pouvoir entrer dans la miséricorde de notre Seigneur, lavé de toute impureté.
Je vous dis donc adieu pour toujours, chers parents et frères et soeurs, et je vous dis aussi, soyez heureux le plus possible, surtout à toi, Yves à qui je demande de suivre toujours le droit chemin.
Adieu, cher papa, adieu, chère maman, vous que j’aimais plus que toutes choses.
Adieu pour toujours, votre fils et frère qui pensera à vous jusqu’à son dernier jour ».


Extraits du tome II  Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)

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Publié le 15 Février 2024

Né le 10 septembre 1875 à Méharicourt (Somme), Odon DUMONT est mort de la dysenterie le 19 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Marié le 20 avril 1898, il était représentant en chaussures, puis négociant, il fut l’un des plus actifs militants socialistes de la Somme dans les années 30. Secrétaire du groupe socialiste de Villers-Bretonneux, conseiller municipal de Méharicourt, il devint secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme en 1938, après le départ d’Alexis MAILLY. Il appartenait également à la Franc-Maçonnerie et à la Ligue des droits de l’Homme.

Il quitta la Somme à la fin de l’année 1939 et s’installa à Nantes (Loire-Inférieure) où il continua à militer. Résistant actif, il fut arrêté par la Gestapo et mourut en déportation en Allemagne à Buchenwald.

Extrait du site « le Maitron
Monsieur Franck IRJUD adhérent

 

 

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Publié le 15 Février 2024

Pierre MAST est décédé le 4 mai 2020 dans sa 98ème année. A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale se font de plus en plus rares, revenons sur le parcours de cet homme de la Résistance au riche parcours politique.

Jeunesse et Jeunesses Communistes
Pierre MAST voit le jour le 7 octobre 1922 à Amiens. Né d’un père garagiste engagé dans la Première Guerre mondiale et d’une mère pacifiste, sa jeunesse fut bercée par les récits héroïques de sa famille sur le conflit. Plus loin dans le passé, sa grand-mère a même été témoin de l’occupation allemande d’Amiens en hébergeant contre son gré un soldat prussien chez elle.
Étudiant à Amiens, du primaire au lycée des métiers, il y suit une formation d’ajusteur et suit en curieux les manifestations des années 1930 sur la guerre d’Espagne, le Front Populaire, et les réformes sociales. En janvier 1939, il adhère au mouvement de la Jeunesse Communiste et, dès 1940, après son retour à Amiens en août 1940, noue des liens avec d’autres camarades du mouvement. Il intègre la Résistance.
Agissant toujours par trois, il mène des actions contre l’occupant : distribution de tracts, recrutement de nouveaux membres, propagande anti-allemande… Fin 1941, il jette un pavé dans la vitrine de la librairie allemande, rue de Noyon. En janvier 1942, il participe à l’attentat contre le siège de la LVF, rue des Jacobins. Les Allemands, faisant tout pour retrouver les coupables, arrêtent au hasard…

Deux arrestations
Loin de réfréner le zèle des résistants amiénois, Pierre MAST et les siens sont chargés d’adresser aux forces de police et de la gendarmerie une lettre d’avertissement et de menaces en ce début d’année 1942. Ciblant les milieux communistes pour trouver les coupables, Pierre MAST est arrêté sur son lieu de travail une première fois en mars 1942. Possédant sur lui une liste de syndiqués et de membres du parti, il se retrouve devant la justice qui, devant le manque de preuves, le relâche. Il fait l’objet d’une nouvelle arrestation en janvier 1943, suite à l’attentat du soldatenheim, (au restaurant « le Royal ») perpétré le jour du réveillon de Noël 1942. Incarcéré quelques jours à l’hôtel de ville d’Amiens, il intègre ensuite le Centre d’Internement Administratif de Doullens en février, basé dans la vieille forteresse commandée par François 1er au XVIème siècle pour protéger la frontière nord du royaume.

De Doullens vers l’Allemagne
Dans ce camp, Pierre Mast y effectue un cours séjour, jusqu’à sa fermeture et l’évacuation des internés, le 1er avril 1943. Il y côtoie d’autres communistes, syndicalistes Saint-Frères, ouvriers des usines des métaux d’Albert et des acteurs des grèves des mineurs du Nord-Pas-de-Calais du printemps 1941. A la fermeture du camp, donc, il est envoyé avec les autres membres de son bloc vers le camp d’internement de Pithiviers. Les conclusions de l’enquête devaient lui permettre d’être libéré mais, entre-temps, il est envoyé en Allemagne pour travailler dans une ferme. Il bénéficie cependant d’une permission, obtenue grâce au Front National qui à l’époque fédérait tous les mouvements de la France résistante. Revenu à Amiens pour s’y marier le 23 novembre 1943, il se montre plus discret jusqu’à la fin de la guerre.

Elu communiste
Après la guerre, Pierre Mast devient ajusteur à la SNCF et ne renie pas ses convictions politiques. Il profite de la liberté retrouvé pour mener des actions syndicales comme le pilotage du mouvement de grève du dépôt de la SNCF d’Amiens. En mai 1948, il devient membre du comité fédéral puis membre du bureau en 1964. En 1967, il remplace même Maxime Gremetz au poste de premier secrétaire fédéral. Ayant profité de sa popularité acquise par ses actions syndicales, il intègre le corps des élus municipaux de Longueau en qualité de conseiller municipal en 1953 et d’adjoint au maire en 1964. En 1983, il occupe ses dernières fonctions auprès de la cellule Kerviel de Saint Acheul, avant de partir vivre à Saintes avec sa seconde épouse. Continuant de nourrir son esprit de lectures philosophiques et des humanités, il fonde, avec des amis, l’Association saintaise des amis de l’Humanité et profite d’une retraite paisible, avant de s’éteindre à Poitiers, le 4 mai 2020.

Conscient de l’importance des faits et de son rôle dans la résistance amiénoise durant la guerre, il n’hésite pas à faire partager avec modestie son histoire auprès des historiens. En 2008, il revient même à Doullens pour témoigner lors d’une visite de la citadelle. Le flambeau de son récit appartient dorénavant à l’histoire, entre les mains des historiens. Ainsi, concluons en laissant la parole à Pierre MAST. « Celles et ceux qui en 1940 avaient votre âge, dont les frères et sœurs étaient prisonniers de guerre, se sont retrouvés dans les villes et villages anéantis, se demandant « quoi faire ? » face à l’occupant tout puissant… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient simplement, de diverses manières. Certains l’ont payé cher. De leur vie quelquefois. C’est maintenant de l’histoire. Que leur mémoire soit honorée par les jeunes générations. »

Guillaume Roussel

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