hommes et femmes dans la resistance

Publié le 19 Février 2024

Jean- Marc LAURENT naquit à Amiens le 21 Mars 1926, rue de la 3e DI. Quand la guerre éclata, il était apprenti radio-électricien aux établissements Léraillé. Le contexte familial étant patriotique, il ne put admettre l’échec de la France en 1940 et passa rapidement à l’action.
Son travail à la SNCF et ses promenades dans les Auberges de jeunesses étaient l’occasion d’observer les mouvements militaires allemands : dès 16 ans, il proposa ses services comme Agent de Renseignement puis entra dans la Résistance fin 1943.
Comme FTP, ses actions se déroulèrent dans le réseau Centurie dirigé par le Colonel Yves, c’est-à-dire Jean LAGARRIGUE.

Le 2 avril 1944, en face du Pavillon Bleu, à la Hotoie, Jean-Marc fut arrêté avec d’autres responsables.
Ils furent enfermés à la Citadelle où ils connurent de terribles interrogatoires à la matraque. Sans jugement, ils furent condamnés à la déportation.
Le 2 juillet, 2521 patriotes montèrent dans le « Train de la Mort » jusqu’à Dachau. Jean-Marc LAURENT fut dirigé vers Allach puis Hersbruck et enfin à Flossenburg où il dépérit rapidement. Il fut transporté à l’hôpital puis au four crématoire le 5 Novembre 1944. Il avait 18 ans.

Au frère Leclerc qui assistait à ses derniers instants, Jean-Marc Laurent dit :
« JE SUIS FOUTU, MAIS PAS POUR RIEN ».

Maryse Confrère

*

Jean-Marc Laurent reçut à titre posthume la médaille de la résistance, la croix de guerre et la croix de la Légion d’honneur. Un collège d'Amiens ainsi qu'une rue portent son nom.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

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Publié le 18 Février 2024

Les  quatre membres de la famille Lemaire, le père et ses trois fils, militants communistes ont été très actifs au sein des Francs Tireurs et Partisans (F.T.P.) et sont morts pour leurs convictions.

Maurice, Joseph LEMAIRE

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Né à Sant-Valéry-sur-Somme le 26 mars 1897, Maurice Lemaire habita  Ailly-sur-Somme puis  Amiens. Vétéran de la Première Guerre mondiale, il était traminot à Amiens. En tant que militant communiste militant, il est interné en avril 1940 dans les camps de Plainval (Oise), puis du Sablou (Dordogne) et de Saint-Paul-d’Eyjeaux (Haute-Vienne). Il rejoint son fils ainé, Maurice Arthur, au sein des Francs-tireurs et Partisans (FTP). ll devient rapidement responsable régional militaire des FTP de la Somme mais, traqué par la police, il doit quitter le département avec son fils en février 1942. Devenu commandant FTP et responsable interrégional, Maurice Lemaire, dit « Adrien », continua le combat en Normandie.  Arrêté avec son fils Maurice Arthur à Quettreville-sur-Sienne dans la Manche, il est fusillé à Saint-Lô le 1er octobre 1942

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

 Maurice, Arthur LEMAIRE

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Né le 9 Septembre 1919 à Amiens, de profession ajusteur,  il s'engage très tôt dans la Résistance et doit quitter avec son père le département de la Somme  pour échapper à la police. Devenu  responsable régional dans la Manche, il est arrêté avec son père. Condamné à  mort par le tribunal militaire allemand de Saint-Lô, il est fusillé le 24 novembre 1942.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Charles Arthur Lemaire

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Né le 15 Février 1926 à Ailly-sur-Somme, il est étudiant à la société industrielle d’Amiens. Il est monteur de cycle. Comme son père et son frère, il est communiste, et intègre les FTP sous le pseudonyme 'Jean'.  Il participe à de nombreux sabotages de voies ferrées ainsi qu'à l'attentat du "Royal", le soir de Noël 1942, cette brasserie d’Amiens  réquisitionnée comme foyer des soldats allemands. Arrêté le 23  avril 1943. condamné à mort, il est le dernier fusillé du "groupe Michel", à la citadelle d’Amiens le 2 août 1943 avec dix de ses compagnons. Il avait 17 ans Son corps est  enterré dans ce qu’on appellera "le charnier de la Citadelle"». Après la Libération, son corps exhumé et identifié est rendu à sa mère.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Maurice père et fils, et Charles obtiendront la médaille de la Résistance française à titre posthume.


Arthur Lemaire

AD80 31FI2

Né le 12 mai 1929 à Ailly-sur-Somme, il rejoint les  F.T.P. en  novembre 1943. Attaquant un convoi militaire allemand le 28 août 1944 sur la route de Conty, il est  porté disparu, Capturé il a été sans doute fusillé. La médaille de la Résistance lui sera décerné avec le titre de caporal Chef. Il avait 15 ans.

Pour prolonger : sa fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

Tous les quatre reposent dans le Carré de corps restitués du cimetière Saint-Acheul dit "ancien l", allée des Benoites à Amiens.

Une plaque commémorative a été placée sur l'ancienne demeure familiale et la rue a été rebaptisée « Rue des Quatre Lemaire » (10 rue des Quatre Lemaire) ; leurs noms figurent également sur la plaque commémorative des « Résistants du Quartier », 131 Boulevard de Châteaudun).

Une stèle en l’honneur des quatre Lemaire  a été inaugurée le 5 septembre 2015 dans le square d'Amiens qui porte leur nom.

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Publié le 18 Février 2024

Pierre DEROBERTMAZURE était né en 1895 et demeurait au n° 126  avenue Louis Blanc à Amiens. Membre de la S.F.I.O. (Socialiste) et de la ligue des Droits de l'Homme, il faisait fonction, sous l'Occupation, de rédacteur à la Préfecture de la Somme au service de la Main d'œuvre et du Travail (dit bureau de placement en 1936). Ce service devint par la suite l'Inspection du Travail, situé 45 rue des Otages à Amiens ainsi que dans les baraquements de la place du cirque.  

C'est par ces bureaux que transitaient, issus de la  "Kommandantur", les dossiers des travailleurs à destination de l'Allemagne, "les S.T.O."  (le Service du Travail Obligatoire). Ces dossiers subirent par "certains employés" dont Pierre, des "modifications" : fausses cartes de travail, faux dossiers de santé, certificats de complaisance. 1016 travailleurs requis échapperont ainsi au S.T.O. 

Pierre appartenait à "Libé-nord" ainsi qu'à un groupe de résistants  locaux. Il partait souvent à  l'extérieur afin de diffuser des tracts, des bulletins de liaison. Ce petit bonhomme, discret, bossu, passait à travers les mailles du filet allemand, dans les bus et dans les trains. 

Victimes d'une dénonciation, plusieurs patriotes comme lui, Paulette VERDY, M. BONPAS, furent arrêtés et internés à la prison d'Amiens le 6 décembre 1943 par la Gestapo. II trouva la mort lors des bombardements de la prison le 18 février 1944. Il avait 49 ans.  

 Au faubourg de Hem, une plaque est apposée sur le mur de son ancien domicile et une rue porte son nom.  

 En juin 1946, une cérémonie eut lieu à Gentelles en sa mémoire. Au cimetière, ses amis lui  élevèrent un monument, rappelant qu'il est mort pour la liberté. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Gentelles. A ce jour, il n'y a plus aucune trace de sa tombe en ce lieu.

Extrait d'un témoignage de Jean Michel TOPART, un ami de Pierre.

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Publié le 17 Février 2024

Raoul DEFRUIT, né le 10 septembre 1900 à Bayonvillers, était employé aux Assurances Sociales d'Amiens jusqu'en décembre 1943. Il entre au Front National de la Résistance en juin 1942. Il abandonne son emploi à Amiens pour prendre un poste de garde-voies à Guillaucourt, tout proche de son domicile d'Harbonnières.

 Dans la Résistance, il repère les convois allemands. Le 12 mai 1944, la Gestapo guidée par un "collaborateur", l'arrête à son domicile. Emmené à la Citadelle d'Amiens, torturé, il refuse de parler.  Expédié à Royallieu, il est ensuite déporté le 4 juin 1944 vers les camps de Neuengamme, Sachsenhausen, Mauthausen en Autriche, puis dirigé à Ebensee, l'un des Kommandos du camp central de Mauthausen.  Raoul DUFRUIT décède le 8 avril 1945.

Ebensee, édifié à l'automne 1943, au bord du lac Traunsee, un des réseaux de camps annexes où les déportés devaient creuser dans la montagne des usines souterraines. Chaque galerie mesurait 428 mètres. 

A Paris, au cimetière du Père Lachaise, un monument rappelle les 8.203 français morts à  Mauthausen. Parmi eux, des victimes originaires de la Somme. Harbonnières aura sa part de victimes à déplorer comme : Jacques DEFLANDRE, décédé en déportation, Robert MAINGNEUX, Robert  DEGROOTE …

Des noms enfouis dans un profond passé qu'il faut parfois ressortir pour un travail de mémoire.                                                                          

Jacques Lejosne 

*

Pour prolonger  : la page dédiée à Ebensee sur le site de l'amicale de Mauthausen

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Publié le 15 Février 2024

Jules Léon Henri GUEANT était né le 1er novembre 1907 à Mailly-Maillet. il était cultivateur, père de 8 enfants.
Il a été arrêté dans la nuit du 10 au 11 juillet 1944 pour faits de Résistance. Le 5 juin 1944 avec un autre résistant ils font sauter le poste d’observation des Allemands situé entre Mailly Maillet et Hébuterne. Internés à la prison d’Amiens, transférés à Compiègne Royallieu, déportés à Buchenwald puis à Neu-Stassfurt dans le dernier train 265 le 17 août 1944 ; ils étaient 1.250 détenus.

Témoignage de Marcel COGIBUS, détenu au camp de Neu-Stassfurt :

j’ai été témoin des tortures subies par Jules Guéant. Il avait été matraqué le jour du vol des pommes de terre aux cuisines, il avait un bras totalement inutilisable, atteint par la gangrène. Il gelait très fort à cette période et les canalisations d’eau étaient gelées. Tous les jours, un groupe de détenus, avec des seaux, allaient chercher de l’eau au puits V ; du fait de ses blessures, Jules ne pouvait porter qu’un seau, alors tous les jours, il avait droit à 10 coups de schlague sur ses fesses. Ça se passait dans les lavabos du camp SS.
Il arrivait, baissait son pantalon, se courbait sur une chaise préparée à cet effet, et le SS lui administrait les 10 coups de schlague, tout cela sans un cri, sans une plainte. Le 20 mars 1945, il mourait.

Il a été reconnu "Mort en déportation" par l'Arrêté du 31 mars 1994.

Un grand moment d’émotion !

Sur la  première photo, le ceinturon de Jules Guéant tel qu’il le portait lors de son arrestation (au 1er trou).

Sur la seconde photo,  le même ceinturon lorsqu’il l’a confié en mars 1945 à LAVACQUERIE. Ce dernier l’a rapporté à sa famille. Le tour de taille correspond à celui d’un enfant de 4 ans.

D'après le témoignage des enfants, René et Claude, de Jules GUEANT

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Publié le 15 Février 2024

Le 8 novembre 1943, mourut à Rouen Monsieur Maurice COMPAGNON, il était né à Nesle le 16 janvier 1924. Pour se soustraite aux obligations du service du travail en Allemagne (STO), il passe dans les rangs de la Résistance active.
Il rejoint le maquis de Barneville – sur –Seine, où, les armes à la main, il harcèle les troupes de l’Occupant. Les déraillements, sabotages et coups de main qu'il organise, préludent déjà aux opérations qui nous mènent à la Libération.
Son groupe assiégé par des forces de répression, dans les grottes de Courmont, il livre combat. Le 24 août 1943, il doit se rendre et est fait prisonnier et interné à la prison de Rouen pour y être jugé et condamné à mort. Il a été fusillé le 8 novembre 1943.

Citation :
Maquisard de Barneville- sur- Seine, fait prisonnier au cours de l’attaque des grottes de Courmont, le 24 avril 1943, condamné à mort et fusillé au Madrillet Grand-Quevilly (Rouen) le 8 novembre 1943. (Croix de guerre).

Avant de mourir, Maurice COMPAGNON eut le droit et le temps d’adresser une ultime lettre à sa famille :
« Parents, frères et soeurs chéris,
Ça va être une grande douleur, pour vous, de recevoir cette lettre qui sera ma dernière, avant de vous quitter pour toujours, car ayant participé à un déraillement, j’ai été condamné à mort, et je dois être fusillé ce matin lundi à7h ½. Je vous demande surtout, cher papa et chère maman de supporter cette peine avec courage et résignation, et de reporter toute votre affection sur mes frères et soeurs, et à vous, chers frères et soeurs, d’aider papa et maman à supporter leurs chagrins.
Je vous demande aussi de faire dire une messe pour moi dans votre église de Nesle, que je ne verrai plus du tout, et où j’aurais voulu qu’eut lieu mon enterrement. Pour ce qui est de ma tombe, j’espère qu’on vous l’indiquera à la Kommandantur de Roye, où nous avons été jugés.
Dites adieu pour moi à tous les camarades et dites-leur que j’ai pensé à eux, pendant les deux mois et demi de prison que j’ai fait ici. Chers parents, si vous voulez, je vous demanderais de faire agrandir la petite photo d’identité qui est dans la salle à manger, et de l’y suspendre pour que mon souvenir reste toujours vivant en vous.
Je fais une dernière prière pour que vous soyez toujours en bonne santé et que vous veniez me rejoindre le plus tard possible. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir connaître mon petit neveu ou petite nièce, mais je compte que vous lui parlerez de son grand brigand d’oncle. Je termine ici, car on m’attend à la porte de la cellule et je veux essayer d’aller aussi calmement que possible jusqu’au bout et aussi pieusement que possible pour pouvoir entrer dans la miséricorde de notre Seigneur, lavé de toute impureté.
Je vous dis donc adieu pour toujours, chers parents et frères et soeurs, et je vous dis aussi, soyez heureux le plus possible, surtout à toi, Yves à qui je demande de suivre toujours le droit chemin.
Adieu, cher papa, adieu, chère maman, vous que j’aimais plus que toutes choses.
Adieu pour toujours, votre fils et frère qui pensera à vous jusqu’à son dernier jour ».


Extraits du tome II  Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)

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Publié le 15 Février 2024

Né le 10 septembre 1875 à Méharicourt (Somme), Odon DUMONT est mort de la dysenterie le 19 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Marié le 20 avril 1898, il était représentant en chaussures, puis négociant, il fut l’un des plus actifs militants socialistes de la Somme dans les années 30. Secrétaire du groupe socialiste de Villers-Bretonneux, conseiller municipal de Méharicourt, il devint secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme en 1938, après le départ d’Alexis MAILLY. Il appartenait également à la Franc-Maçonnerie et à la Ligue des droits de l’Homme.

Il quitta la Somme à la fin de l’année 1939 et s’installa à Nantes (Loire-Inférieure) où il continua à militer. Résistant actif, il fut arrêté par la Gestapo et mourut en déportation en Allemagne à Buchenwald.

Extrait du site « le Maitron
Monsieur Franck IRJUD adhérent

 

 

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Publié le 15 Février 2024

Pierre MAST est décédé le 4 mai 2020 dans sa 98ème année. A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale se font de plus en plus rares, revenons sur le parcours de cet homme de la Résistance au riche parcours politique.

Jeunesse et Jeunesses Communistes
Pierre MAST voit le jour le 7 octobre 1922 à Amiens. Né d’un père garagiste engagé dans la Première Guerre mondiale et d’une mère pacifiste, sa jeunesse fut bercée par les récits héroïques de sa famille sur le conflit. Plus loin dans le passé, sa grand-mère a même été témoin de l’occupation allemande d’Amiens en hébergeant contre son gré un soldat prussien chez elle.
Étudiant à Amiens, du primaire au lycée des métiers, il y suit une formation d’ajusteur et suit en curieux les manifestations des années 1930 sur la guerre d’Espagne, le Front Populaire, et les réformes sociales. En janvier 1939, il adhère au mouvement de la Jeunesse Communiste et, dès 1940, après son retour à Amiens en août 1940, noue des liens avec d’autres camarades du mouvement. Il intègre la Résistance.
Agissant toujours par trois, il mène des actions contre l’occupant : distribution de tracts, recrutement de nouveaux membres, propagande anti-allemande… Fin 1941, il jette un pavé dans la vitrine de la librairie allemande, rue de Noyon. En janvier 1942, il participe à l’attentat contre le siège de la LVF, rue des Jacobins. Les Allemands, faisant tout pour retrouver les coupables, arrêtent au hasard…

Deux arrestations
Loin de réfréner le zèle des résistants amiénois, Pierre MAST et les siens sont chargés d’adresser aux forces de police et de la gendarmerie une lettre d’avertissement et de menaces en ce début d’année 1942. Ciblant les milieux communistes pour trouver les coupables, Pierre MAST est arrêté sur son lieu de travail une première fois en mars 1942. Possédant sur lui une liste de syndiqués et de membres du parti, il se retrouve devant la justice qui, devant le manque de preuves, le relâche. Il fait l’objet d’une nouvelle arrestation en janvier 1943, suite à l’attentat du soldatenheim, (au restaurant « le Royal ») perpétré le jour du réveillon de Noël 1942. Incarcéré quelques jours à l’hôtel de ville d’Amiens, il intègre ensuite le Centre d’Internement Administratif de Doullens en février, basé dans la vieille forteresse commandée par François 1er au XVIème siècle pour protéger la frontière nord du royaume.

De Doullens vers l’Allemagne
Dans ce camp, Pierre Mast y effectue un cours séjour, jusqu’à sa fermeture et l’évacuation des internés, le 1er avril 1943. Il y côtoie d’autres communistes, syndicalistes Saint-Frères, ouvriers des usines des métaux d’Albert et des acteurs des grèves des mineurs du Nord-Pas-de-Calais du printemps 1941. A la fermeture du camp, donc, il est envoyé avec les autres membres de son bloc vers le camp d’internement de Pithiviers. Les conclusions de l’enquête devaient lui permettre d’être libéré mais, entre-temps, il est envoyé en Allemagne pour travailler dans une ferme. Il bénéficie cependant d’une permission, obtenue grâce au Front National qui à l’époque fédérait tous les mouvements de la France résistante. Revenu à Amiens pour s’y marier le 23 novembre 1943, il se montre plus discret jusqu’à la fin de la guerre.

Elu communiste
Après la guerre, Pierre Mast devient ajusteur à la SNCF et ne renie pas ses convictions politiques. Il profite de la liberté retrouvé pour mener des actions syndicales comme le pilotage du mouvement de grève du dépôt de la SNCF d’Amiens. En mai 1948, il devient membre du comité fédéral puis membre du bureau en 1964. En 1967, il remplace même Maxime Gremetz au poste de premier secrétaire fédéral. Ayant profité de sa popularité acquise par ses actions syndicales, il intègre le corps des élus municipaux de Longueau en qualité de conseiller municipal en 1953 et d’adjoint au maire en 1964. En 1983, il occupe ses dernières fonctions auprès de la cellule Kerviel de Saint Acheul, avant de partir vivre à Saintes avec sa seconde épouse. Continuant de nourrir son esprit de lectures philosophiques et des humanités, il fonde, avec des amis, l’Association saintaise des amis de l’Humanité et profite d’une retraite paisible, avant de s’éteindre à Poitiers, le 4 mai 2020.

Conscient de l’importance des faits et de son rôle dans la résistance amiénoise durant la guerre, il n’hésite pas à faire partager avec modestie son histoire auprès des historiens. En 2008, il revient même à Doullens pour témoigner lors d’une visite de la citadelle. Le flambeau de son récit appartient dorénavant à l’histoire, entre les mains des historiens. Ainsi, concluons en laissant la parole à Pierre MAST. « Celles et ceux qui en 1940 avaient votre âge, dont les frères et sœurs étaient prisonniers de guerre, se sont retrouvés dans les villes et villages anéantis, se demandant « quoi faire ? » face à l’occupant tout puissant… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient simplement, de diverses manières. Certains l’ont payé cher. De leur vie quelquefois. C’est maintenant de l’histoire. Que leur mémoire soit honorée par les jeunes générations. »

Guillaume Roussel

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Publié le 15 Février 2024

recherchant les traces de mon père, j’ai croisé celles de ses frères qui jouèrent tous un rôle, à des degrés divers, dans la victoire de notre pays. Ces hommes, modestes comme maints résistants de la Somme, ne se vantèrent jamais de leurs exploits, qui me furent décrits par bribes, au cours de rares rencontres familiales. Mes grands-parents avaient eu cinq fils et trois filles.

Voici l’histoire de René LAOUT, le fils aîné, qui fut un extraordinaire résistant et voulut toujours minimiser le rôle qu’il avait joué.
L’oncle René, était gendarme. Sergent-major, il commandait la brigade de Saint-Sauflieu, au sud d’Amiens. Lui et tante Yvonne, ont eu cinq enfants.
Sa première fille, Sylviane, s’est mariée en novembre 1944 et je me souviens qu’il est venu nous accueillir pour le mariage à la gare d’Amiens. J’avais 8 ans. Avec son air bourru, sa grosse moustache et son uniforme, il m’inspirait la crainte mais cachait en fait un cœur très généreux.
La gare était en triste état à cause des bombardements, il fallait marcher sur des planches pour retrouver la voiture qui nous emmena à Saint-Sauflieu. Strasbourg ne fut libérée que le 23 novembre. Les stalags perduraient. Toute la famille attendait le retour de Gabriel mon père et de son beau-frère Robert. Malgré les restrictions, ce fut un long repas de mariage au cours duquel chacun était invité à chanter. Et ma mère chanta « Je pense à toi, mon prisonnier… » Sur l’air de « J’irai revoir ma Normandie… » Réalise-t-on aujourd’hui l’émotion de tels moments qui m’ont marqué pour la vie ?

Durant la guerre, René eut une conduite héroïque. En enquêtant d’abord au sein de la famille, je découvris l’ampleur de ses actes courageux dont il ne fit jamais état. Janine, ma marraine, m’a rappelé dernièrement, que durant la guerre, elle passa quelques jours dans la famille de René. Un soir elle dit à son oncle qu’elle repartait le lendemain, mais il lui interdit: « Non, non pas question, pars quand tu voudras mais pas demain ! ». Elle apprit par la suite qu’un train de munitions avait sauté. Grâce à ses fils, mes cousins et mes recherches personnelles, je perçois aujourd’hui l’importance du rôle joué par René LAOUT. Après la guerre ses camarades voulurent demander pour lui la légion d’honneur. Il refusa, prétextant que ce qu’il avait fait tout le monde l’aurait fait.
« Ce gradé de haute valeur morale et militaire, s’est dépensé sans compter pour la cause de la Libération » disent ses supérieurs en le citant à l’Ordre du régiment, en lui attribuant également la Croix de guerre. « Il a réussi dès le début de l’occupation à constituer un dépôt d’armes. A recueilli, hébergé, puis fait rapatrier 24 aviateurs alliés tombés sur notre sol. Ayant constitué un groupe de 50 combattants, a pris une part très active aux opérations de Libération, en capturant 123 prisonniers dont 2 officiers ».

Gérard, l’aîné de ses fils m’a raconté comment il avait fait entrer à la gendarmerie, trois Américains poursuivis par la police de Vichy. A la hâte, il les planqua dans la pièce contigüe et referma la porte. Il courut s’asseoir en mettant ses deux jambes sur le bureau en une pause qu’il voulait décontractée et allumait sa bouffarde quand brusquement les vichystes firent irruption : « Où sont-ils ? – qui ? – Les Américains ! – Pas ici, je n’ai pas bougé ! ». S’ils avaient ouvert la porte, René aurait été passé par les armes. Les Résistants de Saint-Sauflieu échappèrent de peu à une catastrophe. Ils découvrirent à temps un traître qui s’apprêtait à les dénoncer.
Sauver un aviateur américain durant la guerre est en soi un acte héroïque mais puni de mort.
En sauver 24 comme l’a fait René LAOUT à la tête de ses hommes, fait de la gendarmerie de Saint-Sauflieu un haut lieu de résistance à l’envahisseur, endroit que tous ces combattants tombés du ciel tentaient de rejoindre quand ils étaient avertis. Les Américains l’ont compris.
René LAOUT reçut un hommage du Président des Etats-Unis au nom du peuple américain signé de la main du Général en chef Dwight D.EISENHOWER.


Parmi tous ces aviateurs américains l’un d’entre eux resta particulièrement attaché à la famille de René LAOUT, le sous-lieutenant Georges M. MICKELS, abattu près de Caen, dans son B17 et fait prisonnier ensuite.
René LAOUT et Georges MICKELS correspondirent durant de longues années. Georges MICKELS rêvait de revenir en France et de retrouver cette famille qui l’avait sauvé en août 44, en le faisant passer pour un cousin qui n’avait pas toute sa tête.... Il ne parlait pas français.
Malheureusement les deux hommes moururent avant les retrouvailles et ce sont les enfants qui se rencontrèrent le 25 avril 1999. Connie MICKELS, la fille du Lieutenant a fait le voyage.
Bernard, le benjamin des fils de René LAOUT, me narra l’histoire du Lieutenant MICKELS que son père lui avait racontée. Il m’apprit également que Connie MICKELS avait écrit un petit livre retraçant l’épopée de son père en France mais que ce livre était désormais introuvable. Ma passion prit le dessus comme d’habitude et je finis par le récupérer après plusieurs mois d’attente. On l’avait trouvé au Royaume Uni. Un véritable trésor. Les lignes de Connie sont traduites par l’une de ses connaissances et je dois faire de gros efforts parfois pour comprendre en reprenant l’anglais…Mais là n’est pas l’essentiel.


Connie a cherché les traces de son père…J’ai cherché les traces de mon père …Et voici qu’un jour un auditeur venu assister à deux de mes réunions vint se présenter. Cet Amiénois était le fils d’un soldat allemand et d’une Française…Lui aussi avait cherché son père reparti vers l’Allemagne après la guerre. Cet homme avait fini par se trouver une famille allemande mais son père était mort depuis deux ans. Il fut accueilli à bras ouverts. L’idée ne m’était jamais venue que des fils de soldats allemands puissent aussi chercher leur père… Lors de la libération, j’ai assisté à des exactions que j’ai racontées dans mes mémoires…, Comme toujours ce sont les femmes qui ont trinqué.

Le sous-lieutenant MICKELS échappa plusieurs fois à la mort. Quand le B17 est tombé, cinq aviateurs ont péri. Deux survécurent. MICKELS, après avoir été fait prisonnier, fut ensuite repris par des SS quelque peu éméchés, avec plusieurs aviateurs alliés. Craignant des suites fâcheuses après la capture, il décida de s’enfuir. Les autres furent assassinés. Les SS le cherchèrent en vain et abandonnèrent la poursuite. Dans la commune des Hogues où sont enterrés les soldats, on a perpétué le souvenir…
Après avoir marché avec un autre groupe de prisonniers, Georges M. MICKELS finit par trouver la résistance de Saint-Sauflieu. La suite nous la connaissons et Connie ne tarit pas d’éloges sur l’accueil que lui ont réservé les membres de la famille LAOUT, des mots que son héros de père venu dans un avion pour délivrer la France du nazisme lui a probablement enseignés au long de sa vie.
Elle leur a dédié son livre.
Je ne connais pas Connie mais je me sens très proche de cette Américaine. Mes recherches rejoignent celles qu’elle a accomplies. Je tente comme elle de m’élever contre l’oubli de ces hommes qui, durant la guerre, n’ont jamais mesuré les risques qu’ils prenaient quotidiennement. Leurs combats, leurs souffrances, leurs sacrifices ont permis à la France de retrouver sa liberté.

En créant un stock d’armes dès la capitulation, René LAOUT a toujours cru que tout n’était pas perdu. Ils étaient peu nombreux à garder espoir quand la France s’écroulait.
Arthur LAOUT, son père, mort quelques années auparavant, qui présidait déjà une association de parents d’élèves en 1927 (!!), aurait été fier de voir ses enfants manifester un tel esprit républicain...

Jean-Marie LAOUT

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Publié le 15 Février 2024

Marius Sire est né le 20 décembre 1912 à Ville le Marclet.
Sire est un ouvrier ébéniste de Flixecourt. Ancien responsable de la jeunesse communiste et de la cellule locale du parti, activement recherché, il a dû quitter la Somme pour la Normandie le 10 septembre 1941.
Assez mince, le cheveu très noir, fine moustache, Sire serait plutôt « joli garçon » s’il ne lui manquait que quelques incisives nuisant quelque peu à son sourire. Fantasque, un peu hâbleur, il aime la poésie, la musique … et le vélo. Ancien coureur cycliste il lui arrive, de faire de rapides aller et retour de Caen à Amiens, pour voir sa femme, au grand dam de ses camarades de combat, irrités par ses imprudences.


EXTRAITS DE LETTRES DE MARIUS SIRE A SA MERE
13 juillet 1943 … « Je suis condamné à la peine capitale. La confirmation du jugement aura lieu incessamment, j’ai demandé le recours en grâce. Je ne suis pas un criminel. Ma conscience est nette de toute souillure et mes mains ne sont pas tachées de sang.
Le pire pour moi, c’est que je ne pourrais plus travailler pour élever nos enfants comme je l’ai toujours fait dans l’honneur et la dignité. ».

8 août 1943 … « Ils savent que je suis le chef, car certains ont parlé… Moi je suis fier de n’avoir rien dit. J’en ai vu de cruelles. J’ai été sourd pendant 15 jours et pendant 8 jours j’ai uriné du sang. Mon coeur battait à 30 coups minute. J’ai été bien bas mais ma volonté toujours aussi forte… Si je tombe soyez fier de moi. Je vous aime et je pense à vous. »

Il a été exécuté le 14 août 1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques.

Texte de Gérald Maisse

Marius Sire est né le 2012/1912 à Ville le Marclet (80), Fils de feu Gédéon Georges et de Marie Berthe Adélaïde TAVERNIER. Marié à SARA Rose Louisa. Menuisier Ébéniste Sculpteur sur bois, domicilié rue Victor HUGO à Flixecourt (80)

Recrutement Amiens - Classe 1932 Incorporé le 18/04/1934, 510ème R. Chars de Combats - Chasseur de 2ème Classe. Renvoyé dans ses foyers le 6/07/1935 510ème R. Chars de Combats - Chasseur 1ère Classe le 7/07/1935. Affecté pour la mobilisation au centre mobilisateur de Chars n°503. Mobilisation Générale - Rappelé à l’activité le 26/08/1939, Dépôt de Chars n°503 - 31ème Cie- Chasseur 1ère Classe le 11/09/1939.
Démobilisé le 19/07/1940 par le Centre démobilisateur de Castelnau – Magnac Réfugié à Montalzat (82) jusqu’au 14/10/1940

Menuisier chez Mr MELUN (80) du 15/10/40 au 10/09/41 date à laquelle il prend le maquis Militant communiste et syndicaliste. Secrétaire de la cellule communiste du canton de Picquigny (80)
Prend une part active aux luttes du Front populaire
Entre en résistance en mai 1941, distribue des tracts et effectue une propagande active dans les milieux ouvriers de la Vallée de la Nièvre

--- Le 10/09/1941 la Gestapo arrête 11 communistes dans la commune de Flixecourt dont son beau-frère René SARA. A la suite de ces arrestations, Marius quitte son domicile le 10/09/1941 à 13 heures disparait, rentre en clandestinité et rejoint la résistance dans le Calvados. Dès le 15/09/1941 un mandat d’arrêt est lancé contre lui. SIRE est nommé courant 1942 à Paris par Jean PETIT, Chef de Secteur de ‘’2 départements’’ au grade de Commandant.

Faits d’Armes dans le Calvados : commandant des secteurs du Calvados et de la Manche. Devient membre du triangle de la direction du Parti communiste clandestin avec Joseph Étienne et Émile Julien. Participe à toutes les opérations de 1942 à son arrestation à Caen, en mai 1942 tue lors d’une opération deux policiers.
Participe aux opérations de déraillements : dans la nuit du 16/04/1942 et dans la nuit du 1er Mai, d’un train transportant les permissionnaires de la Wehrmacht, les trains déraillent à Airan entre Mézidon et Caen. Bilan des deux déraillements : 40 soldats allemands morts et de nombreux soldats blessés ; participe sur la place de la foire exposition de Caen à la destruction de stocks allemands, à un attentat à la bombe contre le bureau de placement ; suite à une 3ème tentative de déraillement à Mesnil Mauger, plusieurs membres du groupe sont arrêtés par la police mobile de Rouen, à Caen, Lisieux, Falaise.

En rentrant à Caen, arrêté place du 36ème R.I à un barrage de Gendarmerie, sans se départir de son calme, Marius exhibe de faux papiers et passe. Un de ses compagnons qui le suit de peu, fait preuve de moins de sang-froid et est capturé ; ce qui entraîne une série d'arrestations. Marius change d’aspect, cheveux teints en brun, et prend le pseudo de Roland. La police française est sur ses traces, la traque est sans pitié.
Marius SIRE leur échappe plusieurs fois. Arrêté par la brigade régionale judiciaire de Rouen le 15/05/1943 dans sa planque 14 rue du Gaillon à Caen. Interné à la prison de Caen du 15/04 au 14/05/1943. Transféré à la prison de Fresnes (94) du 15/05 au 14/08/1943. Marius passe devant le tribunal de Guerre allemand, siégeant 11bis, rue Boissy d’Anglas, et est condamné à mort pour sabotage contre les occupants, destruction et sabotage de voies ou moyens de communication à Lisieux, Cherbourg et Rennes.

Témoignage : Michel de BOUARD.

Fusillé le 14/08/1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques

- Mention Mort pour la France. Inhumé à Ivry S/Seine (94) registre 2.818 - Corps restitué le 10/10/1944

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