les juifs dans la somme

Publié le 2 Août 2024

Depuis 2011, le square situé au début de la rue Octave Tierce rappelle par son nom  la rafle de tous les Juifs français ou non encore présents dans le département. Sur Amiens  21 personnes furent arrêtées le 4 janvier 1944  ainsi que la famille Wanjberg à Rosières-en-Santerre et Jeanne  Rakhowitz et sa fille Ginette à  Bouquemaison.

Les personnes arrêtées furent  regroupées dans les locaux de la gendarmerie, rue des Jacobins puis acheminées au camp de Drancy par le train de 20 h 30.

A la gare d’Amiens, Rachel Douchbak réussit à s’échapper grâce à l’aide d’un cheminot.  4 amiénois arrêtés restèrent détenus à Drancy, parce que reconnus aryens ou conjoint d'aryen. Les autres furent déportés à Auschwitz-Birkenau, le 20 janvier 1944 par le convoi n° 66. Rachel Hubault le fut par le convoi n° 67 du 3 février.

Lucien Aaron, 64 ans
Georg Hirsch, 9 ans et demi
Rachel Hubault , née Zimann, 44 ans
Dvoira Kasmine, née Sobol, 41 ans
Ferdinand Lazard, 73 ans
Berthe Lazard, née Dreyfus, 62 ans
Louise  Levy née Wymphen, 69 ans
Léon Louria, 62 ans
Renée Ponthieu, née Louria, 22 ans,
rentrée à Amiens en mai 1945
Fernande Rakhowitz, 55 ans
Ginette Rakhowitz, 21 ans

   Extrait du Courrier Picard, 10 janvier 2016                                                                

Cécile Redlich, 14 ans                                     Benjamin Weiller, 77 ans

Raymond Schulhof, 56 ans                             Marcel Weiller, 50 ans
Fleurette Schulhof, née Levy, 43 ans              Benjamin Weinberg, 42 ans
Rachel  Sobol  née Aizenchtein                      Asia Weinberg, 37 ans
Gaston Vilar, 63 ans                                       Jean-Louis Weinberg, 7 ans

A cette liste, s’ajoutent les personnes arrêtées sur la côte picarde :
Mordechai Behar, 53 ans (Mers-les-Bains)
Victoria Behar née Fuentes, 44 ans (Mers-les-Bains)
Léa Behar, 14 ans (Mers-les-Bains)
Armand Dreyfus, 69 ans (Cayeux-sur-Mer)
Fanny Dreyfus, 55 ans (Cayeux-sur-Mer)

Gaston Villar et  Clémence Villar née Guinchard (Ault) furent internés à Drancy

Pour plus de précisions : la page wikipédia consacrée à la rafle du 4 janvier 1944 et le site de David Lee Rosenberg

Pour connaître l’histoire de Georg Hirsch

En 1940 96 Juifs sont recensés en 1940 dans le département de la Somme.  En 1942, il en reste  42 personnes  qui doivent porter l’étoile jaune après enregistrement auprès du commissariat. Sur ce nombre  27 ont été arrêtées, déportées et ont péri à Auschwitz.

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Publié le 3 Février 2024

 

Monument aux morts de Rosières (photographie : Martine Vasse)

Benjamin WAJNBERG  est né le 3 mai 1900 à Rowno en Pologne. En 1924  il vient en France suivre des études de médecine à la Faculté de Nancy et obtient son doctorat en 1929. Il a été alors rejoint par sa fiancée Chasia, sa cadette née le 11 septembre 1904 à Ajzenberg (Pologne), qu’il épouse le 16 mai 1930 à Rowno.

Pour pouvoir exercer comme médecin, il doit passer à plus de 30 ans le baccalauréat qu'il réussit en 1932. Sa femme et lui obtiennent leur naturalisation fin 1932. Ils viennent s'installer en 1934 à Marcelcave, où Benjamin WAJNBERG prend la succession d’un officier de santé. Le 21 avril 1935 naît leur fils, Jean-Louis. La famille déménage ensuite  à Rosières-en-Santerre où Benjamin WAJNBERG   assure aussi des consultations.

Benjamin WAJNBERG est mobilisé en septembre 1939 comme médecin-auxiliaire. il participe à la campagne de France durant laquelle il gagne la croix de guerre avec citation. Redevenu civil après le 10 juillet 1940, il espère pouvoir prendre son activité. Mais si, dans un premier temps, il obtient une dérogation pour exercer comme médecin juif, le couperet tombe en novembre 1943 : il lui est interdit d'avoir toute activité. La famille habite alors Rosières en Santerre.
Benjamin WAJNBERG ,  sa femme Chasia et son fils Jean-Louis sont arrêtés chez eux le 4 janvier 1944. Comme tous les Juifs recensés dans la Somme raflés ce jour-là, soit 27 personnes, ils sont conduits à Drancy et déportés le 20 janvier dans le convoi 66 pour Auschwitz.

Benjamin avait 43 ans, son épouse 39 et Jean-Louis pas encore 9. Ce dernier et sa mère ont vraisemblablement été assassinés dès leur arrivée le 23 janvier 1944. Benjamin a survécu quelques mois. Sa présence à l'infirmerie du camp d'Auschwitz II-Birkenau est attesté le 3 mai 1944. La date de son décès n’est pas connue.

Nous devons toutes ces informations à madame Martine VASSE  qui a publié un ouvrage Les WAJNBERG, une famille assassinée téléchargeable sur le site des Archives départementales de la Somme.

A la suite de la diffusion de son ouvrage, Martine VASSE  reçoit divers témoignages. Une première personne se souvient du docteur WAJNBERG  connu comme "un excellent praticien" à la "clientèle nombreuse et élogieuse" et de "l’image de leur fils contraint de porter l’étoile jaune", soulignant que "sa maîtresse ne tarissait pas d’éloges à son sujet. Son intelligence, sa vivacité et sa gentillesse étaient, disait-on, tout à fait exceptionnels" Une seconde personne a gardé en mémoire les circonstances de l'arrestation de Jean-Louis, "Mme Cathelin, a essayé de le camoufler dans la classe de son mari, qui avait l’autre classe. M. Cathelin a essayé de le cacher sous une table, mais les soldats l’ont trouvé tout de suite et l’ont emmené."

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Publié le 1 Février 2024

Angelina DENISE née CARLEVARIS,  habite à Amiens dans le quartier Saint-Pierre avec son mari, cheminot, et leur fils Jean. Angelina DENISE est employée aux écritures à la mairie de Rivery toute proche. C’est par l’intermédiaire de Raymond BERTOUX collègue cheminot de Mr. Denise, qu’Angelina Denise, 22 ans, entre en contact avec Anita BONSTAT en 1942 qui, vivant à Paris , souhaitait mettre à l'abri ses deux filles Rachel et Hélène, âgées respectivement de 8 et 3 ans. Le mari d'Anita, Charles, et leur fils Joseph avaient réussi à passer en zone libre au début de la guerre et vivaient cachés à Lyon.

Angelina DENISE part donc à Paris avec Raymond BERTOUX, profitant du déplacement pour aller porter du ravitaillement à Renée, la cousine de son mari, la mère de la marraine de Jean, Mauricette, et à sa tante Blanche qui habitaient Montreuil à la Croix de Chavaux.

Le lendemain, après avoir livré son ravitaillement, Angelina DENISE rejoint Anita qui lui confie ses deux filles. Quand elle les  ramène à la maison,  son mari s'écrie "Tchot’ Dine tu nous feras tous fusiller !  et Angelina de lui répondre "Tant pis si on se fait tous fusiller, mais moi je ne les laisse pas". Angelina DENISE leur installe un "lit-cage" sur le palier du 1er étage.

Devant les risques croissant de déportation à Paris, Anita rejoint ses filles à Amiens. Angelina, grâce à son travail à la mairie, obtient de fausses cartes d’identité algériennes - territoire non contrôlé par les allemands et donc sans vérification possible -  et des cartes d’alimentation. Comme Anita était très brune de peau et qu’elle avait un fort accent, cela ne  posait pas de problème de la faire passer pour une Algérienne.

Angelina DENISE leur trouve un logement et les filles sont scolarisées à la "Sainte Famille", une école catholique d’Amiens afin de mieux tromper l’ennemi. Quelque temps plus tard leur maison est bombardée elle aussi et incendiée. C’est encore Angelina DENISE qui trouve, en Normandie, une famille pour accueillir les filles. Anita vit quelque temps dans la clandestinité jusqu’à ce qu’un habitant de leur rue, un inspecteur de police qui s’appelait BRASSEUR (ou Vasseur), la fasse arrêter. Angelina DENISE va la visiter avec son fils Jean à la prison d’Amiens, route d’Albert.

Anita réussit à s’enfuir à l’occasion de l’opération Jéricho* et, de nouveau, Angelina DENISE fait le nécessaire pour qu’elle puisse se cacher.

Le jour de la Libération d’Amiens, l’inspecteur Brasseur se joint aux F.F.I. qui donnaient l’assaut à la citadelle et... reçoit une balle dans le dos...

Après la Libération, en attendant que la famille BONSTAT trouve un logement, les deux filles reviennent habiter chez Angelina DENISE quelque temps.

Finalement la famille s’installe rue des Pyrénées à Paris où le père, Charles, exerce le métier de tailleur. Anita vend des tissus. Les deux familles restent en contact et l'amitié  perdure. Les DENISE vont les voir à Paris.

Angelina Denise emmène Rachel puis Hélène en vacances en Italie, dans sa région natale, à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Anita meurt en 1999 à l’âge de 87 ans, deux ans après son mari Charles. Hélène partie vivre en Israël, dirigera un kibboutz. Elle meurt en 1991 pendant la guerre du Golfe. Joseph et la petite sœur Suzanne, née en 1946, restent vivre en France.

Rachel épouse Lewin part vivre au Canada, dans l’Ontario, dans les années 1970. Avec son mari qui est chirurgien, ils ont deux fils : Marc qui vit aux États-Unis et Mike qui est au Canada.

Dans les années 1990, Angelina remariée avec M. LEVEUGLE, écrit à Rachel pour l'informer que les personnes qui avaient sauvé des Juifs pendant la guerre étaient honorées par le titre de "Juste parmi les Nations".

Rachel établit alors les papiers nécessaires à la présentation de son dossier. Angelina DENISE LEVEUGLE reçoit le Diplôme d’Honneur et la Médaille des Justes correspondante dont la devise est  "Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier". Ce diplôme lui avait été attribué par la "Commission aux Justes des Nations, nommée par l’Institut Commémoratif des Martyrs et Héros Yad Vashem" en sa séance du 26 janvier 2000 à Jérusalem.

La médaille et le diplôme lui sont remis le 21 janvier 2001 en l’hôtel de ville de Nesle dans la Somme. Jean, Joseph, Suzanne et Rachel venue du Canada assistent à la cérémonie. Rachel fait un discours et écrit aussi un poème.

Le 11 novembre 2007, Angelina LEVEUGLE reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur. Elle s’éteint le 16 janvier 2010 à l’Hospice Saint-Victor à Amiens à l'âge de 90 ans.

Pour consulter l'article original

Pour consulter le dossier de Yad Vashem

*l'opération Jéricho : nom donné à un raid aérien effectué le par la "Royal Air Force" qui bombarde la prison d'Amiens.

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