Arthur André KOENIG dit "BOUBOULE" est un enfant de Picquigny, engagé volontaire dans la Légion en 1939, à 20 ans. Prisonnier en 1940, sa mère fait le siège des autorités. Le voilà libéré comme soutien de famille.
De retour à la maison, une sentinelle allemande brutalise son petit frère Robert. Il l'attrape et la flanque dans la Somme. Les Allemands se fâchent qu'on attente à la dignité d'un soldat de la race des seigneurs : il file « à l'anglaise » et disparaît.
En 1942, il réapparaît dans la Colonne Leclerc, combattant dans le désert. Leclerc le repère et l'apprécie. Il lui donne un nouveau surnom. Entre « pays » : ce sera « min t'chot picard ». Et c'est à bord du char « KOUFRA » (peu de noms sont plus glorieux) qu'il prend part à la Libération de Paris, avant de poursuivre jusqu'à Berteschgaden.
Slt ARNAUD
*
Après la guerre, André reste dans l'armée et combat en Indochine dans les "Paras". André est Sous-Officier, il termine sa carrière comme moniteur de parachutisme à Vannes.
Le Courrier Picard du 18 septembre 2017 nous apprend le décès de Fred MOORE à l'âge de 97 ans. Né le 8 avril 1920 à Brest (Finistère), Britannique de naissance, il devient Français en
1927 par la naturalisation de son père, ancien Officier dans la Royal Navy. La famille arrive dans la Somme en 1921 ; il suit ses études au lycée d'Amiens avant d'être diplômé de l'école de Morez dans le Jura.
Trop jeune pour être mobilisé, en 1939 il s'engage comme volontaire en mai 1940 au titre de bataillon de l'Air, stationné à Chartres mais ne peut rejoindre son unité. Evacué d'Amiens vers Brest, il quitte la France en bateau à voile en compagnie de son jeune frère, le 19 juin 1940 et atteint l'Angleterre où, le 1er juillet 1940, il s'engage dans les F.F.L. où il prend part à
l'expédition de Dakar en septembre 1940.
A Brazzaville il est nommé aspirant le 14 juillet 1941 ; après la campagne de Syrie, il est
affecté chez les Spahis Marocains. En avril 1942, il passe en Egypte avec son unité et combat en Egypte, en Libye puis en Tunisie.
En juillet 1943, il est affecté pendant un mois et demi, à la garde d'honneur du Général de
Gaulle avant de rejoindre le Maroc où se constitue la 2ème Division Blindée du Général Leclerc. Le 10 avril 1944, il embarque à Oran avec son unité à destination de l'Angleterre.
Promu lieutenant en juin 1944, il débarque en Normandie ; en août avec la 2ème DB, il participera à la Libération de Paris et à celle de Strasbourg. En avril 1945, il prend part aux opérations de la poche de la Rochelle avant de participer aux derniers
combats en Allemagne.
Promu Compagnon de la Libération, il est démobilisé en avril 1946. Il s'installe alors comme opticien à Amiens. Gaulliste, élu conseiller municipal d'Amiens sur une liste "apolitique" en juillet 1950 puis en 1953, il conduit à Amiens une liste U.N.R. et, en 1967, il est à nouveau battu par René Lamps.
En 1969, il vend son magasin d'Amiens, s'installe à Paris et entame une nouvelle carrière
comme P.D.G. d'une Société Industrielle de développement électronique et nucléaire (SIDEN) de 1964 à 1974.
Il était chancelier d'honneur de l'Ordre de la Libération depuis le 4 mai 2017.
Jacques Lejosne
Sources : Alain Trogneux "Dictionnaire des élus de Picardie de la Somme 2004" et Courrier
Picard du lundi 18 septembre 2017 (extraits).
*
Pour prolonger : la page qui est consacrée à Fred Moore sur le site de l'ordre de la Libération.
Philippe LECLERC de HAUTECLOQUE, né Philippe de HAUTECLOQUE le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard, rejoint De GAULLE le 25 juillet 1940 après un long périple, sous le pseudonyme de « Leclerc ».
Dès leur première rencontre, il reçoit la mission de rallier l’Afrique Equatoriale Française à la France libre. C’est chose faite en novembre 1940 lorsque le dernier pays, le Gabon se joint à la France libre.
En 1941, il s’empare de Koufra en Libye et fait le fameux serment avec ses soldats « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »
Après la conquête de la Libye et de la Tunisie, il reçoit le renfort des évadés de France par l’Espagne (les « Manana ») et d’unités des troupes vichystes ralliées de l’Armée d’Afrique ; sa division est rebaptisée 2ème Division blindée (2ème DB) le 24 août 1943.
En Avril 1944, la division regagne l’Angleterre d’où elle débarque en Normandie le 1er août 1944. L’insurrection de Paris commencée le 19 août 1944 reçoit l’appui plus que nécessaire de la 2ème DB qui marche sur Paris qu’elle libère le 25 août. Le lendemain, le Général De Gaulle et le Général Leclerc descendent côte à côte les Champs-Elysées. Il peut alors se diriger vers l’Est et honorer le serment de Koufra : le lendemain de son anniversaire, Strasbourg est libéré.
C’est au début du mois de mai 1945 que ses soldats découvrent les horreurs des camps et s’emparent du « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden. En juin 1945, c’est l’Indochine où il signe, au nom de la France, les actes de capitulation du Japon le 02 septembre 1945. Le 12 juillet 1946, il est nommé inspecteur des Forces terrestres, maritimes et aériennes en Afrique du Nord.
Le 28 novembre 1947, son avion est pris dans une tempête de sable près de Colomb-Béchar en Algérie. Il meurt à 45 ans et 6 jours !
Il est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume le 23 août 1952.
Anatolie Mukamusoni
*
Afin d'honorer sa mémoire, le "Comité picard du Monument Leclerc", créé le 23 décembre 1947, lance une souscription publique, permettant d'ériger place René-Goblet à Amiens un monument en pierre de Pouillenay en Bourgogne. Ce monument est inauguré le 24 juin 1950. Il est d’une hauteur de 12 m, pesant 112 tonnes. Il a la forme d'une colonne avec une croix de Lorraine (symbole de la France libre), montrant le maréchal Leclerc, torse en avant. Sur les flancs, des sculptures en relief, figurant les étapes de la reconquête du territoire colonial et national.
Pour prolonger : le site de la Fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque
Jean CREPIN naît le 1er septembre 1908 à Bernaville dans une famille d'industriels (usine de boutons depuis 1874).
Polytechnicien, il entre dans l'artillerie coloniale. En août 1940, alors qu'il est à Manoka, au Cameroun, il se rallie au général Leclerc. Il prend part à toutes les campagnes de la 2ème DB (héros de Bir Hakeim) dont il devient début 1944 commandant de l'artillerie. Il joue un rôle important dans la Libération de Paris en août 1944 puis dans la Libération de l'Europe puisqu'il va jusqu'à Berchtesgaden.
Après des missions en Indochine, en octobre 1949, il devient chef d'état-major du ministre de la Défense Nationale. De 1955 à 1958, avec Pierre Guillaumat, il étudie la réalisation d'une arme atomique. En 1960, il est nommé Commandant en chef en Algérie. En 1970, il est vice-président de la SNIAS et Président d'Euromissile.
Le 4 mai 1996, Jean CREPIN décède à Achères, dans la Seine et Marne où il est inhumé. Parcours exemplaire qui fait dire à son petit-fils, Jean René Van Der Platsen dans son livre « La nostalgie de l'honneur » : « Ce héros d'hier pourrait-il, par son exemple, nous inspirer aujourd'hui ? »
Maryse Confrère
*
Le 25 mars 2023, au pied du monument du maréchal Leclerc, place René Goblet à Amiens, deux stèles ont été dévoilées, l'une à la mémoire de Jean CREPIN, l'autre à la mémoire de Jacques de GUILLEBON, enterré à Essertaux, au sud d’Amiens, tous deux Compagnons de la Libération.
Pour prolonger : la page qui est consacrée à Jean CREPIN sur le site de l'ordre de la Libération.
Jacques de GUILLEBON, né le 13 octobre 1909 à Lunéville, est un ancien élève de l’Ecole polytechnique. Après avoir rallié le général de Gaulle, il participe au ralliement du territoire du Tchad à la France libre en août 1940. Il est nommé chef d’état-major de la colonne Leclerc en novembre 1942. Il participe à la campagne de Tunisie où il est blessé par un obus. Rapatrié en Angleterre, il débarque en Normandie le 1er août 1944.
Le 21 août 1944, il est envoyé par Leclerc à Versailles pour tester la résistance des troupes allemandes, mission qui a permis la libération de Paris par la 2ème DB et les troupes alliées. De Guillebon est l’un des premiers à entrer dans Paris.
Il réussit à libérer neuf villages entre le 31 octobre et le 1er novembre 1944, capturant plus de 300 prisonniers. Il entre dans Strasbourg, avec un bataillon américain, par les ponts d’Ill et obtient la reddition de tous les blockhaus. Il a terminé la guerre à Berchtesgaden où il a fait flotter le drapeau français.
Il est nommé Compagnon de la Libération le 14 juillet 1941. est décédé en 1985 à l’âge de 76 ans
Pour accéder à sa biographie sur le site de l'ordre de la Libération
François de GUILLEBON, frère du précédent est né à Amiens en 1901. Polytechnicien comme son frère, il était capitaine de réserve mais a travaillé dans le civil. Au début de 1943, il devint l’adjoint du Commandant Christiaens pour la mise en place, dans le Nord, d’un Bureau de sécurité militaire clandestin. Une imprudence d’un membre de l’Organisation entraine l’arrestation du commandant CHRISTIAENS puis le 12 décembre 1943, celle de François de GUILLEBON qui est emprisonné à Loos (Nord).
Après les camps de Compiègne, Auschwitz et Buchenwald, il est incarcéré au camp de Sachsenhausen- Orianenburg. Attaché au travail de nuit dans les usines de Klinker de sinistre réputation, c’est au repos dans les baraquements avec ses camarades qu’il est tué par les bombardements alliés le 10 avril 1945 alors qu’il essayait de dégager l’un de ses compagnons. Il est fait chevalier de la légion d'honneur à titre posthume
Le 2 septembre 2018, après la cérémonie de commémoration du 74ème anniversaire de la libération d’Amiens, une plaque honorant François et Jacques de GUILLEBON a été dévoilée au square Saint Denis à Amiens.
Le 25 mars 2023, au pied du monument du maréchal Leclerc, place René Goblet, deux stèles ont été dévoilées à la mémoire de Jacques de GUILLEBON, enterré à Essertaux, au sud d’Amiens et de Jean CREPIN, né à Bernaville, tous deux Compagnons de la Libération.