Publié le 26 Février 2025
L’abbé Alfred Caron est né le 15 mars 1909 à Amiens. Vicaire de la paroisse Saint Acheul à Amiens puis curé de Friville à partir de 1937, il échappe le 12 novembre 1943 aux policiers allemands venus pour l’arrêter au presbytère de sa commune.
Membre de l’O.C.M. (Organisation Civile et Militaire), il était surveillé de très près depuis quelques temps pour son activité patriotique, particulièrement pour l’aide apportée aux réfractaires.
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Après quelques brefs séjours en Picardie, puis à Paris, il se dirige vers le Sud, espérant atteindre l’Espagne et l’Afrique du Nord. Il est arrêté à Biarritz, relâché, arrêté de nouveau aux abords de la frontière,très probablement sur dénonciation d’un traitre, et remis entre les mains de la Gestapo. Dirigé sur Compiègne, il quitte le camp de Royallieu le 25 janvier 1944, un convoi qui part de Compiègne pour Buchenwald avec 1580 hommes.
Un témoin raconte : « Nous étions une centaine dans les wagons… Durant ce voyage, plusieurs de nos camarades réussirent à s’évader, après avoir fait une brèche dans les planchers. L’abbé Caron reçut leur confession… Lui-même devait sauter mais ne le put en raison de la vitesse du train.
Vers 3 heures du matin de cette nuit du 27 janvier 1944, des S.S. surgirent dans les wagons à bestiaux où nous restions 92 sur 100, et à coup de schlague, de pied et de crosses de revolver, nous entassèrent dans un bout du wagon pour nous compter. Ils nous feront ensuite mettre nus et descendre sur la voie pour changer de wagon… Le voyage se termina dans cette tenue, sans aucun aliment, seul un peu d’air nous parvenant des fentes du wagon. A l’arrivée les S.S. firent jeter sur le quai, les vêtements, les chaussures, les bagages, les corps de ceux qui avaient trépassé. Nous étions le 29 janvier vers minuit » (1).
Transféré à Buchenwald (matricule 43639), puis à Dora et Ellrich. Alfred Caron décède le 6 mars 1945.
(1) extrait de l'ouvrage de Jacques Lejosne, Jackie et Françoise Fusillier, 1940 - Amiens – 1944, Dans les griffes de la Gestapo, Amiens, auto-édition, 2012
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Buchenwald créé en 1937 dans une zone boisée à environ 8 km au nord-ouest de Weimar fut l'un des plus grands camps de concentration atteignant 112 000 prisonniers en février 1945. Il était le camp de destination de convois des hommes déportés depuis la France. On estime qu'au moins 56 000 prisonniers masculins, dont 11 000 Juifs, furent tués par les SS dans le complexe concentrationnaire de Buchenwald.
Mittelbau-Dora à près de 80 kilomètres de Buchenwald, est le dernier camp de concentration nazi ouvert en août 1943 et l’un des plus meurtriers . Il porte le nom de code du militaro-industriel complexe créé de toutes pièces. Deux tunnels, longs de deux kilomètres, d’un ancien dépôt de carburant sont transformés en une usine d’assemblage des V1 et des V2. Rien n’est prévu pour l'hébergement jusqu'au printemps 1944. Les déportés sont donc « enterrés vivants » dans des galeries où ils travaillent, vivent et souvent meurent. La mortalité a avoisiné les 6 000 personnes pendant les six premiers mois sur environ 12 000 déportés.
Ellrich était un des multitudes Kommandos extérieurs du camp central de Buchenwald. Il fut ouvert en mars 1944, passant progressivement de 700 à 8200 déportés devant travailler sur les chantiers d’armement. Le camp fut évacué le 4 avril 1945.