Angelina DENISE LEVEUGLE, Juste parmi les nations à Amiens
Publié le 1 Février 2024
Angelina DENISE née CARLEVARIS, habite à Amiens dans le quartier Saint-Pierre avec son mari, cheminot, et leur fils Jean. Angelina DENISE est employée aux écritures à la mairie de Rivery toute proche. C’est par l’intermédiaire de Raymond BERTOUX collègue cheminot de Mr. Denise, qu’Angelina Denise, 22 ans, entre en contact avec Anita BONSTAT en 1942 qui, vivant à Paris , souhaitait mettre à l'abri ses deux filles Rachel et Hélène, âgées respectivement de 8 et 3 ans. Le mari d'Anita, Charles, et leur fils Joseph avaient réussi à passer en zone libre au début de la guerre et vivaient cachés à Lyon.
Angelina DENISE part donc à Paris avec Raymond BERTOUX, profitant du déplacement pour aller porter du ravitaillement à Renée, la cousine de son mari, la mère de la marraine de Jean, Mauricette, et à sa tante Blanche qui habitaient Montreuil à la Croix de Chavaux.
Le lendemain, après avoir livré son ravitaillement, Angelina DENISE rejoint Anita qui lui confie ses deux filles. Quand elle les ramène à la maison, son mari s'écrie "Tchot’ Dine tu nous feras tous fusiller ! et Angelina de lui répondre "Tant pis si on se fait tous fusiller, mais moi je ne les laisse pas". Angelina DENISE leur installe un "lit-cage" sur le palier du 1er étage.
Devant les risques croissant de déportation à Paris, Anita rejoint ses filles à Amiens. Angelina, grâce à son travail à la mairie, obtient de fausses cartes d’identité algériennes - territoire non contrôlé par les allemands et donc sans vérification possible - et des cartes d’alimentation. Comme Anita était très brune de peau et qu’elle avait un fort accent, cela ne posait pas de problème de la faire passer pour une Algérienne.
Angelina DENISE leur trouve un logement et les filles sont scolarisées à la "Sainte Famille", une école catholique d’Amiens afin de mieux tromper l’ennemi. Quelque temps plus tard leur maison est bombardée elle aussi et incendiée. C’est encore Angelina DENISE qui trouve, en Normandie, une famille pour accueillir les filles. Anita vit quelque temps dans la clandestinité jusqu’à ce qu’un habitant de leur rue, un inspecteur de police qui s’appelait BRASSEUR (ou Vasseur), la fasse arrêter. Angelina DENISE va la visiter avec son fils Jean à la prison d’Amiens, route d’Albert.
Anita réussit à s’enfuir à l’occasion de l’opération Jéricho* et, de nouveau, Angelina DENISE fait le nécessaire pour qu’elle puisse se cacher.
Le jour de la Libération d’Amiens, l’inspecteur Brasseur se joint aux F.F.I. qui donnaient l’assaut à la citadelle et... reçoit une balle dans le dos...
Après la Libération, en attendant que la famille BONSTAT trouve un logement, les deux filles reviennent habiter chez Angelina DENISE quelque temps.
Finalement la famille s’installe rue des Pyrénées à Paris où le père, Charles, exerce le métier de tailleur. Anita vend des tissus. Les deux familles restent en contact et l'amitié perdure. Les DENISE vont les voir à Paris.
Angelina Denise emmène Rachel puis Hélène en vacances en Italie, dans sa région natale, à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Anita meurt en 1999 à l’âge de 87 ans, deux ans après son mari Charles. Hélène partie vivre en Israël, dirigera un kibboutz. Elle meurt en 1991 pendant la guerre du Golfe. Joseph et la petite sœur Suzanne, née en 1946, restent vivre en France.
Rachel épouse Lewin part vivre au Canada, dans l’Ontario, dans les années 1970. Avec son mari qui est chirurgien, ils ont deux fils : Marc qui vit aux États-Unis et Mike qui est au Canada.
Dans les années 1990, Angelina remariée avec M. LEVEUGLE, écrit à Rachel pour l'informer que les personnes qui avaient sauvé des Juifs pendant la guerre étaient honorées par le titre de "Juste parmi les Nations".
Rachel établit alors les papiers nécessaires à la présentation de son dossier. Angelina DENISE LEVEUGLE reçoit le Diplôme d’Honneur et la Médaille des Justes correspondante dont la devise est "Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier". Ce diplôme lui avait été attribué par la "Commission aux Justes des Nations, nommée par l’Institut Commémoratif des Martyrs et Héros Yad Vashem" en sa séance du 26 janvier 2000 à Jérusalem.
La médaille et le diplôme lui sont remis le 21 janvier 2001 en l’hôtel de ville de Nesle dans la Somme. Jean, Joseph, Suzanne et Rachel venue du Canada assistent à la cérémonie. Rachel fait un discours et écrit aussi un poème.
Le 11 novembre 2007, Angelina LEVEUGLE reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur. Elle s’éteint le 16 janvier 2010 à l’Hospice Saint-Victor à Amiens à l'âge de 90 ans.
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Pour consulter le dossier de Yad Vashem
*l'opération Jéricho : nom donné à un raid aérien effectué le par la "Royal Air Force" qui bombarde la prison d'Amiens.