Le destin tragique de la famille WAJNBERG
Publié le 3 Février 2024
Monument aux morts de Rosières (photographie : Martine Vasse)
Benjamin WAJNBERG est né le 3 mai 1900 à Rowno en Pologne. En 1924 il vient en France suivre des études de médecine à la Faculté de Nancy et obtient son doctorat en 1929. Il a été alors rejoint par sa fiancée Chasia, sa cadette née le 11 septembre 1904 à Ajzenberg (Pologne), qu’il épouse le 16 mai 1930 à Rowno.
Pour pouvoir exercer comme médecin, il doit passer à plus de 30 ans le baccalauréat qu'il réussit en 1932. Sa femme et lui obtiennent leur naturalisation fin 1932. Ils viennent s'installer en 1934 à Marcelcave, où Benjamin WAJNBERG prend la succession d’un officier de santé. Le 21 avril 1935 naît leur fils, Jean-Louis. La famille déménage ensuite à Rosières-en-Santerre où Benjamin WAJNBERG assure aussi des consultations.
Benjamin WAJNBERG est mobilisé en septembre 1939 comme médecin-auxiliaire. il participe à la campagne de France durant laquelle il gagne la croix de guerre avec citation. Redevenu civil après le 10 juillet 1940, il espère pouvoir prendre son activité. Mais si, dans un premier temps, il obtient une dérogation pour exercer comme médecin juif, le couperet tombe en novembre 1943 : il lui est interdit d'avoir toute activité. La famille habite alors Rosières en Santerre.
Benjamin WAJNBERG , sa femme Chasia et son fils Jean-Louis sont arrêtés chez eux le 4 janvier 1944. Comme tous les Juifs recensés dans la Somme raflés ce jour-là, soit 27 personnes, ils sont conduits à Drancy et déportés le 20 janvier dans le convoi 66 pour Auschwitz.
Benjamin avait 43 ans, son épouse 39 et Jean-Louis pas encore 9. Ce dernier et sa mère ont vraisemblablement été assassinés dès leur arrivée le 23 janvier 1944. Benjamin a survécu quelques mois. Sa présence à l'infirmerie du camp d'Auschwitz II-Birkenau est attesté le 3 mai 1944. La date de son décès n’est pas connue.
Nous devons toutes ces informations à madame Martine VASSE qui a publié un ouvrage Les WAJNBERG, une famille assassinée téléchargeable sur le site des Archives départementales de la Somme.
A la suite de la diffusion de son ouvrage, Martine VASSE reçoit divers témoignages. Une première personne se souvient du docteur WAJNBERG connu comme "un excellent praticien" à la "clientèle nombreuse et élogieuse" et de "l’image de leur fils contraint de porter l’étoile jaune", soulignant que "sa maîtresse ne tarissait pas d’éloges à son sujet. Son intelligence, sa vivacité et sa gentillesse étaient, disait-on, tout à fait exceptionnels" Une seconde personne a gardé en mémoire les circonstances de l'arrestation de Jean-Louis, "Mme Cathelin, a essayé de le camoufler dans la classe de son mari, qui avait l’autre classe. M. Cathelin a essayé de le cacher sous une table, mais les soldats l’ont trouvé tout de suite et l’ont emmené."