hommes et femmes dans la resistance

Publié le 12 Février 2024

Chaque année, la mort de Jean Catelas est commémorée ; s’en suit un parcours dans le cimetière de Saint Acheul, dont la stèle des Résistants de Saint Acheul. Un trajet prévu à l’avance. Oubliée, à côté de la stèle, une tombe de la famille DUMUIN pour laquelle un hommage serait rendu aux trois patriotes (parmi d’autres). Un devoir de mémoire nous l’impose. Plaise aux responsables de cette Commémoration de prendre acte de cette
requête.

Edouard DUMUIN

 né vers 1910. Membre F.T.P. Il devient responsable régional du Cher. Chargé des
opérations militaires au grade de Colonel. Un Amiénois résistant de la première heure dit « Gilbert » sera blessé avec son épouse dans un accrochage avec les Allemands le 24 août 1944. Il représentera la Ligue des Droits de l’Homme après-guerre avec Mesdames PETIT, LEMAIRE, CATELAS. Il occupera le poste de secrétaire départemental des F.T.P.F. et son drapeau (un don en notre possession) Il décédera en 1972.

Son nom a été donné  au square bordant l'église Saint-Leu à Amiens.

Henriette DUMUIN, la première épouse d'Edouard DUMUIN

née Morel le 2 décembre 1910 à Domart en Ponthieu (Somme), domiciliée à Amiens dans le quartier Saint Acheul. Dans la Résistance dès la fin de l’année 1940. Repérée dans la Somme, agent de liaison FTP, elle rejoint son mari lui aussi Résistant dans le Cher.

Blessée mortellement le 24 août sur la route de Bourges à Gien (pic de Montaigu) au cours d’un affrontement avec un convoi allemand. Elle décède le 25 aout 1944 à l’hôpital
clandestin de Prassy. Son nom sera donné à un bataillon F.T.P.F. du Cher. Plusieurs rues portent son nom à Amiens, Domart en Ponthieu et dans le Cher.

Noëlla DUMUIN, la seconde épouse d'Edouard DUMUIN

née Legrand est née le 1er juillet 1909 à Méaulte, demeure 2 rue de la Dodane à Amiens. Au mouvement FTPF (80) du 1er janvier 1943 au 3 septembre 1944. A l’Etat-major du Vimeu – 3ème Cie, agent de liaison –institutrice à Oust Marais de 1940 à 1944.
Sous les ordres du Lieutenant LE GARD d’avril 1943 à septembre 1944. Au Réseau Z.F. sous les ordres de « Clovis » de mars 1944 à septembre 1944, agent de renseignements, transport de documents, et d’armes, de rapports et d’ordres de la région du Vimeu et d’une partie de la Somme Maritime.

Edouard Dumuin avec sa deuxième épouse Noëlla Legrand le 15 juin 1963
(Photo Robert Barbier)

Jacques Lejosne

Voir également

la fiche consacrée à Edouard DUMUIN dans le dictionnaire biographique Le Maitron

la fiche consacrée à Henriette DUMUIN dans le dictionnaire biographique Le Maitron

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Publié le 12 Février 2024

Jean LHEUREUX est né à Marcelcave le 17 août 1895. Il était forgeron avec son frère Paul. Il appartenait au Front National – Francs-Tireurs et Partisans du Colonel DUMUIN depuis 1942. Il a participé à différents sabotages de voies ferrées (déraillement de Guillaucourt, sabotage de l’écluse de Glisy etc…)

Il aurait été arrêté sur dénonciations pour des hébergements clandestins. Il a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison d’Amiens. Le décès a été constaté le 3 juillet 1943. Les causes de sa mort restent mystérieuses ; tué d’un coup de révolver par ses bourreaux, décès des causes de ses blessures ou retrouvé pendu dans sa cellule avec sa ceinture de flanelle…

Une plaque figure sur la forge, et une rue porte également son nom à Marcelcave.

Il a été reconnu « Mort pour la France". le 13 mars 1952.                       

Source : Jean Michel HAREUX et l’association ‘Histoire de Marcelcave;’, Marcelcave Tome 2. 

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Publié le 12 Février 2024

Jacques HUBERT né le 18 juillet 1922 à Conty est décédé le 30 mars 2016 à Bouzincourt, dans sa 94e  année.

 

Le Résistant

Jacques HUBERT, vivait à Bouzincourt près d’Albert. Il avait 18 ans lors de l'invasion allemande de mai 40. Comme de nombreux jeunes hommes, il est arrêté et dirigé vers l'Allemagne. Mais déjà, il résiste et s'évade à Cambrai, lors d'un regroupement de prisonniers. Dans une ferme, il prend un vélo et une binette, se fait passer pour un ouvrier agricole et rentre chez lui. En février 42, à 20 ans, il entre dans la Résistance avec le capitaine Henri DUMOULIN qui deviendra le chef militaire de la Région d'Albert. Celle-ci s'étendait de Doullens à Péronne. Leurs actions se multiplient : - sabotages de trains (matériel et troupes) sur la ligne Albert - Arras. - sabotages de centraux téléphoniques, d'écluses et de matériel agricole. - préparations de terrains pour faciliter les parachutages d'armes et de résistants, principalement dans le secteur de Warloy-Baillon. Jacques HUBERT le souligne dans ses témoignages : « mon rôle, saboteur et agent de renseignements ». Pour toutes ces actions déterminées et courageuses jusqu'à la Libération, Jacques HUBERT a été décoré de la « Croix du combattant volontaire de la Résistance 1939-1945 ».


Le Juste parmi les Nations

Avec ses parents, Clovis et Blanche HUBERT, il a aussi été décoré de la médaille des Justes, le 26 octobre 2003 à Paris, par Mr l'Ambassadeur d'Israël|, en présence de Jacques Chirac, Président de la République, et de Simone Veil. Il importe de ne jamais oublier les raisons d'un tel événement. En juillet 1942, la rafle du Vél d'Hiv à Paris est commandée par la politique antisémite du régime nazi, hitlérien, et organisée par le gouvernement Pétain - Laval en pleine collaboration. La soeur de Jacques Hubert, Paulette Bulot, habite Paris. Ses voisins juifs, Monsieur et Madame Zajderman, réussissent à cacher leurs trois enfants chez elle, puis sont déportés à Dachau. La soeur de Jacques demande à ses parents d'accueillir Albert et Suzanne, le 3ème enfant ira en Normandie. A Bouzincourt, les parents de Jacques HUBERT reçoivent donc ceux qu'ils présenteront comme leurs petits-enfants parisiens. Seuls le maire, le curé et l'instituteur sont dans la confidence. La population de Bouzincourt ne parlera pas. A la Libération, seule la maman des trois enfants rentrera du camp de Ravensbrück. Ecoutez encore ce que disait Jacques HUBERT lorsqu'on lui parlait de ces évènements : "Je ne comprends pas ce raffut autour de moi, je n'ai fait que mon devoir".

Le devoir de transmission

A la retraite, Jacques HUBERT a toujours tenu à témoigner, surtout auprès des jeunes générations : dans les écoles (Marcelcave, Doullens, ..), dans les collèges et lycées (Albert, Péronne, Doullens, Acheux ...). Pour toutes ses activités pendant la Résistance, pour être reconnu "Juste parmi les Nations" (ils étaient 14 dans la Somme) et pour son travail de témoignage jusqu'au soir de sa vie, Jacques HUBERT a été décoré de la Légion d'Honneur en 2007. A son décès Le Courrier Picard a titré : "le dernier Juste de la Somme s'est éteint". Mais il nous laisse un message de combattant pour les valeurs humaines.

Pour nous tous, le meilleur hommage que nous puissions lui rendre, c'est de poursuivre son combat

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Publié le 9 Février 2024

 

Henri MOISAN est né le 7 novembre 1894 à Paris. Installé boulevard Jules Verne à Amiens ; il y est commerçant en engrais et céréales. Il adhère à la SFIO en 1925.

Dès 1942, il entre à l'OCM (mouvement l'Organisation civile et militaire) et rejoint le réseau Centurie. Il est aussi membre du mouvement Libération Nord. Ses activités résistantes sont multiples. Il aide les réfractaires en leur fournissant de faux papiers et de faux tickets de rationnement. Il recueille des aviateurs alliés dont il facilite l'exfiltration vers l'Espagne. Il recueille de nombreux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes. Il profite des déplacements à Paris qu'impliquent ses activités professionnelles pour transmettre ces renseignements.

Une des premières réunions visant à unifier la Résistance se tient à son domicile. Le 3 août 1943, il est arrêté par la Gestapo puis relâché. De nouveau arrêté à la fin du mois de janvier 1944, il est interné à la prison d'Amiens. Lors du bombardement de la prison d'Amiens le 18 février 1944, il se retrouve enfoui sous les décombres. Dégagé par les services de la "défense passive", il est dirigé chez son beau-frère, le docteur FILACHET. Ce dernier soigne Henri MOISAN et transmet aux autorités des communiqués le présentant comme mourant. Lorsque son état de santé le permet, il l'envoie à Cardonnette chez une amie, Renée BOUCHERY où il termine sa convalescence. Membre du comité local de libération d'Amiens,

Henri MOISAN est nommé, dès 1944, à titre provisoire, conseiller général et conseiller municipal d'Amiens, représentant de l'OCM dans ces assemblées. Candidat socialiste sur la liste d'union PC, SFIO, Parti radical, il est élu conseiller municipal en 1945. En 1946, il quitte la SFIO et abandonne son mandat. Henri MOISAN, comme beaucoup de membres de l'OCM, adhère à l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).

En 1947, il est l'un des fondateurs, à Amiens, du RPF. En 1959 et en 1965, il est à nouveau élu conseiller municipal sur la liste SFIO-CNIP-MRP conduite par Maurice Vast. Il ne se représente pas aux élections municipales de 1971.

Henri MOISAN est titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, de la médaille de la Résistance, de la médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec la barrette "Libération" et de la carte de combattant volontaire de la Résistance.

A consulter aux Archives départementales de la Somme :

- ADS, 79W112/1894, W, Carte de combattant volontaire de la Résistance. Dossier de Henri Moisan.

- ADS, 79W135/2648, W, Carte de combattant volontaire de la Résistance. Dossier de Maurice Vast.

Voir également la fiche  dans le dictionnaire biographique Le Maitron

Voir la fiche dans le  DVD-Rom La Résistance dans la Somme coordonné par Philippe Pauchet et édité par la Fondation de la Résistance - département AERI.

 

 

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Publié le 9 Février 2024

Henri GABET est né à Amiens le 5 juillet 1909 dans le quartier du  faubourg de Hem, au 23 de la rue Robert Lecoq.

Ouvrier chez Cosserat, militant au P.C.F., syndicaliste à la C.G.T., fut l’un des artisans de la reconstitution clandestine du Parti communiste sur Amiens et dans la Somme avec Eugène BECART et Arthur MASSON. Il créa avec  Arthur MASSON des jardins ouvriers dans le quartier, une façade pour installer en réunion la Résistance.

Il est arrêté à Amiens en octobre 1941, pour avoir distribué des tracts de propagande contre Pétain et Vichy. Il sera interné dans un camp de surveillance administrative à la Citadelle de Doullens, où un certain nombre de militants politiques de la Somme furent incarcérés dès le  6 octobre 1941 pour  propagande communiste. 

On trouva sur lui une lettre destinée à MASSON, sans son adresse. Il fut battu en présence des Allemands, puis transféré à la prison d'Amiens pendant quinze mois avant d'être condamné à trois mois de prison et transféré à la Centrale Pénitencière d'Eysses (Lot-et-Garonne), puis reconduit à Compiègne pour le grand  départ : en juin 1944, 1.200 internés sont déportés à Dachau.

Henri portait le matricule 73479 avant de connaître le camp central de Mauthausen en Autriche où des milliers d'hommes vont mourir d'épuisement. Arrivé le 14 août 1944, il décède  le 11 avril 1945.

Sa carte de déporté politique sera remise à sa mère Marie.  La maison des GABET fut encore longtemps habitée par la famille au faubourg de Hem. Maintenant, seul le nom d'Henri GABET figure sur le mur extérieur d'une salle du quartier.  

Cela est bien peu pour une personne qui a légué son existence pour les libertés de tous et l’indépendance de la France.

Jacques Lejosne

Voir également la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron

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Publié le 9 Février 2024

Né à Amiens en 1913, Georges Matifas a été arrêté le 3 mai 1944, torturé et exécuté par les Allemands. 
Dès l’invasion allemande en 1940, il aide, avec son camion rouge, à l’évasion de soldats échappés des camps de concentration pour les conduire en lieux surs et transporte des armes, des munitions, distribue tracts et journaux antinazi et prend de gros risques.

Fin 1942, Georges s’engage dans la Résistance, devient chef de réseau FTPF sous le nom
de « Sylvestre » matricule 3444-17. (Francs-tireurs et Partisans Français), mouvement créé par le parti communiste fin 1941.

Le 3 mai 1944, il quitte sa femme pour prendre son travail en gare où il est commissionnaire. Alors qu’il transportait des armes. il est arrêté par Lucien Pieri et Mme Grellet-Bourges (maitresse de différents Allemands) pour faits de politique avec appartenance au Front National de l’Indépendance de la France, branche du CNR (Conseil National de la Résistance).

Torturé à la Citadelle, puis conduit à l’Hôpital Philippe Pinel où il subit les pires sévices, (visage tuméfié, mains allongées par l’étau, nez écrasé) avant d’être fusillé le jour de ses 31 ans dans la nuit du 25 au 26 mai 1944.

Son corps sera retrouvé 4 mois plus tard avec trois autres Résistants par Robert Perque et Mathieu Nys, employés tous deux de l’Hôpital Pinel.

Une rue de Rivery a été baptisée à son nom en 1945. Une plaque commémorative a été posée en 2003 à l’hôpital Pinel  en hommage aux quatre résistants fusillés.  Georges Matifas obtint à titre posthume la croix de guerre et la carte de combattant volontaire de la Résistance.

*

Cet article est le résultat des recherches menées par Françoise et Jackie Fusillier  avec notamment leur rencontre avec Lydia Vaquette, petite-fille de Georges Matifas.

Voir également la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron

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Publié le 3 Février 2024

Photographie fournie par Philippe Pauchet

Le 31 Août 1944, vers 9h30, Georges QUARANTE et ses camarades résistants décident de sauver le pont de Montières afin de permettre le passage des blindés alliés.  Les Allemands retranchés dans la maison de l’éclusier ouvrent le feu sur eux. A l’arrivée des premiers chars britanniques un Allemand se précipite sur le pont pour mettre le feu aux mines, Georges QUARANTE saute sur lui pour le désarmer avant qu’il ne puisse faire usage de son lance-fusée et avec J. GUILBERT  coupe les cordons reliant les mines au pont. 

Dans l’après-midi, ayant appris qu’il restait un nid de résistance allemand dans le hangar de la ferme Dollé à Longpré, Georges QUARANTE et ses camarades retournent au combat. Il est atteint mortellement d’une balle en plein cœur.

Georges QUARANTE avait 34 ans, il était né le 25 janvier 1910.Vivant dans le quartier de Montières, il était père de six enfants. Militaire de carrière. Il fut démobilisé le 27 novembre 1942 avec le grade d’adjudant-chef. Après plusieurs emplois, il est embauché à la SNCF comme auxiliaire à Amiens.  Fin août 1944, il entre dans la Résistance et prend la direction d’un groupe de corps francs de l’ORA (Organisation de Résistance de l’armée), à Dreuil-lès-Amiens.

Une école du quartier d'Etouvie et une rue du quartier de Montières portent le nom de Georges QUARANTE.

Pour consulter sa fiche dans le dictionnaire biographique le Maitron

Edmond FONTAINE, ouvrier charpentier,  vit le jour dans le quartier Saint Leu à Amiens en 1899. Il était lui aussi de l'O.R.A. Muni d'un simple révolver et de quelques balles il s’était engagé pour préserver, avec Georges Quarante, le pont de l'écluse. Il sera abattu à Longpré-les-Amiens et inhumé au cimetière de la Madeleine comme inconnu, ayant été retrouvé dépouillé de ses papiers.

Une rue du quartier Saint Leu, anciennement impasse des Passementiers, porte son nom

Une stèle sur le pont de Montières rappelle le sacrifice de George QUARANTE et d'Edmond FONTAINE. Tous les ans une cérémonie se déroule en hommage à leurs actions.

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Publié le 3 Février 2024

Arthur LECOINTE est né à Pierrepont-sur-Avre dans la Somme (à une trentaine de kilomètres d’Amiens) le 11 juillet 1911. Alors qu’il n’a que deux ans, Arthur perd son père puis sa mère peu de temps après. A sa majorité il vient habiter à Allery où il trouve une seconde mère qui lui redonne confiance.

Arthur et la Résistance.

Arthur vit mal l’occupation, il veut aider son pays et il sait que des groupes de Résistants se constituent, pas très loin de chez lui. Après s’être fait connaître auprès du responsable régional, Arthur prend en charge la phalange de la région d’Hallencourt, 4ème secteur, Sud A1. Il devient le responsable cantonal sous le commandement de Jean FUZELIER dit « Gros Jean » et de LOISY-JARNIER.

Lui-même prend le pseudonyme de « Jarnik ». Il sait qu’il prend beaucoup de risques, qu’il met peut-être sa famille en péril, que les Allemands ne font aucun cadeau aux « terroristes » ; d’ailleurs beaucoup perdront la vie. Dans un premier temps il est rattaché à la 3ème compagnie d’Allery, F.T.P Vimeu sous l’autorité de LOISY-JARNIER. Du 1er août 1940 à mars 1942 il aide des prisonniers français et des réfugiés à passer la ligne de démarcation installée à Pont-Remy.

Arthur s’implique beaucoup, prend énormément de risques. Il communique avec les chefs des renseignements sur les emplacements des rampes de lancement de V1, notamment ceux installés à Neuville-aux-Bois. Arthur, s’implique de plus en plus, il est au centre d’un sabotage de la ligne téléphonique reliant Hocquincourt à Airaines. Soupçonné, il est convoqué à la Kommandantur où il défend la thèse de l’accident, en prétextant qu’étant employé des ponts-et-chaussées, il avait malencontreusement sectionné le fil en taillant une haie ! Une autre fois il subit un interrogatoire suite à l’attaque d’une ambulance allemande. Ayant du mal à justifier sa présence dans les parages de l’attaque, il fut menacé d’un revolver par un officier allemand qui lui mima ce qui lui arriverait s’il faisait le moindre geste. Il eut très peur ce jour-là, pensant que son heure était arrivée, il se souvient avoir vu passer tous les siens devant ses yeux.

Ses actions de bravoure ne s’arrêteront pas là. A la Libération il était encore en première ligne en compagnie de plusieurs Allérois pour stopper puis faire prisonniers les derniers allemands encore présents dans la région, notamment à Allery. Cinquante ans après, lors de la cérémonie du cinquantenaire de la Libération du village, c’est lui qui raconta à la population, avec beaucoup de précision et d’émotion, les derniers faits d’armes qui se sont produits ce jour-là.

Arthur fut maintes fois récompensé pour son engagement envers la Patrie.

Christian Leguay

Voir également la fiche consacrée à Arthur Lecointe dans le dictionnaire biographique Le Maitron

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Publié le 1 Février 2024

Emile LAVALLARD voit le jour le 25 mai 1907 à Cramont dans la Somme.

« Ordonné prêtre le 25 décembre 1930, écrit Firmin LEMIRE en 2005 dans "Vivre Ensemble", l’abbé LAVALLARD, après sa licence en écriture sainte, est de retour dans son diocèse d’origine et professeur au Grand Séminaire. En 1934, il est nommé vicaire à saint Germain à Amiens… puis curé de Bouchoir en 1938 (et de Folies) ».

Mobilisé en 1939 il devient caporal infirmier. Après la défaite, il est démobilisé le 14 août 1940 et revient dans sa commune. 

 Agent de liaison entre les groupes résistants de Roye, Guerbigny et Rosières-en-Santerre
sous le pseudonyme de « Milou », il est un résistant actif au sein du mouvement Francs-tireurs et partisans et devient l’un des responsables du mouvement de Résistance Front national du département de la Somme. Il a à son actif le sauvetage d’aviateurs anglo-américains dont l’appareil avait été abattu. Il réceptionne également des parachutages d’armes sur le plateau du Quesnoy, comme celui fait en plein jour fin 1943.

Arrêté le 24 avril 1944, il est  emprisonné à la Citadelle d'Amiens. Viennent les interrogatoires, les coups, les privations ; Transféré au camp de Royallieu, il est déporté le 4 juin  au  camp de déportation de Neuengamme.

Philippe PAUCHET,  à l'occasion de la sortie du CD-Rom La Résistance dans la Somme, raconte comment  l’abbé LAVALLARD soutenait ses compagnons entassés dans le wagon à bestiaux les emmenant au  camp de Neuengamme : « Il a tenu pendant de longues minutes un homme à la lucarne pour que celui-ci, manquant d’air, retrouve le calme. Quand l’énervement était à son comble, il faisait chanter pour redonner espoir ».

Il est transféré à  Sachenshausen où, enregistré comme « professeur », il partage le sort de ses compagnons. Il exerce clandestinement son ministère à Falkensee dans une usine de chars et d'obus au camp de Sachsenhausen, disant  la messe avec un crucifix réalisé par un des déportés, Fernand COUDREY, à partir d’une poignée de porte et d’une croix de chapelet.

Le 18 février 1945, l’abbé LAVALLARD devait dire sa dernière messe. Atteint d’un phlegmon, il s’affaiblit de jour en jour. Le mercredi 21 février il quitte Falkensee pour Mauthausen, il périt le 13 avril 1945. au revier, ce  baraquement destiné aux malades. Il avait 37 ans. Son corps disparaîtra dans le crématoire. 

Son nom figure sur le Monument aux Morts et sur une plaque commémorative dans l'Église de Bouchoir (80). Une rue du village porte également son nom.

Voir sa fiche sur le site consacré à Mauthausen

 

Témoignage de Madeleine Riffaud dite Rainer, le 19 décembre 2021 sur son compte Facebook

Un dimanche de 1942, à Folies, j'ai rencontré l'abbé Lavallard.
Il restera pour moi un modèle.
Voici son histoire :
À 17 ou 18 ans, je ne faisais pas mon âge. J’ai passé le week-end chez mes parents, car je savais que je ne reviendrai pas de sitôt. Si mon père était anticlérical, ma mère était, elle très catholique.
Le samedi soir, elle me dit : « Viens avec moi, demain, à la messe. Je veux que tu voies ce nouveau curé. C’est un homme extraordinaire, mais il me fait peur. J’ai peur pour lui, disons. »
J'écoute son homélie et je me rend compte qu'il y dénonce les Allemands et les collabos. S’il avait fait ça à Paris, nul doute qu’il aurait été jeté en taule en moins de deux.
Après la messe, je dis à ma mère d’aller faire à manger et je me dirige vers la sacristie.
« Monsieur le curé, puis-je vous dire quelques mots ? »
« Tiens je t’ai jamais vu toi t’es nouvelle ? »
« Non j’habite à Paris et d’ailleurs, je rentre demain. Je suis la fille de l’institutrice. »
« Ah oui, je la connais. Qu’est-ce que tu veux de moi ? »
« Je viens vous dire la vérité. Vous avez dit des paroles qui m’ont rendue heureuse, évidemment. Je pense comme vous. Mais quelle imprudence ! Vous pourriez être arrêté d’une minute à l’autre. »
« Écoute, ma petite fille, tu fais ce que tu as à faire et moi je fais mon travail. Et si chacun pouvait faire ce qu’il veut, la vie serait bien meilleure. Ne te mêle pas de mes affaires. Je sais très bien ce que je fais et pourquoi je le fais. Mais assieds-toi donc cinq minutes, tu m’intéresses. Qu’est-ce que tu fais, toi, dans la vie ?»
Moi, toute fière :
« Demain je rentre à Paris et j’entre officiellement dans la résistance. »
Il m’attrape par la jupe. « Aah, mais c’est à moi de te faire des reproches ! Il ne faut rien dire. Pas même à ses parents. Et surtout pas à un prêtre. C’est le B-A-BA de la résistance. Tu as compris ? »
« Oui, ce que je n’ai pas compris, c’est ce que vous faites, vous. »
« Maintenant, ça suffit. Rentre chez tes parents. »
Il était très grand, très maigre, genre Don Quichotte. Il m’a jetée dehors en riant, dynamique.
« File ! et bonne chance ! »
Il était en charge de plusieurs églises et il se déplaçait en vélo. Sa soutane se prenait tout le temps dans le pédalier, alors il coupait le bas avec des ciseaux ! Au bout de quelque temps on voyait ses chevilles. Mais il s’en foutait. Il transportait des livres dans sa besace.
Avant il était professeur de théologie au séminaire d'Amiens mais ses engagements ne plaisaient pas à ses supérieurs. Alors ils l’avaient foutu dans les villages, en guise de sanction mais aussi en prévention.
Il faisait des discours comme ça parce qu’il espérait que quelqu'un allait l’entendre et le contacter. Ça a marché.
Il est devenu un des chefs de la résistance de la Somme.
Puis il a été arrêté et il est mort le 13 avril 1945 à Mauthausen.

 

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Publié le 31 Janvier 2024

Julienne Ryo (à droite) avec ses élèves

Julienne Ryo (à droite) avec ses élèves

Julienne RYO

(LAVAL, Mayenne, 2 octobre 1884-MONTAUBAN, Tarn-et-Garonne, 21 septembre 1977)

Si Julienne RYO est née en Mayenne, c’est à Rennes qu’elle passera son enfance et sa
jeunesse et elle revendiquera toujours ses origines bretonnes. A tel point qu’arrivée dans la
Somme à la fin des années trente, elle sera élue secrétaire générale des L’association des
Bretons de Picardie aux côtés du conseiller à la cour d’appel d’Amiens Yves Lefèbvre.

Toute sa vie elle présentera ces caractères de volonté, de ténacité et d’énergie que l’on attribue traditionnellement aux Bretons. Elle consacrera toute son existence à l’éducation des enfants sans négliger l’attention portée aux adultes via la mise en place d’enseignements ménager et artistique. Elle exercera son activité dans des établissements maternels et primaires catholiques, de Ploërmel (Morbihan) à Brocourt (Somme) en passant par les écoles de Poissy à Bourbon-Lancy. C’est à Liomer (Somme) qu’elle termine sa carrière durant la Seconde Guerre mondiale.
 

En 1943, elle rejoint l’Organisation de la Résistance Armée (O.R.A. 6.3.). Nommée chef du groupement de Résistance de Liomer, elle devient agent de renseignements et de liaison entre les différents groupes F.F.I. de Liomer et des environs. Son domicile devient lieu de réunions clandestines et sert de dépôt d’armes et de munitions. Elle dirige le recrutement et l’instruction des militants. Elle vient également en aide aux aviateurs alliés abattus par la DCA. Au moment des combats de la Libération, elle redouble d’activité, n’hésitant pas à entrainer ses hommes les armes à la main.

En novembre 1944, elle crée un Comité National de Libération dont elle devient la présidente devenant ainsi l’une des premières femmes à exercer les fonctions de maire. Elle se présente aux élections municipales de 1945, mais elle n’est pas élue. Elle quitte alors Liomer et regagne Ploërmel où elle deviendra conseillère municipale et responsable départementale de l’Union Féminine Civique et Sociale du Morbihan. Elle est faite chevalier de la Légion d’honneur en 1954. En 1962, elle part dans une maison de retraite du Tarn-et-Garonne. Elle ne cesse pas ses activités sociales pour autant puisqu’elle fonde le Comité régional de la Croix-Rouge dont elle devient la présidente en 1966. Elle est faite officier de la Légion d’Honneur en mars 1977 et elle meurt à l’hôpital de Montauban le 21 septembre.

Biographie rédigée par Jean-Paul BARONNET et Michel HUBAUT

Justification de l'admission de Julienne Ryo au grade de chevalier de la légion d'honneur                                                                                                                        https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/334187

Justification de l'admission de Julienne Ryo au grade de chevalier de la légion d'honneur https://www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr/ui/notice/334187

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