René SCHWAL, de la Résistance aux chasseurs-parachutistes

Publié le 12 Février 2024

Photo Collection Bernard SCHWAL, son fils

René SCHWAL est né le 17 octobre 1921 à Amiens, où il exerce la profession d’électricien auto. Alors que le nord de la France est occupé, il s'engage le 10 octobre 1940 dans l'armée de l'air à Istres, avec pour but : tenter de rejoindre l'Angleterre par avion. IL sera malheureusement arrêté et passera en conseil de guerre le 26 novembre 1942. Il sauva sa tête et fut démobilisé le lendemain. Le 2 février 1943 il est désigné pour partir au STO en Allemagne à Stuttgart.Il s'y oppose et se cache. Il est alors recherché par les gendarmeries d'Amiens et de Flixecourt.

René SCHWAL de l'ORA matricule 2002, tenait liaison avec la résistance locale depuis le 1er avril 1943. Il habitait alors à Bourdon chez sa grand-mère ; c'est ainsi qu'il a pu se sauver rapidement lors du déraillement d'Hangest. Il participe à l’attentat commis sur la voie ferrée Amiens Boulogne : Dans la nuit du 16 au 17 avril 1943 à 2h40, Un train de troupe a déraillé sur la ligne Amiens Boulogne au km 150,300, territoire de Crouy. Ce déraillement est survenu à la suite d'un attentat commis par 9 individus masqués et armés. L'éclisse du rail gauche de la voie de droite a été déboulonné et les tirefonds enlevés sur plusieurs traverses.13 wagons sont broyés ou endommagés. La machine de 150 tonnes est sortie des rails et s'est couchée sur la voie. Le chauffeur THAON Gustave, est décédé. Le mécanicien, BIOUT Paul, est blessé aux jambes. 25 militaires environ sont décédés et une cinquantaine sont blessés. Les autorités allemandes se sont rendues sur les lieux ainsi que la sûreté et la police mobile, qui avaient été avisés par la gendarmerie.

L'attentat s'est effectué comme suit : entre 23 h et 2h30, tous les gardes voies requis et non requis ont été ligotés, bâillonnés et attachés aux arbres par 9 individus. Ceux-ci sont venus sur les lieux avec des bicyclettes. Ces individus ont d'abord ligoté les gardes voies assurant le service de 22h à l h. Puis les hommes venant relever leurs camarades à une heure ont subi le même sort. D'après l'enquête, les auteurs de cet attentat étaient 9 ; tous masqués, armés de pistolets et revolvers. Ils avaient entre 20 et 30 ans, parlant correctement le français sans accent. Ils portaient des effets civils de toutes nuances, la plupart coiffés de bérets basques. L'identification et les recherches effectuées n'ont donné aucun résultat. Il apparaît toutefois que certains de cette bande sont de la région, puisque plusieurs étaient à bicyclette. La circulation a été interrompue dans les deux sens. 15 gardes voies ont été ligotés, bâillonnés et parmi eux : L'abbé BERTRANDIE Etienne, demeurant à Hangest-sur-Somme, M. VION André, maire de Crouy, et M. VAST

Six des auteurs de cet attentat seront arrêtés par la police française et fusillés le 2 août 1943, après une parodie de procès dans les fossés de la citadelle d'Amiens. Jacques WILGOS ; Jules MOPIN ; Georges DEBAILLY ; Maurice SEIGNEURGENS ; Ernest LESEC ; Alfred DIZY.

Il leur est reproché : 14 février 1943 : déraillement à Montières 18 février 1943 : déraillement à Thézy Glimont 28 février 1943 : déraillement à Remiencourt 2 mars 1943 : déraillement à Saleux 4 mars 1943 : déraillement à Dernancourt - attentat : 6 mars à Aveluy Attentat : 12 mars à Famechon Attentat : 19 et 20 mars à Fontaine-sur-Somme 6 avril : écluse à Sailly Laurette 16 avril 1943 : déraillement à Hangest-sur-Somme (25 morts et 50 blessés) attentat le 20 avril 1943 à Eu (cinéma) et à Dieppe (tunnel) Ils ont été arrêtés par la police française du 21 au 23 avril 1943. Maître VAN DEN HERREWEGHE défend Alfred DIZY et Maître MAHIU les autres. Un fonctionnaire de l'armée d'occupation assure les fonctions d'interprète. Ils sont fusillés le 2 août 1943 dans les fossés de la citadelle d'Amiens.

René SCHWAL participe, à Pont Rémy, avec le même groupe, le 2 mai 1943 au déboulonnage d'un rail de 20 mètres. Deux machines haut le pied déraillèrent. Il est nommé le 1er juin 1943 aux fonctions de tous sabotages et renseignements avec le grade de sergent par le capitaine VERSELIPPE, Le 27 juin 1944, sur les conseils de Charles VERSELIPPE, il entre à la police des chemins de fer,  bien que réfractaire au STO, en utilisant les papiers de son frère cadet. De ce fait il peut rendre de grands services à la cause de la résistance en donnant des renseignements sur les mouvements de troupes et en participant à des sabotages de lignes de chemin de fer

Ainsi, le 27 juillet 1944, à Vers sur Selle, étant en service sur la ligne Amiens-Beauvais, avec son camarade BUQUÉ, il a vu mais n'a pas signalé un rail de 20 m déboulonné. Résultat: 2 machines par terre (une du dépôt du Bourget et une allemande). Ces dernières obstruaient la voie et ne furent relevées que par les Anglais. Dès le 15 août 1944, il enlevait les poteaux indicateurs de la route de Rouen entre Amiens et Saleux.

Lors des combats pour la libération d'Amiens, le 31 août 1944, il capture un canon anti char à Saint-Roch. Les 1er, 2 et 3 septembre, il vient se joindre au groupe de La Chaussée-Tirancourt de Charles Verselippe et Michel Guéret pour libérer la tête de pont de La Chaussée-Tirancourt et faire le ménage d'Yzeux, de Belloy et des bois jusque Vignacourt.

Rappelé comme caporal-chef au bataillon de l'air d'Amiens, le 7 octobre 1944 ; il rejoint le deuxième régiment de chasseurs parachutistes en Angleterre, puis comme sergent-chef le 2 février 1945. Parachuté en Hollande le 8 avril 1945, il est cité à l'ordre du régiment. Il sera démobilisé le 5 octobre 1945.

Quelque temps après il épousera Solange avec qui il aura un garçon, Bernard qui habite La Chaussée-Tirancourt. Il est titulaire de la croix de guerre 39/45 ; il a deux citations, une à l'ordre de la division et l'autre du régiment.

Citation à l'ordre de la division : SCHWAL René : soldat de la résistance, intrépide aux activités multiples, animé du plus ardent patriotisme, a participé au déraillement d'un train allemand, provoquant 25 morts à l'ennemi et l'obstruction de ses lignes de ravitaillement le 17 avril 1943. Engagé dans la police des chemins de fer, afin de fournir régulièrement à son chef des renseignements sur les mouvements de troupes permettant au groupe cheminot d'immobiliser avant le départ les machines commandées de service (142 machines sabotées), a continué son activité sans faillir malgré l'arrestation et la mort de son chef. A assuré la réussite de deux autres déraillements les 17 juillet et 17 août 1944 qui obstruèrent définitivement les voies jusqu'à la libération. Du 1er au 3 septembre 1944, il a participé aux opérations de la tête de pont de La Chaussée-Tirancourt, le général de division PREAUD commandant la 2e"'e région militaire.

Citation à l'ordre du régiment : Parachuté en Hollande dans la nuit du 8 avril 1945, le sergent parachutiste SCHWAL René s'est montré d'un courage exemplaire. Encerclé de toute part par l'ennemi, a combattu jusqu'à la dernière balle avant de réussir à rejoindre les lignes amies ; seul il a abattu plus de 20 soldats ennemis. La présente citation lui donne droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze

Signé PUECH Sanson, commandant du 2ème RCP. René SCHWAL est décédé le 7 août 1983 à Amiens.

Il a un fils Bernard qui n’était pas au courant de ses actions. Bernard est l’époux de Sylviane, la secrétaire des racines calcéennes

Voir le dossier de René SCHWAL, élaboré par Jacques FOURE et André SEHET, à partir des
Archives Militaires de Vincennes.

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