Né le 10 septembre 1875 à Méharicourt (Somme), Odon DUMONT est mort de la dysenterie le 19 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).
Marié le 20 avril 1898, il était représentant en chaussures, puis négociant, il fut l’un des plus actifs militants socialistes de la Somme dans les années 30. Secrétaire du groupe socialiste de Villers-Bretonneux, conseiller municipal de Méharicourt, il devint secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme en 1938, après le départ d’Alexis MAILLY. Il appartenait également à la Franc-Maçonnerie et à la Ligue des droits de l’Homme.
Il quitta la Somme à la fin de l’année 1939 et s’installa à Nantes (Loire-Inférieure) où il continua à militer. Résistant actif, il fut arrêté par la Gestapo et mourut en déportation en Allemagne à Buchenwald.
Extrait du site « le Maitron
Monsieur Franck IRJUD adhérent
Pierre MAST est décédé le 4 mai 2020 dans sa 98ème année. A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale se font de plus en plus rares, revenons sur le parcours de cet homme de la Résistance au riche parcours politique.
Jeunesse et Jeunesses Communistes
Pierre MAST voit le jour le 7 octobre 1922 à Amiens. Né d’un père garagiste engagé dans la Première Guerre mondiale et d’une mère pacifiste, sa jeunesse fut bercée par les récits héroïques de sa famille sur le conflit. Plus loin dans le passé, sa grand-mère a même été témoin de l’occupation allemande d’Amiens en hébergeant contre son gré un soldat prussien chez elle.
Étudiant à Amiens, du primaire au lycée des métiers, il y suit une formation d’ajusteur et suit en curieux les manifestations des années 1930 sur la guerre d’Espagne, le Front Populaire, et les réformes sociales. En janvier 1939, il adhère au mouvement de la Jeunesse Communiste et, dès 1940, après son retour à Amiens en août 1940, noue des liens avec d’autres camarades du mouvement. Il intègre la Résistance.
Agissant toujours par trois, il mène des actions contre l’occupant : distribution de tracts, recrutement de nouveaux membres, propagande anti-allemande… Fin 1941, il jette un pavé dans la vitrine de la librairie allemande, rue de Noyon. En janvier 1942, il participe à l’attentat contre le siège de la LVF, rue des Jacobins. Les Allemands, faisant tout pour retrouver les coupables, arrêtent au hasard…
Deux arrestations
Loin de réfréner le zèle des résistants amiénois, Pierre MAST et les siens sont chargés d’adresser aux forces de police et de la gendarmerie une lettre d’avertissement et de menaces en ce début d’année 1942. Ciblant les milieux communistes pour trouver les coupables, Pierre MAST est arrêté sur son lieu de travail une première fois en mars 1942. Possédant sur lui une liste de syndiqués et de membres du parti, il se retrouve devant la justice qui, devant le manque de preuves, le relâche. Il fait l’objet d’une nouvelle arrestation en janvier 1943, suite à l’attentat du soldatenheim, (au restaurant « le Royal ») perpétré le jour du réveillon de Noël 1942. Incarcéré quelques jours à l’hôtel de ville d’Amiens, il intègre ensuite le Centre d’Internement Administratif de Doullens en février, basé dans la vieille forteresse commandée par François 1er au XVIème siècle pour protéger la frontière nord du royaume.
De Doullens vers l’Allemagne
Dans ce camp, Pierre Mast y effectue un cours séjour, jusqu’à sa fermeture et l’évacuation des internés, le 1er avril 1943. Il y côtoie d’autres communistes, syndicalistes Saint-Frères, ouvriers des usines des métaux d’Albert et des acteurs des grèves des mineurs du Nord-Pas-de-Calais du printemps 1941. A la fermeture du camp, donc, il est envoyé avec les autres membres de son bloc vers le camp d’internement de Pithiviers. Les conclusions de l’enquête devaient lui permettre d’être libéré mais, entre-temps, il est envoyé en Allemagne pour travailler dans une ferme. Il bénéficie cependant d’une permission, obtenue grâce au Front National qui à l’époque fédérait tous les mouvements de la France résistante. Revenu à Amiens pour s’y marier le 23 novembre 1943, il se montre plus discret jusqu’à la fin de la guerre.
Elu communiste
Après la guerre, Pierre Mast devient ajusteur à la SNCF et ne renie pas ses convictions politiques. Il profite de la liberté retrouvé pour mener des actions syndicales comme le pilotage du mouvement de grève du dépôt de la SNCF d’Amiens. En mai 1948, il devient membre du comité fédéral puis membre du bureau en 1964. En 1967, il remplace même Maxime Gremetz au poste de premier secrétaire fédéral. Ayant profité de sa popularité acquise par ses actions syndicales, il intègre le corps des élus municipaux de Longueau en qualité de conseiller municipal en 1953 et d’adjoint au maire en 1964. En 1983, il occupe ses dernières fonctions auprès de la cellule Kerviel de Saint Acheul, avant de partir vivre à Saintes avec sa seconde épouse. Continuant de nourrir son esprit de lectures philosophiques et des humanités, il fonde, avec des amis, l’Association saintaise des amis de l’Humanité et profite d’une retraite paisible, avant de s’éteindre à Poitiers, le 4 mai 2020.
Conscient de l’importance des faits et de son rôle dans la résistance amiénoise durant la guerre, il n’hésite pas à faire partager avec modestie son histoire auprès des historiens. En 2008, il revient même à Doullens pour témoigner lors d’une visite de la citadelle. Le flambeau de son récit appartient dorénavant à l’histoire, entre les mains des historiens. Ainsi, concluons en laissant la parole à Pierre MAST. « Celles et ceux qui en 1940 avaient votre âge, dont les frères et sœurs étaient prisonniers de guerre, se sont retrouvés dans les villes et villages anéantis, se demandant « quoi faire ? » face à l’occupant tout puissant… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient simplement, de diverses manières. Certains l’ont payé cher. De leur vie quelquefois. C’est maintenant de l’histoire. Que leur mémoire soit honorée par les jeunes générations. »
recherchant les traces de mon père, j’ai croisé celles de ses frères qui jouèrent tous un rôle, à des degrés divers, dans la victoire de notre pays. Ces hommes, modestes comme maints résistants de la Somme, ne se vantèrent jamais de leurs exploits, qui me furent décrits par bribes, au cours de rares rencontres familiales. Mes grands-parents avaient eu cinq fils et trois filles.
Voici l’histoire de René LAOUT, le fils aîné, qui fut un extraordinaire résistant et voulut toujours minimiser le rôle qu’il avait joué.
L’oncle René, était gendarme. Sergent-major, il commandait la brigade de Saint-Sauflieu, au sud d’Amiens. Lui et tante Yvonne, ont eu cinq enfants.
Sa première fille, Sylviane, s’est mariée en novembre 1944 et je me souviens qu’il est venu nous accueillir pour le mariage à la gare d’Amiens. J’avais 8 ans. Avec son air bourru, sa grosse moustache et son uniforme, il m’inspirait la crainte mais cachait en fait un cœur très généreux.
La gare était en triste état à cause des bombardements, il fallait marcher sur des planches pour retrouver la voiture qui nous emmena à Saint-Sauflieu. Strasbourg ne fut libérée que le 23 novembre. Les stalags perduraient. Toute la famille attendait le retour de Gabriel mon père et de son beau-frère Robert. Malgré les restrictions, ce fut un long repas de mariage au cours duquel chacun était invité à chanter. Et ma mère chanta « Je pense à toi, mon prisonnier… » Sur l’air de « J’irai revoir ma Normandie… » Réalise-t-on aujourd’hui l’émotion de tels moments qui m’ont marqué pour la vie ?
Durant la guerre, René eut une conduite héroïque. En enquêtant d’abord au sein de la famille, je découvris l’ampleur de ses actes courageux dont il ne fit jamais état. Janine, ma marraine, m’a rappelé dernièrement, que durant la guerre, elle passa quelques jours dans la famille de René. Un soir elle dit à son oncle qu’elle repartait le lendemain, mais il lui interdit: « Non, non pas question, pars quand tu voudras mais pas demain ! ». Elle apprit par la suite qu’un train de munitions avait sauté. Grâce à ses fils, mes cousins et mes recherches personnelles, je perçois aujourd’hui l’importance du rôle joué par René LAOUT. Après la guerre ses camarades voulurent demander pour lui la légion d’honneur. Il refusa, prétextant que ce qu’il avait fait tout le monde l’aurait fait.
« Ce gradé de haute valeur morale et militaire, s’est dépensé sans compter pour la cause de la Libération » disent ses supérieurs en le citant à l’Ordre du régiment, en lui attribuant également la Croix de guerre. « Il a réussi dès le début de l’occupation à constituer un dépôt d’armes. A recueilli, hébergé, puis fait rapatrier 24 aviateurs alliés tombés sur notre sol. Ayant constitué un groupe de 50 combattants, a pris une part très active aux opérations de Libération, en capturant 123 prisonniers dont 2 officiers ».
Gérard, l’aîné de ses fils m’a raconté comment il avait fait entrer à la gendarmerie, trois Américains poursuivis par la police de Vichy. A la hâte, il les planqua dans la pièce contigüe et referma la porte. Il courut s’asseoir en mettant ses deux jambes sur le bureau en une pause qu’il voulait décontractée et allumait sa bouffarde quand brusquement les vichystes firent irruption : « Où sont-ils ? – qui ? – Les Américains ! – Pas ici, je n’ai pas bougé ! ». S’ils avaient ouvert la porte, René aurait été passé par les armes. Les Résistants de Saint-Sauflieu échappèrent de peu à une catastrophe. Ils découvrirent à temps un traître qui s’apprêtait à les dénoncer.
Sauver un aviateur américain durant la guerre est en soi un acte héroïque mais puni de mort.
En sauver 24 comme l’a fait René LAOUT à la tête de ses hommes, fait de la gendarmerie de Saint-Sauflieu un haut lieu de résistance à l’envahisseur, endroit que tous ces combattants tombés du ciel tentaient de rejoindre quand ils étaient avertis. Les Américains l’ont compris.
René LAOUT reçut un hommage du Président des Etats-Unis au nom du peuple américain signé de la main du Général en chef Dwight D.EISENHOWER.
Parmi tous ces aviateurs américains l’un d’entre eux resta particulièrement attaché à la famille de René LAOUT, le sous-lieutenant Georges M. MICKELS, abattu près de Caen, dans son B17 et fait prisonnier ensuite.
René LAOUT et Georges MICKELS correspondirent durant de longues années. Georges MICKELS rêvait de revenir en France et de retrouver cette famille qui l’avait sauvé en août 44, en le faisant passer pour un cousin qui n’avait pas toute sa tête.... Il ne parlait pas français.
Malheureusement les deux hommes moururent avant les retrouvailles et ce sont les enfants qui se rencontrèrent le 25 avril 1999. Connie MICKELS, la fille du Lieutenant a fait le voyage.
Bernard, le benjamin des fils de René LAOUT, me narra l’histoire du Lieutenant MICKELS que son père lui avait racontée. Il m’apprit également que Connie MICKELS avait écrit un petit livre retraçant l’épopée de son père en France mais que ce livre était désormais introuvable. Ma passion prit le dessus comme d’habitude et je finis par le récupérer après plusieurs mois d’attente. On l’avait trouvé au Royaume Uni. Un véritable trésor. Les lignes de Connie sont traduites par l’une de ses connaissances et je dois faire de gros efforts parfois pour comprendre en reprenant l’anglais…Mais là n’est pas l’essentiel.
Connie a cherché les traces de son père…J’ai cherché les traces de mon père …Et voici qu’un jour un auditeur venu assister à deux de mes réunions vint se présenter. Cet Amiénois était le fils d’un soldat allemand et d’une Française…Lui aussi avait cherché son père reparti vers l’Allemagne après la guerre. Cet homme avait fini par se trouver une famille allemande mais son père était mort depuis deux ans. Il fut accueilli à bras ouverts. L’idée ne m’était jamais venue que des fils de soldats allemands puissent aussi chercher leur père… Lors de la libération, j’ai assisté à des exactions que j’ai racontées dans mes mémoires…, Comme toujours ce sont les femmes qui ont trinqué.
Le sous-lieutenant MICKELS échappa plusieurs fois à la mort. Quand le B17 est tombé, cinq aviateurs ont péri. Deux survécurent. MICKELS, après avoir été fait prisonnier, fut ensuite repris par des SS quelque peu éméchés, avec plusieurs aviateurs alliés. Craignant des suites fâcheuses après la capture, il décida de s’enfuir. Les autres furent assassinés. Les SS le cherchèrent en vain et abandonnèrent la poursuite. Dans la commune des Hogues où sont enterrés les soldats, on a perpétué le souvenir…
Après avoir marché avec un autre groupe de prisonniers, Georges M. MICKELS finit par trouver la résistance de Saint-Sauflieu. La suite nous la connaissons et Connie ne tarit pas d’éloges sur l’accueil que lui ont réservé les membres de la famille LAOUT, des mots que son héros de père venu dans un avion pour délivrer la France du nazisme lui a probablement enseignés au long de sa vie.
Elle leur a dédié son livre.
Je ne connais pas Connie mais je me sens très proche de cette Américaine. Mes recherches rejoignent celles qu’elle a accomplies. Je tente comme elle de m’élever contre l’oubli de ces hommes qui, durant la guerre, n’ont jamais mesuré les risques qu’ils prenaient quotidiennement. Leurs combats, leurs souffrances, leurs sacrifices ont permis à la France de retrouver sa liberté.
En créant un stock d’armes dès la capitulation, René LAOUT a toujours cru que tout n’était pas perdu. Ils étaient peu nombreux à garder espoir quand la France s’écroulait.
Arthur LAOUT, son père, mort quelques années auparavant, qui présidait déjà une association de parents d’élèves en 1927 (!!), aurait été fier de voir ses enfants manifester un tel esprit républicain...
Marius Sire est né le 20 décembre 1912 à Ville le Marclet.
Sire est un ouvrier ébéniste de Flixecourt. Ancien responsable de la jeunesse communiste et de la cellule locale du parti, activement recherché, il a dû quitter la Somme pour la Normandie le 10 septembre 1941.
Assez mince, le cheveu très noir, fine moustache, Sire serait plutôt « joli garçon » s’il ne lui manquait que quelques incisives nuisant quelque peu à son sourire. Fantasque, un peu hâbleur, il aime la poésie, la musique … et le vélo. Ancien coureur cycliste il lui arrive, de faire de rapides aller et retour de Caen à Amiens, pour voir sa femme, au grand dam de ses camarades de combat, irrités par ses imprudences.
EXTRAITS DE LETTRES DE MARIUS SIRE A SA MERE
13 juillet 1943 … « Je suis condamné à la peine capitale. La confirmation du jugement aura lieu incessamment, j’ai demandé le recours en grâce. Je ne suis pas un criminel. Ma conscience est nette de toute souillure et mes mains ne sont pas tachées de sang.
Le pire pour moi, c’est que je ne pourrais plus travailler pour élever nos enfants comme je l’ai toujours fait dans l’honneur et la dignité. ».
8 août 1943 … « Ils savent que je suis le chef, car certains ont parlé… Moi je suis fier de n’avoir rien dit. J’en ai vu de cruelles. J’ai été sourd pendant 15 jours et pendant 8 jours j’ai uriné du sang. Mon coeur battait à 30 coups minute. J’ai été bien bas mais ma volonté toujours aussi forte… Si je tombe soyez fier de moi. Je vous aime et je pense à vous. »
Il a été exécuté le 14 août 1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques.
Texte de Gérald Maisse
Marius Sire est né le 2012/1912 à Ville le Marclet (80), Fils de feu Gédéon Georges et de Marie Berthe Adélaïde TAVERNIER. Marié à SARA Rose Louisa. Menuisier Ébéniste Sculpteur sur bois, domicilié rue Victor HUGO à Flixecourt (80)
Recrutement Amiens - Classe 1932 Incorporé le 18/04/1934, 510ème R. Chars de Combats - Chasseur de 2ème Classe. Renvoyé dans ses foyers le 6/07/1935 510ème R. Chars de Combats - Chasseur 1ère Classe le 7/07/1935. Affecté pour la mobilisation au centre mobilisateur de Chars n°503. Mobilisation Générale - Rappelé à l’activité le 26/08/1939, Dépôt de Chars n°503 - 31ème Cie- Chasseur 1ère Classe le 11/09/1939.
Démobilisé le 19/07/1940 par le Centre démobilisateur de Castelnau – Magnac Réfugié à Montalzat (82) jusqu’au 14/10/1940
Menuisier chez Mr MELUN (80) du 15/10/40 au 10/09/41 date à laquelle il prend le maquis Militant communiste et syndicaliste. Secrétaire de la cellule communiste du canton de Picquigny (80)
Prend une part active aux luttes du Front populaire
Entre en résistance en mai 1941, distribue des tracts et effectue une propagande active dans les milieux ouvriers de la Vallée de la Nièvre
--- Le 10/09/1941 la Gestapo arrête 11 communistes dans la commune de Flixecourt dont son beau-frère René SARA. A la suite de ces arrestations, Marius quitte son domicile le 10/09/1941 à 13 heures disparait, rentre en clandestinité et rejoint la résistance dans le Calvados. Dès le 15/09/1941 un mandat d’arrêt est lancé contre lui. SIRE est nommé courant 1942 à Paris par Jean PETIT, Chef de Secteur de ‘’2 départements’’ au grade de Commandant.
Faits d’Armes dans le Calvados : commandant des secteurs du Calvados et de la Manche. Devient membre du triangle de la direction du Parti communiste clandestin avec Joseph Étienne et Émile Julien. Participe à toutes les opérations de 1942 à son arrestation à Caen, en mai 1942 tue lors d’une opération deux policiers.
Participe aux opérations de déraillements : dans la nuit du 16/04/1942 et dans la nuit du 1er Mai, d’un train transportant les permissionnaires de la Wehrmacht, les trains déraillent à Airan entre Mézidon et Caen. Bilan des deux déraillements : 40 soldats allemands morts et de nombreux soldats blessés ; participe sur la place de la foire exposition de Caen à la destruction de stocks allemands, à un attentat à la bombe contre le bureau de placement ; suite à une 3ème tentative de déraillement à Mesnil Mauger, plusieurs membres du groupe sont arrêtés par la police mobile de Rouen, à Caen, Lisieux, Falaise.
En rentrant à Caen, arrêté place du 36ème R.I à un barrage de Gendarmerie, sans se départir de son calme, Marius exhibe de faux papiers et passe. Un de ses compagnons qui le suit de peu, fait preuve de moins de sang-froid et est capturé ; ce qui entraîne une série d'arrestations. Marius change d’aspect, cheveux teints en brun, et prend le pseudo de Roland. La police française est sur ses traces, la traque est sans pitié.
Marius SIRE leur échappe plusieurs fois. Arrêté par la brigade régionale judiciaire de Rouen le 15/05/1943 dans sa planque 14 rue du Gaillon à Caen. Interné à la prison de Caen du 15/04 au 14/05/1943. Transféré à la prison de Fresnes (94) du 15/05 au 14/08/1943. Marius passe devant le tribunal de Guerre allemand, siégeant 11bis, rue Boissy d’Anglas, et est condamné à mort pour sabotage contre les occupants, destruction et sabotage de voies ou moyens de communication à Lisieux, Cherbourg et Rennes.
Témoignage : Michel de BOUARD.
Fusillé le 14/08/1943 au Mont Valérien à Suresnes (94) pour activités politiques
- Mention Mort pour la France. Inhumé à Ivry S/Seine (94) registre 2.818 - Corps restitué le 10/10/1944
Qui ne se souvient de Raphaël. On l'appelait toujours par son prénom. Sa haute silhouette, sa stature imposante, le distinguaient de l'ensemble de ses camarades. On aimait l'entendre parler, de sa voix sonore et rocailleuse, aux durs accents flamands. On écoutait ses conseils pleins de sagesse.
Raphaël était né le 17 février 1902 à Zwynaarde (Belgique) époux de Marguerite Vandepitte, tous deux domiciliés à Dompierre Becquincourt (80980). Né en Belgique, Raphaël est venu s'installer en France après la Première Guerre mondiale. Avec l'aide des siens, il a rendu prospère une exploitation agricole.
La journée du 16 juillet 1944 lui fut fatale. André GHESQUIERE, un clandestin belge qu'il hébergeait avec des prisonniers russes évadés, était abattu chez lui. Raphaël fut arrêté par la Gestapo avec ses camarades de Dompierre et des environs. Enchaînés avec Marcel GOGIBUS par la même paire de menottes, commença la première étape d'un long calvaire qui les mena à la Citadelle d'Amiens, puis à Compiègne d'où ils partirent le 17 août 1944 par le dernier train pour l'Allemagne vers Buchenwald et, delà, vers la mine de sel de Neu-Stassfurt.
Il est devenu Raphaël, matricule 78.770, mais il est devenu aussi une grande figure de Stassfurt.
On admirait sa force de travail, qu'il avait peine à maitriser, même au service des Allemands tant sa nature le poussait à se dépenser. Sa connaissance de la langue néerlandaise (flamand) l'avait fait désigner par les S.S. comme interprète d'un groupe de travail. Raphaël se servit de ses fonctions pour soulager, à sa mesure, les souffrances de ses camarades. Il leur a rendu de grands services en apaisant la fureur des S.S. et en aidant les plus faibles dans leur travail.
Ensuite ce fut la "Marche de la Mort", une longue marche où plus de 300 de ses camarades trouvèrent la mort, abattus sauvagement le long des routes. Le grand Raphaël comme il était surnommé par ses camarades subit une terrible défaillance physique. Dix mois de régime concentrationnaire étaient venus à bout du solide paysan qu'il était. L'avance des troupes soviétiques le sauva d'une situation précaire. Il fut hospitalisé dans un hôpital allemand.
Raphaël a été libéré à Annaberg le 8 mai 1945 ; il est de retour à Dompierre le 12 juin 1945.
Quand il est rentré, il a fallu réadapter son estomac à la nourriture pendant un certain temps, il était obligé de manger toutes les 3 heures.
Il mourut le 4 décembre 1971, emportant avec lui le souvenir des atrocités nazies.
Texte provenant des archives d’André Vandenbossche, son fils.
Madame Arlette Massoule est la seule résistante encore en vie aujourd’hui à Rosières.
En 1943, à 19 ans, toute jeune mariée, elle participe avec ses parents et son mari à la « résistance » contre l’occupation nazie. Distribution de tracts, vente de billets de solidarité dont l’argent servait aux réseaux de Résistants. Son action dans l’armée de l’ombre lui coûtera cher. Dénoncée, elle est arrêtée par la Gestapo avec toute sa famille. Cette nuit du 18 au 19 avril 1944, 27 Rosiérois ont été arrêtés.
Transférée à la Citadelle d’Amiens, internée avec sa mère, alors que son père, son frère et son mari, Pierre Massoule partiront le 2 juillet 1944 à Dachau, dans un des sinistres « train de la mort », avec le célèbre accordéoniste André Verchueren qui, lui, reviendra de cet effroyable voyage en enfer. La prison d’Amiens étant en partie détruite suite aux bombardements de l’opération « Jéricho », elle sera enfermée plus de 5 mois à la Citadelle.
Dans le cadre de la préparation du débarquement en France,en mars 1943, l’Etat Major du Général Eisenhower imagine un plan baptisé « Sussex », visant à mettre en place dans toutes les régions au nord de la Loire qui seraient zone de combats, des équipes de deux agents en civil (un observateur et un radio). Leur mission : s’infiltrer et renseigner 24 h sur 24 l’état-major allié sur l’ordre de bataille allemand.
A Amiens, avec le groupe Charles de Gaulle, M. DEBEAUVAIS met, de juin à août 1944, son garage à disposition de la mission « Drouot » composée du capitaine Marcel BROCHART alias Charot (observateur de l'équipe et chef de mission) et du lieutenant Jean Elisée LART alias Tral (opérateur radio). Ils seront rejoints par la suite par André Guillebaud.
Ce garage était situé au 376 rue de Cagny. Ce lieu, appelé maintenant le Prince noir, a été un coiffeur et maintenant un établissement de l’UNICEF.
Jean Elisée Lart (devant) et André Guillebaud (au fond) dans le garage de la rue de Cagny à Amiens.
Don de Mme Guillebaud au Musée Sussex
Les renseignements fournis ont été utilisés pour favoriser la libération d’Amiens le 31 août 1944, les Britanniques ayant été informés de la faiblesse des défenses allemandes.
Avant de rejoindre la mission "Drouot", André GUILLEBAUD a également participé à la mission « Vitrail » : dans la nuit du 10 au 11 avril 1944, Jacques VOYER (observateur) et André GUILLEBAUD (radio) sont largués dans la région de Chartres. Lors d’une observation de mouvements de troupe, André GUILLEBAUD remarque des « totems » ou insignes d’unités inconnues peints sur des véhicules. Il en fait des croquis rapides et les donne à Jacques Voyer dans l’espoir que ce dernier puisse les identifier. Le 10 juin, alors que VOYER s’approche du convoi pour en savoir plus, il est interpelé par 2 feldgendarm. Les croquis, tombent entre les mains des Allemands ; VOYER tente de s’échapper mais touché de 2 balles tirés par les policiers, il est arrêté et torturé. Il est fusillé le 27 juin 1944 à Lèves (28).
Raymond MARTIN est né le 18 décembre 1921 à Pont de Metz. Il a été arrêté le 25 août 1943 par le BDS Paris (Gestapo), soupçonné de faire partie de la Résistance. Il est incarcéré à la prison d’Amiens.
Pour bon nombre de Messipontins, Raymond Martin avait disparu lors du bombardement de la prison le 18 février 1944 (opération RAMROD 564 dite opération Jéricho), mais ce dernier avait été dirigé vers Compiègne (Royallieu) avant le 22 janvier 1944.
Raymond Martin a été transféré de Compiègne vers BUCHENWALD le 22 janvier 1944, arrivé le 24 janvier sous le matricule 43075 ; Puis transféré vers FLOSSENBURG le 23 février 44 sous le matricule 5251, il a été affecté au Kommando de GRAFENREUTH le 11 avril 44 puis au Kommando de NOSSEN, dépendant tous deux de FLOSSENBURG, retour à FLOSSENBURG le 2 janvier 45.
FLOSSENBURG a été évacué les 19 et 20 avril 45. De 14 à 15.000 détenus, en colonne par 5, sont partis à pied vers le sud. Près de la moitié a été décimée pendant cette marche (marche de la Mort).
Raymond Martin a été libéré le 23 avril 45 par les Américains dans la région de CHAM en Bavière. Il n’a jamais été rapatrié comme beaucoup d’autres qui sont décédés les jours ou semaines après leur libération, vu l’état déplorable de leur santé, causé par toutes les souffrances endurées.
Alfred DIZY est né le 10 novembre 1907 à Vrély et devient ouvrier agricole. Il se marie à Vrély et a deux enfants.
En juin 1942, titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance, il rejoint les FTPF et intègre le groupe "Michel" (pseudonyme de son chef de section Jules Bridoux). Les membres du groupe sont obligés de se cacher et pour se nourrir, ils s’emparent de tickets d’alimentation dans plus de 20 mairies différentes. Il participe à plusieurs attentats dont la destruction de l’écluse de Sailly Laurette ; le déraillement d’une locomotive à Montières ; le déboulonnement des voies à Thézy-Glimont et Fontaine-sur-Somme provoquant le déraillement de deux locomotives et d’un train de marchandises ; déraillement d’un train à Aveluy et à Hangest-en-Santerre (25 soldats allemands morts et 50 blessés graves).
Alfred DIZY , recherché par la Gestapo est arrêté le 21 avril 1943 par la police française dans le quartier Saint-Roch ainsi que dix autres camarades de son groupe. Ils furent tous déférés le 22 juillet 1943 devant le tribunal militaire allemand d’Amiens. Condamnés à mort et internés à la prison d’Amiens, puis fusillés par un peloton d’exécution allemand le 2 août 1943.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune et une rue porte son nom. Une plaque est déposée au pied du monument aux morts de sa commune de résidence, Morlancourt.
Il a reçu la mention : « Mort pour la France » le 28 octobre 1957.
Voir la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron où est retranscrite sa dernière lettre rédigée avant son exécution.
Georges, Maurice, ROBBE est né le 6 avril 1922 à Friville-Escarbotin. Fils d’Alfred ROBBE, ancien boulanger, et d’Antonia (née CARON), ménagère, Georges ROBBE, célibataire, résidait 10 rue Parmentier à Rosières-en-Santerre (Somme).10 rue de Parmentier et travaillait comme ouvrier électricien.
En contact avec un électricien d'Amiens, il rejoint en décembre 1942 le groupe "Michel" (pseudonyme de son chef de section Jules Bridoux) membre des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) avec pour pseudonyme "André". Il participe à de nombreux sabotages de voies ferrées. C'est en revenant d'une mission le 21 avril 1943 qu'il est arrêté dans un café d'Amiens sur dénonciation. Interné à la prison d’Amiens, Georges ROBBE fut déféré le 2 juillet 1943 devant le tribunal militaire allemand FK 580 de la ville, et condamné à mort pour actes de franc-tireur et terrorisme. Un peloton d’exécution allemand le fusilla le 2 août 1943 dans la citadelle d’Amiens, à 6 h 34. Son corps fut reconnu le 11 septembre 1944.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée. Il a été homologué FFI et IR (interné résistant).
Il reçut à titre posthume la croix de guerre avec étoile d’argent et la carte de combattant volontaire de la Résistance.
Voir la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron où est retranscrite sa dernière lettre.