Opération "Ramrod 564" dite opération "Jéricho"
Publié le 16 Février 2024
Document Impérial War Museum
Le 18 février 1944, vers 12 heures, un raid aérien nommé « RAMROD 564 » appelé à tort « Jéricho » était lancé sur la prison d’Amiens de la route d’Albert.
L'attaque fut menée par 18 Mosquito FB Mk VI du Wing 140 de la RAF , couverts par 4 Hawker Typhoons du Squadron 198 conduits par le pilote belge Raymond Lallemant,
sobriquet « Cheval » (ce sobriquet lui avait été donné car il avait pour ami un cheval qui le suivait partout et qui était devenu la mascotte de l'escadrille).
La précision de l'attaque fut relative : sur les 40 bombes lancées, 23 tombèrent dans l'enceinte de la prison, tandis que 13 autres ne ratèrent l'objectif que de peu. Le bâtiment
principal fut gravement touché, une énorme plaque de béton s'effondra et 102 personnes furent tués y compris le personnel allemand se trouvant sur place. Quatre autres bombes ne firent des dégâts qu'à une distance de 250 à 700 mètres de la prison.
Peu de prisonniers s'évadèrent car ils craignaient d'être repris rapidement et exécutés par la Gestapo, et/ou craignaient des représailles sur leurs proches.
Aujourd’hui, reste la mémoire ; une pensée émue pour toutes les victimes de cette tragédie du vendredi 18 février 1944, disparues au cours de la plus machiavélique des opérations d’intoxication de la Seconde Guerre mondiale, comme l’écrira Jean Pierre Ducellier dans son ouvrage : « Le secret du bombardement de la prison d’Amiens du 18 février 1944 » de 2002.
Jacques LEJOSNE
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Pour les 80 ans de l’opération Jéricho La Ville d'Amiens et le Souvenir français organisent une cérémonie, après une interruption de 20 ans des commémorations
Dans un de ses récits de guerre, Pierre DHENAIN racontera que depuis le bombardement
de la prison d'Amiens du 18 février 1944, un nombre important de prisonniers de la Gestapo et de la police allemande sont enfermés dans la Citadelle d'Amiens. Le 17 mai 1944, jour de son arrestation,
il occupe la cellule n°2, une annexe construite dans une des cours qui se compose d'une vingtaine de cases étroites à peine éclairées… Elles étaient destinées aux condamnés à mort, aux détenus tenus au secret, aux durs de la Résistance… "C'est "le Mitard"… Je suis au secret". Au n°4 - Jean Marc Laurent, au n°7 André Carouge… Des échos sonores nous parviennent jusqu'à nos cellules. Dans la nuit du 25 au 26 mai, mon beau frère Georges Matifas a été abattu après un ultime interrogatoire et d'odieux supplices*. Je l'ai appris par l'Occupant de la cellule n°15 Gustave Masson. Son corps sera découvert dans le cimetière privé de l'Hôpital de Dury les Amiens".
* En réalité, Georges Matifas a été abattu à l'Hôpital Philippe Pinel de Dury les Amiens.
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Pierre DHENAIN de Camon, né le 5 avril 1923, était employé de mairie. Il avait rejoint les Francs Tireurs et Partisans. Arrêté le 17 mai 1944, il fut déporté le 2 juillet dans le "Train de la mort" appelé ainsi en raison du nombre élevé des décès survenus durant le voyage. Arrivé au camp de DACHAU le 5 juillet, Pierre DHENAIN est par la suite transféré dans des Kommandos proches de Mannheim, rattachés au camp du Struthof. Il rentre le 25 avril 1945.