Publié le 16 Février 2024

Philippe LECLERC de HAUTECLOQUE, né Philippe de HAUTECLOQUE le 22 novembre 1902 à Belloy-Saint-Léonard, rejoint De GAULLE le 25 juillet 1940 après un long périple, sous le pseudonyme de « Leclerc ».
Dès leur première rencontre, il reçoit la mission de rallier l’Afrique Equatoriale Française à la France libre. C’est chose faite en novembre 1940 lorsque le dernier pays, le Gabon se joint à la France libre.
En 1941, il s’empare de Koufra en Libye et fait le fameux serment avec ses soldats « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »
Après la conquête de la Libye et de la Tunisie, il reçoit le renfort des évadés de France par l’Espagne (les « Manana ») et d’unités des troupes vichystes ralliées de l’Armée d’Afrique ; sa division est rebaptisée 2ème Division blindée (2ème DB) le 24 août 1943.

En Avril 1944, la division regagne l’Angleterre d’où elle débarque en Normandie le 1er août 1944. L’insurrection de Paris commencée le 19 août 1944 reçoit l’appui plus que nécessaire de la 2ème DB qui marche sur Paris qu’elle libère le 25 août. Le lendemain, le Général De Gaulle et le Général Leclerc descendent côte à côte les Champs-Elysées. Il peut alors se diriger vers l’Est et honorer le serment de Koufra : le lendemain de son anniversaire, Strasbourg est libéré.

C’est au début du mois de mai 1945 que ses soldats découvrent les horreurs des camps et s’emparent du « nid d’aigle » d’Hitler à Berchtesgaden. En juin 1945, c’est l’Indochine où il signe, au nom de la France, les actes de capitulation du Japon le 02 septembre 1945. Le 12 juillet 1946, il est nommé inspecteur des Forces terrestres, maritimes et aériennes en Afrique du Nord.
Le 28 novembre 1947, son avion est pris dans une tempête de sable près de Colomb-Béchar en Algérie. Il meurt à  45 ans et 6 jours !

Il est élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume le 23 août 1952.

Anatolie Mukamusoni

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Afin d'honorer sa mémoire, le "Comité picard du Monument Leclerc", créé le 23 décembre 1947, lance une souscription publique, permettant d'ériger place René-Goblet à Amiens un monument en pierre de Pouillenay en Bourgogne. Ce monument est inauguré le 24 juin 1950. Il est d’une hauteur de 12 m, pesant 112 tonnes. Il a la forme d'une colonne avec une croix de Lorraine (symbole de la France libre), montrant le maréchal Leclerc, torse en avant. Sur les flancs, des sculptures en relief, figurant les étapes de la reconquête du territoire colonial et national.

Pour prolonger : le site de la Fondation Maréchal Leclerc de Hautecloque

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Publié le 16 Février 2024

Jean CREPIN naît le 1er septembre 1908 à Bernaville dans une famille d'industriels (usine de boutons depuis 1874).
Polytechnicien, il entre dans l'artillerie coloniale. En août 1940, alors qu'il est à Manoka, au Cameroun, il se rallie au général Leclerc. Il prend part à toutes les campagnes de la 2ème DB (héros de Bir Hakeim) dont il devient début 1944 commandant de l'artillerie. Il joue un rôle important dans la Libération de Paris en août 1944 puis dans la Libération de l'Europe puisqu'il va jusqu'à Berchtesgaden.

Après des missions en Indochine, en octobre 1949, il devient chef d'état-major du ministre de la Défense Nationale. De 1955 à 1958, avec Pierre Guillaumat, il étudie la réalisation d'une arme atomique. En 1960, il est nommé Commandant en chef en Algérie. En 1970, il est vice-président de la SNIAS et Président d'Euromissile.

Le 4 mai 1996, Jean CREPIN décède à Achères, dans la Seine et Marne où il est inhumé. Parcours exemplaire qui fait dire à son petit-fils, Jean René Van Der Platsen dans son livre « La nostalgie de l'honneur » : « Ce héros d'hier pourrait-il, par son exemple, nous inspirer aujourd'hui ? »

Maryse Confrère

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Le 25 mars 2023, au pied du monument du maréchal Leclerc, place René Goblet à Amiens, deux stèles ont été dévoilées, l'une à la mémoire de Jean CREPIN, l'autre à la mémoire de Jacques de GUILLEBON, enterré à Essertaux, au sud d’Amiens, tous deux Compagnons de la Libération.

Pour prolonger : la page qui est consacrée à Jean CREPIN sur le site de l'ordre de la Libération.

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Publié le 16 Février 2024

Monsieur Michel LANGLET naît le 17 juillet 1923. Outilleur de son état, Michel reçoit chez ses parents, en août 1944, une convocation pour le Service du Travail Obligatoire (la police a vérifié 9 fois s'il était parti). Direction Paris, qu'il visite, puis c'est le train pour Cologne puis Stolberg non loin d'Aix la Chapelle. Il travaille dans une usine de balles américaine (elle appartenait à 2 frères, l'un Allemand, l'autre Américain).

Un jour, les Allemands les rassemblent, les font monter dans des wagons à bestiaux ; ils se retrouvent à Buchenwald. Là, quarantaine, désinfection, cheveux coupés et nouveaux vêtements, rayés, légers, dont le pantalon tient avec une ficelle. (Anglais et Américains étant arrivés en Belgique, les STO connurent les mêmes conditions que les déportés). Le travail est dur ; Michel travaille dans une carrière et il faut porter les blocs sur l'épaule. Ensuite Michel part à Dora où on fabrique les V1 et les V2. Là, un Allemand, bien traité pendant la guerre 1914-1918, lui refile son casse-croûte ; Michel lui en est encore reconnaissant car les repas consistaient en une soupe le soir et un morceau de pain le matin.

Las de trimbaler les déportés, les Allemands les envoient à Nordhausen en mai 1945. Lors d'un bombardement à Pâques, ils se sauvent et se réfugient dans une bergerie ; les Allemands les retrouvent et ils vont aller d'un village à l'autre car ils sont encerclés par les Russes et les Américains. Ces derniers les délivrent ; ils ne sont plus qu'une vingtaine.

Comme il n'y plus de train, Michel revient 1 mois après ! Il reprend son travail au bout de 3 mois, après avoir passé une visite médicale. Michel se marie en 1947. Actuellement âgé de 94 ans et demi, Monsieur Michel LANGLET vit seul, aidé de sa fille, dans sa maison avenue Louis Blanc à Amiens.


Témoignage recueilli  au printemps 2018 par Maryse Confrère

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Publié le 16 Février 2024

Document Impérial War Museum

Le 18 février 1944, vers 12 heures, un raid aérien nommé « RAMROD 564 » appelé à tort « Jéricho » était lancé sur la prison d’Amiens de la route d’Albert.

L'attaque fut menée par 18 Mosquito FB Mk VI du Wing 140 de la RAF , couverts par 4 Hawker Typhoons du Squadron 198 conduits par le pilote belge Raymond Lallemant,
sobriquet « Cheval » (ce sobriquet lui avait été donné car il avait pour ami un cheval qui le suivait partout et qui était devenu la mascotte de l'escadrille).

La précision de l'attaque fut relative : sur les 40 bombes lancées, 23 tombèrent dans  l'enceinte de la prison, tandis que 13 autres ne ratèrent l'objectif que de peu. Le bâtiment
principal fut gravement touché, une énorme plaque de béton s'effondra et 102 personnes furent tués y compris le personnel allemand se trouvant sur place. Quatre autres bombes ne firent des dégâts qu'à une distance de 250 à 700 mètres de la prison.

Peu de prisonniers s'évadèrent car ils craignaient d'être repris rapidement et exécutés par la Gestapo, et/ou craignaient des représailles sur leurs proches.

Aujourd’hui, reste la mémoire ; une pensée émue pour toutes les victimes de cette tragédie du vendredi 18 février 1944, disparues au cours de la plus machiavélique des opérations d’intoxication de la Seconde Guerre mondiale, comme l’écrira Jean Pierre Ducellier dans son ouvrage : « Le secret du bombardement de la prison d’Amiens du 18 février 1944 » de 2002.

Jacques LEJOSNE

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Pour les 80 ans de l’opération Jéricho La Ville d'Amiens et le Souvenir français organisent une cérémonie, après une interruption de 20 ans des commémorations

Dans un de ses récits de guerre, Pierre DHENAIN racontera que depuis le bombardement
de la prison d'Amiens du 18 février 1944, un nombre important de prisonniers de la Gestapo et de la police allemande sont enfermés dans la Citadelle d'Amiens. Le 17 mai 1944, jour de son arrestation,
il occupe la cellule n°2, une annexe construite dans une des cours qui se compose d'une vingtaine de cases étroites à peine éclairées… Elles étaient destinées aux condamnés à mort, aux détenus tenus au secret, aux durs de la Résistance… "C'est "le Mitard"… Je suis au secret". Au n°4 - Jean Marc Laurent, au n°7 André Carouge… Des échos sonores nous parviennent jusqu'à nos cellules. Dans la nuit du 25 au 26 mai, mon beau frère Georges Matifas a été abattu après un ultime interrogatoire et d'odieux supplices*. Je l'ai appris par l'Occupant de la cellule n°15 Gustave Masson. Son corps sera découvert dans le cimetière privé de l'Hôpital de Dury les Amiens".

* En réalité, Georges Matifas a été abattu à l'Hôpital Philippe Pinel de Dury les Amiens.

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Pierre DHENAIN de Camon, né le 5 avril 1923, était employé de mairie. Il avait rejoint les Francs Tireurs et Partisans. Arrêté le 17 mai 1944, il fut déporté le 2 juillet  dans le "Train de la mort" appelé ainsi  en raison du nombre élevé des décès survenus durant le voyage. Arrivé au camp de DACHAU le 5 juillet, Pierre DHENAIN est par la suite transféré dans des Kommandos proches de Mannheim, rattachés au camp du Struthof. Il rentre le 25 avril 1945.

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Publié le 16 Février 2024

Cellules de la citadelle de Doullens, photographie de Danielle Cherrier

…" C'est du 27 août 1941 au 31 juillet 1943 que la Citadelle de Doullens devint un camp d'internement administratif. Elle pouvait recevoir jusqu'à 600 internés. Début 1942, on comptait 324 prisonniers politiques dont certains étaient des éléments communistes, des syndicalistes, des responsables d'organisation de gauche. Une surveillance attentive s'imposait. Les contrôles de la police "spéciale", de la kommandantur, de la gendarmerie et des inspecteurs de police étaient sur place avec un personnel comptant au 9 mars 41 personnes d'encadrement.
Les sanctions tombaient rapidement, la Gestapo surveillait les internes avec une "haute main" sur la discipline…".
Trois personnes seront fusillées dans les fossés de la Citadelle de Doullens le 29 juin 1940 après un jugement rendu par le Tribunal militaire allemand.
Le 31 janvier 1943, deux internés "se firent la belle". De nombreux transferts comme ceux de 7 Israélites de la Somme enlevés par les nazis connaîtront la "solution finale".
Les prisonniers, dans leur ensemble, étaient originaires de cinq départements : le Nord, le Pas de Calais, la Somme, l'Oise et l'Aisne."

Extrait d'une intervention d'André Chauvin du 24 mai 1984, Résistant-Déporté, maire honoraire de Saleux, lors d'une Assemblée Générale des Anciens Combattants et Victimes de Guerre.

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Pour prolonger, le site dédié à la citadelle de Doullens

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Publié le 16 Février 2024

Invités par l'Association « Mine de rien », nous avons eu le plaisir de rencontrer, le 12 avril 2018, au lycée Madeleine Michelis, Jean VILLERET, ancien résistant, déporté NN, âgé de 96 ans. Jean VILLERET a commencé en nous disant « mon histoire est une histoire banale ».

Le père de Jean, enfant de l'Assistance publique, fut placé à Canaples puis à Bouquemaison, pour travailler dans des fermes. En 1915, il s'engagea dans l'artillerie et devint Maréchal des logis. Par conséquent Jean s'intéressa à l'histoire. A partir de 1933, il suivit tous les événements qui menèrent à la Seconde Guerre mondiale. Comme tous les jeunes, il ne comprit pas la défaite française.

Alors qu'il faisait l'exode à vélo, il entendit parler de l'Appel du Général de Gaulle. Jean choisit de résister. Avec 3 camarades, il franchit la ligne de démarcation en plein jour. Pour avoir de l'argent, ils travaillèrent dans le charbon de bois, dans le centre de la France. Le 13 février 1942, la loi de Vichy désigna 3 classes de jeunes (1941, 1942, 1943) pour aller travailler en Allemagne. Jean, recherché par la gendarmerie, devint réfractaire. Revenu chez ses parents, il se fit faire une fausse carte au nom de « Moreau ».

Reparti en Région parisienne, il entra dans un réseau FTP communiste. En 1943, plusieurs membres furent arrêtés par la « brigade du crime » ; le 3 février 1943 Jean fut emprisonné à Fresnes par la Wehrmacht. Le 25 mai, il eut la visite de sa mère et de sa sœur qui lui apprirent qu'il allait partir travailler en Allemagne.
Le 7 juillet, enchaînés par 2, ils arrivèrent à Natzweiler-Struthof. Après l'appel, ils durent se déshabiller, se doucher, se badigeonner au grésil, mettre des vêtements avec NN en rouge ; Jean devint le matricule 19410. Dans la baraque, il fut accueilli par un « tu te débrouilles ! ». Là, il retrouva Camille JUILLARD qui lui apporta un peu de réconfort.

Eté 1944, dans des wagons à bestiaux, ils furent dirigés vers Dachau où là ils durent endosser la tenue rayée. Comme Jean était tourneur, il travailla dans une usine en pleine forêt avec de nombreux étrangers à Allach. Les conditions de vie étaient très dures : 5 personnes sur une paillasse ; en hiver la glace formait des stalactites ! Ils devaient porter des sacs de ciment de 50 kg...

Le 22 janvier 1945 ils furent renvoyés à Dachau. Jean qui attrapa un oedème puis le typhus, était complètement à plat. Ils furent libérés le 29 avril 1945 mais le grand souci fut le ravitaillement qu'ils cherchèrent dans des fermes de Bavière.

Après la guerre Jean reprit son métier de tourneur, se maria et eut des enfants. Après avoir été releveur de compteurs, Jean devint moniteur de colonie de vacances puis économe en 1968. A partir de 1971 il géra une maison familiale dans le Val d'Isère jusqu'à la retraite en 1980. Retraite bien remplie puisque Jean VILLERET intervient encore dans les écoles pour que l’on n’oublie pas.

Maryse Confrère

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Jean VILLERET est décédé le 20 novembre 2023 à Créteil (Val-de-Marne) à l'âge de 100 ans. C'était le doyen des  quatre derniers survivants du Struthof.

Une page Wikipedia lui est consacrée, ainsi qu'une fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

 

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Publié le 16 Février 2024

En mai 1940, lorsque les Allemands occupent la ville d’Amiens, j’ai 16 ans, mes parents habitaient rue Saint Fuscien, entre les boulevards extérieurs et la Croix Rompue. A l’époque, c’était encore la campagne – promenade dominicale appréciée des Amiénois qui, à la belle saison, montaient à pied jusqu’au terrain d’aviation populaire – au sommet de la côte de Monjoie.
Autre souvenir moins romantique : plusieurs fois par semaine je voyais revenir de l’entrainement tout un bataillon d’infanterie. J’étais assez impressionné par le chant de marche à deux voix qu’interprétaient ces fantassins en treillis.
Sur le terrain de l’Amiens Athlétic Club, qui existait déjà à cette époque, dissimulé sous un filet de camouflage, un petit avion léger était à la disposition d’un général allemand qui logeait dans la maison de Mr Hartlay, industriel anglais, qui avait dû regagner l’Angleterre à la déclaration de la guerre ; une sentinelle dans sa guérite montait la garde.

Témoignage de M. Jacques DHEILLY aujourd’hui disparu
 

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Publié le 15 Février 2024

Jules Léon Henri GUEANT était né le 1er novembre 1907 à Mailly-Maillet. il était cultivateur, père de 8 enfants.
Il a été arrêté dans la nuit du 10 au 11 juillet 1944 pour faits de Résistance. Le 5 juin 1944 avec un autre résistant ils font sauter le poste d’observation des Allemands situé entre Mailly Maillet et Hébuterne. Internés à la prison d’Amiens, transférés à Compiègne Royallieu, déportés à Buchenwald puis à Neu-Stassfurt dans le dernier train 265 le 17 août 1944 ; ils étaient 1.250 détenus.

Témoignage de Marcel COGIBUS, détenu au camp de Neu-Stassfurt :

j’ai été témoin des tortures subies par Jules Guéant. Il avait été matraqué le jour du vol des pommes de terre aux cuisines, il avait un bras totalement inutilisable, atteint par la gangrène. Il gelait très fort à cette période et les canalisations d’eau étaient gelées. Tous les jours, un groupe de détenus, avec des seaux, allaient chercher de l’eau au puits V ; du fait de ses blessures, Jules ne pouvait porter qu’un seau, alors tous les jours, il avait droit à 10 coups de schlague sur ses fesses. Ça se passait dans les lavabos du camp SS.
Il arrivait, baissait son pantalon, se courbait sur une chaise préparée à cet effet, et le SS lui administrait les 10 coups de schlague, tout cela sans un cri, sans une plainte. Le 20 mars 1945, il mourait.

Il a été reconnu "Mort en déportation" par l'Arrêté du 31 mars 1994.

Un grand moment d’émotion !

Sur la  première photo, le ceinturon de Jules Guéant tel qu’il le portait lors de son arrestation (au 1er trou).

Sur la seconde photo,  le même ceinturon lorsqu’il l’a confié en mars 1945 à LAVACQUERIE. Ce dernier l’a rapporté à sa famille. Le tour de taille correspond à celui d’un enfant de 4 ans.

D'après le témoignage des enfants, René et Claude, de Jules GUEANT

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Publié le 15 Février 2024

Photographie : Courrier Picard

Jacques LEJOSNE, co-président de notre Association, nous a quittés le 1er février 2019 à l’âge de 85 ans. Il était "la mémoire vivante de notre département".

Il avait 11 ans en 1944, quand Amiens a été bombardée par les alliés dans la nuit du 12 au 13 juin. Lui et sa famille se trouvaient à Pont-de-Metz. « Le ciel était chargé de fusées éclairantes et on y voyait comme en plein jour », racontait-il.

Après avoir travaillé dans le bâtiment comme plombier, ensuite comme animateur pour l’Association Amiens, avenir jeunes, il s’est lancé dans la recherche, il a acquis de nombreux documents et cartes postales anciennes et a notamment écrit plusieurs ouvrages sur les quartiers d’Amiens mais également sur la résistance dans l’Amiénois.

Il avait 11 ans en 1944, quand Amiens a été bombardé par les alliés dans la nuit du 12 au 13 juin. Lui et sa famille se trouvaient à Pont-de-Metz. « Le ciel était chargé de fusées éclairantes et on y voyait comme en plein jour », racontait-il. Historien amateur, auteur de plusieurs ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale et la résistance à Amiens, Jacques Lejosne est décédé vendredi 1er février à l’âge de 85 ans. Ses obsèques auront lieu mardi 12 février au crématorium d’Amiens.

Issu du monde ouvrier, il avait d’abord travaillé dans le bâtiment comme chef d'équipe en plomberie-sanitaire avant de devenir animateur de formation pour l'association Amiens Avenir Jeunes. Collectionneur de ce qu'on appelle les vieux papiers et de cartes postales anciennes, il s’est mis à fouiller les archives pour raconter ceux et celles qui ont fait l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les quartiers de sa ville.

Comme l'écrit Estelle Thiebault dans le Courrier Picard :  "Avec ses complices, Jackie et Françoise Fusillier, il va sortir une dizaine de livres sur l’histoire de Saint-Pierre, Saint-Jacques/Saint-Roch, Boutillerie, mais aussi pas moins de 5 livres sur la résistance. Dont un sur les noms des rues amiénoises. Ils ont répertorié une soixantaine de plaques apposées entre 1949 et 1983 à la mémoire des combattants et des victimes de la Seconde Guerre mondiale, dont trente Amiénois."

Depuis de nombreuses années, bien avant le début de notre association dont il a été l’un des membres créateurs, Jacques Lejosne a œuvré pour obtenir un Centre de Mémoire à la Citadelle.

C’est une perte qui laissera un grand vide dans notre association. Nous présentons toutes nos condoléances à la famille.

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Publié dans #In memoriam

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Publié le 15 Février 2024

Les parents de Robert vivaient dans la côte de la route d'Airaines à Abbeville ; c'étaient de petits agriculteurs (2 vaches, 2 chevaux). A Noël 1939, Robert a eu un vélo et quel vélo ! Une famille, dont les enfants étaient grands, a pensé à Robert. Ce vélo était rudimentaire : sans frein, à pignons fixes donc qui fonctionnait sans arrêt ; pour freiner, il fallait pédaler moins vite ou mettre un pied sur la roue ! Pour Robert, qui avait 9 ans, c'était inespéré.

Pendant cette « drôle de guerre », les Airainois voyaient, depuis quelques temps, les réfugiés du Nord et de la Belgique traverser leur petite ville. Les Anglais étant en stationnement sur le terrain de foot, les habitants étaient conscients du danger. Le lundi matin 20 mai 1940, ils entendirent les avions. Le père de Robert, qui avait fait la guerre 1914-1918, emmena sa famille dans un petit chemin creux qui donnait dans le haut de la route d'Abbeville. Après le bombardement, le père décida de partir à Andainville où le frère de Robert avait un copain. La famille entassa ce qu'elle pouvait, y compris le vélo de Robert qui était précieux pour le petit garçon, dans 2 tombereaux tirés par les chevaux. Première étape à Andainville où on fut obligé de laisser le vélo de Robert. Le père décida de traverser la Seine aux Andelys. Un 3éme tombereau se joignit à eux. Il fallut 3 jours pour y arriver. Ensuite direction Vitré puisque l'ordre d'évacuation était l'Ile et Vilaine pour les habitants de la Somme.

Il y avait de l'entraide car des femmes, avec jeunes enfants et personnes âgées, conduisaient des tombereaux.
Les grands parents de Robert, eux, étaient restés pour garder la maison ! Le 31 mai, l'Administration française décidant l'évacuation totale, les grands parents partirent avec les Avelange, eux aussi agriculteurs. Pas de nouvelles ! Ils revinrent avant les parents de Robert. Le retour se fera vers le 10 juillet en passant à Saint André de l'Eure où le père connaissait un ami ; là ils aidèrent à biner les betteraves. Ils eurent l'idée de repasser à Andainville où Robert retrouva, avec bonheur son vélo.
Père et fils revinrent en éclaireurs à vélo. Ils passèrent à Métigny puis empruntèrent la rue de l'Abbé Perdu. Là, ils vécurent un moment pénible ; Airaines était un champ de ruines : les maisons en torchis avaient brûlé, seules restaient les cheminées de briques noircies. Un passage d'environ 3 mètres était bordé de décombres. L'église, en partie bombardée, avait servi d'infirmerie pour quelque 250 blessés français, africains et allemands. Le vide et le silence étaient impressionnants. Leur petite ferme et leur maison en viager étaient détruites. Seule leur restait une petite maison endommagée par un obus près du terrain de foot ; le père l'avait achetée pour le terrain meilleur que celui dans la côte crayeuse de la route d'Abbeville, découragé, il fit demi-tour en voyant le désastre. Après discussion avec sa femme, ils décidèrent de s'installer chez la grande mère maternelle puis dans la petite maison touchée par l'obus.

Je remercie Monsieur Robert Poiret qui a bien voulu me raconter ce souvenir d'enfance. Monsieur Poiret a tenu à souligner le courage des femmes pendant cette triste période de notre Histoire.

Maryse Confrère

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