Publié le 16 Février 2024

Invités par l'Association « Mine de rien », nous avons eu le plaisir de rencontrer, le 12 avril 2018, au lycée Madeleine Michelis, Jean VILLERET, ancien résistant, déporté NN, âgé de 96 ans. Jean VILLERET a commencé en nous disant « mon histoire est une histoire banale ».

Le père de Jean, enfant de l'Assistance publique, fut placé à Canaples puis à Bouquemaison, pour travailler dans des fermes. En 1915, il s'engagea dans l'artillerie et devint Maréchal des logis. Par conséquent Jean s'intéressa à l'histoire. A partir de 1933, il suivit tous les événements qui menèrent à la Seconde Guerre mondiale. Comme tous les jeunes, il ne comprit pas la défaite française.

Alors qu'il faisait l'exode à vélo, il entendit parler de l'Appel du Général de Gaulle. Jean choisit de résister. Avec 3 camarades, il franchit la ligne de démarcation en plein jour. Pour avoir de l'argent, ils travaillèrent dans le charbon de bois, dans le centre de la France. Le 13 février 1942, la loi de Vichy désigna 3 classes de jeunes (1941, 1942, 1943) pour aller travailler en Allemagne. Jean, recherché par la gendarmerie, devint réfractaire. Revenu chez ses parents, il se fit faire une fausse carte au nom de « Moreau ».

Reparti en Région parisienne, il entra dans un réseau FTP communiste. En 1943, plusieurs membres furent arrêtés par la « brigade du crime » ; le 3 février 1943 Jean fut emprisonné à Fresnes par la Wehrmacht. Le 25 mai, il eut la visite de sa mère et de sa sœur qui lui apprirent qu'il allait partir travailler en Allemagne.
Le 7 juillet, enchaînés par 2, ils arrivèrent à Natzweiler-Struthof. Après l'appel, ils durent se déshabiller, se doucher, se badigeonner au grésil, mettre des vêtements avec NN en rouge ; Jean devint le matricule 19410. Dans la baraque, il fut accueilli par un « tu te débrouilles ! ». Là, il retrouva Camille JUILLARD qui lui apporta un peu de réconfort.

Eté 1944, dans des wagons à bestiaux, ils furent dirigés vers Dachau où là ils durent endosser la tenue rayée. Comme Jean était tourneur, il travailla dans une usine en pleine forêt avec de nombreux étrangers à Allach. Les conditions de vie étaient très dures : 5 personnes sur une paillasse ; en hiver la glace formait des stalactites ! Ils devaient porter des sacs de ciment de 50 kg...

Le 22 janvier 1945 ils furent renvoyés à Dachau. Jean qui attrapa un oedème puis le typhus, était complètement à plat. Ils furent libérés le 29 avril 1945 mais le grand souci fut le ravitaillement qu'ils cherchèrent dans des fermes de Bavière.

Après la guerre Jean reprit son métier de tourneur, se maria et eut des enfants. Après avoir été releveur de compteurs, Jean devint moniteur de colonie de vacances puis économe en 1968. A partir de 1971 il géra une maison familiale dans le Val d'Isère jusqu'à la retraite en 1980. Retraite bien remplie puisque Jean VILLERET intervient encore dans les écoles pour que l’on n’oublie pas.

Maryse Confrère

*

Jean VILLERET est décédé le 20 novembre 2023 à Créteil (Val-de-Marne) à l'âge de 100 ans. C'était le doyen des  quatre derniers survivants du Struthof.

Une page Wikipedia lui est consacrée, ainsi qu'une fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.

 

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Publié le 16 Février 2024

En mai 1940, lorsque les Allemands occupent la ville d’Amiens, j’ai 16 ans, mes parents habitaient rue Saint Fuscien, entre les boulevards extérieurs et la Croix Rompue. A l’époque, c’était encore la campagne – promenade dominicale appréciée des Amiénois qui, à la belle saison, montaient à pied jusqu’au terrain d’aviation populaire – au sommet de la côte de Monjoie.
Autre souvenir moins romantique : plusieurs fois par semaine je voyais revenir de l’entrainement tout un bataillon d’infanterie. J’étais assez impressionné par le chant de marche à deux voix qu’interprétaient ces fantassins en treillis.
Sur le terrain de l’Amiens Athlétic Club, qui existait déjà à cette époque, dissimulé sous un filet de camouflage, un petit avion léger était à la disposition d’un général allemand qui logeait dans la maison de Mr Hartlay, industriel anglais, qui avait dû regagner l’Angleterre à la déclaration de la guerre ; une sentinelle dans sa guérite montait la garde.

Témoignage de M. Jacques DHEILLY aujourd’hui disparu
 

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Publié le 15 Février 2024

Jules Léon Henri GUEANT était né le 1er novembre 1907 à Mailly-Maillet. il était cultivateur, père de 8 enfants.
Il a été arrêté dans la nuit du 10 au 11 juillet 1944 pour faits de Résistance. Le 5 juin 1944 avec un autre résistant ils font sauter le poste d’observation des Allemands situé entre Mailly Maillet et Hébuterne. Internés à la prison d’Amiens, transférés à Compiègne Royallieu, déportés à Buchenwald puis à Neu-Stassfurt dans le dernier train 265 le 17 août 1944 ; ils étaient 1.250 détenus.

Témoignage de Marcel COGIBUS, détenu au camp de Neu-Stassfurt :

j’ai été témoin des tortures subies par Jules Guéant. Il avait été matraqué le jour du vol des pommes de terre aux cuisines, il avait un bras totalement inutilisable, atteint par la gangrène. Il gelait très fort à cette période et les canalisations d’eau étaient gelées. Tous les jours, un groupe de détenus, avec des seaux, allaient chercher de l’eau au puits V ; du fait de ses blessures, Jules ne pouvait porter qu’un seau, alors tous les jours, il avait droit à 10 coups de schlague sur ses fesses. Ça se passait dans les lavabos du camp SS.
Il arrivait, baissait son pantalon, se courbait sur une chaise préparée à cet effet, et le SS lui administrait les 10 coups de schlague, tout cela sans un cri, sans une plainte. Le 20 mars 1945, il mourait.

Il a été reconnu "Mort en déportation" par l'Arrêté du 31 mars 1994.

Un grand moment d’émotion !

Sur la  première photo, le ceinturon de Jules Guéant tel qu’il le portait lors de son arrestation (au 1er trou).

Sur la seconde photo,  le même ceinturon lorsqu’il l’a confié en mars 1945 à LAVACQUERIE. Ce dernier l’a rapporté à sa famille. Le tour de taille correspond à celui d’un enfant de 4 ans.

D'après le témoignage des enfants, René et Claude, de Jules GUEANT

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Publié le 15 Février 2024

Photographie : Courrier Picard

Jacques LEJOSNE, co-président de notre Association, nous a quittés le 1er février 2019 à l’âge de 85 ans. Il était "la mémoire vivante de notre département".

Il avait 11 ans en 1944, quand Amiens a été bombardée par les alliés dans la nuit du 12 au 13 juin. Lui et sa famille se trouvaient à Pont-de-Metz. « Le ciel était chargé de fusées éclairantes et on y voyait comme en plein jour », racontait-il.

Après avoir travaillé dans le bâtiment comme plombier, ensuite comme animateur pour l’Association Amiens, avenir jeunes, il s’est lancé dans la recherche, il a acquis de nombreux documents et cartes postales anciennes et a notamment écrit plusieurs ouvrages sur les quartiers d’Amiens mais également sur la résistance dans l’Amiénois.

Il avait 11 ans en 1944, quand Amiens a été bombardé par les alliés dans la nuit du 12 au 13 juin. Lui et sa famille se trouvaient à Pont-de-Metz. « Le ciel était chargé de fusées éclairantes et on y voyait comme en plein jour », racontait-il. Historien amateur, auteur de plusieurs ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale et la résistance à Amiens, Jacques Lejosne est décédé vendredi 1er février à l’âge de 85 ans. Ses obsèques auront lieu mardi 12 février au crématorium d’Amiens.

Issu du monde ouvrier, il avait d’abord travaillé dans le bâtiment comme chef d'équipe en plomberie-sanitaire avant de devenir animateur de formation pour l'association Amiens Avenir Jeunes. Collectionneur de ce qu'on appelle les vieux papiers et de cartes postales anciennes, il s’est mis à fouiller les archives pour raconter ceux et celles qui ont fait l’histoire de la Seconde Guerre mondiale dans les quartiers de sa ville.

Comme l'écrit Estelle Thiebault dans le Courrier Picard :  "Avec ses complices, Jackie et Françoise Fusillier, il va sortir une dizaine de livres sur l’histoire de Saint-Pierre, Saint-Jacques/Saint-Roch, Boutillerie, mais aussi pas moins de 5 livres sur la résistance. Dont un sur les noms des rues amiénoises. Ils ont répertorié une soixantaine de plaques apposées entre 1949 et 1983 à la mémoire des combattants et des victimes de la Seconde Guerre mondiale, dont trente Amiénois."

Depuis de nombreuses années, bien avant le début de notre association dont il a été l’un des membres créateurs, Jacques Lejosne a œuvré pour obtenir un Centre de Mémoire à la Citadelle.

C’est une perte qui laissera un grand vide dans notre association. Nous présentons toutes nos condoléances à la famille.

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Publié le 15 Février 2024

Les parents de Robert vivaient dans la côte de la route d'Airaines à Abbeville ; c'étaient de petits agriculteurs (2 vaches, 2 chevaux). A Noël 1939, Robert a eu un vélo et quel vélo ! Une famille, dont les enfants étaient grands, a pensé à Robert. Ce vélo était rudimentaire : sans frein, à pignons fixes donc qui fonctionnait sans arrêt ; pour freiner, il fallait pédaler moins vite ou mettre un pied sur la roue ! Pour Robert, qui avait 9 ans, c'était inespéré.

Pendant cette « drôle de guerre », les Airainois voyaient, depuis quelques temps, les réfugiés du Nord et de la Belgique traverser leur petite ville. Les Anglais étant en stationnement sur le terrain de foot, les habitants étaient conscients du danger. Le lundi matin 20 mai 1940, ils entendirent les avions. Le père de Robert, qui avait fait la guerre 1914-1918, emmena sa famille dans un petit chemin creux qui donnait dans le haut de la route d'Abbeville. Après le bombardement, le père décida de partir à Andainville où le frère de Robert avait un copain. La famille entassa ce qu'elle pouvait, y compris le vélo de Robert qui était précieux pour le petit garçon, dans 2 tombereaux tirés par les chevaux. Première étape à Andainville où on fut obligé de laisser le vélo de Robert. Le père décida de traverser la Seine aux Andelys. Un 3éme tombereau se joignit à eux. Il fallut 3 jours pour y arriver. Ensuite direction Vitré puisque l'ordre d'évacuation était l'Ile et Vilaine pour les habitants de la Somme.

Il y avait de l'entraide car des femmes, avec jeunes enfants et personnes âgées, conduisaient des tombereaux.
Les grands parents de Robert, eux, étaient restés pour garder la maison ! Le 31 mai, l'Administration française décidant l'évacuation totale, les grands parents partirent avec les Avelange, eux aussi agriculteurs. Pas de nouvelles ! Ils revinrent avant les parents de Robert. Le retour se fera vers le 10 juillet en passant à Saint André de l'Eure où le père connaissait un ami ; là ils aidèrent à biner les betteraves. Ils eurent l'idée de repasser à Andainville où Robert retrouva, avec bonheur son vélo.
Père et fils revinrent en éclaireurs à vélo. Ils passèrent à Métigny puis empruntèrent la rue de l'Abbé Perdu. Là, ils vécurent un moment pénible ; Airaines était un champ de ruines : les maisons en torchis avaient brûlé, seules restaient les cheminées de briques noircies. Un passage d'environ 3 mètres était bordé de décombres. L'église, en partie bombardée, avait servi d'infirmerie pour quelque 250 blessés français, africains et allemands. Le vide et le silence étaient impressionnants. Leur petite ferme et leur maison en viager étaient détruites. Seule leur restait une petite maison endommagée par un obus près du terrain de foot ; le père l'avait achetée pour le terrain meilleur que celui dans la côte crayeuse de la route d'Abbeville, découragé, il fit demi-tour en voyant le désastre. Après discussion avec sa femme, ils décidèrent de s'installer chez la grande mère maternelle puis dans la petite maison touchée par l'obus.

Je remercie Monsieur Robert Poiret qui a bien voulu me raconter ce souvenir d'enfance. Monsieur Poiret a tenu à souligner le courage des femmes pendant cette triste période de notre Histoire.

Maryse Confrère

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Publié le 15 Février 2024

Le 18 août 1944, dans les bois de Lucheux, au lieudit « le Wattron » ou « le bois Morel », deux ouvriers : Emile GALET et Maurice MOREL – qui oeuvraient à la production (ou fabrication) de charbon de bois pour les Ets Saint Frères dont ils étaient les salariés, sont arrêtés par les Allemands. Tous deux habitaient le village de VIGNACOURT (Somme) au moment des faits.

En ce qui concerne Maurice MOREL, un tragique destin s’annonce. Le jour de son arrestation il est enfermé à la prison de la Citadelle d’Amiens, ce jusqu’au 26 août 1944, jour où il sera transféré à la prison de Loos lez Lille (Nord). Il y restera en détention jusqu’à son départ en déportation par le transport connu depuis la Libération sous le nom du « Train de Loos », en gare de Tourcoing (Nord) le vendredi 1er septembre 1944. S’en suivra un long et pénible périple à travers la Belgique et un passage par la Hollande pour redescendre ensuite vers l’Allemagne :
COLOGNE, arrivée le 3 septembre 1944, départ le 6 septembre 1944.
ORANIENBOURG – SACHENHAUSEN, arrivée le 7 septembre 1944, départ le 16 octobre 1944.
Sa-bloc 37/38 – n° de détenu : 97709
RAVENSBRÜCK – n° de détenu 11224
KARLSHAGEN, ILE D’USEDOM (Mer Baltique), arrivée le 17 octobre 1944 NON RENTRE. Maurice MOREL décédera le 3 mars 1945 au camp de KARLSHAGEN (Peenemünde) – ILE D’USEDOM (Mer Baltique) dans sa 41ème année (acte de décès n°12). Il laissera une veuve, Renée et un petit garçon, Pierre, alors âgé de 27 mois. A son retour de déportation, un camarade d’infortune Mr Roger FLAMBRY, domicilié à REBREVIETTE (Pas de Calais) attestera avoir vu mourir Maurice MOREL des suites de manque de nourriture, travail forcé et mauvais traitement. Il ajoutera : iI est décédé épuisé.

Quant à Emile GALET, un destin non moins tragique s’annonçait également pour lui. Il semble qu’il aurait eu un parcours en tout point identique à celui de Maurice MOREL. Selon son acte de décès (n°10), il est mort à USEDEM (Allemagne) le 15 janvier 1945.

Ces tragiques arrestations suscitent encore de nos jours bien des controverses, et nourrissent toujours de tenaces rancœurs. Il aura fallu, malgré les fortes oppositions venues de la part d’anciens membres du réseau de Résistants de Lucheux et /ou de leurs descendances, toute l’opiniâtreté et le courage de Mr Pierre TRZCIALKOWSKI, Maire de l’époque, auquel il y a lieu d’associer Mr Pierre LALOI, secrétaire de mairie, initiateur de la démarche, pour que les noms de ces deux malheureuses victimes soient gravés sur le Monument aux Morts de la ville. A l’occasion de la Journée nationale des Déportés, une cérémonie d’inauguration a eu lieu le dimanche 30 avril 2006, à laquelle assistaient le fils de Maurice Morel, ainsi que la fille de Roger FLAMBRY.

Témoignage de Mr Pierre Morel de Vignacourt

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Publié le 15 Février 2024

Mai 1940, à l'approche de l'ennemi, la ville de Moreuil avait été évacuée par les civils ; le 5 juin, des incendies sont allumés un peu partout, des ruines s'accumulent sous les bombardements. La rue Thiers, la place de la Seine-Inférieure, la rue Pasteur, l'entrée de la rue Victor Gaillard, l’hôtel de Ville et l'église ont été atteints.
Une dramatique situation mettant en fuite de nombreux Moreuillois. "Le Progrès de la Somme" dont le siège provisoire se trouvait à Lorient indique en sous-titre : "Le journal des réfugiés originaires de Picardie" fait de la place pour évoquer le sort des exilés, là où ils se trouvaient. L'espoir de se revoir ranime les courages abattus. Dans le sauve qui peut général, ou presque, on retrouve par le biais de la presse en question : Marcel FERBUS, Maire de Moreuil à Quetreville (Manche), le doyen et le vicaire de la commune à Igé (Orne), la pouponnerie du docteur RUIN à Ambrures (Mayenne), la Société Nouvelle des Anciens Etablissements BOULY au 89 rue Réaumur à Paris, des réfugiés sont à Saint-Colasse-en Sarthe (Orne)...

Un contexte particulier où certains Moreuillois n'étaient pas au courant qu'une bataille se déroulait au sud d'Amiens avant l'entrée des troupes allemandes dans Moreuil et ses environs. Amiens a perdu ses derniers combats.
Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain demandait l'Armistice. Peu à peu la population rentrait chez elle. En sens inverse, elle reprenait le chemin du retour, porteur des fardeaux et hardes emportés précipitamment.
Le 4 août 1940, 53,57% des habitants de la Somme étaient revenus pour atteindre 65,58% le 20 août selon les statistiques.

Peu avant ces retours, le "Progrès de la Somme" écrivait : "La vie commande ; soyons aujourd'hui digne d'hier. Haussons nos énergies au niveau de l'adversité, car c'est dans le malheur qu'un peuple peut offrir au monde qui le regarde les prestigieux spectacles de son éternelle grandeur. " De belles paroles pour les familles qui hélas s'apprêtaient à vivre des moments douloureux sous l'occupation allemande.

Jacques Lejosne,  Les Lagache, une famille Moreuilloise dans la tourmente, 2012

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Publié le 15 Février 2024

Une cérémonie était organisée le samedi 31 août 2019 au Poteau des Fusillés à la Citadelle d’Amiens pour commémorer le 75ème anniversaire de la Libération d’Amiens et rendre hommage aux 35 patriotes exécutés dans ce lieu.

A la suite de cette manifestation, une plaque a été dévoilée, à l’initiative de la mairie de Mers les Bains, en l’honneur de trois Mersois (Jules MOPIN, André DUMONT et Ernest LESEC, qui ont été exécutés à cet endroit.
Etaient présents, Madame FOURE, Maire d’Amiens, Monsieur GEST, Président d’Amiens métropole, Madame POMPILI, député de la Somme, Monsieur MAQUET, député de la Somme, Monsieur JARDE Conseiller départemental, Monsieur le sous-préfet d’Abbeville, Monsieur DELEPINE, Maire de Mers les Bains de même que des membres des familles qui ont lu des extraits des dernières lettres de leur parent.


Jackie FUSILLIER


- LESEC Ernest Pascal François : né le 29 novembre 1918 à Beaufort en Vallée (Maine et Loire), lieutenant de la Marine Marchande, capitaine FFI, domicilié 14 Rue Devisme à Mers les Bains, membre de la 3ème compagnie F.T.P. il entreprend des opérations périlleuses comme des déraillements. Il fut arrêté par la police française et remis à la Gestapo. Une rue porte son nom à Mers les Bains.

- MOPIN Jules Eugène Lucien : né le 25 janvier 1921 à Mers les Bains. Jeune volontaire de la Résistance. Ouvrier verrier à Mers, domicilié dans la même commune, 4 avenue Saint-Martin, soldat FFI, entre aux F.T.P. dès 1942. Il participe à de nombreux déraillements avant d'être capturé le 17 avril 1943 et livré à la Gestapo d'Abbeville puis amené à Amiens. Torturé. Une rue porte son nom à Mers les Bains.

- DUMONT André Henri : pseudo « Fred, matricule 1611 », né le 6 août 1920 à Mers les Bains, célibataire, électricien, demeurant rue d'Ault à Mers, héros du maquis de Barneville (Seine Inférieure), auteur de plus de 30 actions entre novembre 1942 et le 24 août 1943 date de son arrestation, il sera fusillé le 5 février 1944 à 8h30 après avoir laissé une lettre poignante à ses parents et clamé sa haine de l'oppresseur selon le prêtre qui l’assista. Il sera retrouvé dans le charnier de la Citadelle.

Intervention de M. Delépîne, maire de Mers-les-Bains lors de la pose d'une plaque sur le site du "poteau des fusillés" à la citadelle d'Amiens, le 31 août 2019. 

Photographie Julie Mabileau/ Courrier Picard

Notre visite ici-même, l'an dernier, (et je profite de l'occasion pour remercier de nouveau la personne qui nous avait fort agréablement accueillis et guidés), avait ravivé une demande émanant de l'une des familles de nos trois Résistants Martyrs fusillés mersois que nous honorons ce soir, souhait formulé plus précisément par Bertrand MOPIN, neveu de Jules MOPIN.
C'est avec infiniment d'émotion que nous voyons, en ce 75ème anniversaire de la Libération, la concrétisation de ce projet. Ainsi, sur les lieux mêmes de leur supplice, cette plaque rappellera à tous ce que fut leur engagement, leur parcours, leur idéal, leur héroïsme devant lesquels nous devons bien reconnaître notre insignifiance, vous en conviendrez !
Le courage exceptionnel dont ils ont fait preuve jusqu'au moment ultime, après avoir été très souvent lâchement et sauvagement torturés sans jamais avoir parlé, vient d'être rappelé. La ville de Mers-les-Bains berceau de la résistance picarde, s'inscrit de nouveau dans cet impérieux devoir : « que le sacrifice de ses enfants ne soit jamais occulté. »

Les familles, et nous-mêmes, tenons à remercier vivement toutes les personnes ou personnalités qui ont permis, que sur cet espace, lieu sacré, la mémoire de nos trois Mersois demeure toujours présente, en y associant naturellement tous leurs compagnons et camarades sacrifiés dans cette enceinte.

Toute notre reconnaissance à vous, Madame la Maire d'Amiens, un très grand merci aux Services du protocole et aux Services Techniques de la ville d'Amiens, merci à Fabrice, précieux relais, merci à M. l'Architecte des Bâtiments de France pour son implication.
Merci à vous, Familles, qui avez pu nous rejoindre, votre présence confère à la cérémonie de ce soir toute la puissante et nécessaire signification dont elle a besoin.

André DUMONT, Ernest LESEC, Jules MOPIN… Voyez, 75 ans plus tard, nous sommes là ! La ville qui vous a vu grandir, ne vous a jamais oubliés.
Que vos noms continuent de résonner pour toujours dans la mémoire collective et dans nos coeurs !
Michel DELÉPINE, Maire de Mers-les-Bains.

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Publié le 15 Février 2024

Le 7 juin 1940, 33 soldats français appartenant au 41ème Régiment d’Infanterie, 19ème Division, tombèrent sous les balles des S.S.

Après avoir évité un groupe d’auto mitrailleuses ennemis en s’échappant à travers champs, le groupe, composé d’une quarantaine d’hommes commandé par le sous-lieutenant Primel se dirigea vers Beaufort en traversant la plaine avec leurs armes individuelles et un fusil mitrailleur. Après avoir contourné Warvillers, ils se trouvent face à une mitrailleuse. Croyant avoir à faire à des Français, ils crient qu’ils l’étaient aussi. Essayant sans succès de repérer l’arme, le sous-lieutenant Primel décide alors qu’il devait se rendre.

Les Allemands les conduisirent dans un petit chemin à environ 500 mètres de Beaufort. Le sous-lieutenant Primel, parlant allemand, parlementa avec eux puis ses hommes le virent partir à bord d’un side-car ; ils se retrouvaient seuls. Quelques minutes après, les soldats S.S. de la Wehrmacht arrivèrent et commencèrent leur sale besogne. Il y eut 4 survivants, l’un blessé, mourut à Beaufort ; un second, grièvement blessé, mourut à l’hôpital de Marcoing près de Cambrai, le troisième Francis VASLET et le quatrième le caporal DELATOUCHE, auteur du témoignage qui suit.

Extraits du témoignage du caporal Delatouche, l’un des survivants :

 On nous fait avancer sur du terrain labouré entre du trèfle et du blé, environ 50 mètres devant ces mitrailleuses ; mais là je vous dirai qu’on a compris. On voyait que l’on allait mourir. Notre cœur ne fait plus qu’un tic-tac. On nous tasse dans un rond, debout, serrés les uns contre les autres. On nous frappe… mais non, c’est fini ; voilà les deux armes en action. C’est un vrai massacre... Le tir est fini, et miraculeusement je me tire sans aucune blessure. Seulement, je ne bouge pas, je fais le mort. Maintenant, sans pitié pour nous, c’est au révolver que l’on nous domine. C’est fini ; je désespère ; j’attends une balle. Deuxième chance, la balle me passe entre les oreilles, je m’en tire encore. On n’entend plus rien ; je crois qu’ils sont déjà tous morts. Pichouron expire couché sur moi.

Maintenant que va-t-il se passer ? J’attends de nouveau. Voilà encore les deux mitrailleuses en action. De ce coup je me dis : c’est fini. Non !! Tir terminé… mais je continue toujours de faire le mort ; je suis couvert du sang de mes camarades. Quelques heures se passent. Je suis toujours immobile. Tout à coup une voix se fait entendre : « Y en a-t-il qui n’ont rien ? » Moi, je réponds : on se barre… Tous les deux nous avons fait 2 kilomètres en rampant. Tout à coup nous apercevons deux ennemis venant dans notre direction ; moi, je me planque dans des ronces ; mon copain un peu plus loin ; pas de chance, mon copain est ramassé ; il est prisonnier… Il a été emmené à Cambrai puis en Allemagne.

Le lendemain samedi 8 juin quand je ne voyais rien j’allais manger des fraises ; pendant 9 jours j’ai mené cette vie, quand j’ai vu des premiers réfugiés rentrer. Veine, ils étaient de Rosières. J’ai été avec eux pendant un mois, j’ai vécu avec ces braves gens, avant de prendre le chemin du retour.

***

Souvenirs et témoignages sur les opérations et les combats de la 19° division pendant la guerre 1939 – 1940 ; 41° Régiment d’infanterie ;

Remerciements à André Van Den Bossche pour le prêt des documents

RP Louis Bourdais

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Publié le 15 Février 2024

Photo ECPAD https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/conde-folie

En juin 1940, les nazis décident de traverser la Somme pour se diriger vers Paris. Le plan de Rommel est d'utiliser les ponts et voies ferrées secondaires pour franchir le canal et la route D 218 pour rejoindre la ligne Paris-Calais, accessible grâce aux raids répétés dans la nuit du 4 au 5 juin. Le génie allemand a déboulonné les rails et dégarni les ponts permettant aux chars de circuler sur le remblai puis par un plan incliné gagner la route 218 puis Hangest.
La défense de Condé Folie est confiée à la 2ème Cie du 1er Bataillon du 53ème RICMS commandée par le Capitaine Magnien (le 53ème avait été formé en 1939 d'hommes originaires du Languedoc, du Roussillon, du Massif Central et complété en 1940 par un détachement sénégalais).

Le 5 juin, le village est attaqué massivement ; l'armée française résiste de maison en maison. Les nazis finissent par utiliser des lance-flammes pour l'anéantir : 200 soldats tués. De même à Airaines ; c'est encore le 53ème RICMS commandé par le capitaine N'Tchoréré (originaire du Gabon) qui a résisté ; racistes, les nazis ont abattu le capitaine d'une balle dans la tête. Dans le village voisin, à Longpré-les-Corps-Saints, les Africains, retranchés dans les caves ont été exterminés aux lance-flammes. Ce massacre, ainsi qu'un terrain communal près de l'église expliquent le choix de Condé Folie pour ensevelir toutes les victimes de la barbarie nazie en 1940 dans la région.

Jusqu'en 1955, les corps ont été inhumés dans de nombreuses communes du département. A la fin de l'année, la majorité des corps fut rassemblée au Cimetière National de Condé Folie, vaste nécropole de près de 3000 soldats dont 1000 Inconnus.

Maryse Confrère
Sources : Courrier Picard : 23 et 24 juillet 1955, 29 septembre 1955

Antoine Redier, Gestes français, Editions Xavier Mappus, 1944

Remerciements à Monsieur Flesselle, habitant de Condé Folie et passionné de la Seconde Guerre mondiale
« Gestes français » de 1944

Pour prolonger  : le site Chemins de mémoire

 

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