Publié le 15 Février 2024

Photo ECPAD https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/conde-folie

En juin 1940, les nazis décident de traverser la Somme pour se diriger vers Paris. Le plan de Rommel est d'utiliser les ponts et voies ferrées secondaires pour franchir le canal et la route D 218 pour rejoindre la ligne Paris-Calais, accessible grâce aux raids répétés dans la nuit du 4 au 5 juin. Le génie allemand a déboulonné les rails et dégarni les ponts permettant aux chars de circuler sur le remblai puis par un plan incliné gagner la route 218 puis Hangest.
La défense de Condé Folie est confiée à la 2ème Cie du 1er Bataillon du 53ème RICMS commandée par le Capitaine Magnien (le 53ème avait été formé en 1939 d'hommes originaires du Languedoc, du Roussillon, du Massif Central et complété en 1940 par un détachement sénégalais).

Le 5 juin, le village est attaqué massivement ; l'armée française résiste de maison en maison. Les nazis finissent par utiliser des lance-flammes pour l'anéantir : 200 soldats tués. De même à Airaines ; c'est encore le 53ème RICMS commandé par le capitaine N'Tchoréré (originaire du Gabon) qui a résisté ; racistes, les nazis ont abattu le capitaine d'une balle dans la tête. Dans le village voisin, à Longpré-les-Corps-Saints, les Africains, retranchés dans les caves ont été exterminés aux lance-flammes. Ce massacre, ainsi qu'un terrain communal près de l'église expliquent le choix de Condé Folie pour ensevelir toutes les victimes de la barbarie nazie en 1940 dans la région.

Jusqu'en 1955, les corps ont été inhumés dans de nombreuses communes du département. A la fin de l'année, la majorité des corps fut rassemblée au Cimetière National de Condé Folie, vaste nécropole de près de 3000 soldats dont 1000 Inconnus.

Maryse Confrère
Sources : Courrier Picard : 23 et 24 juillet 1955, 29 septembre 1955

Antoine Redier, Gestes français, Editions Xavier Mappus, 1944

Remerciements à Monsieur Flesselle, habitant de Condé Folie et passionné de la Seconde Guerre mondiale
« Gestes français » de 1944

Pour prolonger  : le site Chemins de mémoire

 

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Publié le 15 Février 2024

Le tribut payé par Villers-Bretonneux est lourd.
Les miliciens et agents français, à la solde de la Gestapo, seront nombreux, répartis sur notre territoire. Aussi aberrant que cela puisse paraître, il existe de tels individus. Ces parias, des dégénérés, dénonceront des personnes appartenant aux partis politiques.
La milice, à l’origine, prétend être une manière de la « chevalerie », l’élite active de cette grande masse, un peu floue qu’est la légion des combattants. Son chef, Darnand est un héros des deux guerres, l’homme des coups de main et des corps francs, foncièrement anti allemand, qui finira par servir sous l’uniforme de la Wehrmacht.
Des bienpensants adhérents à la milice par anti communisme aveugle ; leur recrutement variera d’un département à l’autre, tantôt récoltant l’ancien personnel des lignes, tantôt groupant des jeunes écoeurés de la défaite.
A côté d’eux vont s’agglomérer bientôt des hommes de main, repris de justice ou voyous à qui la milice permettra d’assouvir leur cynisme.
La milice comptera jusqu’à 15 000 hommes à son école à Uriage où sont censés se préparer ceux de demain qui seront les maîtres à agir et à penser du pays, ce qui n’empêchera pas certains d’entre eux de piller et de violer.
Ces inconscients cherchant, pour se justifier, des alibis : ils font valoir que jamais ils n’ont combattu contre les forces régulières françaises : les maquisards, évidemment, à les croire, sont des hors la loi, des bandits.

Parmi les combattants des maquis ou la Résistance, ils distinguent arbitrairement les bons des mauvais. L’Armée secrète passe encore, sauf à partir de 1944, ce sont d’anciens militaires mais les F.T.P, ces terroristes communistes sont dignes de leur exécration.
Ils les dénoncent aux Allemands et s’ils les font prisonniers, ils les fusillent sur le champ.
C’est le mariage milice et Gestapo, une association redoutable pour les Résistants et sympathisants politiques.

Villers-Bretonneux aura le triste privilège de voir arriver l’un de ces individus, inconnu de la population. Importation féminine ? Vivant en concubinage ou mission précise ? Peut-être l’un engendrant l’autre ? Quoi qu’il en soit, des plus néfastes pour les patriotes.
L’état civil de Groslay (aujourd'hui dans le Val-d'Oise) précise : « naissance le 14 juillet 1912 de JUSSERAND Kléber, Albert, Eugène, alors que celui d’Amiens révèle du nommé ci-dessus « décédé le 16 Juin 1945 à la caserne Boyeldieu ». Il avait été jugé par le tribunal militaire pour ses exactions antérieures.
Le garde voix HOURRIER fera lui aussi parler de ses actes.


Il faut rendre un hommage plein de déférence aux 24 déportés politiques, dont certains furent des Résistants qui ont subi tortures, privations, coups . . .
Parmi eux, 14 mourront dans les camps, certains viendront mourir dans leur famille.
Les autres, suite à leurs souffrances, le temps leur sera compté ; ils mourront prématurément dans les années qui suivirent 1945. »

Robert DESAEGHER


Extrait de : VILLERS-BRETONNEUX : 31 août 1944 LA LIBERATION par le Lieutenant-Colonel Iréné JUBRE

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Publié le 15 Février 2024

Le 31 Août 1944, à la Libération, la plupart des forces vives de notre bourg sont absentes.
- 125 des nôtres sont en captivité en Allemagne,
- 24 sont déportés politiques, 14 mourront en déportation.
- 13 soldats morts pour la France
- 2 fusillés morts pour la France
- 20 civils morts pour la France
- 32 jeunes sont partis Outre-Rhin au titre du S.T.O (Service du Travail Obligatoire).
Quelques-uns sont dans le maquis, d’autres, réfractaires au S.T.O., trouveront refuge chez un parent ou dans une ferme de la région.
Sans avoir le chiffre officiel, sur 3500 habitants, il ne reste pas 10 hommes de 25 à 40 ans à Villers ayant fait un service militaire et aptes au combat à cette date.
Sur ce chiffre, parmi les plus dynamiques, une quantité importante a été discrètement pressentie pour savoir si le moment venu, il était possible de compter sur leur dévouement.
Pour le reste, il était certain que le jour J, ils viendraient grossir les rangs.
Certes, c’était peu mais beaucoup, étant donné que nous ne disposions pas d’armement à l’exception de quelques pistolets.
Les camarades contactés avaient servi en 1940 dans toutes les armes de l’armée française, les plus appréciés étaient ceux venant de l’Infanterie qui savaient se servir des armes portatives et utiliser le terrain.
Nous ne pouvions procéder à aucun entraînement de masse puisque tout se déroulait dans la clandestinité.
Les collaborateurs et les dénonciateurs auraient tôt fait d’en averti la Gestapo.
Enfin, nous n’avions pas le choix : il fallait accrocher l’ennemi en temps opportun sans préparation et avec ce dont nous disposions.
Notre potentiel le plus marquant tenait en un moral à toute épreuve ; toutefois, c’était peu devant un ennemi armé jusqu’aux dents.
En notre faveur, le soutien de la population et la connaissance des lieux.


Robert DESAEGHER
 

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Publié le 15 Février 2024

Plusieurs réseaux existaient à Nesle : les Francs Tireurs, le Front National et l’OCM (l'Organisation civile et militaire). Tous ces Résistants se connaissaient, agissaient pour saper le moral de l’Occupant.
Le responsable local de la Résistance était Mr Henri DIEU qui tenait le café « au Lion d’or » sur la place d’armes. Alfred TERREUX, électricien, rue du faubourg St Léonard, était aussi un grand résistant : il n’hésitait pas à participer à la distribution de tracts et d’affiches. Son apprenti, Pierre DENJEAN, 18 ans, plus connu sous le nom de « Pierrot », faisait partie des FTP comme Michel PECQUET. Il y avait des planques un peu partout en ville, notamment chez Mr René RANSON, propriétaire du café « A l’écu de France ». Les Résistants pouvaient compter sur des aides comme celle d’Achille LANGLET, responsable militaire.
Pierre LE ROY était également un Résistant de la première heure. C’est lui qui a posé la bombe provoquant l’explosion de la distillerie de Nesle le 11 novembre 1943. Pierre DENJEAN Alfred TERREUX, Firmin un autre résistant, Michel PECQUET furent arrêtés le 18 novembre 1943 suite à un piège tendu par les Allemands, par l’intermédiaire d’un milicien se faisant passer pour un évadé de la prison de Doullens, voulant rejoindre l’Angleterre. Ils furent conduits au siège de la Gestapo à Amiens rue Jeanne d’Arc où ils subirent de nombreux interrogatoires, souvent violents. Le lendemain, ce fut au tour de Victor ROULLE, qui avait fourni la bombe.
Pierre LE ROY sa femme et sa fille « Nenette » furent arrêtés à leur tour le 30 novembre. Pierre LE ROY fut exécuté le 17 janvier 1944 dans les fossés de la Citadelle d’Amiens. Sa fille, fut déportée à Auschwitz d’où elle eut la chance de revenir. Michel PECQUET fut emmené dans un camp de concentration près de Hambourg, il n’en reviendra que le 29 mai 1945.
Alfred TERREUX, suite au bombardement de la prison d’Amiens, réussit à se sauver mais revient à la Citadelle se constituer prisonnier, craignant des représailles contre ses copains et les habitants de Nesle. Il fut ensuite transféré à Paris puis au camp de Natzweiler – Struthof en Alsace d’où il repart le 6 septembre pour Dachau où il succombe le 12 avril 1945.

La ville de Nesle a été décorée de la croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent le 12 novembre 1948.

Extraits du tome II  Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)

***

A la suite de la parution de cet article,  madame Véronique Bruyer de Bacouel sur Selle (Somme) évoque  les figures de son grand père Henri  DIEU et de son père qui portait le même prénom Henri.

Henri Jean-Baptiste Dieu est né  le 12 septembre 1886 à  Villers Bretonneux (Somme). Il servit pendant la Première Guerre mondiale au sein du 227e régiment d'artillerie de campagne (227e RAC). Il fut décoré de la Croix de Guerre.

Chef cuisinier et propriétaire du restaurant le Lion d'Or à Nesle, Henri DIEU s'engage dans la Résistance au sein de Front National. Son fils qui à l’époque avait une vingtaine d’année joua le rôle de coursier. C’est sur son vélo qu’il partait distribuer quelques messages importants aux personnes du réseau des résistants. Messages bien cachés à l’intérieur des feux avant dynamo de son vélo ou des messages codés dans son porte monnaie.

Après son arrestation, Henri DIeu était incarcéré à la prison d'Amiens quand le bombardement a eu lieu le 18 février 1944. Sorti indemne de sa cellule, il ne s’est pas évadé et très vite il est allé porter secours aux autres prisonniers blessés. Quelques mois après il est libéré pour bonne conduite mais il est revenu chez lui très amaigri et affaibli par le manque de longues nuits de sommeil suite aux interrogations qu’il avait subi pendant ses longs mois d’arrestation.

A la libération il fut heureux de retrouver sa passion après la guerre de 39/45 dans son hôtel restaurant «Le Lion d’Or» à Nesle. Henri Dieu est décédé le 21 mai 1961 à Villers Bretonneux, à l'âge de 74 an. Un discours pour honorer sa mémoire fut prononcé ce jour par ses amis de la résistance.

Henri Dieu était titulaire  de la croix du Combattant Volontaire de la Résistance. 

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Publié le 15 Février 2024

Le 8 novembre 1943, mourut à Rouen Monsieur Maurice COMPAGNON, il était né à Nesle le 16 janvier 1924. Pour se soustraite aux obligations du service du travail en Allemagne (STO), il passe dans les rangs de la Résistance active.
Il rejoint le maquis de Barneville – sur –Seine, où, les armes à la main, il harcèle les troupes de l’Occupant. Les déraillements, sabotages et coups de main qu'il organise, préludent déjà aux opérations qui nous mènent à la Libération.
Son groupe assiégé par des forces de répression, dans les grottes de Courmont, il livre combat. Le 24 août 1943, il doit se rendre et est fait prisonnier et interné à la prison de Rouen pour y être jugé et condamné à mort. Il a été fusillé le 8 novembre 1943.

Citation :
Maquisard de Barneville- sur- Seine, fait prisonnier au cours de l’attaque des grottes de Courmont, le 24 avril 1943, condamné à mort et fusillé au Madrillet Grand-Quevilly (Rouen) le 8 novembre 1943. (Croix de guerre).

Avant de mourir, Maurice COMPAGNON eut le droit et le temps d’adresser une ultime lettre à sa famille :
« Parents, frères et soeurs chéris,
Ça va être une grande douleur, pour vous, de recevoir cette lettre qui sera ma dernière, avant de vous quitter pour toujours, car ayant participé à un déraillement, j’ai été condamné à mort, et je dois être fusillé ce matin lundi à7h ½. Je vous demande surtout, cher papa et chère maman de supporter cette peine avec courage et résignation, et de reporter toute votre affection sur mes frères et soeurs, et à vous, chers frères et soeurs, d’aider papa et maman à supporter leurs chagrins.
Je vous demande aussi de faire dire une messe pour moi dans votre église de Nesle, que je ne verrai plus du tout, et où j’aurais voulu qu’eut lieu mon enterrement. Pour ce qui est de ma tombe, j’espère qu’on vous l’indiquera à la Kommandantur de Roye, où nous avons été jugés.
Dites adieu pour moi à tous les camarades et dites-leur que j’ai pensé à eux, pendant les deux mois et demi de prison que j’ai fait ici. Chers parents, si vous voulez, je vous demanderais de faire agrandir la petite photo d’identité qui est dans la salle à manger, et de l’y suspendre pour que mon souvenir reste toujours vivant en vous.
Je fais une dernière prière pour que vous soyez toujours en bonne santé et que vous veniez me rejoindre le plus tard possible. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir connaître mon petit neveu ou petite nièce, mais je compte que vous lui parlerez de son grand brigand d’oncle. Je termine ici, car on m’attend à la porte de la cellule et je veux essayer d’aller aussi calmement que possible jusqu’au bout et aussi pieusement que possible pour pouvoir entrer dans la miséricorde de notre Seigneur, lavé de toute impureté.
Je vous dis donc adieu pour toujours, chers parents et frères et soeurs, et je vous dis aussi, soyez heureux le plus possible, surtout à toi, Yves à qui je demande de suivre toujours le droit chemin.
Adieu, cher papa, adieu, chère maman, vous que j’aimais plus que toutes choses.
Adieu pour toujours, votre fils et frère qui pensera à vous jusqu’à son dernier jour ».


Extraits du tome II  Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)

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Publié le 15 Février 2024

il convient de célébrer le 75ème anniversaire de l’entrée en action de la Résistance nesloise

Cela avait déjà commencé le 8 novembre 1943 lorsque Maurice Compagnon, 19 ans, neslois, était fusillé par les Allemands pour avoir participé à un déraillement de train ennemi.
Puis, ce 11 novembre 1943, à minuit, une explosion d’une rare violence nous réveilla : j’avais 16 ans, j’habitais à 300 mètres environ de l’explosion, dans une maison de la SIAS, route de Péronne. Nous avions peur ; le ciel était en feu, sur une grande hauteur, des flammes de toutes les couleurs illuminaient la ville ; il faisait clair comme en plein jour et je pouvais lire le journal sur la table de la cuisine. Plusieurs réseaux de résistance existaient à Nesle et il était décidé que l’alcool produit par la distillerie ne tomberait pas aux mains des Allemands, à court de carburants sur le front de l’est.

Pierre LE ROY, employé de régie aux alcools connaissait bien les lieux et c’est lui qui fut désigné. Il n’avait pas eu peur, il se glissa sous la plus grande cuve (6.000 à 7.000 hl), et plaça la bombe apportée d’Amiens par sa fille Antoinette (Nénette).

C’est Pierrot DENJEAN, un camarade de classe, apprenti chez Alfred TERREUX, électricien, qui fabriqua le dispositif de mise à feu que Pierre LE ROY amorça alors… mission accomplie, il pouvait laisser éclater sa joie qui fut de courte durée : il fut arrêté et fusillé à la Citadelle le 17 janvier 1944 en criant : « Vive la France ». Un drapeau bleu blanc rouge flottait en haut de la distillerie. Sa fille Antoinette dite « Nénette », camarade de classe aussi, fut déportée à Auschwitz d’où elle revint et se maria. Alfred TERREUX, déporté, mourut à Dachau.

Une vague d’arrestation avait suivi : toute la ville était en émoi ; Denis LONGUET, maire de Nesle, trouva la mort à la prison d’Amiens lors de l’opération « Jéricho ». Pierrot DENJEAN, Jacques LANGLET furent libérés (Alfred TERREUX, sous la torture, n’avait pas parlé). Comment ne pas rendre hommage à tous ces héros de l’ombre qui ont donné leur vie pour nous ! Tout cela, vous pourrez le lire en détail dans « Histoire de ville, histoire de France » écrit par Monsieur Pierre Leroy notre historien.

Pierre DASSONVILLE de Nesle, adhérent

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Publié le 15 Février 2024

Gabriel LAOUT, mon père, soldat dans le 2ème bataillon du 161ème R.I.F., est parti le 24 août 1939 rejoindre la caserne de Boulay en Moselle. Durant 10 mois ce bataillon a consolidé la Ligne Maginot dans sa partie sud, près de Ricrange, élevant les murs en béton, creusant tranchées et abris. Les soldats devinrent maçons et terrassiers, pour construire cette barrière réputée infranchissable, orgueil de la France. Elle y a consacré une grosse partie de son budget militaire.
« Ils ne passeront pas », telle était la devise du Bataillon !
Le 10 mai 1940, Hitler a décidé d’envahir la France là où ne l’attendait pas la défense nationale. Il a contourné la ligne par les Ardennes et par le sud. Le Gouvernement de notre pays s’est montré bien minable à l’heure de l’affrontement.

Le 13 juin, pour éviter l’encerclement, le bataillon sous les ordres du commandant EYMERIT, est sorti de cette ligne Maginot devenue inutile pour affronter l’ennemi qui arrivait au sud de Nancy. Les hommes ont parcouru près de 100 km, la rage au coeur, à la hâte, et se sont retrouvés au lieu-dit « La Madeleine », à Laneuveville devant Nancy.
A cet endroit, un magnifique Pont-canal de la Marne au Rhin enjambe la Meurthe. La mission du 161ème R.I.F. était d’empêcher les Allemands de franchir ce pont. Ils l’ont accomplie avec panache du 18 au 20 juin, c'est-à-dire après la chute de Paris et la reddition voulue par Pétain le 17 juin.
Sur les 550 soldats, 54 furent tués. On évalue à 4000 le nombre d’obus tirés par l’ennemi.
11 bateaux qui ont tenté la traversée ont été coulés et les pertes ennemies dues à la configuration du terrain et à la défense valeureuse ont été terribles, on parle de 700 hommes mis hors de combat. Le 20 juin à 4 heures du matin, les Français, sans munitions, ont baissé les armes.

Les Allemands en colère devant cette défense héroïque ont empêché les Français d’enterrer les morts dans le cimetière communal et jetèrent leurs objets personnels dans les latrines de l’usine située à cet endroit. La courageuse institutrice de La Madeleine, madame LOUIS, alla se plaindre auprès des officiers allemands qui ont obligé les malfaiteurs à les repêcher ! Elle fabriqua alors des sacs qu’elle a envoyés dans les familles et les habitants ont construit un enclos qu’ils ont toujours fleuri. Ils les appelèrent les premiers résistants de France.
Sitôt la reddition, les soldats du 161ème R.I.F. ont pris le chemin des stalags.
Après 5 années derrière les barbelés, mon père est mort en janvier 1945, épuisé, peu de temps avant l’arrivée des Américains.

Ce récit nous a été raconté par deux passionnés d’histoire, Jacques MANGENOT et François CLAUVELIN Je possède la copie d’un témoignage de mon père qui se trouve à la Croix Rouge internationale de Genève. C’est ainsi que j’ai pu emmener deux de mes petits-enfants à l’endroit où il s’est battu. Monique et moi avons retrouvé son dossier médical dans une caserne à CAEN.
J’ai 84 ans. Depuis 80 ans, ceux qui évoquent la débâcle de 1940, oublient un peu trop facilement les milliers d’anonymes qui ont défendu l’honneur de la France.

Jean-Marie LAOUT adhérent

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Publié le 15 Février 2024

Né le 10 septembre 1875 à Méharicourt (Somme), Odon DUMONT est mort de la dysenterie le 19 mars 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Marié le 20 avril 1898, il était représentant en chaussures, puis négociant, il fut l’un des plus actifs militants socialistes de la Somme dans les années 30. Secrétaire du groupe socialiste de Villers-Bretonneux, conseiller municipal de Méharicourt, il devint secrétaire de la Fédération socialiste de la Somme en 1938, après le départ d’Alexis MAILLY. Il appartenait également à la Franc-Maçonnerie et à la Ligue des droits de l’Homme.

Il quitta la Somme à la fin de l’année 1939 et s’installa à Nantes (Loire-Inférieure) où il continua à militer. Résistant actif, il fut arrêté par la Gestapo et mourut en déportation en Allemagne à Buchenwald.

Extrait du site « le Maitron
Monsieur Franck IRJUD adhérent

 

 

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Publié le 15 Février 2024

Pierre MAST est décédé le 4 mai 2020 dans sa 98ème année. A l’heure où les témoins de la Seconde Guerre mondiale se font de plus en plus rares, revenons sur le parcours de cet homme de la Résistance au riche parcours politique.

Jeunesse et Jeunesses Communistes
Pierre MAST voit le jour le 7 octobre 1922 à Amiens. Né d’un père garagiste engagé dans la Première Guerre mondiale et d’une mère pacifiste, sa jeunesse fut bercée par les récits héroïques de sa famille sur le conflit. Plus loin dans le passé, sa grand-mère a même été témoin de l’occupation allemande d’Amiens en hébergeant contre son gré un soldat prussien chez elle.
Étudiant à Amiens, du primaire au lycée des métiers, il y suit une formation d’ajusteur et suit en curieux les manifestations des années 1930 sur la guerre d’Espagne, le Front Populaire, et les réformes sociales. En janvier 1939, il adhère au mouvement de la Jeunesse Communiste et, dès 1940, après son retour à Amiens en août 1940, noue des liens avec d’autres camarades du mouvement. Il intègre la Résistance.
Agissant toujours par trois, il mène des actions contre l’occupant : distribution de tracts, recrutement de nouveaux membres, propagande anti-allemande… Fin 1941, il jette un pavé dans la vitrine de la librairie allemande, rue de Noyon. En janvier 1942, il participe à l’attentat contre le siège de la LVF, rue des Jacobins. Les Allemands, faisant tout pour retrouver les coupables, arrêtent au hasard…

Deux arrestations
Loin de réfréner le zèle des résistants amiénois, Pierre MAST et les siens sont chargés d’adresser aux forces de police et de la gendarmerie une lettre d’avertissement et de menaces en ce début d’année 1942. Ciblant les milieux communistes pour trouver les coupables, Pierre MAST est arrêté sur son lieu de travail une première fois en mars 1942. Possédant sur lui une liste de syndiqués et de membres du parti, il se retrouve devant la justice qui, devant le manque de preuves, le relâche. Il fait l’objet d’une nouvelle arrestation en janvier 1943, suite à l’attentat du soldatenheim, (au restaurant « le Royal ») perpétré le jour du réveillon de Noël 1942. Incarcéré quelques jours à l’hôtel de ville d’Amiens, il intègre ensuite le Centre d’Internement Administratif de Doullens en février, basé dans la vieille forteresse commandée par François 1er au XVIème siècle pour protéger la frontière nord du royaume.

De Doullens vers l’Allemagne
Dans ce camp, Pierre Mast y effectue un cours séjour, jusqu’à sa fermeture et l’évacuation des internés, le 1er avril 1943. Il y côtoie d’autres communistes, syndicalistes Saint-Frères, ouvriers des usines des métaux d’Albert et des acteurs des grèves des mineurs du Nord-Pas-de-Calais du printemps 1941. A la fermeture du camp, donc, il est envoyé avec les autres membres de son bloc vers le camp d’internement de Pithiviers. Les conclusions de l’enquête devaient lui permettre d’être libéré mais, entre-temps, il est envoyé en Allemagne pour travailler dans une ferme. Il bénéficie cependant d’une permission, obtenue grâce au Front National qui à l’époque fédérait tous les mouvements de la France résistante. Revenu à Amiens pour s’y marier le 23 novembre 1943, il se montre plus discret jusqu’à la fin de la guerre.

Elu communiste
Après la guerre, Pierre Mast devient ajusteur à la SNCF et ne renie pas ses convictions politiques. Il profite de la liberté retrouvé pour mener des actions syndicales comme le pilotage du mouvement de grève du dépôt de la SNCF d’Amiens. En mai 1948, il devient membre du comité fédéral puis membre du bureau en 1964. En 1967, il remplace même Maxime Gremetz au poste de premier secrétaire fédéral. Ayant profité de sa popularité acquise par ses actions syndicales, il intègre le corps des élus municipaux de Longueau en qualité de conseiller municipal en 1953 et d’adjoint au maire en 1964. En 1983, il occupe ses dernières fonctions auprès de la cellule Kerviel de Saint Acheul, avant de partir vivre à Saintes avec sa seconde épouse. Continuant de nourrir son esprit de lectures philosophiques et des humanités, il fonde, avec des amis, l’Association saintaise des amis de l’Humanité et profite d’une retraite paisible, avant de s’éteindre à Poitiers, le 4 mai 2020.

Conscient de l’importance des faits et de son rôle dans la résistance amiénoise durant la guerre, il n’hésite pas à faire partager avec modestie son histoire auprès des historiens. En 2008, il revient même à Doullens pour témoigner lors d’une visite de la citadelle. Le flambeau de son récit appartient dorénavant à l’histoire, entre les mains des historiens. Ainsi, concluons en laissant la parole à Pierre MAST. « Celles et ceux qui en 1940 avaient votre âge, dont les frères et sœurs étaient prisonniers de guerre, se sont retrouvés dans les villes et villages anéantis, se demandant « quoi faire ? » face à l’occupant tout puissant… Ils ont fait ce qu’ils pouvaient simplement, de diverses manières. Certains l’ont payé cher. De leur vie quelquefois. C’est maintenant de l’histoire. Que leur mémoire soit honorée par les jeunes générations. »

Guillaume Roussel

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Publié le 15 Février 2024

recherchant les traces de mon père, j’ai croisé celles de ses frères qui jouèrent tous un rôle, à des degrés divers, dans la victoire de notre pays. Ces hommes, modestes comme maints résistants de la Somme, ne se vantèrent jamais de leurs exploits, qui me furent décrits par bribes, au cours de rares rencontres familiales. Mes grands-parents avaient eu cinq fils et trois filles.

Voici l’histoire de René LAOUT, le fils aîné, qui fut un extraordinaire résistant et voulut toujours minimiser le rôle qu’il avait joué.
L’oncle René, était gendarme. Sergent-major, il commandait la brigade de Saint-Sauflieu, au sud d’Amiens. Lui et tante Yvonne, ont eu cinq enfants.
Sa première fille, Sylviane, s’est mariée en novembre 1944 et je me souviens qu’il est venu nous accueillir pour le mariage à la gare d’Amiens. J’avais 8 ans. Avec son air bourru, sa grosse moustache et son uniforme, il m’inspirait la crainte mais cachait en fait un cœur très généreux.
La gare était en triste état à cause des bombardements, il fallait marcher sur des planches pour retrouver la voiture qui nous emmena à Saint-Sauflieu. Strasbourg ne fut libérée que le 23 novembre. Les stalags perduraient. Toute la famille attendait le retour de Gabriel mon père et de son beau-frère Robert. Malgré les restrictions, ce fut un long repas de mariage au cours duquel chacun était invité à chanter. Et ma mère chanta « Je pense à toi, mon prisonnier… » Sur l’air de « J’irai revoir ma Normandie… » Réalise-t-on aujourd’hui l’émotion de tels moments qui m’ont marqué pour la vie ?

Durant la guerre, René eut une conduite héroïque. En enquêtant d’abord au sein de la famille, je découvris l’ampleur de ses actes courageux dont il ne fit jamais état. Janine, ma marraine, m’a rappelé dernièrement, que durant la guerre, elle passa quelques jours dans la famille de René. Un soir elle dit à son oncle qu’elle repartait le lendemain, mais il lui interdit: « Non, non pas question, pars quand tu voudras mais pas demain ! ». Elle apprit par la suite qu’un train de munitions avait sauté. Grâce à ses fils, mes cousins et mes recherches personnelles, je perçois aujourd’hui l’importance du rôle joué par René LAOUT. Après la guerre ses camarades voulurent demander pour lui la légion d’honneur. Il refusa, prétextant que ce qu’il avait fait tout le monde l’aurait fait.
« Ce gradé de haute valeur morale et militaire, s’est dépensé sans compter pour la cause de la Libération » disent ses supérieurs en le citant à l’Ordre du régiment, en lui attribuant également la Croix de guerre. « Il a réussi dès le début de l’occupation à constituer un dépôt d’armes. A recueilli, hébergé, puis fait rapatrier 24 aviateurs alliés tombés sur notre sol. Ayant constitué un groupe de 50 combattants, a pris une part très active aux opérations de Libération, en capturant 123 prisonniers dont 2 officiers ».

Gérard, l’aîné de ses fils m’a raconté comment il avait fait entrer à la gendarmerie, trois Américains poursuivis par la police de Vichy. A la hâte, il les planqua dans la pièce contigüe et referma la porte. Il courut s’asseoir en mettant ses deux jambes sur le bureau en une pause qu’il voulait décontractée et allumait sa bouffarde quand brusquement les vichystes firent irruption : « Où sont-ils ? – qui ? – Les Américains ! – Pas ici, je n’ai pas bougé ! ». S’ils avaient ouvert la porte, René aurait été passé par les armes. Les Résistants de Saint-Sauflieu échappèrent de peu à une catastrophe. Ils découvrirent à temps un traître qui s’apprêtait à les dénoncer.
Sauver un aviateur américain durant la guerre est en soi un acte héroïque mais puni de mort.
En sauver 24 comme l’a fait René LAOUT à la tête de ses hommes, fait de la gendarmerie de Saint-Sauflieu un haut lieu de résistance à l’envahisseur, endroit que tous ces combattants tombés du ciel tentaient de rejoindre quand ils étaient avertis. Les Américains l’ont compris.
René LAOUT reçut un hommage du Président des Etats-Unis au nom du peuple américain signé de la main du Général en chef Dwight D.EISENHOWER.


Parmi tous ces aviateurs américains l’un d’entre eux resta particulièrement attaché à la famille de René LAOUT, le sous-lieutenant Georges M. MICKELS, abattu près de Caen, dans son B17 et fait prisonnier ensuite.
René LAOUT et Georges MICKELS correspondirent durant de longues années. Georges MICKELS rêvait de revenir en France et de retrouver cette famille qui l’avait sauvé en août 44, en le faisant passer pour un cousin qui n’avait pas toute sa tête.... Il ne parlait pas français.
Malheureusement les deux hommes moururent avant les retrouvailles et ce sont les enfants qui se rencontrèrent le 25 avril 1999. Connie MICKELS, la fille du Lieutenant a fait le voyage.
Bernard, le benjamin des fils de René LAOUT, me narra l’histoire du Lieutenant MICKELS que son père lui avait racontée. Il m’apprit également que Connie MICKELS avait écrit un petit livre retraçant l’épopée de son père en France mais que ce livre était désormais introuvable. Ma passion prit le dessus comme d’habitude et je finis par le récupérer après plusieurs mois d’attente. On l’avait trouvé au Royaume Uni. Un véritable trésor. Les lignes de Connie sont traduites par l’une de ses connaissances et je dois faire de gros efforts parfois pour comprendre en reprenant l’anglais…Mais là n’est pas l’essentiel.


Connie a cherché les traces de son père…J’ai cherché les traces de mon père …Et voici qu’un jour un auditeur venu assister à deux de mes réunions vint se présenter. Cet Amiénois était le fils d’un soldat allemand et d’une Française…Lui aussi avait cherché son père reparti vers l’Allemagne après la guerre. Cet homme avait fini par se trouver une famille allemande mais son père était mort depuis deux ans. Il fut accueilli à bras ouverts. L’idée ne m’était jamais venue que des fils de soldats allemands puissent aussi chercher leur père… Lors de la libération, j’ai assisté à des exactions que j’ai racontées dans mes mémoires…, Comme toujours ce sont les femmes qui ont trinqué.

Le sous-lieutenant MICKELS échappa plusieurs fois à la mort. Quand le B17 est tombé, cinq aviateurs ont péri. Deux survécurent. MICKELS, après avoir été fait prisonnier, fut ensuite repris par des SS quelque peu éméchés, avec plusieurs aviateurs alliés. Craignant des suites fâcheuses après la capture, il décida de s’enfuir. Les autres furent assassinés. Les SS le cherchèrent en vain et abandonnèrent la poursuite. Dans la commune des Hogues où sont enterrés les soldats, on a perpétué le souvenir…
Après avoir marché avec un autre groupe de prisonniers, Georges M. MICKELS finit par trouver la résistance de Saint-Sauflieu. La suite nous la connaissons et Connie ne tarit pas d’éloges sur l’accueil que lui ont réservé les membres de la famille LAOUT, des mots que son héros de père venu dans un avion pour délivrer la France du nazisme lui a probablement enseignés au long de sa vie.
Elle leur a dédié son livre.
Je ne connais pas Connie mais je me sens très proche de cette Américaine. Mes recherches rejoignent celles qu’elle a accomplies. Je tente comme elle de m’élever contre l’oubli de ces hommes qui, durant la guerre, n’ont jamais mesuré les risques qu’ils prenaient quotidiennement. Leurs combats, leurs souffrances, leurs sacrifices ont permis à la France de retrouver sa liberté.

En créant un stock d’armes dès la capitulation, René LAOUT a toujours cru que tout n’était pas perdu. Ils étaient peu nombreux à garder espoir quand la France s’écroulait.
Arthur LAOUT, son père, mort quelques années auparavant, qui présidait déjà une association de parents d’élèves en 1927 (!!), aurait été fier de voir ses enfants manifester un tel esprit républicain...

Jean-Marie LAOUT

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