L'engagement de Jean VILLERET
Publié le 16 Février 2024
Invités par l'Association « Mine de rien », nous avons eu le plaisir de rencontrer, le 12 avril 2018, au lycée Madeleine Michelis, Jean VILLERET, ancien résistant, déporté NN, âgé de 96 ans. Jean VILLERET a commencé en nous disant « mon histoire est une histoire banale ».
Le père de Jean, enfant de l'Assistance publique, fut placé à Canaples puis à Bouquemaison, pour travailler dans des fermes. En 1915, il s'engagea dans l'artillerie et devint Maréchal des logis. Par conséquent Jean s'intéressa à l'histoire. A partir de 1933, il suivit tous les événements qui menèrent à la Seconde Guerre mondiale. Comme tous les jeunes, il ne comprit pas la défaite française.
Alors qu'il faisait l'exode à vélo, il entendit parler de l'Appel du Général de Gaulle. Jean choisit de résister. Avec 3 camarades, il franchit la ligne de démarcation en plein jour. Pour avoir de l'argent, ils travaillèrent dans le charbon de bois, dans le centre de la France. Le 13 février 1942, la loi de Vichy désigna 3 classes de jeunes (1941, 1942, 1943) pour aller travailler en Allemagne. Jean, recherché par la gendarmerie, devint réfractaire. Revenu chez ses parents, il se fit faire une fausse carte au nom de « Moreau ».
Reparti en Région parisienne, il entra dans un réseau FTP communiste. En 1943, plusieurs membres furent arrêtés par la « brigade du crime » ; le 3 février 1943 Jean fut emprisonné à Fresnes par la Wehrmacht. Le 25 mai, il eut la visite de sa mère et de sa sœur qui lui apprirent qu'il allait partir travailler en Allemagne.
Le 7 juillet, enchaînés par 2, ils arrivèrent à Natzweiler-Struthof. Après l'appel, ils durent se déshabiller, se doucher, se badigeonner au grésil, mettre des vêtements avec NN en rouge ; Jean devint le matricule 19410. Dans la baraque, il fut accueilli par un « tu te débrouilles ! ». Là, il retrouva Camille JUILLARD qui lui apporta un peu de réconfort.
Eté 1944, dans des wagons à bestiaux, ils furent dirigés vers Dachau où là ils durent endosser la tenue rayée. Comme Jean était tourneur, il travailla dans une usine en pleine forêt avec de nombreux étrangers à Allach. Les conditions de vie étaient très dures : 5 personnes sur une paillasse ; en hiver la glace formait des stalactites ! Ils devaient porter des sacs de ciment de 50 kg...
Le 22 janvier 1945 ils furent renvoyés à Dachau. Jean qui attrapa un oedème puis le typhus, était complètement à plat. Ils furent libérés le 29 avril 1945 mais le grand souci fut le ravitaillement qu'ils cherchèrent dans des fermes de Bavière.
Après la guerre Jean reprit son métier de tourneur, se maria et eut des enfants. Après avoir été releveur de compteurs, Jean devint moniteur de colonie de vacances puis économe en 1968. A partir de 1971 il géra une maison familiale dans le Val d'Isère jusqu'à la retraite en 1980. Retraite bien remplie puisque Jean VILLERET intervient encore dans les écoles pour que l’on n’oublie pas.
Maryse Confrère
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Jean VILLERET est décédé le 20 novembre 2023 à Créteil (Val-de-Marne) à l'âge de 100 ans. C'était le doyen des quatre derniers survivants du Struthof.
Une page Wikipedia lui est consacrée, ainsi qu'une fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron.