Georges, Maurice, ROBBE est né le 6 avril 1922 à Friville-Escarbotin. Fils d’Alfred ROBBE, ancien boulanger, et d’Antonia (née CARON), ménagère, Georges ROBBE, célibataire, résidait 10 rue Parmentier à Rosières-en-Santerre (Somme).10 rue de Parmentier et travaillait comme ouvrier électricien.
En contact avec un électricien d'Amiens, il rejoint en décembre 1942 le groupe "Michel" (pseudonyme de son chef de section Jules Bridoux) membre des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) avec pour pseudonyme "André". Il participe à de nombreux sabotages de voies ferrées. C'est en revenant d'une mission le 21 avril 1943 qu'il est arrêté dans un café d'Amiens sur dénonciation. Interné à la prison d’Amiens, Georges ROBBE fut déféré le 2 juillet 1943 devant le tribunal militaire allemand FK 580 de la ville, et condamné à mort pour actes de franc-tireur et terrorisme. Un peloton d’exécution allemand le fusilla le 2 août 1943 dans la citadelle d’Amiens, à 6 h 34. Son corps fut reconnu le 11 septembre 1944.
La mention Mort pour la France lui fut attribuée. Il a été homologué FFI et IR (interné résistant).
Il reçut à titre posthume la croix de guerre avec étoile d’argent et la carte de combattant volontaire de la Résistance.
Voir la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron où est retranscrite sa dernière lettre.
Jeanne Vignon, le 14 juillet 1944, en compagnie de ses petits-enfants et des 12 aviateurs alliés cachés chez elle. (photographie reproduite sur le site dédié au416th Bombardment Group (L) avec l'identification des pilotes grâce à Dany Dheilly)
Qui pourrait croire que madame VIGNON, née TELLIER, habitant au 157 de la rue Vulfran Warmé à Amiens, devenue veuve depuis le 15 janvier 1941 est engagée activement dans la Résistance, elle qui n'a jamais été inquiétée pendant toute l'occupation ? Cette femme, née le 5 septembre 1883, rejoint d'abord le groupe constitué par Jeanne FOURMENTRAUX qui s'est rattaché au Bataillon de la mort dont les dirigeants sont parisiens. Elle intègre ensuite le réseau Manipule tourné, comme le premier groupe, vers la recherche de renseignements militaires
Surtout, à partir de 1943, tout en assurant jusqu’à la Libération la cache et l’évasion de nombreux résistants, Jeanne VIGNON devient l'une de ces "helpers" qui, au péril de leur vie, cachent et prennent en charge les aviateurs alliés tombés dans la campagne environnante et récupérés par différents réseaux d'évasion. Nombreux sont ceux qui ont témoigné de l'hospitalité de Jeanne VIGNON-TELLIER à l'exemple du sergent Harold E BOYER (debout, le premier à gauche sur la photo). Son avion est abattu le 27 mai 1944 au-dessus d'Amiens, lui-même s'est fracturé la cheville gauche à l’atterrissage. Il est hébergé jusqu'à la libération de la ville le 31 août 1944, comme le capitaine James E. Zengerle, abattu deux jours plus tôt au-dessus d'Hornoy (debout, l'avant-dernier à droite sur la photo). Les aviateurs qui repartent vers l'Espagne sont munis de ravitaillement et d’argent. Jeanne VIGNON-TELLIER faisait passer des messages radio à Londres pour rassurer les familles.
En 1954 madame Vignon est promue chevalier de la légion d'honneur et reçoit également
extrait du dossier d'attribution de la légion d'honneur à Jeanne VIGNON, A.N. 19800035/849/97249_bis
La King's Medal for Courage in the Cause of Freedom, une médaille britannique destinée à honorer les membres de filières d'évasion.
Madame VIGNON n'est pas la seule personne à avoir hébergé des aviateurs. Sur Amiens, on recense plus de 50 personnes, dont Michel DUBOIS et sa femme du Mouvement Charles de Gaulle.
Pour aller plus loin :
Jacques Lejosne, Les martyrs de la Résistance dans l’Amiénois – l’impossible oubli du XXème siècle – 2001
Louis André Delapierre est né le 29 octobre 1926 à Muraumont (Oise), fils de André Louis Philippe DELAPIERRE et de Francine Rose HOULET. Il habite avec son père rue du château à Pont de Metz, sa mère étant décédée.
Dans la soirée du 29 août 1941, il revient chez lui accompagné de son père.
En arrivant au pont du chemin de fer, entre la rue du pont et la rue de l’eau, ils font face à une patrouille allemande qui les contrôle pour non-respect du couvre-feu. Le fils, pris de panique, fuit en direction de la rue du pont, il tombe sous les balles allemandes devant les premières maisons de la rue.
Transporté à l’hôpital, place Victor Pauchet, il y décède à 2h30 du matin le 30 août 1941.
On l’appelait « RAINER », en réalité Madeleine RIFFAUD, collégienne de 16 ans en 1940 ; ses parents étaient instituteurs à Folies, dans la Somme puis à Amiens ; Madeleine, poète précoce, un calvaire au bord de la route déclenche chez elle une vocation, « Le Christ est le symbole d’une liberté crucifiée ».
Après l’exode Madeleine rejoint l’école supérieure d’Amiens, par la suite, le mouvement de résistance communiste du Front National et devient « Rainer » pseudo inspiré du poète Rainer Maria RILKE. . Elle rallie son groupe F.T.P.F. où, à Paris le « lieutenant RAINER » se rend célèbre en juillet 1944 sur le pont Solférino où elle abat, sur ordre de la Résistance, un officier allemand. Par malheur, elle est capturée par un milicien et emmenée à la Gestapo.
Elle écrit : « ça y est, je suis arrêtée, on me fait monter des marches. Il me semble qu’il y a très longtemps que je monte ainsi. Chaque marche franchie m’avance plus avant dans le monde ennemi où tout sera piège, douleurs, horreurs. Un S.S. me pousse dans le dos à coups de crosse. Je ne sais à quel étage se trouve la petite salle où l’on m’interroge ce dimanche 23 juillet. Ce que j’ai vu tout de suite, c’est une fenêtre grande ouverte sur les arbres verts et puis un portrait d’Hitler sur le mur et un gros « Mauser » en presse-papier. Il y a dans cette salle quelques Allemands vert de gris et acier. L’un m’attache à une chaise, un autre me prévient aimablement : « Je vous conseille de parler de vous-même, sinon nous serons obligés d’employer d’autres moyens. Je suis professeur en Allemagne, vous êtes étudiante. C’est un conseil d’ami que je vous donne. » … Je ne sais rien. Lorsque je suis sortie du bureau, ce jour-là, j’avais le front en sang, la lèvre supérieure fendue, ma figure était marbrée d’ecchymoses, mon genou saignait, j’avais sur les jambes de gros dépôts de sang, conséquences des coups de nerf de bœuf.
C’est dans cet état, que les Allemands me remettent aux brigades spéciales. Celles-ci me rendent à la Gestapo après une semaine d’interrogatoires infructueux, si faible que je peux à peine marcher… Ici, rue des Saussaies, un gros S.S. fait entrer un jeune garçon en culotte courte : « Voici un terroriste comme vous mais il est jeune. Nous ne lui ferons pas de mal… si vous parlez. Sinon nous le battrons et ce sera votre faute. » Je ne sais rien, je vous assure. Ne le battez pas, il n’a rien fait… Il frappe l’enfant de toutes ses forces … Je deviens folle, l’enfant hurle… Il tombe, on le relève à coups de pied, il pleure… Je suis sur le point de donner un faux rendez-vous, une fausse adresse, mais l’enfant me fait signe de ne rien dire, je ne l’ai jamais revu… Puis on m’a déshabillée, on m’a plongée dans la fameuse baignoire d’eau glacée… Voiture cellulaire. Huit jours de cachot, les mains enchaînées derrière le dos. Six jours sans nourriture. Condamnée à mort, j’ai été délivrée le 17 août par le Consul de Suède la veille de mon exécution. »
En effet, lors de l'insurrection de Paris, la médiation du consul NORDLING, permet l'élargissement de nombreux prisonniers, dont Madeleine. Aussitôt, retapée, promue au grade d’aspirant, elle reprend le combat. Un train militaire allemand devait ravitailler la caserne « Prinz Eugen », place de la République, en passant par les voies de la petite ceinture. Madeleine est volontaire pour l’arrêter. Avec 3 copains de la compagnie « Saint Just », et quelques explosifs, elle piège le convoi à la sortie d'un tunnel. Son escouade fait tant de volume que les Allemands croient avoir affaire à un… bataillon et se rendent. Leur armement et leur matériel passent illico à la Résistance. Elle eut 20 ans sur les barricades de la Libération. Femme et mineure, elle ne put s'engager dans l'armée régulière. Elle s’en consola en devenant une grande journaliste.
Madeleine Riffaud, née à Arvillers, est entrée dans la Résistance, très tôt. "J'avais, dit-elle, dix-huit ans en 1942. J'appartiens à une ethnie minoritaire, celle des garçons et des filles qui avaient juste vingt ans le jour de la libération de Paris... Nous étions volontaires, nous savions ce que nous risquions, nous n'attendions aucune récompense ; nous n'avions que notre colère, notre pureté, notre amour..." En 1942, Madame Riffaud (mère) était institutrice à Folies dans le canton de Rosières (135 habitants). Le père de Madeleine Riffaud est au P.C.F. et membre de la cellule H. GABET au Faubourg de Hem jusqu’à sa mort en 1984 ; lui aussi était instituteur.
À Amiens, des femmes comme : Madeleine MICHELIS - Renée COSSIN - Marcelle SOBO - Odette AZERONDE – Georgette BACON – Mireille BONPAS – Henriette DUMUIN – Geneviève FERTEL – Jeanne FOURMENTRAUX – Julia LAMPS – Lucienne MAGGINI – Suzanne MAIGRET – Marie MARTIGUE – Antoinette ROBINE – Andrée VANMARCKE – Paulette VERDURE – Madame VIGNON – Micheline VOITURIER et tant d’autres, vont par leur dévouement, contribuer, parfois mourir, pour une juste cause. Souvent sans visage, à l’identité floue, ces quelques noms sortent de l’ombre.
Une certaine Mademoiselle GERARD ou GIRARD au n°23 de la rue de Vignacourt (en 1942) quitte Amiens où elle n’est plus en sécurité dans la Résistance. Venue s’installer à WELLES-PERENNES dans l’Oise, elle est arrêtée par la Gestapo en revenant de Paris. Elle est fusillée (lieu inconnu). Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune de WELLES-PERENNES.
Jacques Lejosne
Pour découvrir la vie de Madeleine Riffaud, en bande dessinée
René SCHWAL est né le 17 octobre 1921 à Amiens, où il exerce la profession d’électricien auto. Alors que le nord de la France est occupé, il s'engage le 10 octobre 1940 dans l'armée de l'air à Istres, avec pour but : tenter de rejoindre l'Angleterre par avion. IL sera malheureusement arrêté et passera en conseil de guerre le 26 novembre 1942. Il sauva sa tête et fut démobilisé le lendemain. Le 2 février 1943 il est désigné pour partir au STO en Allemagne à Stuttgart.Il s'y oppose et se cache. Il est alors recherché par les gendarmeries d'Amiens et de Flixecourt.
René SCHWAL de l'ORA matricule 2002, tenait liaison avec la résistance locale depuis le 1er avril 1943. Il habitait alors à Bourdon chez sa grand-mère ; c'est ainsi qu'il a pu se sauver rapidement lors du déraillement d'Hangest. Il participe à l’attentat commis sur la voie ferrée Amiens Boulogne : Dans la nuit du 16 au 17 avril 1943 à 2h40, Un train de troupe a déraillé sur la ligne Amiens Boulogne au km 150,300, territoire de Crouy. Ce déraillement est survenu à la suite d'un attentat commis par 9 individus masqués et armés. L'éclisse du rail gauche de la voie de droite a été déboulonné et les tirefonds enlevés sur plusieurs traverses.13 wagons sont broyés ou endommagés. La machine de 150 tonnes est sortie des rails et s'est couchée sur la voie. Le chauffeur THAON Gustave, est décédé. Le mécanicien, BIOUT Paul, est blessé aux jambes. 25 militaires environ sont décédés et une cinquantaine sont blessés. Les autorités allemandes se sont rendues sur les lieux ainsi que la sûreté et la police mobile, qui avaient été avisés par la gendarmerie.
L'attentat s'est effectué comme suit : entre 23 h et 2h30, tous les gardes voies requis et non requis ont été ligotés, bâillonnés et attachés aux arbres par 9 individus. Ceux-ci sont venus sur les lieux avec des bicyclettes. Ces individus ont d'abord ligoté les gardes voies assurant le service de 22h à l h. Puis les hommes venant relever leurs camarades à une heure ont subi le même sort. D'après l'enquête, les auteurs de cet attentat étaient 9 ; tous masqués, armés de pistolets et revolvers. Ils avaient entre 20 et 30 ans, parlant correctement le français sans accent. Ils portaient des effets civils de toutes nuances, la plupart coiffés de bérets basques. L'identification et les recherches effectuées n'ont donné aucun résultat. Il apparaît toutefois que certains de cette bande sont de la région, puisque plusieurs étaient à bicyclette. La circulation a été interrompue dans les deux sens. 15 gardes voies ont été ligotés, bâillonnés et parmi eux : L'abbé BERTRANDIE Etienne, demeurant à Hangest-sur-Somme, M. VION André, maire de Crouy, et M. VAST
Six des auteurs de cet attentat seront arrêtés par la police française et fusillés le 2 août 1943, après une parodie de procès dans les fossés de la citadelle d'Amiens. Jacques WILGOS ; Jules MOPIN ; Georges DEBAILLY ; Maurice SEIGNEURGENS ; Ernest LESEC ; Alfred DIZY.
Il leur est reproché : 14 février 1943 : déraillement à Montières 18 février 1943 : déraillement à Thézy Glimont 28 février 1943 : déraillement à Remiencourt 2 mars 1943 : déraillement à Saleux 4 mars 1943 : déraillement à Dernancourt - attentat : 6 mars à Aveluy Attentat : 12 mars à Famechon Attentat : 19 et 20 mars à Fontaine-sur-Somme 6 avril : écluse à Sailly Laurette 16 avril 1943 : déraillement à Hangest-sur-Somme (25 morts et 50 blessés) attentat le 20 avril 1943 à Eu (cinéma) et à Dieppe (tunnel) Ils ont été arrêtés par la police française du 21 au 23 avril 1943. Maître VAN DEN HERREWEGHE défend Alfred DIZY et Maître MAHIU les autres. Un fonctionnaire de l'armée d'occupation assure les fonctions d'interprète. Ils sont fusillés le 2 août 1943 dans les fossés de la citadelle d'Amiens.
René SCHWAL participe, à Pont Rémy, avec le même groupe, le 2 mai 1943 au déboulonnage d'un rail de 20 mètres. Deux machines haut le pied déraillèrent. Il est nommé le 1er juin 1943 aux fonctions de tous sabotages et renseignements avec le grade de sergent par le capitaine VERSELIPPE, Le 27 juin 1944, sur les conseils de Charles VERSELIPPE, il entre à la police des chemins de fer, bien que réfractaire au STO, en utilisant les papiers de son frère cadet. De ce fait il peut rendre de grands services à la cause de la résistance en donnant des renseignements sur les mouvements de troupes et en participant à des sabotages de lignes de chemin de fer
Ainsi, le 27 juillet 1944, à Vers sur Selle, étant en service sur la ligne Amiens-Beauvais, avec son camarade BUQUÉ, il a vu mais n'a pas signalé un rail de 20 m déboulonné. Résultat: 2 machines par terre (une du dépôt du Bourget et une allemande). Ces dernières obstruaient la voie et ne furent relevées que par les Anglais. Dès le 15 août 1944, il enlevait les poteaux indicateurs de la route de Rouen entre Amiens et Saleux.
Lors des combats pour la libération d'Amiens, le 31 août 1944, il capture un canon anti char à Saint-Roch. Les 1er, 2 et 3 septembre, il vient se joindre au groupe de La Chaussée-Tirancourt de Charles Verselippe et Michel Guéret pour libérer la tête de pont de La Chaussée-Tirancourt et faire le ménage d'Yzeux, de Belloy et des bois jusque Vignacourt.
Rappelé comme caporal-chef au bataillon de l'air d'Amiens, le 7 octobre 1944 ; il rejoint le deuxième régiment de chasseurs parachutistes en Angleterre, puis comme sergent-chef le 2 février 1945. Parachuté en Hollande le 8 avril 1945, il est cité à l'ordre du régiment. Il sera démobilisé le 5 octobre 1945.
Quelque temps après il épousera Solange avec qui il aura un garçon, Bernard qui habite La Chaussée-Tirancourt. Il est titulaire de la croix de guerre 39/45 ; il a deux citations, une à l'ordre de la division et l'autre du régiment.
Citation à l'ordre de la division : SCHWAL René : soldat de la résistance, intrépide aux activités multiples, animé du plus ardent patriotisme, a participé au déraillement d'un train allemand, provoquant 25 morts à l'ennemi et l'obstruction de ses lignes de ravitaillement le 17 avril 1943. Engagé dans la police des chemins de fer, afin de fournir régulièrement à son chef des renseignements sur les mouvements de troupes permettant au groupe cheminot d'immobiliser avant le départ les machines commandées de service (142 machines sabotées), a continué son activité sans faillir malgré l'arrestation et la mort de son chef. A assuré la réussite de deux autres déraillements les 17 juillet et 17 août 1944 qui obstruèrent définitivement les voies jusqu'à la libération. Du 1er au 3 septembre 1944, il a participé aux opérations de la tête de pont de La Chaussée-Tirancourt, le général de division PREAUD commandant la 2e"'e région militaire.
Citation à l'ordre du régiment : Parachuté en Hollande dans la nuit du 8 avril 1945, le sergent parachutiste SCHWAL René s'est montré d'un courage exemplaire. Encerclé de toute part par l'ennemi, a combattu jusqu'à la dernière balle avant de réussir à rejoindre les lignes amies ; seul il a abattu plus de 20 soldats ennemis. La présente citation lui donne droit au port de la croix de guerre avec étoile de bronze
Signé PUECH Sanson, commandant du 2ème RCP. René SCHWAL est décédé le 7 août 1983 à Amiens.
Il a un fils Bernard qui n’était pas au courant de ses actions. Bernard est l’époux de Sylviane, la secrétaire des racines calcéennes
Voir le dossier de René SCHWAL, élaboré par Jacques FOURE et André SEHET, à partir des
Archives Militaires de Vincennes.
Picard de souche et de cœur, Léon GONTIER naît à Amiens le 19 janvier 1886. Bien qu’issu d’un milieu conservateur et catholique, il adhère très vite aux idées socialistes. Il rejoint la SFIO de Jaurès quelques années après la création de ce parti. Fonctionnaire, il fait l’essentiel de sa carrière à la préfecture de la Somme où il devient successivement rédacteur puis chef de bureau. Cette activité l’amène à croiser le parcours d’un jeune fonctionnaire nommé Jean Moulin. Interlocuteur connu et reconnu de ses pairs, c’est tout naturellement qu’il agrège une activité syndicale à son parcours politique. Comptant parmi les principaux leaders socialistes du département, Léon GONTIER est également secrétaire de la section CGT des employés préfectoraux et président de la section départementale de la Ligue des Droits de l’Homme.
Au printemps 1940, Léon GONTIER se réfugie en Normandie mais il revient très vite à Amiens où il s’illustre dans des faits de résistance. La loge Picardie mise en sommeil, il s’emploie, avec quelques compagnons de lutte, à faire vivre une Fédération socialiste départementale clandestine puis il rejoint le mouvement « Libération Nord ». Il s’illustre également au sein du réseau Brutus en charge du renseignement, de la fabrication de faux papiers et de journaux clandestins. On lui prête un nombre important d’actions contre l’occupant nazi.
Le 13 janvier 1944, il est appréhendé par la Gestapo en gare du Nord à Paris, aux côtés de Jean BIONDI, député-maire de Creil, interrogé, torturé, il est emprisonné à la maison d’arrêt d’Amiens. Lorsque survient l’Opération Jéricho et le bombardement de celle-ci par les Anglais, le 18 février 1944, il vient en aide aux détenus blessés et s’emploie à permettre aux résistants incarcérés de fuir. Désintéressé, sacrifiant sa liberté au bénéfice de celle de ses compagnons d’infortune, il est transféré au camp de Royallieu-Compiègne avant d’être déporté le 28 juillet 1944 au camp de concentration allemand de Neuengamme où il meurt d’épuisement le 31 décembre 1944.
Croix de guerre 1939-1945, chevalier de la Légion d’honneur, Léon GONTIER n’a cessé, sa vie durant, de mettre ses actes en conformité avec son idéal, ses principes et ses valeurs humanistes.
Son nom a été donné à la place qui borde aujourd'hui la Maison de la Culture d'Amiens
Chaque année, la mort de Jean Catelas est commémorée ; s’en suit un parcours dans le cimetière de Saint Acheul, dont la stèle des Résistants de Saint Acheul. Un trajet prévu à l’avance. Oubliée, à côté de la stèle, une tombe de la famille DUMUIN pour laquelle un hommage serait rendu aux trois patriotes (parmi d’autres). Un devoir de mémoire nous l’impose. Plaise aux responsables de cette Commémoration de prendre acte de cette
requête.
Edouard DUMUIN
né vers 1910. Membre F.T.P. Il devient responsable régional du Cher. Chargé des
opérations militaires au grade de Colonel. Un Amiénois résistant de la première heure dit « Gilbert » sera blessé avec son épouse dans un accrochage avec les Allemands le 24 août 1944. Il représentera la Ligue des Droits de l’Homme après-guerre avec Mesdames PETIT, LEMAIRE, CATELAS. Il occupera le poste de secrétaire départemental des F.T.P.F. et son drapeau (un don en notre possession) Il décédera en 1972.
Son nom a été donné au square bordant l'église Saint-Leu à Amiens.
Henriette DUMUIN, la première épouse d'Edouard DUMUIN
née Morel le 2 décembre 1910 à Domart en Ponthieu (Somme), domiciliée à Amiens dans le quartier Saint Acheul. Dans la Résistance dès la fin de l’année 1940. Repérée dans la Somme, agent de liaison FTP, elle rejoint son mari lui aussi Résistant dans le Cher.
Blessée mortellement le 24 août sur la route de Bourges à Gien (pic de Montaigu) au cours d’un affrontement avec un convoi allemand. Elle décède le 25 aout 1944 à l’hôpital
clandestin de Prassy. Son nom sera donné à un bataillon F.T.P.F. du Cher. Plusieurs rues portent son nom à Amiens, Domart en Ponthieu et dans le Cher.
Noëlla DUMUIN, la seconde épouse d'Edouard DUMUIN
née Legrand est née le 1er juillet 1909 à Méaulte, demeure 2 rue de la Dodane à Amiens. Au mouvement FTPF (80) du 1er janvier 1943 au 3 septembre 1944. A l’Etat-major du Vimeu – 3ème Cie, agent de liaison –institutrice à Oust Marais de 1940 à 1944.
Sous les ordres du Lieutenant LE GARD d’avril 1943 à septembre 1944. Au Réseau Z.F. sous les ordres de « Clovis » de mars 1944 à septembre 1944, agent de renseignements, transport de documents, et d’armes, de rapports et d’ordres de la région du Vimeu et d’une partie de la Somme Maritime.
Edouard Dumuin avec sa deuxième épouse Noëlla Legrand le 15 juin 1963
(Photo Robert Barbier)
Jacques Lejosne
Voir également
la fiche consacrée à Edouard DUMUIN dans le dictionnaire biographique Le Maitron
la fiche consacrée à Henriette DUMUIN dans le dictionnaire biographique Le Maitron
Jeanne Fouquenelle est née en 1921. Elle va à l'école Jeanne d'Arc tenue par des sœurs. Elle obtient le certificat d’études avec mention. Comme elle est l'aînée de quatre enfants, elle doit travailler tout de suite. Il faut ramener une paie à la maison. Elle travaille donc à l'épicerie centrale. Quand la guerre éclate, elle a 18 ans. A pied, avec quelques affaires chargées dans une carriole, toute la famille quitte la maison, rue Bazin, pour rejoindre le petit village de Campagne-les Hesdin où habite une grand-mère. Ils reviennent 3 semaines après ! les Allemands ayant envahi rapidement le nord de la France. La maison a été pillée. On doit leur prêter des matelas...
Comme il n'y a pas de travail à Doullens, Jeanne va aider son père à la Défense passive (pendant les alertes, elle s'occupe de l'abri dans les souterrains de la Citadelle). Jeanne avait suivi des cours de secourisme avec la Croix Rouge, tout naturellement, elle propose ses services à l'hôpital où affluent les blessés de tous les fronts, affreusement mutilés ; les débuts sont difficiles... Puis, les Allemands font évacuer l'hôpital ; les sœurs disparaissent et les blessés sont transférés à l'école Jeanne d'Arc où il n'y a plus rien.
Après la guerre, Jeanne est embauchée à la Citadelle de Doullens, à l'infirmerie de la prison des femmes avec le docteur Ponthieux. Elle y travaille 8 ans puis après un stage de 3 mois à la prison de Fresnes, elle devient éducatrice adjointe.
Jeanne Dron fait partie de ces femmes discrètes qui ont tenu un grand rôle pendant la Seconde Guerre mondiale.
Jean LHEUREUX est né à Marcelcave le 17 août 1895. Il était forgeron avec son frère Paul. Il appartenait au Front National – Francs-Tireurs et Partisans du Colonel DUMUIN depuis 1942. Il a participé à différents sabotages de voies ferrées (déraillement de Guillaucourt, sabotage de l’écluse de Glisy etc…)
Il aurait été arrêté sur dénonciations pour des hébergements clandestins. Il a été retrouvé mort dans sa cellule de la prison d’Amiens. Le décès a été constaté le 3 juillet 1943. Les causes de sa mort restent mystérieuses ; tué d’un coup de révolver par ses bourreaux, décès des causes de ses blessures ou retrouvé pendu dans sa cellule avec sa ceinture de flanelle…
Une plaque figure sur la forge, et une rue porte également son nom à Marcelcave.
Il a été reconnu « Mort pour la France". le 13 mars 1952.
Source : Jean Michel HAREUX et l’association ‘Histoire de Marcelcave;’, Marcelcave Tome 2.
Jacques HUBERT né le 18 juillet 1922 à Conty est décédé le 30 mars 2016 à Bouzincourt, dans sa 94e année.
Le Résistant
Jacques HUBERT, vivait à Bouzincourt près d’Albert. Il avait 18 ans lors de l'invasion allemande de mai 40. Comme de nombreux jeunes hommes, il est arrêté et dirigé vers l'Allemagne. Mais déjà, il résiste et s'évade à Cambrai, lors d'un regroupement de prisonniers. Dans une ferme, il prend un vélo et une binette, se fait passer pour un ouvrier agricole et rentre chez lui. En février 42, à 20 ans, il entre dans la Résistance avec le capitaine Henri DUMOULIN qui deviendra le chef militaire de la Région d'Albert. Celle-ci s'étendait de Doullens à Péronne. Leurs actions se multiplient : - sabotages de trains (matériel et troupes) sur la ligne Albert - Arras. - sabotages de centraux téléphoniques, d'écluses et de matériel agricole. - préparations de terrains pour faciliter les parachutages d'armes et de résistants, principalement dans le secteur de Warloy-Baillon. Jacques HUBERT le souligne dans ses témoignages : « mon rôle, saboteur et agent de renseignements ». Pour toutes ces actions déterminées et courageuses jusqu'à la Libération, Jacques HUBERT a été décoré de la « Croix du combattant volontaire de la Résistance 1939-1945 ».
Le Juste parmi les Nations
Avec ses parents, Clovis et Blanche HUBERT, il a aussi été décoré de la médaille des Justes, le 26 octobre 2003 à Paris, par Mr l'Ambassadeur d'Israël|, en présence de Jacques Chirac, Président de la République, et de Simone Veil. Il importe de ne jamais oublier les raisons d'un tel événement. En juillet 1942, la rafle du Vél d'Hiv à Paris est commandée par la politique antisémite du régime nazi, hitlérien, et organisée par le gouvernement Pétain - Laval en pleine collaboration. La soeur de Jacques Hubert, Paulette Bulot, habite Paris. Ses voisins juifs, Monsieur et Madame Zajderman, réussissent à cacher leurs trois enfants chez elle, puis sont déportés à Dachau. La soeur de Jacques demande à ses parents d'accueillir Albert et Suzanne, le 3ème enfant ira en Normandie. A Bouzincourt, les parents de Jacques HUBERT reçoivent donc ceux qu'ils présenteront comme leurs petits-enfants parisiens. Seuls le maire, le curé et l'instituteur sont dans la confidence. La population de Bouzincourt ne parlera pas. A la Libération, seule la maman des trois enfants rentrera du camp de Ravensbrück. Ecoutez encore ce que disait Jacques HUBERT lorsqu'on lui parlait de ces évènements : "Je ne comprends pas ce raffut autour de moi, je n'ai fait que mon devoir".
Le devoir de transmission
A la retraite, Jacques HUBERT a toujours tenu à témoigner, surtout auprès des jeunes générations : dans les écoles (Marcelcave, Doullens, ..), dans les collèges et lycées (Albert, Péronne, Doullens, Acheux ...). Pour toutes ses activités pendant la Résistance, pour être reconnu "Juste parmi les Nations" (ils étaient 14 dans la Somme) et pour son travail de témoignage jusqu'au soir de sa vie, Jacques HUBERT a été décoré de la Légion d'Honneur en 2007. A son décès Le Courrier Picard a titré : "le dernier Juste de la Somme s'est éteint". Mais il nous laisse un message de combattant pour les valeurs humaines.
Pour nous tous, le meilleur hommage que nous puissions lui rendre, c'est de poursuivre son combat