Souvenons-nous de l’abbé Jules DUCROCQ
Publié le 1 Février 2024
L'abbé Jules DUCROCQ est né à Beaufort en Santerre le 9 mars 1890, dans une fratrie de 8 enfants (6 garçons, 2 filles). Parti au service militaire en 1911, il est classé dans le service auxiliaire pour « vue insuffisante ». Rappelé en 1914, maintenu dans le service auxiliaire au 120ème régiment d’infanterie, il terminera la guerre comme caporal-fourrier.
Ses quatre frères mobilisés sont morts pour la France : Henri décédé le 15 septembre 1914 au bois de la Grurie dans la Marne, Ernest décédé le 20 septembre 1914 à l'hôpital de Brest à la suite d'une blessure de guerre, Georges décédé le 30 septembre 1914 au bois de la Grurie dans la Marne et Paul Armand décédé le 5 mars 1915 à l'hôpital de Chaumont à la suite d'une maladie contractée à l’armée.
Ayant terminé ses études au séminaire, Jules DUCROCQ est ordonné prêtre le 4 juillet 1920 C’est lui qui bénira le monument aux Morts de Beaufort où figurent les noms de ses 4 frères.
D'abord professeur au collège de la Providence à Amiens de 1920à 1922, il est nommé vicaire à Doullens (1922-1928) puis curé de Lanchères (1928-1930) et de Pendé (1928-1934). il devient curé de Montières à Amiens ()1934-1939) et nommé chapelain de Notre-Dame le 5 septembre1937.
Son dernier ministère sera celui de curé de Saint Pierre d’Amiens du 5 février 1939 jusqu’à sa mort survenue le 27 avril 1942. C’est pendant son ministère à Saint Pierre que sa vie va basculer. Les Allemands ont envahi la France et font régner la terreur. Les Patriotes, les Résistants sont arrêtés, enfermés à la Citadelle d’Amiens où ils subissent des tortures et toutes sortes de sévices. L’ennemi exerce une cruauté raffinée pour faire avouer les détenus qui paient du sacrifice de leur vie, leur silence avant d'être fusillés.
L’abbé DUCROCQ, requis par l’ennemi, leur apporte son soutien, et leur administre, quand c’est possible, les derniers sacrements. Chaque fois qu’il est appelé, il assiste, impuissant, aux souffrances de ces pauvres martyrs dont les visages sont défigurés par la douleur et par les coups. L’abbé revient à son presbytère, bouleversé, faisant des cauchemars pendant son sommeil.
Ce grand humaniste, qui avait connu les horreurs de 14-18, ne pouvait imaginer une telle barbarie. Sa santé s’est altérée ; à ses paroissiens qui s’inquiétaient, il avait répondu : « Je veux rester avec vous jusqu’au bout ». Et il a continué à assister les détenus jusqu’à ce jour fatidique du 27 avril 1942 où, montant en chaire pour prêcher, il s’effondre, victime d’une actualité trop lourde à porter.
Il fut inhumé à Beaufort dans le caveau de famille en présence de l’évêque qui avait reçu ses confidences. Homme de foi, homme de cœur, il avait une grande autorité morale. Son exemple mérite respect et admiration.
Texte écrit par une de nos adhérentes.