Moreuil 1940
Publié le 15 Février 2024
Mai 1940, à l'approche de l'ennemi, la ville de Moreuil avait été évacuée par les civils ; le 5 juin, des incendies sont allumés un peu partout, des ruines s'accumulent sous les bombardements. La rue Thiers, la place de la Seine-Inférieure, la rue Pasteur, l'entrée de la rue Victor Gaillard, l’hôtel de Ville et l'église ont été atteints.
Une dramatique situation mettant en fuite de nombreux Moreuillois. "Le Progrès de la Somme" dont le siège provisoire se trouvait à Lorient indique en sous-titre : "Le journal des réfugiés originaires de Picardie" fait de la place pour évoquer le sort des exilés, là où ils se trouvaient. L'espoir de se revoir ranime les courages abattus. Dans le sauve qui peut général, ou presque, on retrouve par le biais de la presse en question : Marcel FERBUS, Maire de Moreuil à Quetreville (Manche), le doyen et le vicaire de la commune à Igé (Orne), la pouponnerie du docteur RUIN à Ambrures (Mayenne), la Société Nouvelle des Anciens Etablissements BOULY au 89 rue Réaumur à Paris, des réfugiés sont à Saint-Colasse-en Sarthe (Orne)...
Un contexte particulier où certains Moreuillois n'étaient pas au courant qu'une bataille se déroulait au sud d'Amiens avant l'entrée des troupes allemandes dans Moreuil et ses environs. Amiens a perdu ses derniers combats.
Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain demandait l'Armistice. Peu à peu la population rentrait chez elle. En sens inverse, elle reprenait le chemin du retour, porteur des fardeaux et hardes emportés précipitamment.
Le 4 août 1940, 53,57% des habitants de la Somme étaient revenus pour atteindre 65,58% le 20 août selon les statistiques.
Peu avant ces retours, le "Progrès de la Somme" écrivait : "La vie commande ; soyons aujourd'hui digne d'hier. Haussons nos énergies au niveau de l'adversité, car c'est dans le malheur qu'un peuple peut offrir au monde qui le regarde les prestigieux spectacles de son éternelle grandeur. " De belles paroles pour les familles qui hélas s'apprêtaient à vivre des moments douloureux sous l'occupation allemande.
Jacques Lejosne, Les Lagache, une famille Moreuilloise dans la tourmente, 2012