Le massacre à Beaufort en Santerre de 33 soldats français prisonniers

Publié le 15 Février 2024

Le 7 juin 1940, 33 soldats français appartenant au 41ème Régiment d’Infanterie, 19ème Division, tombèrent sous les balles des S.S.

Après avoir évité un groupe d’auto mitrailleuses ennemis en s’échappant à travers champs, le groupe, composé d’une quarantaine d’hommes commandé par le sous-lieutenant Primel se dirigea vers Beaufort en traversant la plaine avec leurs armes individuelles et un fusil mitrailleur. Après avoir contourné Warvillers, ils se trouvent face à une mitrailleuse. Croyant avoir à faire à des Français, ils crient qu’ils l’étaient aussi. Essayant sans succès de repérer l’arme, le sous-lieutenant Primel décide alors qu’il devait se rendre.

Les Allemands les conduisirent dans un petit chemin à environ 500 mètres de Beaufort. Le sous-lieutenant Primel, parlant allemand, parlementa avec eux puis ses hommes le virent partir à bord d’un side-car ; ils se retrouvaient seuls. Quelques minutes après, les soldats S.S. de la Wehrmacht arrivèrent et commencèrent leur sale besogne. Il y eut 4 survivants, l’un blessé, mourut à Beaufort ; un second, grièvement blessé, mourut à l’hôpital de Marcoing près de Cambrai, le troisième Francis VASLET et le quatrième le caporal DELATOUCHE, auteur du témoignage qui suit.

Extraits du témoignage du caporal Delatouche, l’un des survivants :

 On nous fait avancer sur du terrain labouré entre du trèfle et du blé, environ 50 mètres devant ces mitrailleuses ; mais là je vous dirai qu’on a compris. On voyait que l’on allait mourir. Notre cœur ne fait plus qu’un tic-tac. On nous tasse dans un rond, debout, serrés les uns contre les autres. On nous frappe… mais non, c’est fini ; voilà les deux armes en action. C’est un vrai massacre... Le tir est fini, et miraculeusement je me tire sans aucune blessure. Seulement, je ne bouge pas, je fais le mort. Maintenant, sans pitié pour nous, c’est au révolver que l’on nous domine. C’est fini ; je désespère ; j’attends une balle. Deuxième chance, la balle me passe entre les oreilles, je m’en tire encore. On n’entend plus rien ; je crois qu’ils sont déjà tous morts. Pichouron expire couché sur moi.

Maintenant que va-t-il se passer ? J’attends de nouveau. Voilà encore les deux mitrailleuses en action. De ce coup je me dis : c’est fini. Non !! Tir terminé… mais je continue toujours de faire le mort ; je suis couvert du sang de mes camarades. Quelques heures se passent. Je suis toujours immobile. Tout à coup une voix se fait entendre : « Y en a-t-il qui n’ont rien ? » Moi, je réponds : on se barre… Tous les deux nous avons fait 2 kilomètres en rampant. Tout à coup nous apercevons deux ennemis venant dans notre direction ; moi, je me planque dans des ronces ; mon copain un peu plus loin ; pas de chance, mon copain est ramassé ; il est prisonnier… Il a été emmené à Cambrai puis en Allemagne.

Le lendemain samedi 8 juin quand je ne voyais rien j’allais manger des fraises ; pendant 9 jours j’ai mené cette vie, quand j’ai vu des premiers réfugiés rentrer. Veine, ils étaient de Rosières. J’ai été avec eux pendant un mois, j’ai vécu avec ces braves gens, avant de prendre le chemin du retour.

***

Souvenirs et témoignages sur les opérations et les combats de la 19° division pendant la guerre 1939 – 1940 ; 41° Régiment d’infanterie ;

Remerciements à André Van Den Bossche pour le prêt des documents

RP Louis Bourdais

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