L’attaque de la prison d’Abbeville, le 22 juin 1944
Publié le 15 Février 2024
Le 22 juin 1944, Abbeville fut le théâtre d’un important fait d’armes de la Résistance, fait qui reste cependant méconnu. Pourtant réalisé en plein jour, il témoigne de l’indicible courage des Francs-Tireurs et Partisans du Vimeu. Ce matin-là un commando composé de 11 hommes n’hésita pas à attaquer la prison d’Abbeville où se trouvaient 171 détenus dont 70 Résistants. Trahis par un traitre autrichien – qui s’était prétendu déserteur et avait rejoint leurs rangs – certains de ces Résistants avaient été arrêtés chez eux le 16 juin 1944, puis incarcérés à la prison de la capitale du Ponthieu, rue Dumont. Au moins 4 des Résistants devaient être transférés à Amiens pour y être fusillés : Maurice FUZELLIER, André GAILLARD, Aimé SAVARY et Pierre DELBE.
Devant l’urgence, le frère de Maurice FUZELLIER, Julien dit Gros-Jean, de Prouzel ancien cheminot, instigateur du commando, demande une entrevue à l’État-Major, qui lui permet d’organiser le coup mais qualifie celui-ci de suicidaire. Il part de chez lui à bicyclette pour prendre le maquis dans la forêt d’Eu. Très rapidement, il devint le commandant de la 3ème Cie de F.T.P. du Vimeu.
Le 20 juin, lors d’une réunion chez le chef de gare de Maisnières, l’attaque est décidée. Tous sont volontaires, mais ne seront désignés que les officiers et les sous-officiers à cause de l’aspect très dangereux de la mission. Au cours de la nuit du 21 ou 22 juin, les hommes quittent le Vimeu pour Abbeville ; Ils sont équipés d’un armement lourd : une mitraillette et 5 chargeurs, un révolver P 38 et 4 grenades.
Julien FUZELLIER dit GROSJEAN
À 5h du matin commence une longue attente dans une maison en ruines de la rue Dumont. 3 groupes ont été constitués ; à 7h45, lorsque le gardien qui assure la relève arrive, le groupe constitué par Gros-Jean, Robert Richard, Charles Sellier et Serge Lecul, le neutralisent. Après avoir arraché le téléphone et enfermé le soldat allemand et les deux gardiens, ils parviennent à ouvrir les cellules du quartier des hommes, puis celles du quartier des femmes. Mais il faut aller très vite. Richard fait sortir les prisonniers par petits groupes, même les droits communs afin de créer une diversion. L’alerte ne sera donnée que vers 9h.
L’opération a été menée en un temps record, sans un coup de feu.
Extraits d’un article du Courrier Picard de Philippe Lacoche du 24 juin 1994
(d’après un article de Robert J. Glaudel du 24 et 25 juin 1969).