Le 8 mai 2024 une stèle rendant hommage aux Résistants neslois morts pendant la Seconde Guerre mondiale a été inaugurée sur le parvis de la mairie de Nesle. L’initiative en revient à Pierre DASSONVILLE, alors adolescent pendant l’occupation, qui, souhaitait honorer la mémoire des résistants de la commune qui avaient fait le sacrifice de leur vie. Il s'est rapproché de Frédéric DEMULE, maire de Nesle, pour évoquer l’installation de cette stèle.
La cérémonie s’est tenue en la présence de madame Yaël MENACHE, députée dans la 5ème circonscription de la Somme, monsieur José RIOJA, président de la communauté de Communes de l’Est de la Somme. Et madame Maryse FAGO, conseillère régionale des Hauts-de-France, représentait Xavier BERTRAND, président du conseil régional des Hauts-de-France
Neuf noms sont gravés à tout jamais :
Maurice Compagnon
Pierre Le Roy fusillés
Roger Cavel mort à Dora
Alfred Terreux, mort à Dachau
Denis Longuet
Serge Dunant
Claude Namuroy
Henri Nardeaux
Eugène Marat
Quelques visages de Résistants neslois. Robin JouretLanglois-Courrier Picard
La phrase qui a été gravé ensuite « Et tous les Neslois entrés en résistance » rend hommage aux Résistants vivants après le conflit.
Pour aller plus loin : l'article consacré à la Résistance à Nesle et le témoignage de Pierre Dassonville.
Plusieurs réseaux existaient à Nesle : les Francs Tireurs, le Front National et l’OCM (l'Organisation civile et militaire). Tous ces Résistants se connaissaient, agissaient pour saper le moral de l’Occupant.
Le responsable local de la Résistance était Mr Henri DIEU qui tenait le café « au Lion d’or » sur la place d’armes. Alfred TERREUX, électricien, rue du faubourg St Léonard, était aussi un grand résistant : il n’hésitait pas à participer à la distribution de tracts et d’affiches. Son apprenti, Pierre DENJEAN, 18 ans, plus connu sous le nom de « Pierrot », faisait partie des FTP comme Michel PECQUET. Il y avait des planques un peu partout en ville, notamment chez Mr René RANSON, propriétaire du café « A l’écu de France ». Les Résistants pouvaient compter sur des aides comme celle d’Achille LANGLET, responsable militaire.
Pierre LE ROY était également un Résistant de la première heure. C’est lui qui a posé la bombe provoquant l’explosion de la distillerie de Nesle le 11 novembre 1943. Pierre DENJEAN Alfred TERREUX, Firmin un autre résistant, Michel PECQUET furent arrêtés le 18 novembre 1943 suite à un piège tendu par les Allemands, par l’intermédiaire d’un milicien se faisant passer pour un évadé de la prison de Doullens, voulant rejoindre l’Angleterre. Ils furent conduits au siège de la Gestapo à Amiens rue Jeanne d’Arc où ils subirent de nombreux interrogatoires, souvent violents. Le lendemain, ce fut au tour de Victor ROULLE, qui avait fourni la bombe.
Pierre LE ROY sa femme et sa fille « Nenette » furent arrêtés à leur tour le 30 novembre. Pierre LE ROY fut exécuté le 17 janvier 1944 dans les fossés de la Citadelle d’Amiens. Sa fille, fut déportée à Auschwitz d’où elle eut la chance de revenir. Michel PECQUET fut emmené dans un camp de concentration près de Hambourg, il n’en reviendra que le 29 mai 1945.
Alfred TERREUX, suite au bombardement de la prison d’Amiens, réussit à se sauver mais revient à la Citadelle se constituer prisonnier, craignant des représailles contre ses copains et les habitants de Nesle. Il fut ensuite transféré à Paris puis au camp de Natzweiler – Struthof en Alsace d’où il repart le 6 septembre pour Dachau où il succombe le 12 avril 1945.
La ville de Nesle a été décorée de la croix de guerre 1939 – 1945 avec étoile d’argent le 12 novembre 1948.
Extraits du tome II Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)
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A la suite de la parution de cet article, madame Véronique Bruyer de Bacouel sur Selle (Somme) évoque les figures de son grand père Henri DIEU et de son père qui portait le même prénom Henri.
Henri Jean-Baptiste Dieu est né le 12 septembre 1886 à Villers Bretonneux (Somme). Il servit pendant la Première Guerre mondiale au sein du 227e régiment d'artillerie de campagne (227e RAC). Il fut décoré de la Croix de Guerre.
Chef cuisinier et propriétaire du restaurant le Lion d'Or à Nesle, Henri DIEU s'engage dans la Résistance au sein de Front National. Son fils qui à l’époque avait une vingtaine d’année joua le rôle de coursier. C’est sur son vélo qu’il partait distribuer quelques messages importants aux personnes du réseau des résistants. Messages bien cachés à l’intérieur des feux avant dynamo de son vélo ou des messages codés dans son porte monnaie.
Après son arrestation, Henri DIeu était incarcéré à la prison d'Amiens quand le bombardement a eu lieu le 18 février 1944. Sorti indemne de sa cellule, il ne s’est pas évadé et très vite il est allé porter secours aux autres prisonniers blessés. Quelques mois après il est libéré pour bonne conduite mais il est revenu chez lui très amaigri et affaibli par le manque de longues nuits de sommeil suite aux interrogations qu’il avait subi pendant ses longs mois d’arrestation.
A la libération il fut heureux de retrouver sa passion après la guerre de 39/45 dans son hôtel restaurant «Le Lion d’Or» à Nesle. Henri Dieu est décédé le 21 mai 1961 à Villers Bretonneux, à l'âge de 74 an. Un discours pour honorer sa mémoire fut prononcé ce jour par ses amis de la résistance.
Henri Dieu était titulaire de la croix du Combattant Volontaire de la Résistance.
il convient de célébrer le 75ème anniversaire de l’entrée en action de la Résistance nesloise
Cela avait déjà commencé le 8 novembre 1943 lorsque Maurice Compagnon, 19 ans, neslois, était fusillé par les Allemands pour avoir participé à un déraillement de train ennemi.
Puis, ce 11 novembre 1943, à minuit, une explosion d’une rare violence nous réveilla : j’avais 16 ans, j’habitais à 300 mètres environ de l’explosion, dans une maison de la SIAS, route de Péronne. Nous avions peur ; le ciel était en feu, sur une grande hauteur, des flammes de toutes les couleurs illuminaient la ville ; il faisait clair comme en plein jour et je pouvais lire le journal sur la table de la cuisine. Plusieurs réseaux de résistance existaient à Nesle et il était décidé que l’alcool produit par la distillerie ne tomberait pas aux mains des Allemands, à court de carburants sur le front de l’est.
Pierre LE ROY, employé de régie aux alcools connaissait bien les lieux et c’est lui qui fut désigné. Il n’avait pas eu peur, il se glissa sous la plus grande cuve (6.000 à 7.000 hl), et plaça la bombe apportée d’Amiens par sa fille Antoinette (Nénette).
C’est Pierrot DENJEAN, un camarade de classe, apprenti chez Alfred TERREUX, électricien, qui fabriqua le dispositif de mise à feu que Pierre LE ROY amorça alors… mission accomplie, il pouvait laisser éclater sa joie qui fut de courte durée : il fut arrêté et fusillé à la Citadelle le 17 janvier 1944 en criant : « Vive la France ». Un drapeau bleu blanc rouge flottait en haut de la distillerie. Sa fille Antoinette dite « Nénette », camarade de classe aussi, fut déportée à Auschwitz d’où elle revint et se maria. Alfred TERREUX, déporté, mourut à Dachau.
Une vague d’arrestation avait suivi : toute la ville était en émoi ; Denis LONGUET, maire de Nesle, trouva la mort à la prison d’Amiens lors de l’opération « Jéricho ». Pierrot DENJEAN, Jacques LANGLET furent libérés (Alfred TERREUX, sous la torture, n’avait pas parlé). Comment ne pas rendre hommage à tous ces héros de l’ombre qui ont donné leur vie pour nous ! Tout cela, vous pourrez le lire en détail dans « Histoire de ville, histoire de France » écrit par Monsieur Pierre Leroy notre historien.
Le 8 novembre 1943, mourut à Rouen Monsieur Maurice COMPAGNON, il était né à Nesle le 16 janvier 1924. Pour se soustraite aux obligations du service du travail en Allemagne (STO), il passe dans les rangs de la Résistance active.
Il rejoint le maquis de Barneville – sur –Seine, où, les armes à la main, il harcèle les troupes de l’Occupant. Les déraillements, sabotages et coups de main qu'il organise, préludent déjà aux opérations qui nous mènent à la Libération.
Son groupe assiégé par des forces de répression, dans les grottes de Courmont, il livre combat. Le 24 août 1943, il doit se rendre et est fait prisonnier et interné à la prison de Rouen pour y être jugé et condamné à mort. Il a été fusillé le 8 novembre 1943.
Citation :
Maquisard de Barneville- sur- Seine, fait prisonnier au cours de l’attaque des grottes de Courmont, le 24 avril 1943, condamné à mort et fusillé au Madrillet Grand-Quevilly (Rouen) le 8 novembre 1943. (Croix de guerre).
Avant de mourir, Maurice COMPAGNON eut le droit et le temps d’adresser une ultime lettre à sa famille :
« Parents, frères et soeurs chéris,
Ça va être une grande douleur, pour vous, de recevoir cette lettre qui sera ma dernière, avant de vous quitter pour toujours, car ayant participé à un déraillement, j’ai été condamné à mort, et je dois être fusillé ce matin lundi à7h ½. Je vous demande surtout, cher papa et chère maman de supporter cette peine avec courage et résignation, et de reporter toute votre affection sur mes frères et soeurs, et à vous, chers frères et soeurs, d’aider papa et maman à supporter leurs chagrins.
Je vous demande aussi de faire dire une messe pour moi dans votre église de Nesle, que je ne verrai plus du tout, et où j’aurais voulu qu’eut lieu mon enterrement. Pour ce qui est de ma tombe, j’espère qu’on vous l’indiquera à la Kommandantur de Roye, où nous avons été jugés.
Dites adieu pour moi à tous les camarades et dites-leur que j’ai pensé à eux, pendant les deux mois et demi de prison que j’ai fait ici. Chers parents, si vous voulez, je vous demanderais de faire agrandir la petite photo d’identité qui est dans la salle à manger, et de l’y suspendre pour que mon souvenir reste toujours vivant en vous.
Je fais une dernière prière pour que vous soyez toujours en bonne santé et que vous veniez me rejoindre le plus tard possible. Je regrette beaucoup de ne pas pouvoir connaître mon petit neveu ou petite nièce, mais je compte que vous lui parlerez de son grand brigand d’oncle. Je termine ici, car on m’attend à la porte de la cellule et je veux essayer d’aller aussi calmement que possible jusqu’au bout et aussi pieusement que possible pour pouvoir entrer dans la miséricorde de notre Seigneur, lavé de toute impureté.
Je vous dis donc adieu pour toujours, chers parents et frères et soeurs, et je vous dis aussi, soyez heureux le plus possible, surtout à toi, Yves à qui je demande de suivre toujours le droit chemin.
Adieu, cher papa, adieu, chère maman, vous que j’aimais plus que toutes choses.
Adieu pour toujours, votre fils et frère qui pensera à vous jusqu’à son dernier jour ».
Extraits du tome II Nesle, histoire de ville, histoire de France 1920-1970 de M. Pierre Leroy (1998)
Henri MOISAN est né le 7 novembre 1894 à Paris. Installé boulevard Jules Verne à Amiens ; il y est commerçant en engrais et céréales. Il adhère à la SFIO en 1925.
Dès 1942, il entre à l'OCM (mouvement l'Organisation civile et militaire) et rejoint le réseau Centurie. Il est aussi membre du mouvement Libération Nord. Ses activités résistantes sont multiples. Il aide les réfractaires en leur fournissant de faux papiers et de faux tickets de rationnement. Il recueille des aviateurs alliés dont il facilite l'exfiltration vers l'Espagne. Il recueille de nombreux renseignements sur les mouvements des troupes allemandes. Il profite des déplacements à Paris qu'impliquent ses activités professionnelles pour transmettre ces renseignements.
Une des premières réunions visant à unifier la Résistance se tient à son domicile. Le 3 août 1943, il est arrêté par la Gestapo puis relâché. De nouveau arrêté à la fin du mois de janvier 1944, il est interné à la prison d'Amiens. Lors du bombardement de la prison d'Amiens le 18 février 1944, il se retrouve enfoui sous les décombres. Dégagé par les services de la "défense passive", il est dirigé chez son beau-frère, le docteur FILACHET. Ce dernier soigne Henri MOISAN et transmet aux autorités des communiqués le présentant comme mourant. Lorsque son état de santé le permet, il l'envoie à Cardonnette chez une amie, Renée BOUCHERY où il termine sa convalescence. Membre du comité local de libération d'Amiens,
Henri MOISAN est nommé, dès 1944, à titre provisoire, conseiller général et conseiller municipal d'Amiens, représentant de l'OCM dans ces assemblées. Candidat socialiste sur la liste d'union PC, SFIO, Parti radical, il est élu conseiller municipal en 1945. En 1946, il quitte la SFIO et abandonne son mandat. Henri MOISAN, comme beaucoup de membres de l'OCM, adhère à l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR).
En 1947, il est l'un des fondateurs, à Amiens, du RPF. En 1959 et en 1965, il est à nouveau élu conseiller municipal sur la liste SFIO-CNIP-MRP conduite par Maurice Vast. Il ne se représente pas aux élections municipales de 1971.
Henri MOISAN est titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, de la médaille de la Résistance, de la médaille commémorative française de la guerre 1939-1945 avec la barrette "Libération" et de la carte de combattant volontaire de la Résistance.
A consulter aux Archives départementales de la Somme :
- ADS, 79W112/1894, W, Carte de combattant volontaire de la Résistance. Dossier de Henri Moisan.
- ADS, 79W135/2648, W, Carte de combattant volontaire de la Résistance. Dossier de Maurice Vast.
Voir également la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron
Voir la fiche dans le DVD-Rom La Résistance dans la Somme coordonné par Philippe Pauchet et édité par la Fondation de la Résistance - département AERI.
L’association « Centre de Mémoire et d’Histoire-Somme-Résistance et Déportation » s’est fixée un double objectif :
– honorer la mémoire des hommes et des femmes qui, dans le département de la Somme, se sont engagés dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, au prix, parfois de leurs vies.
– faire connaître les formes d’actions nées du refus de la défaite française de 1940 et de l’occupation nazie.
Fort de ces deux objectifs, l’association a la volonté de créer un bâtiment pouvant accueillir le public au lieu-dit «le poteau des fusillés» qui se situe au pied de la citadelle d’Amiens.
Un logo chargé de sens
Le Drapeau « bleu, blanc, rouge » symbolise la reconnaissance de la Nation et l’importance du devoir de mémoire.
Le poteau nous rappelle un des deux poteaux devant lesquels ont été fusillés 35 Résistants à la Citadelle d’Amiens.
Le « R » en barbelé, R comme Résistance et les barbelés qui entouraient les camps de concentration et d’extermination.
Sur la droite : la liste des charniers et lieux de fusillés dans la Somme.
Le contour du département de la Somme parce que notre Association se veut départementale.
Les élèves d’une classe de 3ème du collège Joliot Curie de Longueau, encadrés par leurs professeurs Lucie Barthélémy et Javier Alonso, ont travaillé sur le projet : « Jeunesse et Résistance » financé par le Conseil départementale de la Somme.
Pour cela, ils ont bénéficié d’une conférence par l’historien Guillaume Pollack, spécialiste de la période.
Après quelques rencontres avec les professeurs pour déterminer le déroulement de nos interventions, une exposition sur la Résistance a été prêtée par l’ONAC pendant une semaine au collège et notre association a aussi prêté des objets de la Seconde Guerre mondiale.
Nous avons reçu les élèves au Poteau des Fusillés vendredi 26 mai 2023.
Après une visite guidée du lieu par les membres de l’association, les élèves ont présenté leur travail avec une belle scénographie imaginée par eux. Ainsi, ils étaient habillés en bleu-blanc-rouge, ils ont lu les lettres émouvantes des fusillés de la Citadelle. Une minute de silence a été observée et ils ont terminé par le poème de Paul Eluard : LIBERTE en arborant également en blanc-bleu-rouge, les lettres formant ce mot qui nous transportait à la libération.
Un travail très appréciable et qui a montré que les élèves avaient eu plaisir à l’élaborer.
Bravo à leurs professeurs qui ont su impulser ce sens du travail bien fait, ainsi que les connaissances nécessaires pour sa réalisation.
Le 1er juin, nous sommes intervenus dans la classe pour parler de la Résistance dans la Somme et de notre association.
Un grand plaisir partagé.
Anatolie MUKAMUSONI
Après "Liomer 1939-1945, un village à l’heure allemande", Michel Hubaut et Jean-Paul Baronnet publient "Figures oubliées de la Résistance, première partie".
Ils retracent l'engagement de Julienne Ryo et Joseph Waldmann.
Julienne Ryo fut la directrice des écoles privées de Brocourt et Liomer sous l’Occupation. Après la Libération, elle exerça même la fonction de maire de Liomer et de présidente du comité de libération
Joseph Waldmann, médecin juif de Brocourt et Liomer, continua à exercer avec la complicité de son confrère d‘Hornoy-le-Bourg, Jacques Tremblé.
Pour se procurer l'ouvrage, au prix de 10 €, s'adresser à Michel Hubaut, 1 lotissement Buquet Blanc, 80430 Liomer (06 52 12 60 89) hubaut.michel@orange.fr ou à Jean-Paul Baronnet 268, rue Gauthier de Rumilly 80000 Amiens (06 71 70 21 22)
Angelina DENISE née CARLEVARIS, habite à Amiens dans le quartier Saint-Pierre avec son mari, cheminot, et leur fils Jean. Angelina DENISE est employée aux écritures à la mairie de Rivery toute proche. C’est par l’intermédiaire de Raymond BERTOUX collègue cheminot de Mr. Denise, qu’Angelina Denise, 22 ans, entre en contact avec Anita BONSTAT en 1942 qui, vivant à Paris , souhaitait mettre à l'abri ses deux filles Rachel et Hélène, âgées respectivement de 8 et 3 ans. Le mari d'Anita, Charles, et leur fils Joseph avaient réussi à passer en zone libre au début de la guerre et vivaient cachés à Lyon.
Angelina DENISE part donc à Paris avec Raymond BERTOUX, profitant du déplacement pour aller porter du ravitaillement à Renée, la cousine de son mari, la mère de la marraine de Jean, Mauricette, et à sa tante Blanche qui habitaient Montreuil à la Croix de Chavaux.
Le lendemain, après avoir livré son ravitaillement, Angelina DENISE rejoint Anita qui lui confie ses deux filles. Quand elle les ramène à la maison, son mari s'écrie "Tchot’ Dine tu nous feras tous fusiller ! et Angelina de lui répondre "Tant pis si on se fait tous fusiller, mais moi je ne les laisse pas". Angelina DENISE leur installe un "lit-cage" sur le palier du 1er étage.
Devant les risques croissant de déportation à Paris, Anita rejoint ses filles à Amiens. Angelina, grâce à son travail à la mairie, obtient de fausses cartes d’identité algériennes - territoire non contrôlé par les allemands et donc sans vérification possible - et des cartes d’alimentation. Comme Anita était très brune de peau et qu’elle avait un fort accent, cela ne posait pas de problème de la faire passer pour une Algérienne.
Angelina DENISE leur trouve un logement et les filles sont scolarisées à la "Sainte Famille", une école catholique d’Amiens afin de mieux tromper l’ennemi. Quelque temps plus tard leur maison est bombardée elle aussi et incendiée. C’est encore Angelina DENISE qui trouve, en Normandie, une famille pour accueillir les filles. Anita vit quelque temps dans la clandestinité jusqu’à ce qu’un habitant de leur rue, un inspecteur de police qui s’appelait BRASSEUR (ou Vasseur), la fasse arrêter. Angelina DENISE va la visiter avec son fils Jean à la prison d’Amiens, route d’Albert.
Anita réussit à s’enfuir à l’occasion de l’opération Jéricho* et, de nouveau, Angelina DENISE fait le nécessaire pour qu’elle puisse se cacher.
Le jour de la Libération d’Amiens, l’inspecteur Brasseur se joint aux F.F.I. qui donnaient l’assaut à la citadelle et... reçoit une balle dans le dos...
Après la Libération, en attendant que la famille BONSTAT trouve un logement, les deux filles reviennent habiter chez Angelina DENISE quelque temps.
Finalement la famille s’installe rue des Pyrénées à Paris où le père, Charles, exerce le métier de tailleur. Anita vend des tissus. Les deux familles restent en contact et l'amitié perdure. Les DENISE vont les voir à Paris.
Angelina Denise emmène Rachel puis Hélène en vacances en Italie, dans sa région natale, à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Anita meurt en 1999 à l’âge de 87 ans, deux ans après son mari Charles. Hélène partie vivre en Israël, dirigera un kibboutz. Elle meurt en 1991 pendant la guerre du Golfe. Joseph et la petite sœur Suzanne, née en 1946, restent vivre en France.
Rachel épouse Lewin part vivre au Canada, dans l’Ontario, dans les années 1970. Avec son mari qui est chirurgien, ils ont deux fils : Marc qui vit aux États-Unis et Mike qui est au Canada.
Dans les années 1990, Angelina remariée avec M. LEVEUGLE, écrit à Rachel pour l'informer que les personnes qui avaient sauvé des Juifs pendant la guerre étaient honorées par le titre de "Juste parmi les Nations".
Rachel établit alors les papiers nécessaires à la présentation de son dossier. Angelina DENISE LEVEUGLE reçoit le Diplôme d’Honneur et la Médaille des Justes correspondante dont la devise est "Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier". Ce diplôme lui avait été attribué par la "Commission aux Justes des Nations, nommée par l’Institut Commémoratif des Martyrs et Héros Yad Vashem" en sa séance du 26 janvier 2000 à Jérusalem.
La médaille et le diplôme lui sont remis le 21 janvier 2001 en l’hôtel de ville de Nesle dans la Somme. Jean, Joseph, Suzanne et Rachel venue du Canada assistent à la cérémonie. Rachel fait un discours et écrit aussi un poème.
Le 11 novembre 2007, Angelina LEVEUGLE reçoit les insignes de Chevalier de la Légion d'Honneur. Elle s’éteint le 16 janvier 2010 à l’Hospice Saint-Victor à Amiens à l'âge de 90 ans.
La session 2024-2025 du Concours national de la Résistance et de la Déportation a pour thème : Libérer et refonder la France (1943-1945).
Ce thème est une invitation à travailler dans une double direction :
-sur les combats de la Résistance dans la libération de la France, face au péril sans cesse accru du nazisme, de l’Axe et de la Collaboration, sans méconnaître ce que la Libération doit aux nations alliées ;
- sur la refondation de la France dans la victoire, par la démocratisation de la République et par un supplément d’âme en faveur des valeurs de liberté politique, d’égalité sociale et de dépassement moral.
Vous trouverez ci-dessous :
- la lettre de cadrage rédigée par Vincent Duclert, historien, inspecteur général, président du collège national des correcteurs du Concours national de la Résistance et de la Déportation.
- l'ensemble de contributions réunies par Vincent Duclert et diffusées par l'Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie.
De la démocratie comme ouvrage (Claire Andrieu)
Un éclairage du thème à l’aune du genre (Catherine Lacour-Astol)
Une nécessaire refondation économique et sociale (Alain Chatriot)
Penser et préparer l’avenir au cœur de la lutte (Laurent Douzou)
Initier les élèves à l’histoire de la Libération de la France et de sa refondation. Un regard sur les ressources (Christine Guimonnet)
Libérer et refonder la France (1943-1945). Le cas de la Dordogne (Bernard Lachaise)
Le général de Gaulle, la libération et la refondation de la France (Chantal Morelle)
Pourquoi n’y a-t-il pas eu de guerre civile en France à la Libération ? (Philip Nord)
Sortir de la guerre (Guillaume Piketty)
Résistance et Libération (Guillaume Pollak)
Le musée de l’Ordre de la Libération, lieu de ressources (Vladimir Trouplin)
Libérer et refonder la France (1943-1945). L’action et la pensée (Cécile Vast)
Une approche historiographique du thème (Olivier Wieviorka)
Le musée de la Libération de Paris-musée du général Leclerc-musée Jean Moulin : l’histoire par l’objet (Sylvie Zaidman)