L'abbé Pierre CARPENTIER d’Abbeville

Publié le 10 Janvier 2024

L’abbé Pierre CARPENTIER est né le 2 juillet 1912 à Libercourt, dans le Pas de Calais.

Après avoir été très engagé dans le mouvement scout, il entre, à vingt ans, au grand séminaire d’Amiens.

Au cours de ses études, il est incorporé dans une unité d'infanterie à Cambrai. Saint Cyrien, il en est sort sous lieutenant en octobre 1935.

Ordonné le 29 juin 1938 en la cathédrale d'Amiens, nommé vicaire de la paroisse Saint-Gilles à Abbeville, il s'installe alors au 13 de la place du cimetière Saint-Gilles (aujourd'hui le 21, place de l'abbé CARPENTIER). Il est également aumônier scout.

En septembre 1939, il est mobilisé comme lieutenant à la 13ème Compagnie de pionniers du 51ème Régiment d'Infanterie. Démobilisé en octobre 1940, il rejoint son poste de vicaire dans une Abbeville détruite et dévastée suite aux bombardements du 20 mai.  

Il aide d'abord des prisonniers évadés et soldats britanniques en fuite à passer à travers des zones contrôlées par les Allemands. Résidant en zone interdite, l’abbé se fait prêter par différents amis des ausweis qui correspondent aux numéros de fausses cartes qu’il avait fabriquées. Il entre en résistance en 1940  dans la Confrérie Notre-Dame (réseau Castille) et dans le réseau Pat O'Leary à partir d’avril 1941 Son groupe, au sein duquel œuvre Désiré DIDRY,  procure des faux papiers aux pilotes de la Royal Air Force abattus dans la région et les aide à fuir en zone libre.

Parlant parfaitement allemand, l'abbé CARPENTIER transmet également aux alliés de nombreux renseignements sur les positions allemandes et autres informations militaires.

En décembre 1941, l’abbé est arrêté avec de nombreux patriotes d’Abbeville et de la région Nord.

Incarcéré à la prison de Loos les Lille, il réussit à faire sortir des lettres dont l’extrait d’une de celles-ci explique la raison de son arrestation :

« Je soussigné, Abbé Pierre CARPENTIER demeurant 13, place du cimetière Saint-Gilles à Abbeville, lieutenant de réserve, certifie sous la foi du serment religieux et sur ma parole d’officier l’exactitude des faits suivants : « J’ai travaillé avec le sergent Cole, alias Paul Delobel depuis le mois de mars 1941 jusqu’au 8 décembre 1941, en collaboration avec Roland Lepers et John Smit, nommé Jean Dubois, alias jambe de bois… « J’affirme avoir été trahi ignoblement par le sergent Cole (Paul) un déserteur de l’armée britannique introduit dans le réseau, dit « Pat ». Deux jours, après je fus conduit à Lille au bureau de la G.F.P. (Gestapo) et interrogé… »

L’abbé CARPENTIER est ensuite transféré au pénitencier de Bochum, proche d’Essen en Allemagne, le 6 août 1942.

Le 16 avril 1943 comparaissent, pour être jugés devant la VOLKSGERICHTSHOF (cour du peuple) 4 prévenus Nacht und Nebel à la demande du procureur d’Essen : l'abbé Pierre CARPENTIER,  Désiré DiDRY, Protais DUBOIS et Marcel DUHAYON.

Tous quatre furent condamnés à mort, pour avantages procurés à l’ennemi.

Transféré à la prison de Dortmund le 29 juin 1943, Pierre CARPENTIER est exécuté par décapitation  le lendemain, 30 juin 1943 à 19h15. Il avait 31 ans.

Le registre de cette prison porte quelques indications supplémentaires relatives aux accusations. Il y est dit : « Les condamnés ont hébergé en 1940-1941 des soldats anglais se trouvant secrètement en France occupée, de même qu’ils ont passé de jeunes Français et des Belges pour s’engager dans l’armée anglaise. Duhayon et Carpentier ont de plus, dans ce domaine recueilli d’importantes informations militaires dans le but de les communiquer à l’ennemi ».

Désiré DIDRY appartenait au réseau Pat O'Leary, il était avec Alfred LANSELLE, l’organisateur de l’évasion des Anglais vers la France-Libre, via Abbeville pour le secteur de Saint-Omer.

A titre posthume, Pierre CARPENTIER obtient la Médaille de la Résistance le 15 octobre 1945, la Légion d'Honneur le 20 mars 1947 et la croix de guerre avec palmes.

*Parmi les internés résistants du réseau Pat O'Leary : Rémy PEUTTE, interné du 8 décembre 1941 au 2 avril 1942, et son épouse en relation avec l’abbé CARPENTIER, qui l’aida à faire passer des papiers nécessaires pour franchir la Somme en sens inverse.

D’après le livre de Jacques Lejosne : 1940 -Amiens-1944 Dans les griffes de la Gestapo.

Voir également la fiche dans le dictionnaire biographique Le Maitron

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